A NECESSARY ELABORATION:
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ESPONSE to REV. FR. NAVATEL
MISE AU POINT NÉCESSAIRE: RÉPONSE AU R. P. NAVATEL
Lambert Beauduin, OSB
 Les Questions Liturgiques  IV, 1913-14, 83-104.
 

 


 



A NECESSARY ELABORATION: RESPONSE to REV. FR. NAVATEL
Lambert Beauduin, OSB (1912)

MISE AU POINT NÉCESSAIRE: RÉPONSE AU R. P. NAVATEL

Les Questions Liturgiques (Liturgical Questions)
IV, 1913-1914, pp. 83-104

 Les Questions Liturgiques

E Father Navatel devotes, in the Studies of the Jesuit Fathers, an article to the liturgical movement, under the title : The liturgical Apostolate and personal piety (November 20, 1913, pp  449 to 478). The opportunity is provided by the work of Dom Festugière : The Catholic Liturgy , essay of Synthesis , of which we spoke in our last number. “After such well- deserved praise and given without reserve,” says the author at the end of an overly benevolent exordium, “we need all our courage to present a few observations” (p. 450); and under this modest and almost timid appearance, it is, in reality, a severe criticism of the fundamental principles of liturgical piety, which the somewhat attentive reader will find developed in lengthy pages.

E Père Navatel consacre, dans les Études des Pères Jésuites, un article au mouvement liturgique, sous le titre : L'Apostolat liturgique et la piété personnelle (2o no­vembre 1913, pp 449 à 478). L'occasion lui en est four­nie par l'ouvrage de Dom Festugière : La Liturgie catho­lique, essai de Synthèse, dont nous avons parlé dans notre dernier numéro. « Après des éloges si mérités et donnés sans réserve, dit l'auteur à la fin d'un exorde trop bienveillant, il nous faut tout notre cou­rage pour présenter quelques observations » (p. 450); et sous cette appa­rence modeste et presque timide, c'est, en réalité, une critique sévère des principes fondamentaux de la piété liturgique, que le lecteur quelque peu attentif trouve développée dans de longues pages.

Nothing is more legitimate, no doubt, than the exchange of views on these questions; they would however be idle and without exit, if they did not occur with this methodical precision, this perfect information and this intellectual probity which we praise without reserve in the work of Dom Festugière ; moreover, they would have to be renounced forever if they did any harm whatsoever to Christian fraternity and to the supreme good of peace which everything here, men and things, imperiously calls . The writing of the Liturgical Questions, by accomplishing what it considers a duty, intends to maintain itself at all costs in this serene sphere and never to cause the angels of peace to shed bitter tears, Angeli pacis amure fiebunt.

Rien de plus légitime sans doute que les échanges de vues sur ces ques­tions; ils seraient toutefois oiseux et sans issue, s'ils ne se produisaient avec cette précision méthodique, cette information parfaite et cette pro­bité intellectuelle que nous louions sans réserve dans l'ouvrage de Dom Festugière; bien plus, il faudrait y renoncer à jamais s'ils portaient un préjudice quelconque à la fraternité chrétienne et au bien suprême de la paix que tout ici, hommes et choses, appelle impérieusement. La rédaction des Questions liturgiques, en accomplissant ce qu'elle considère comme un devoir, entend se maintenir à tout prix dans cette sphère sereine et ne jamais faire verser aux anges de la paix des larmes amères, Angeli pacis amure fiebunt.

Father Navatel gives rise to two ambiguities that we must first of all dissipate . If you read it carefully, liturgical restoration is a Benedictine enterprise; moreover, it is more of an innovation than a renovation .

Le Père Navatel fait naître deux équivoques qu'il nous faut dissiper tout d'abord. A le lire attentivement, la restauration liturgique est une entreprise bénédictine ; de plus, elle est plutôt une innovation qu'une réno­vation.

1º The transcendence of liturgical piety comes precisely from its universal, formally Catholic character : it is authentic and official piety and official of the Holy Church, the sacred patrimony of all her children without distinction. The formulas of private prayers and the ascetic methods can vary ad infinitum, be attached to an epoch or to an Institute, bear a special label; authority approves them, but does not impose them. The liturgical act, on the contrary, is the act of the Church, the authentic expression of the religion of all its members; through him the Church adores, praises, gives thanks and prays; a minimum participation is mandatory for all.

1º  La transcendance de la piété liturgique lui vient précisément de son caractère universel, formellement catholique : [p.84] c'est la piété authentique et officielle de la sainte Église, le patrimoine sacré de tous ses enfants sans distinction. Les formules de prières privées et les méthodes ascétiques peuvent varier à l'infini, se rattacher à une époque ou à un Institut, porter une étiquette spéciale; l'autorité les approuve, mais ne les impose pas. L'acte liturgique, au contraire, est l'acte de l'Église, l'expression authen­tique de la religion de tous ses membres; par lui l'Église adore, loue,rend grâce et prie; une participation minimum est obligatoire pour tous.

There is therefore no question of setting up altar against altar; there is no patent, specialty or monopoly in this area. Also, the liturgical restoration is not the enterprise of a party”. The Sovereign Pontif Pius X himself traced out the program at the beginning of his pontificate: “Our strongest desire being that the true Christian spirit should flourish again with all its strength and be maintained in all the faithful, it is necessary above all to provide to the holiness and dignity of the temple where the faithful gather precisely to draw this spirit from its first and indispensable source: active participation in the sacrosanct mysteries and in the public and solemn prayer of the Church. If the Benedictines, fully prepared by the traditions of their order, are actively working to realize this sovereign will, it is because Pius X has condescended to appeal to their assistance. But the liturgical movement, especially in Belgium, brings together all people of good will; and here we are happy to pay homage to the Belgian Fathers of the Society of Jesus who, in a large number of their important colleges, favored the dissemination of liturgical publications and testified on all occasions their sympathy for the work undertaken.

Il n'est donc pas question d'ériger autel contre autel; il n'y a dans ce domaine ni brevet, ni spécialité, ni monopole. Aussi, la restauration litur­gique n'est-elle pas l'entreprise d'un a parti ». Le Souverain Pontife Pie X en a tracé lui-même le programme au début de son pontificat : « Notre plus vif désir étant que le véritable esprit chrétien refleurisse de toute sa force et se maintienne chez tous les fidèles, il est nécessaire de pourvoir avant tout à la sainteté et à la dignité du temple où les fidèles se réunis­sent précisément pour puiser cet esprit à sa source première et indispen­sable : la participation active aux mystères sacro-saints et à la prière publique et solennelle de l'Église. » Si les Bénédictins, tout préparés d'ailleurs par les traditions de leur ordre, s'emploient activement à réaliser cette volonté souveraine, c'est que Pie X a daigné faire appel à leur concours. Mais le mouvement liturgique, en Belgique sur­tout, groupe toutes les bonnes volontés; et ici nous sommes heureux de rendre hommage aux Pères belges de la Compagnie de Jésus qui, dans un grand nombre de leurs importants collèges, ont favorisé la diffusion des publications liturgiques et témoigné en toute occasion leur sym­pathie à l'oeuvre entreprise.

2º Isn’t the author also afraid of casting suspicion on the liturgical movement, whose progress he sincerely wishes, by insinuating that an innovative spirit animates it? The spirit of novelty is the least defect of the monastic Order; he is rather reproached for his fetishism of antiquity; it is moreover a bias, in current liturgical reforms, to seek a point of support in tradition and to bring worship back to its most authentic origins. We can obviously dispute the appropriateness of this trend, but we will admit that it is in no way inspired by this innovative spirit which works on so many minds.

2º  L'auteur ne craint-il pas aussi de jeter la suspicion sur le mouve­ment liturgique, dont il souhaite sincèrement le progrès, en insinuant qu'un esprit novateur l'anime ? L'esprit de nouveauté est le moindre défaut de l'Ordre monastique; on lui reproche plutôt son fétichisme de l'antiquité; c'est d'ailleurs un parti-pris, dans les réformes liturgiques actuelles, de chercher un point d'appui dans la tradition et de ramener le culte à ses origines les plus authentiques. On peut évidemment contes­ter l'opportunité de cette tendance, mais on avouera qu'elle ne s'inspire en rien de cet esprit novateur qui travaille tant d'intelligences.

Moreover, if the reproach were deserved, it would reach the Holy See itself: by all his liturgical and Eucharistic reforms, which disconcert our forgetful mentalities of the origins, Pius X revives distant traditions and, with the ancient observances, he wants infuse us with the spirit that animated them: ut velus consuetudo revocaretur. Innovators, yes, but following Pius X.

Au surplus, si le reproche était mérité, il atteindrait le Saint-Siège lui-même : par toutes ses réformes liturgiques et eucharistiques, qui décon­certent nos mentalités oublieuses des origines, Pie X renoue de lointaines traditions et, avec les observances antiques, il veut nous infuser l'esprit qui les animait : ut velus consuetudo revocaretur. Novateurs, soit, mais à la suite de Pie X. [p.85]

These ambiguities dispelled, it remains for us to rectify on three main points , the study of Father Navatel :

Ces équivoques dissipées, il nous reste à rectifier sur trois points prin­cipaux, l'étude du Père Navatel :

I. DEFINITION.

I. DÉFINITION.

The author rightly says on this subject: “ It is probable that this conflict of opinions is due to the different points of view from which each considers the problem. It would therefore be a question of seeking an agreement on a precise definition and of circumscribing within limits drawn amicably what is called the liturgy. Under these conditions, the feelings shared would soon be unanimous “ (p. 452).

L'auteur dit très justement à ce sujet: « Il est probable que ce conflit d'opinions tient aux différents points de vue d'où chacun considère le problème. Il s'agirait donc de chercher un accord sur une définition précise et de circonscrire en des limites tracées à l'amiable ce qu'on appelle la liturgie. A ces conditions, les sentiments partagés seraient vite unanimes » (p. 452).

Such a wise and conciliatory observation quite naturally called for a methodical and attentive examination of the proposed definitions , which would have revealed possibly abusive applications and the necessary correctives . But no: no allusion is made to these definitions and , after some disconcerting vague considerations , the author arrives at regrettable confusions, and carries, on men and things, severe judgments, prejudicial to that unanimity of feelings which he desired.

Une constatation si sage et si conciliatrice appelait tout naturellement un examen méthodique et attentif des définitions proposées, qui aurait révélé éventuellement des applications abusives et les correctifs néces­saires. Mais non: il n'est fait aucune allusion à ces définitions et, après quelques considérations d'un vague déconcertant, l'auteur en arrive à des confusions regrettables, et porte, sur les hommes et les choses, des jugements sévères, préjudiciables à cette unanimité de sentiments qu'il souhaitait.

This process is all the more surprising since several of us have previously been led to specify the liturgical concept. Not to mention the work of Dom Festugière, the Liturgical Questions (3rd year, p. 57) devoted, a year ago already, a whole study to this question and focused , on a definition as adequate as possible, an essay fundamental treaty . Our readers will allow us to quote here the salient passage “ Couldn’t we define the liturgy: the worship of the Church ? In its conciseness, this definition is adequate; it expresses, in fact, the two fundamental notions , the two essential elements which are found in any liturgical act and which suffice to characterize it : the word “worship” expresses all the acts of the virtue of religion, by which the man recognizes the sovereign domain of God, principle and end of all things. These acts are numerous and take on multiple forms : some are purely interior, others are more exteriorized; some are offi cial and public, others private, and so on. To specify the acts of worship that belong to the liturgy, a second element must therefore be added.

Ce procédé est d'autant plus surprenant que plusieurs d'entre nous ont été amenés précédemment à préciser le concept liturgique. Sans parler de l'ouvrage de Dom Festugière, les Questions liturgiques (3e année, p. 57) consacraient, il y a un an déjà, toute une étude à cette question et char­pentaient, sur une définition aussi adéquate que possible, un essai de traité fondamental. Nos lecteurs nous permettront de citer ici le passage saillant : « Ne pourrait-on définir la liturgie : le culte de l'Église? Dans sa concision, cette définition est adéquate; elle exprime, en effet, les deux notions fondamentales, les deux éléments essentiels qui se retrouvent dans tout acte liturgique et qui suffisent à le caractériser : le mot « culte » exprime l'ensemble des actes de la vertu de religion, par lesquels l'homme reconnaît le souverain domaine de Dieu, principe et fin de toutes choses. Ces actes sont nombreux et revêtent des formes multiples : les uns sont purement intérieurs, d'autres sont en plus extériorisés; les uns sont offi­ciels et publics, les autres privés, etc. Pour préciser les actes cultuels qui appartiennent à la liturgie, un second élément doit donc s'y ajouter.

This essential element is contained in the word “church.” This word determines , in fact , among these acts, those which have received their authentic and official form from the religious authority, those which this authority recognizes as its own and accomplishes through its proxies. And since there is only one legitimate religious authority, that of the Catholic Church , there is only one true worship: the worship of this Church.

» Cet élément essentiel est contenu dans le mot « église ». Ce mot déter­mine, en effet, parmi ces actes, ceux qui ont reçu leur forme authentique et officielle de l'autorité religieuse, ceux que cette autorité reconnait comme siens et accomplit par ses fondés de pouvoir. Et comme il n'y a qu'une seule autorité religieuse légitime, celle de l'Église catholique, il n'y a qu'un seul vrai culte: le culte de cette Église.

In our definition, the notion of worship takes the place of a generic notion which receives, through the notion of Church, its specific delimitation ; in others terms, not all acts of the virtue of religion are liturgical; there must be added, to this end, a second element which specifies them: the Church must appropriate them, make their own worship of them. All of these acts thus appropriated constitute the worship of the Church, the liturgy. We indicate these two elements in our ordinary language by two very profound words: they are acts of worship of a special kind.

«  Dans notre définition, la notion de culte tient lieu de notion générique qui reçoit, par la notion d'Église, sa délimitation spécifique; en d'autres [p.86] termes, tous les actes de la vertu de religion ne sont pas liturgiques; il doit s'y ajouter, à cette fin, un second élément qui les spécifie : l'Église doit se les approprier, en faire son culte propre. L'ensemble de ces actes ainsi appropriés constitue le culte de l'Église, la liturgie. Nous indiquons ces deux éléments dans notre langage ordinaire par deux mots très pro­fonds : ce sont des actes cultuels d'un genre spécial.

To make a complete methodical presentation, it will suffice to go into the two notions indicated in the definition, namely: notion of worship and notion of worship of the church; indeed, our definition is essential: it delivers the whole content of the thing defined: definito essentialis metaphysica fit per genus proximum et differentiam specificam. This is the case here, we said. »

» Pour faire un exposé méthodique complet, il suffira d'approfondir les deux notions indiquées dans la définition, à savoir : notion du culte et notion de culte de l'église ; en effet, notre définition est essentielle : elle livre tout le contenu de la chose définie : definito essentialis metaphysica fit per genus proximum et differentiam specificam. C'est le cas ici, nous l'avons dit. »

The question was clearly posed; it was therefore on this precise point that the exchange of views should bear above all, since, as the author himself admits, “it would be a question of seeking an agreement on a precise definition and of circumscribing within the limits amicably traced what is called the liturgy. Under these conditions, the feelings shared would soon be unanimous” (p. 452). We were completely disappointed.

La question était nettement posée; c'était donc sur ce point précis que devait porter avant tout l'échange de vues, puisque, de l'aveu même de l'auteur, «il s'agirait de chercher un accord sur une définition précise et de circonscrire en des limites tracées à l'amiable ce qu'on appelle la liturgie. A ces conditions, les sentiments partagés seraient vite unanimes » (p. 452). Nous avons été complètement déçus.

To this definition per genus et speciem, the only rigorously philosophical one, to which there is not even an allusion, the author seems to oppose the following: “the liturgy is the sensitive, ceremonial and decorative part of Catholic worship (p. 452). Purely descriptive and accidental definition which, logically, is powerless to initiate a serious presentation.

A cette définition per genus et speciem, la seule rigoureusement philoso­phique, à laquelle il n'est même pas fait allusion, l'auteur semble opposer la suivante : « la liturgie est la partie sensible, cérémonielle et décorative du culte catholique s (p. 452). Définition purement descriptive et acciden­telle qui, en bonne logique, est impuissante à amorcer un exposé sérieux.

Yes, the liturgy is that, but it is not only that. This definition describes its external element, the material envelope, the body; it neglects the principal element, the doctrinal and sanctifying content: the soul. The liturgy thus understood, however decorative it is supposed to be, is a soulless body, a cold and mute corpse. “The whole liturgy, says Canon Callewaert, president of the Major Seminary of Bruges, seems to be nothing more than a set of meaningless formulas, a gesture without meaning, a simple external formalism, cold, heartless and soulless. . Can it be, therefore, that we still value a language that we no longer understand, a voice that we no longer listen to? » (Collationes Brugenses, t.13, p 590.)

Oui, la liturgie est cela, mais elle n'est pas que cela. Cette définition en décrit l'élément extérieur, l'enveloppe matérielle, le corps; elle néglige l'élément principal, le contenu doctrinal et sanctifiant : l'âme. La liturgie ainsi comprise, quelque décorative qu'on la suppose, est un corps sans âme, un cadavre froid et muet. « Toute la liturgie, dit M. le Chanoine Callewaert, président du Grand Séminaire de Bruges, parait ne plus être qu'un ensemble de formules vides de sens, une mimique sans signification, un simple formalisme extérieur, froid, sans coeur et sans âme. Se peut-il, dès lors, qu'on estime encore un langage qu'on ne comprend plus,une voix qu'on n'écoute plus ? » (Collationes Brugenses, t. XIII p 590.)

“Otherwise broad and lofty,” he says elsewhere (Liturgical Questions, 1st year, p. 34r), is the conception of the liturgy that true liturgists give us. The liturgy, for them, is not a dead letter; it has a meaning: the meaning of Catholic doctrine and piety expressed sometimes in clear affirmations or in prayers of the greatest simplicity, sometimes in bold or touching figures, sometimes in gestures or symbols of rare eloquence; the liturgy has a soul: the soul of all the Christian people who must join in public prayer; it has a life, the very life of the Church; it has a history, a history which merges with that of the Church, with the glories and the sorrows of which it has always been intimately associated; finally, it has a goal still other than the exact and formal fulfillment of a series of small prescriptions : this goal is to render to God the worship which is due to him , while instructing and edifying priests and faithful.

«Autrement large et élevée, dit-il ailleurs (Questions liturgiques, ire an­née, p. 34r), est la conception que nous donnent de la liturgie les vrais liturgistes. La liturgie, pour eux, n'est pas une lettre morte; elle a un sens: le sens de la doctrine et de la piété catholiques exprimées tantôt en affir­mations nettes ou en prières de la plus grande simplicité, tantôt en figures hardies ou touchantes, parfois en gestes ou symboles d'une rare élo­quence; la liturgie a une âme : l'âme de tout le peuple chrétien qui doit s'associer à la prière publique; elle a une vie, la vie même de l'Église; elle a une histoire, une histoire qui se confond avec celle de l'Église, aux gloires et aux tristesses de laquelle elle a toujours été intimement associée; [p.87] enfin elle a un but autre encore que l'accomplissement exact et formaliste d'une série de petites prescriptions : ce but est de rendre à Dieu le culte qui lui est dû, tout en instruisant et en édi fiant prêtres et fidèles.

“ Under pain of giving the liturgy only a false or incomplete idea, true liturgical science must seek to bring to light all these particular aspects ,”

« Sous peine de ne donner de la liturgie qu'une idée fausse ou incom­plète, la vraie science liturgique doit chercher à mettre en lumière tous ces aspects particuliers,»

Father Navatel ‘s mistake is there; in our opinion it is serious. He says, in effect : “The liturgical apostolate comes in its time. It responds to the desires and impulses of the Holy See. It will, in fact, be one of the great works of the pontificate of Pius X, to have oriented the minds of the faithful towards the esteem and practice of liturgical prayer (p. 450). s However, far from serving this great pontifical work, the author, in spite of himself, discredits it. No one will be mistaken : behind the liturgists, it is indeed the apostolate itself that is affected. And everything is done to aggravate this result: and the prestige of the illustrious order to which the Reverend Father belongs; and wide and authorized publicity of its organ; and the liturgical information , inevitably a little short, of its readers : because, if I make no mistake, it is the first initiation given to them by the Studies which have remained faithful, until now, to the discipline of the arcane.

La méprise du Père Navatel est là; à notre sens elle est grave. Il dit, en effet : «L'apostolat liturgique vient à son heure. Il répond aux désirs et aux impulsions du Saint-Siège. Ce sera, en effet, l'une des grandes oeuvres du pontificat de Pie X, d'avoir orienté l'esprit des fidèles vers l'estime et la pratique de la prière liturgique (p. 450). s Or, loin de servir cette grande oeuvre pontificale, l'auteur, malgré lui, la discrédite. Personne ne s'y méprendra : derrière les liturgistes, c'est bien l'apostolat lui-même qui est atteint. Et tout est fait pour aggraver ce résultat : et le prestige de l'ordre illustre auquel le R. Père appartient; et la publicité large et autorisée de son organe; et l'information liturgique, forcément un peu courte, de ses lecteurs : car, si je ne me trompe, c'est la première initiation que leur donnent les Études restées fidèles, jusqu'ici, à la disci­pline de l'arcane.

II. LITURGY AND PREACHING.

II. LA LITURGIE ET LA PRÉDICATION.

Once emptied of its doctrinal content, the liturgy loses its teaching value; from then on “ it no longer has more than an occasional and very secondary role” in the conversion of souls; compared to preaching, its inferiority is manifest : “one could shout that it is beautiful, without however believing that it is true. Few have spoken of their gentleness in more penetrating terms than Ernest Renan s(p. 450 ). Pius X nevertheless declares the liturgy “the first and indispensable source of the true Christian spirit.”

Une fois vidée de son contenu doctrinal, la liturgie perd sa valeur d'en­seignement; dès lors « elle n'a plus qu'un rôle occasionnel et très secon­daire » dans la conversion des âmes; comparée à la prédication, son infériorité est manifeste : «on pourra crier que c'est beau, sans croire cependant que cela est vrai. Peu de personnes ont parlé de leur douceur en termes plus pénétrants qu'Ernest Renan s (p. 450). Pie X déclare pourtant la liturgie «la source première et indispensable du véritable esprit chrétien ».

We will content ourselves with a few brief considerations which, without exhausting the subject, will suffice to restore to the liturgy its didactic scope.

Nous nous contenterons de quelques brèves considérations qui, sans épuiser le sujet, suffiront à restituer à la liturgie sa portée didactique.

The relationship between liturgy and preaching is so close that in practice these two factors of the apostolate are inseparable. Let us briefly indicate the points of contact, without neglecting those which are purely occasional.

Les rapports entre la liturgie et la prédication sont tellement étroits, qu'en pratique ces deux facteurs d'apostolat sont inséparables. Indiquons brièvement les points de contact, sans négliger ceux qui sont purement occasionnels.

1º. The liturgy is the occasion for preaching. Preaching requires an audience, a place , a prepared assembly, a setting; the liturgy provides them . The same commandment which gathers the faithful around the altar each Sunday for the Eucharistic liturgy, groups them by this very fact at the foot of the pulpit; and desertion from Sunday mass infallibly engenders ignorance religious. The pastoral action exercised by the sacred preaching is in direct proportion to the assiduousness of the faithful in participating in the liturgical offices.

. La liturgie est l'occasion de la prédication. La prédication requiert un auditoire, un local, une assemblée préparée, un cadre; la liturgie les lui fournit. Le même commandement qui rassemble, chaque dimanche, les fidèles autour de l'autel pour la liturgie eucharistique, les groupe par le fait même au pied de la chaire; et la désertion de la messe dominicale engendre infailliblement l'ignorance religieuse. L'action pastorale exer­cée par la prédication sacrée est en raison directe de l'assiduité des fidèles à participer aux offices liturgiques. [p.88]

The day when attendance at these services is reduced or shifted, to the detriment of the parish church, the priest, however eloquent he may be, loses contact with his people; the desertion of his church and his offices leaves a void around his pulpit.

Le jour où l'assistance à ces offices se minimise ou se déplace, au détri­ment de l'église paroissiale, le curé, quelqu'éloquent qu'il soit, perd le contact avec son peuple; la désertion de son église et de ses offices fait le vide autour de sa chaire.

Passing from the altar to the pulpit, the priest does not interrupt the liturgical action; he appears there enhanced by the prestige of a priest, dressed in liturgical ornaments: it is the preparatory mass which continues: the instruction is enshrined in the pre-mass and the profession of faith, sung in unison, echoes the teaching of the pastor.

En passant de l'autel à la chaire de vérité, le prêtre n'interrompt pas l'action liturgique; il y apparaît rehaussé du prestige de sacrificateur, revêtu des ornements liturgiques : c'est la messe préparatoire qui se pour­suit : l'instruction est enchâssée dans l'avant-messe et la profession de foi, chantée à l'unisson, fait écho à l'enseignement du pasteur.

The faithful go to God through adoration and praise; and God comes to them by the grace of truth; and the mediator of these divine exchanges is always the priest, whether he is at the altar with his hands raised towards heaven, or in the pulpit, the divine word on his lips.

Les fidèles vont à Dieu par l'adoration et la louange; et Dieu vient à eux par la grâce de la vérité; et le médiateur de ces échanges divins, c'est toujours le prêtre, qu'il soit à l'autel les mains élevées vers le ciel, ou en chaire, la parole divine sur les lèvres.

Is it not, moreover, in the liturgical assemblies of the Jewish Sabbath that Our Lord and the Apostles found the most favorable occasions for preaching the Gospel? So we see that from this purely occasional point of view, preaching is dependent on the liturgy. But this is obviously only an accessory aspect.

N'est-ce pas, d'ailleurs, dans les assemblées liturgiques du Sabbat juif que Notre Seigneur et les Apôtres ont trouvé les occasions les plus favo­rables de prêcher l'Évangile? On voit donc qu'à ce point de vue purement occasionnel, la prédication est tributaire de la liturgie. Mais ce n'est là évidemment, qu'un aspect accessoire.

2°. The liturgy, matter of preaching. Our liturgical books contain a set of rites and ceremonies which symbolize religious truths; a cycle of annual solemnities which revives in our midst all the work of redemption; a marvelously rich fund of formulas and readings all thrilling with faith and love. Illuminated by these lights, warmed by these ardors, the priest feels the energies of his spiritual paternity awakening: his children must live his life. His heart overflows, his lips loosen: the liturgical homily has no other origin. It was in the mores long before it was in the codes: it is the universal custom of all the churches which created the ancient discipline relating to

2°. La liturgie, matière de prédication. Nos livres liturgiques con­tiennent un ensemble de rites et de cérémonies qui symbolisent des vérités religieuses; un cycle de solennités annuelles qui fait revivre au milieu de nous toute ]'oeuvre rédemptrice; un fonds merveilleusement riche de for­mules et de lectures toutes palpitantes de foi et d'amour. Illuminé de ces clartés, réchauffé par ces ardeurs, le prêtre sent les énergies de sa pater­nité spirituelle se réveiller : ses enfants doivent vivre de sa vie. Son coeur déborde, ses lèvres se délient : l'homélie liturgique n'a pas d'autre origine. Elle était dans les moeurs longtemps avant d'être dans les codes : c'est la coutume universelle de toutes les églises qui a créé l'ancienne disci­pline relative à l'homélie encore en vigueur aujourd'hui.

Primitive Christian literature is suggestive in this respect, to the point that one could reconstruct the liturgical canon of certain churches by studying the homilies of their Pontiffs. Among the Fathers of the Church, those whose teaching offers the most liturgical character are precisely two popes, both great in the history of the Church: Saint Leo and Saint Gregory. We see them every year going deeper into all the mysteries that the successive phases of the cycle offer for our meditation.

La littérature chrétienne primitive est suggestive à cet égard, au point qu'on pourrait reconstituer le canon liturgique de certaines églises par l'étude des homélies de leurs Pontifes. Parmi les Pères de l'Église, ceux dont l'enseignement offre le caractère le plus liturgique sont précisément deux papes, tous deux grands dans l'histoire de l'Église : saint Léon et saint Grégoire. On les voit chaque année approfondir davantage tous les mystères que les phases successives du cycle proposent à notre médita­tion.

“Although I know, dearly beloved brothers, says Saint Leo, in his third sermon on the Epiphany, that your holiness is not unaware of the object of today’s feast, and that the accustomed reading of the Gospel has just explained it to you, however, so as not to deprive you of what we owe you by virtue of our office, I will dare to tell you what the Lord will suggest to me.”

«Bien que je sache, très aimés frères, dit saint Léon, dans son troi­sième sermon sur l'Épiphanie, que votre sainteté n'ignore point l'objet de la fête d'aujourd'hui, et que la lecture accoutumée de l'Évangile vient de vous l'expliquer, cependant pour ne pas vous priver de ce que nous vous devons en vertu de notre charge, j'oserai vous en dire ce que le Seigneur me suggérera. » [p.89]

This is just one example among a thousand. All the patrology from Saint Clement to Saint Bernard confirms our thesis : the little that we read of it in our Breviary would suffice to establish it.

Ce n'est là qu'un exemple entre mille. Toute la patrologie depuis saint Clément jusqu'à saint Bernard confirme notre thèse : le peu que nous en lisons dans notre Bréviaire suffirait à l'établir.

The Council of Trent insisted on this point of discipline and Pius X again reminded the clergy of it in his Encyclical Acerbo nimis of April 55 , 1905. Thus the Council Fathers expressed themselves : “ Etsi Missa magnan: contincat populi fidelis eruditionem, non tamen expedire visum is Patribus ut vulgari passim lingua celebraretur. Quamobrem, retento ubique cuchaussée ecclesiœ antiquo, et a sancta Romana Ecclesia, omnium Ecclesiarum matre et magistra, probato rite, ne oves Christi estaient neve parvuli panent pelant, et non sit qui frangal ; mandate sancta synodes pastoribus et singulis curam animarum gerentibus, ut frequenter, inter missarunz celebrationem vel per se, vel par alios, ex iis quae in misse leguntur aliquid exponant, atque inter coetera sanctissimi hujus sacrificii mysterium aliquod declarent, diebus praesertim dominicis et festis.

Le Concile de Trente a formulé avec insistance ce point de discipline et Pie X le rappelait encore au clergé dans son Encyclique Acerbo nimis du 55 avril 1905. Ainsi s'expriment les Pères du Concile : « Etsi Missa magnan: contincat populi fidelis eruditionem, non tamen expedire visum est Patribus ut vulgari passim lingua celebraretur. Quamobrem, retento ubique cujusque ecclesiœ antiquo, et a sancta Romana Ecclesia, omnium Ecclesiarum matre et magistra, probato rite, ne oves Christi estaient neve parvuli panent pelant, et non sit qui frangal ; mandat sancta synodes pastoribus et singulis curam animarum gerentibus, ut frequenter, inter missarunz celebrationem vel per se, vel par alios, ex iis quae in misse leguntur aliquid exponant, atque inter coetera sanctissimi hujus sacrificii mysterium aliquod declarent, diebus praesertim dominicis et festis.

Echoing the words of the Council, the catechism “Ad parochos” reminds parish priests that the ceremonies used by the Church, particularly in the administration of the Sacraments, were instituted for a triple purpose : to ensure the holy mysteries the religious respect which is due, to instruct the faithful, to excite in them faith and charity. He concludes from this that priests must take it to heart to make the ceremonies of worship understood.

Faisant écho aux paroles du Concile, le catéchisme « Ad parochos » rappelle aux curés que les cérémonies usitées par l'Église, notamment dans l'administration des Sacrements,ont été instituées à une triple fin : assurer aux saints mystères le respect religieux qui leur est dû, instruire les fidèles, exciter en eux la foi et la charité. Il en conclut que les prêtres doivent avoir à coeur de faire comprendre les cérémonies do culte.

The same catechism draws up, for the use of preachers, a picture in which it brings back to the Sunday Gospel the lessons of the catechism from which the liturgical homily can draw inspiration. The liturgy therefore serves as a warp on which the weft of religious teaching is intertwined .

Le même catéchisme dresse, à l'usage des prédicateurs, un tableau dans lequel il ramène à l'Évangile dominical les leçons du catéchisme dont l'homélie liturgique pourra s'inspirer. La liturgie sert donc de fils de chaîne sur lesquels s'entrelace la trame de l'enseignement religieux.

The same solidarity appears in many rubrics of the Monial Ceremony of Bishops: one reads there among others Sermo regulariter infra missam debet esse de Evangelio currenti (Book I, chap . XXII, n ° 2 ) . Bossuet was indeed the echo of the whole tradition when, in his pastoral letter to his clergy on the liturgy (Œuvres, éd. MIGNE, 1856, t. VIII,col. 111), he said: “ You must make them understand that the Christian year, as well as the ordinary year , is distributed according to its seasons, and that the solemnities are spread over various times, in order to instruct byus this means. what God has deigned to do for our salvation and what is most necessary to achieve this.”

La même solidarité apparaît dans de nombreuses rubriques du Céré­monial des Évêques : on y lit entre autres Sermo regulariter infra missam debet esse de Evangelio currenti (Liv. I, chap. XXII, n° 2). Bossuet était bien l'écho de toute la tradition quand, dans sa lettre pastorale à son clergé sur la liturgie (Œuvres, éd. MIGNE, 1856, t. VIII, col. 111), il disait : « Vous leur devez faire entendre que l'année chrétienne, aussi bien que l'année ordinaire, est distribuée en ses saisons, et que les solen­nités sont répandues en divers temps, afin de nous instruire par ce moyen de ce que Dieu a daigné faire pour notre salut et de ce qu'il y a de plus nécessaire pour y parvenir.

In fact, if Christians only took the spirit of the feasts well, they would know nothing of what they need to know, since they would find in these feasts all the good teachings and together all the good examples. And he adds further on , speaking of his liturgical catechism: “ It is a foundation which will serve those whom you instruct, in all the rest of their lives, to hear the sermons usefully and assist fruitfully at the divine office. 90 LITURGICAL QUESTIONS

» En effet, si les chrétiens prenaient bien seulement l'esprit des fêtes, ils n'ignoreraient rien de ce qu'ils doivent savoir, puisqu'ils trouveraient dans ces fêtes tous les bons enseignements et ensemble tous les bons exemples. » Et il ajoute plus loin, en parlant de son catéchisme litur­gique : « C'est un fondement qui servira à ceux que vous instuirez, dans tout le reste de leur vie, pour entendre utilement les sermons et assister avec fruit à l'office divin. » [p.90]

But we believe we have said enough of the liturgy as a matter of preaching.

Mais nous croyons en avoir dit assez de la liturgie comme matière de prédication.

The liturgy is itself a very effective religious teaching. It realizes, in fact, to an eminent degree, the three conditions indispensable to this end: it has a doctrine proposed by the organ of religious truth; she has a very effective method of instilling this truth; and above all, since it is a question of sacred preaching, it establishes the soul in the supernatural dispositions required to ensure the abundance of divine grace; in other words, it takes on a triple character which makes it eminently didactic: it is doctrinal, pedagogical and sanctifying.

La liturgie est elle-même un enseignement religieux très efficace. Elle réalise, en effet, à un degré éminent, les trois conditions indis­pensables à cette fin elle a une doctrine proposée par l'organe de la vérité religieuse; elle a une méthode très efficace d'inculquer cette vérité; et surtout, puisqu'il s'agit de la prédication sacrée, elle établit l'âme dans les dispositions surnaturelles requises pour assurer l'abondance de la grâce divine; en d'autres termes, elle revêt un triple caractère qui la rend éminemment didactique : elle est doctrinale, pédagogique et sanctifiante.

When the author speaks of this didactic role, it is often a question of a “ vague religious impression” (p. 452) that Renan felt more than any other, “ of a pleasant, vibrant, delicious state, but which does not -even nothing sanctifying” (p. 458), “of confused and usually inconsistent influence “(p. 458). The liturgy “has nothing comparable to the preaching of the divine word to bring the faithful back to religion and raise them to God”. I am well aware that all this is interspersed with correctives, but in spite of these overly furtive attenuations, it seems enough to give the impression that liturgical asceticism is sentimental and subjective, without a solid doctrinal basis; it is asceticism of the heart and not of the mind. The seriousness of such an insinuation is seen by the passage of time.

Quand l'auteur parle de ce rôle didactique, il est souvent question de « vague impression religieuse » (p. 452) que Renan éprouvait plus que tout autre, « d'état agréable, vibrant, délicieux, mais qui n'a par lui-même rien de sanctifiant» (p. 458), «d'influence confuse et habituellement peu consistante » (p. 458). La liturgie « n'a rien de comparable à la pré­dication de la parole divine pour ramener les fidèles à la religion et les élever à Dieu ». Je sais bien que tout cela est entremêlé de correctifs, mais en dépit de ces atténuations trop furtives, il en parait assez pour donner l'impression que l'ascèse liturgique est sentimentale et subjec­tive, sans base doctrinale solide; c'est l'ascèse du coeur et non de l'esprit. On voit la gravité d'une pareille insinuation par le temps qui court.

For four years now , as our subscribers know, the Liturgical Questions have been working to bring out the doctrinal character of Church worship and Dom Festugière has incomparable pages on this subject; it would therefore be superfluous to insist; let us content ourselves with taking an example: it is furnished to us by the Solemnity of the Immaculate Conception whose octave we are celebrating at the moment of writing these lines.

Voilà quatre ans que les Questions liturgiques, nos abonnés le savent, s'emploient à rnet tre en relief le caractère doctrinal du culte de l'Église et Dom Festugière a sur ce sujet des pages incomparables; il serait donc superflu d'insister; contentons-nous de prendre un exemple : il nous est fourni par la solennité de l'Immaculée Conception dont nous célébrons l'octave au moment où j'écris ces lignes.

Not sufficiently doctrinal ! but the only prayer of this feast that everyone, pope, bishops, priests, deacons, sub-deacons of the whole world will recite fifty times during these eight days, contains the whole motive of Marian dogma. it is the work of the heavenly Father: Deus qui prae-parasti habilaculum (efficient cause); 20 it is accomplished with a view to the Incarnation: dignum Filii tui habitaculum (final cause); it is the fruit of the merits of Jesus Christ: ex morte ejusdem Fil ii lui pracvisa (meritorious cause);  it consists in original innocence: Per Imma-culatam Conceptionem, eam ab omni lobe praescrvasti(formal cause); 5° the grace demanded for all the members of the Holy Church: a similar purity of soul (nos quoque mundos), which makes of us: di gluon habitaculum Filii tui.

Pas suffisamment doctrinale I mais la seule oraison de cette fête que tous, pape, évêques, prêtres, diacres, sous-diacres du monde entier réci­teront une cinquantaine de fois pendant ces huit jours, contient toute la mobile du dogme marial. 1° c'est l'oeuvre du Père céleste : Deus qui prae-parasti habilaculum (cause efficiente); 20 elle est accomplie en vue de l'Incarnation : dignum Filii tui habitaculum (cause finale); 3° elle est le fruit des mérites de Jésus-Christ : ex morte ejusdem Fil ii lui pracvisa (cause méritoire); 4° elle consiste dans l'innocence originelle: Per Imma-culatam Conceptionem, eam ab omni lobe praescrvasti (cause formelle); 5° la grâce demandée pour tous les membres de la sainte Église : une pureté de l'âme semblable (nos quoque mundos), qui fasse de nous : dignum habitaculum Filii tui.

And the whole Church speaks to the Father, through the Son, in the unity of the Holy Spirit; and Immaculate Mary intercedes for us.

Et toute l'Église s'adresse au Père, par le Fils, dans l'unité de Saint-Esprit ; et Marie immaculée intercède pour nous.

This is only a very small part of the liturgical form of this feast. The Church collects here all her doctrinal riches; she summons all the witnesses to this great privilege : Moses ( teL noct. lessons); David (Psalms); Solomon (Epistle); Judith (gradual); Ezekiel (sext); Isaiah (ant. to Magnificat); St. Luke (Gospel); Saint John (none); Saint Epiphanius (3rd noct., oct.); Saint Germain (3rd noct.) and, summarizing all the voices of the tradition, Pic IX, whose bull Inef/abilis we reread throughout this octave . This Marian liturgy is reminiscent of the great Gothic portals dedicated to Our Lady: it is indeed this people of prophets, saints and doctors that the Christian artist has arranged in the entire depth of the embrasure, on the keystones of the arches and the shafts of the columns, around the statue of the Madonna sculpted on the central trumeau [pillar supporting the tympanum].

Ce n'est là qu'une pièce bien minime du formulaire liturgique de cette fête. L'Église ramasse ici toutes ses richesses doctrinales;  [p.91] elle convoque tous les témoins de ce grand privilège : Moïse (leçons du teL noct.) ; David (Psaumes); Salomon (Épître); Judith (graduel); Ézéchiel (sexte); Isaïe (ant. à Magnificat); saint Luc (Évangile); saint Jean (none); saint Épiphane (3e noct., oct.); saint Germain (3e noct.) et, résumant toutes les voix de la tradition, Pic IX, dont nous relisons pendant toute cette octave la bulle Inef/abilis. Cette liturgie mariale fait penser aux grands portails gothiques dédiés à Notre-Dame: c'est bien ce peuple de prophètes, de saints et de docteurs que l'artiste chrétien a rangés dans toute la profondeur de l'embrasure, sur les claveaux des voussures et les fûts de colonnes, autour de la stidue de la madone sculp­tée au trumeau central.

Each year, in three solemn octaves, the liturgy thus magnifies Our Lady, with the same profusion of doctrine and testimonies. And what about the Christological cycle of which Advent has just opened the first phase !

Chaque année, dans trois octaves solennelles, la liturgie magnifie ainsi Notre-Dame, avec la même profusion de doctrine et de témoignages. Et que dire du cycle christologique dont l'Avent vient d'ouvrir la première phase !

Not doctrinal enough! but do we not believe, on the contrary , that there would be great profit in view of a more doctrinal and more solid religious education , in forming the youth of our colleges in this direction ? They would live their faith annually renewed by the intelligence and the love of the cycle.

Pas suffisamment doctrinale! mais ne croit-on pas au contraire qu'il y aurait grand profit en vue d'une éducation religieuse plus doctrinale et plus solide, à former dans ce sens la jeunesse de nos collèges ? Ils vivraient leur foi annuellement renouvelée par l'intelligence et l'amour du cycle.

Obviously, dogma is not offered in liturgical texts in the form of canons or theses; the Church disposes for this purpose of its munus magisterii with its multiple modalities; but the liturgy assimilates dogma, softens it in its nature, sifts it into its formulas, its rites and its symbols. It is our faith confessed, felt, prayed, sung. contact with the faith of our brothers, of the whole Church; it is his method. The Church is aware that she possesses the truth; to bring it into us, it shakes all our receptive capacities and uses all the arts, respecting, as we have seen, the hierarchy of our faculties and ensuring the primacy of intelligence by its highly doctrinal character.

Évidemment, le dogme n'est pas proposé dans les textes liturgiques sous forme de canons ou de thèses; l'Église dispose à cette fin de son munus magisterii avec ses multiples modalités; mais la liturgie s'assi­mile le dogme, l'assouplit à sa nature, le tamise dans ses formules, ses rites et ses symboles. Elle est notre foi confessée, sentie, priée, chantée. mise en contact avec la foi de nos frères, de toute l'Église; c'est sa méthode. L'Église a conscience qu'elle possède la vérité; pour la faire entrer en nous, elle ébranle toutes nos capacités réceptives et utilise tous les arts, en respectant, nous l'avons vu, la hiérarchie de nos facultés et en assurant la primauté de l'intelligence par son caractère hautement doctrinal.

Doctrine, method are not enough to make the divine truth penetrate within us, we need grace ; now, the liturgy, because act of worship accomplished by the Church as such, is of its sanctifying nature. The truth becomes adoration and prayer, it is full of graces.

Doctrine, méthode ne suffisent pas pour faire pénétrer en nous la vérité divine, il faut la grâce; or, la liturgie, parce que acte du culte accompli par l'Église comme telle, est de sa nature sanctifiante. La vérité devient adoration et prière, elle est toute chargée de grâces.

Undoubtedly, the author finds himself in unfavorable conditions to experience this high value of the Catholic liturgy. If I am not mistaken, in his order, the divine office and the Eucharistic liturgy have never enjoyed much prominence : is it not reduced, as an experimental datum, to solemn , or perhaps to reminiscences of youth? Under these conditions, it is difficult for him to speak of it at such length, especially since , according to him , in questions of asceticism, theories do not mean much : experience is everything ( p. 469).

Sans doute, l'auteur se trouve dans des conditions peu favorables pour expérimenter cette haute valeur de la liturgie catholique. Si je ne me trompe, dans son ordre, l'office divin et la liturgie eucharistique ne pren­nent jamais quelqu'ampleur : n'en est-il pas réduit, comme donnée expé­rimentale, aux saluts solennels, ou peut-être à des souvenirs de jeunesse? Dans ces conditions il lui est malaisé d'en parler si longuement, d'autant plus que, d'après lui a dans les questions d'ascétisme, les théories ne signifient pas grand chose : l'expérience est tout s (p. 469).[p.92]

On the other hand, if the monks could appear unilateral and affected by a professional flaw, categorical affirmations from men of work such as Godefroid Kurth should have inspired him with more confidence. In my opinion, one of the greatest causes of religious ignorance, if not the greatest, is liturgical ignorance... To restore to the faithful intelligence, and consequently the love of the mysteries which are celebrated at the altar, to place the Missal in their hands which so many vulgar and mediocre devotional books have replaced; this is the true way of teaching religion, of attaching to the temple those who still visit it and of bringing back later those who have deserted it.

D'autre part si les moines pouvaient paraître unilatéraux et atteints d'une tare professionnelle, des affirmations catégoriques d'hommes d'oeu-vres tels que Godefroid Kurth auraient dû lui inspirer plus de confiance. Selon moi, l'une des plus grandes causes de l'ignorance religieuse, sinon la plus grande, c'est l'ignorance liturgique... Rendre aux fidèles l'intelli­gence, et par suite l'amour des mystères qui se célèbrent à l'autel, re­mettre dans leurs mains le Missel qu'ont remplacé tant de livres de dévo­tion vulgaires et médiocres ; c'est là la vraie manière d'enseigner la reli­gion, d'attacher au temple ceux qui le visitent encore et d'y ramener plus tard ceux qui l'ont déserté. » (La Croix, 5 août 1911.)

This same thesis has moreover been expounded at length at various Liturgical Weeks, in particular by Abbé Grégoire, professor at the Major Seminary of Tournai. (Liturgical week of Maredsous, 1912, pp. 143 to 168,) and Father Malherbe, parish priest of Ronquières (Week of Louvain, 1913). A serious study necessarily called for an examination of their conclusions.

Cette même thèse a d'ailleurs été longuement exposée à différentes Semaines liturgiques, notamment par l'abbé Grégoire, professeur au Grand Séminaire de Tournai. (Semaine liturgique de Maredsous, 1912, pp. 143 à 168,) et l'abbé Malherbe, curé de Ronquières (Semaine de Louvain, 1913). Une étude sérieuse appelait nécessairement l'examen de leurs conclusions.

The opposition imagined by the author between liturgy and preaching is therefore unfounded: we have sufficiently demonstrated it. The more these two factors of religious education are united, the more intense the Christian life will be.

L'opposition imaginée par l'auteur entre la liturgie et la prédication est donc sans fondement : nous l'avons suffisamment démontré. Plus on unira ces deux facteurs d'éducation religieuse, plus la vie chrétienne sera intense.

III. LITURGY AND MEDITATION.

III. LITURGIE ET MÉDITATION.

In all this part of his study, Father takes for granted as an ascetic postulate, an affirmation which is, at bottom, only a very naïve school prejudice. Here is this fundamental sophism, I am only going to add a precise formula:

Dans toute cette partie de son étude, le R. Père suppose admis comme postulat ascétique, une affirmation qui n'est, au fond, qu'un préjugé d'école vraiment trop naïf. Voici ce sophisme fondamental, je ne fais qu'y ajouter une formule précise :

Mental prayer is synonymous with systematic and reasoned meditation called Ignatian; however, you criticize the Ignatian method, therefore you are the adversaries of mental prayer. And this audacity is all the more serious in that you ignore our monopoly; “even today, it is by it (Ignatian method) that, in almost all the dioceses of the Catholic world, the piety of the clergy, of the religious orders and of the true friends of the perfection. So many prerogatives could not find favor with, we will write, the renovators, or the innovators” (p. 461).

L'oraison mentale est synonyme de méditation systématique et rai­sonnée dite ignatienne; or, vous critiquez la méthode ignatienne, donc vous êtes les adversaires de l'oraison mentale. Et cette audace est d'au­tant plus grave que vous méconnaissez notre monopole; « aujourd'hui encore, c'est par elle (méthode ignatienne) que, dans presque tous les diocèses du monde catholique, s'entretient, se raffermit et s'avive la piété du clergé, des ordres religieux et des vrais amis de la perfection. Tant de prérogatives n'ont pu trouver grâce devant, écrirons-nous, les rénova­teurs, ou les innovateurs » (p. 461).

All this has a very reassuring side: it is therefore the only serious grievance articulated by the first public censor of a movement which, for several years, has been “bubbling with new and conquering ideas” (p. 458) and wants “by the liturgy, renewing the spirituality of devout souls, the clergy, religious, pious seculars “ (p. 458).

Tout cela a un côté très rassurant : c'est donc le seul grief sérieux articulé par le premier censeur public d'un mouvement qui, depuis plusieurs années, «bouillonne d'idées neuves et conquérantes' (p. 458) et veut « par la liturgie, renouveler la spiritualité des âmes dévotes, le clergé, les religieux, les pieux séculiers » (p. 458).

On the other hand, if one managed to create this ambiguity and to present the liturgical ascetic life as the enemy of mental prayer, mistrust of religious authority would be aroused. Already the R. Fathertimidly outlines a significant gesture in this direction: the grievances that are articulated against methodical prayer are much more important, because they affect, we believe, the sanctification of souls and would risk jeopardizing , if we only answered it, solid piety and evangelical perfection” (p. 460).

D'autre part, si l'on parvenait à créer cette équivoque et à présenter la vie ascétique liturgique comme ennemie de l'oraison mentale, la défiance de l'autorité religieuse seraitjustement éveillée. Déjà le R. Père [p.93]esquisse timidement dans ce sens un geste significatif : rc les griefs qu'on articule contre l'oraison méthodique importent bien davantage, car ils touchent, croyons-nous, à la sanctification des 'âmes et risqueraient de mettre en péril, si l'on n'y répondait, la solide piété et la perfection évangélique » (p. 460).

It is not easy to disentangle all the confusions that such an inaccurate starting point made inevitable ; let us content ourselves for the moment with a positive and precise exposition of our way of seeing things. One more observation , however: Father Navatel’s documentation is really too summary; he judges the Benedictine liturgists of the monasteries of Belgium on a brochure by a French Franciscan Father whose preface he seems not to have read attentively; he had documents authentic, dealing ex professo with the question and signed by the liturgists he incriminates (Breviary and meditation, Liturgical week of Maredsous , p. 570 to 587; — Dom Festugière: La Liturgie Catholique, Essay of synthesis, p. 77. .. ; — Monastic ideal, pp. 128 to 544; — Questions liturgiques, de Louvain 2e an., p. 535; — Retraite lit. Louvain, Ut unum sint, 1913, 120 pages). Now the author imputes to the liturgists a series of propositions formally contrary to these statements; we confess that we do not understand this process of discussion.

Il n'est pas aisé de débrouiller toutes les confusions qu'un point de départ aussi inexact rendait inévitables; contentons-nouspcur lemoment d'un exposé positif et précis de notre façon de voir. Encore une observa­tion pourtant : la documentation du Père Navatel est vraiment trop sommaire; il juge les liturgistes Bénédictins des monastères de Belgique sur une brochure d'un Père Franciscain français dont il semble ne pas avoir lu attentivement la préface; il disposait pourtant de documents authentiques, traitant ex professo la question et signée par les liturgistes qu'il incrimine (Bréviaire et méditation, Semaine liturgique de Mared-sous, p. 570 à 587; — Dom Festugière : La Liturgie Catholique, Essai de synthèse, p. 77... ; — Idéal monastique, p. 128 à 544; — Questions liturgiques, de Louvain 2e an., p. 535 ; — Retraite lit. Louvain, Ut unum sint, 1913, 120 pages). Or l'auteur impute aux liturgistes une série de propositions formellement contraires à ces exposés; nous avouons ne pas comprendre ce procédé de discussion.

That said, let’s come to a more general positive statement .

Ceci dit, venons-en à un exposé positif plus général.

Preliminary remarks.— A. There are usually two kinds of prayer : vocal prayer and mental prayer. The first comprising the outward acts of worship; the second, the exercise also called meditation , whatever the method by which it is accomplished, affective , reasoned, etc. This distinction, rightly consecrated by received language , is legitimate, on condition that it is not does not transform into an irreducible opposition between these two elements: vocal prayer does not exclude mental prayer ; on the contrary, it is formally a mental prayer under penalty of being only an inanimate formality. Liturgical acts can therefore be and are a method of mental prayer whose specific character consists precisely in bringing in the exterior acts ut causa, eflectus and signum of interior prayer. A vocal prayerwell milked therefore includes both elements .

Remarques préliminaires.— r.On distingue habituellement deux espèces d'oraison : l'oraison vocale et l'oraison mentale. La première comprenant les actes extérieurs du culte; la seconde, l'exercice appelé aussi médita­tion, quel le que soit d'ailleurs la méthode d'après laquelle on l'accomplit , affective, raisonnée, etc. Cette distinction, justement consacrée par le langage reçu, est légitime, à condition qu'on ne la transforme pas en opposition irréductible entre ces deux éléments: l'oraison vocale n'exclut pas l'oraison mentale; au contraire, elle est formellement une oraison mentale sous peine de n'être qu'une formalité inanimée. Les actes liturgiques peuvent donc être et sont une méthode d'oraison mentale dont le caractère spécifique consiste précisément à faire intervenir les actes extérieurs ut causa, eflectus et signum de l'oraison intérieure. Une oraison vocale bien laite comprend donc les deux éléments.

From then on, by recalling the value of mental prayer of liturgical acts, liturgists bring precious nourishment to the interior life of the clergy; on the contrary, the spiritual method which suggests that these acts do not constitute mental prayer, impoverishes the interior life of the clergy by the same amount, and, moreover, diminishes respect and love for liturgical acts, the whole of which constitutes yet specifically priestly activity . Is the danger really the one reported

Dès lors, en rappelant la valeur d'oraison mentale des actes liturgiques, les liturgistes apportent un précieux aliment à la vie intérieure du clergé; au contraire, la méthode spirituelle qui laisse supposer que ces actes ne constituent pas une oraison mentale, appauvrit d'autant la vie intérieure du clergé, et, par surcroît, diminue le respect et l'amour des actes litur­giques, dont l'ensemble constitue pourtant l'activité spécifiquement sacerdotale. Le danger est-il bien celui que l'on signale

It cannot be overemphasized. To be exteriorized, the supernatural activity of the soul does not lose its value of prayer. Even more, it becomes superior to purely mental prayer, when this exteriorization has the effect (and this is the case for all liturgical acts) of making each isolated soul live more perfectly in the asceticism of the Spouse of Christ herself. The error of many in the comparative study of vocal prayer and mental prayer is to consider only the psychological proprieties of the human soul, without considering the positive requirements of the divine constitution of the soul. visible church.

On ne saurait trop insister. Pour être extériorisée, l'activité surna­turelle de l'âme ne perd pas sa valeur d'oraison. Bien plus, elle devient [p.94] supérieure à l'oraison purement mentale, quand cette extériorisation a pour effet (et c'est le cas pour tous les actes liturgiques) de faire vivre plus parfaitement chaque âme isolée, de l'ascèse de l'Épouse du Christ elle-même. L'erreur de beaucoup dans l'étude comparative de l'oraison vocale et de l'oraison mentale, c'est de n'envisager que les convenances psychologiques de l'âme humaine, sans considérer les exigences positives de la constitution divine de l'Église visible.

A similar ambiguity was created long ago by the Protestants: and there is more here than a simple comparison. The Church is essentially visible; the Protestants concluded from this that the Catholics failed to recognize the invisible element, and opposed to this visible society, entirely formalist according to them, the true Church of Christ, an invisible society established by an entirely mental and entirely spiritual bond. Thanks to this specious equivocation, they cast discredit on the Roman Church, reduced, according to them, to the role of an administrative mechanism which the divine life had deserted. We know how the great Jesuit theologian Bellarmine refuted these errors in his famous treatise De Ecclesia.

Une équivoque semblable fut créée jadis par les protestants : et il y a plus ici qu'une simple comparaison. L'Eglise est essentiellement visible; les protestants en concluaient à la méconnaissance par les catholiques, de l'élément invisible, et opposaient à cette société visible, toute forma­liste d'après eux, la vraie Église du Christ, société invisible établie par un lien tout mental et tout spirituel. A la faveur de cette équivoque spécieuse, ils jetaient le discrédit sur l'Eglise romaine, réduite, d'après eux, au rôle d'un mécanisme administratif que la vie divine avait déserté. On sait comment le grand théologien Jésuite Bellarmin réfuta ces erreurs dans son traité célèbre De Ecclesia.

A similar confusion arises in our case: because the liturgy essentially includes the exterior element and is therefore called vocal prayer, it is represented as empty of the invisible and spiritual element; it is opposed to mental prayer. The definition of R. Père quoted above is of a nature to create this ambiguity.

Une confusion semblable a lieu dans notre cas : parce que la liturgie comprend essentiellement l'élément extérieur et qu'on l'appelle donc de ce chef oraison vocale, on la représente comme vidée de l'élément invi­sible et spirituel; on l'oppose à l'oraison mentale. La définition du R. Père citée plus haut est de nature à créer cette équivoque.

2. A second general observation of great importance must find its place here, if we wish to rehabilitate liturgical piety effectively. We borrow the very precise presentation of it from Dom Festugière (p.72):

2. Une seconde observation générale de grande importance doit trou­ver place ici, si l'on veut réhabiliter efficacement la piété liturgique. Nous en empruntons l'exposé très précis à Dom Festugière (p.72) :

It will be noticed that those who dispute the ability of the liturgy to procure for the soul life-giving religious experiences, hold themselves outside the conditions required for the success of such experiences. Indeed, they commonly divide their daily exercises of piety into two classes: those on which one lives (meditation, prayer) and those on which one performs or which one accomplishes, as they say, has for the receipt . of conscience” (the breviary). We see men of the church, extremely respectable, taking care not to subtract a single moment from their regular time for meditation - they do well - and rejoicing at having “won “ .two or three minutes on the time of the recitation of their canonical hours. However, it should be known that there is an infallible means of nullifying the value of the office as a career of religious experience : it is to make the recitation of this office an exercise in volubility. Let us go and see how the saints acted, for example the blessed priest of Ars !

,‘ On remarquera que ceux qui contestent l'aptitude de la liturgie à procurer à l'âme des expériences religieuses vivifiantes, se tiennent eux-mêmes en dehors des conditions requises pour le succès de telles expé­riences. En effet, ils partagent communément leurs exercices de piété quotidiens en deux classes : ceux dont on vit (la méditation, l'oraison) et ceux dont on s'acquitte ou qu'on accomplit, comme on dit, a pour l'acquit » de la conscience » (le bréviaire). On voit des hommes d'église, extrême­ment respectables, se garder de soustraire un seul instant à leur temps régulier de méditation — ils font bien — et se réjouir d'avoir « gagné » deux ou trois minutes sur le temps de la récitation de leurs heures cano­niales. Or, il faut savoir qu'il existe un moyen infaillible d'annuler la valeur de l'office comme carrière d'expérience religieuse : c'est de faire de la récitation de cet office un exercice de volubilité. Qu'on aille voir comment en agissaient les saints, par exemple le bienheureux curé d'Ars !

Moreover, a distinction of half-legal, half -ascetic nature, introduced here, will be extremely useful to us in clarifying the debate. Moral theology has established rules which, while formulating the minimumconditions which a cleric must fulfill in the recitation of the office, nevertheless gives him, on the subject of the accomplishment of his ritual duty, full security of conscience. But let us be persuaded — how important this point, in matters of religious experience! — that the office recited well (= without culpe) canonically, can however be recited badly (= without real spiritual advantage) liturgically. We have satisfied (lacere satis); we did not profile. The law is happy. Piety remains starving.

» Aussi bien une distinction de nature mi-juridique, mi-ascétique, introduite ici, nous sera extrêmement utile pour éclairer le débat. La théologie morale a fixé des règles qui, tout en formulant le minimum des [p.95]conditions que doit remplir un clerc dans la récitation de l'office, lui donne néanmoins, au sujet de l'accomplissement de son devoir rituel, toute sécurité de conscience. Mais persuadons-nous — combien impor­tant ce point, en matière d'expérience religieuse ! — que l'office récité bien (= sans coulpe) canoniquement, peut être pourtant récité mal (= sans vrai avantage spirituel) liturgiquement. On a satisfait ( lacere satis) ; on n'a pas profilé. La loi est contente. La piété reste dans l'ina­nition.

And since there are very pious men who do not draw nourishment from this liturgy to which the ecclesiastical precept obliges them, they seek their soul nourishment exclusively elsewhere. This attitude can even be part of a true system of spirituality adopted with full deliberation and good faith. The divorce is pronounced without appeal between “ social “ prayer and “individual” prayer. Spiritual life is cut in two by a watertight partition. Obviously, such a dualism places the religious experience of people who resign themselves to it in conditions very different from those which a homogeneous state of spirituality would have created for this experience. »

» Et comme il y a des hommes très pieux qui ne tirent pas aliment de cette liturgie à laquelle le précepte ecclésiastique les astreint, ils cherchent leur nourriture d'âme exclusivement ailleurs. Cette attitude peut même faire partie d'un véritable système de spiritualité adopté en toute déli­bération et bonne foi. Le divorce est prononcé sans appel entre la prière « sociale » et la prière «individuelle ». La vie spirituelle est coupée en deux par une cloison étanche. Évidemment un pareil dualisme place l'expérience religieuse des personnes qui s'y résignent dans des conditions fort différentes de celles qu'eût composées à cette expérience un état de spiritualité homogène. »

These fundamental remarks once made, it will be easy for us to outline the two methods of spirituality.

Ces remarques fondamentales une fois faites, il nous sera facile d'es­quisser les deux méthodes de spiritualité.

Liturgical method. It includes three elements that we will indicate under the letters a, b, c:

Méthode liturgique. Elle comprend trois éléments que nous allons indiquer sous les lettres a, b, c :

a) The actual liturgical acts: Eucharistic Liturgy, (missal) Divine Office, (Breviary), Liturgical cycle. The perfect application of all the faculties of our soul to the accomplishment of these liturgical acts, constitutes, according to this method, the first mental prayer. To live each day to the full the work of redemption, to the glory of the heavenly Father, in the concrete and authentic form that the holy Church has given it through its eucharistic liturgy; to identify ourselves with our Mother the Roman Church and to accomplish through her and for her our adorations and our prayers; to sanctify and offer to God the acts of each day and each hour, wrapping them in the daily liturgy of the Mass and the Breviary; in short, to live with our Mother and therefore with Jesus Christ and with God, this interior life which the Church has organized for herchildren and whose rites, formulas and cycle of the liturgy are the authentic vehicle, this is the fundamental activity of liturgical piety. “Vide ut quod ore cantas cord credas, et quod cord credis, operibus probes. (Gelasian sacramentary.) This text, which the ancient Church addressed to its ministers, clearly shows the whole process of liturgical piety; one performs the act of worship with all one’s faith and all one’s love in order then to realize in works the resolutions it suggests to us.

a) Les actes liturgiques proprement dits: Liturgie eucharistique, (missel) Office divin, (Bréviaire), Cycle liturgique. L'application parfaite de toutes les facultés de notre âme à l'accomplissement de ces actes liturgi­ques, constitue, d'après cette méthode, la première oraison mentale. Vivre chaque jour pleinement l'oeuvre de la Rédemption, à la gloire du Père céleste, dans la forme concrète et authentique que la sainte Église lui a donnée par sa liturgie eucharistique; nous identifier avec notre Mère l'Église romaine et accomplir par elle et pour elle nos adorations et nos prières; sanctifier et offrir à Dieu les actes de chaque jour et de chaque heure, en les enveloppant dans la liturgie quotidienne de la messe et du Bréviaire; bref, vivre avec notre Mère et dès lors avec Jésus-Christ et avec Dieu, cette vie intérieure que l'Église a organisée pour ses enfants et dont les rites, les formules et le cycle de la liturgie sont le véhicule authentique, voilà l'activité fondamentale de la piété liturgique. « Vide ut quod ore cantas corde credas, et quod corde credis, operibus probes. » (Sacramentaire gélasien.) Ce texte que l'Église antique adressait à ses ministres, montre bien tout le processus de la piété liturgique; on accomplit l'acte du culte avec toute sa foi et tout son amour pour réaliser ensuite dans les oeuvres les résolutions qu'il nous suggère.

Very significant in this respect are the words of Pius X in his bull Divino alllatu: the Restorer of traditional piety comments there how the Psalms provide the element of a very lofty mental prayer . And really what man is there who does not feel moved by these so many passages of the psalms where one by one celebrates in sublime terms the immense Majesty of God, his omnipotence and his justice, his goodness, his ineffable madness and his other infinite attributes? Who does not experience these feelings again at these canticles of thanksgiving for the benefits received from God, at these humble and trusting prayers which implore new benefits, and finally at these cries of the soul repenting of its sins? Who is transported fromto hear the psalmist sometimes repeat the great gifts received from divine munificence either by the people of Israel or by the whole human race; now expose to us the truths of celestial wisdom? And, finally, who does not feel his heart on fire with love before the image so faithfully traced of Christ, whose voice Saint Augustine (in Ps. 42, n. r), heard in all the psalms, a voice sometimes singing praises, sometimes bursting into groans, sometimes telling of the hoped-for joys and the pains presently endured. »

Très significatives à cet égard sont les paroles de Pie X dans sa bulle Divino alllatu : le Restaurateur de la piété traditionnelle y montre [p.96] comment les Psaumes fournissent l'élément d'une oraison mentale très élevée « En outre, dit-il, il y a dans les psaumes une force étonnante pour sti­muler les Cimes à l'amour de toutes les vertus. Et vraiment quel est l'homme qui ne se sente ému à ces passages si nombreux des psaumes où tour à tour on célèbre en termes sublimes la Majesté immense de Dieu, sa toute-puissance et sa justice, sa bonté, sa démence ineffables et ses autres attributs infinis? Qui n'éprouve ces sentiments encore à ces can­tiques d'action de grâce pour les bienfaits reçus de Dieu, à ces humbles et confiantes prières qui implorent des bienfaits nouveaux, et enfin à ces cris de l'âme se repentant de ses péchés ? Qui n'est transporté d'admiration à entendre le psalmiste tantôt redire les grands dons reçus de la munifi­cence divine soit par le peuple d'Israël, soit par le genre humain tout entier; tantôt nous exposer les vérités de la céleste sagesse ? Et, enfin, qui ne se sent le coeur embrasé d'amour devant l'image si fidèlement tracée du Christ, dont saint Augustin (in Ps. 42, n. r), entendait la voix dans tous les psaumes, voix tantôt chantant des louanges, tantôt éclatant en gémissements, tantôt disant les joies espérées et les dou­leurs présentement endurées. »

Do not these different acts of the soul under the action of recited or sung psalms constitute mental prayer?

Ces différents actes de l'âme sous l'action des psaumes récités ou chantés ne constituent-ils pas une oraison mentale?

The Sovereign Pontiff appeals to the testimony of the Fathers of the Church, Saint Athanasius, Saint Augustine, Saint Basil, etc., who attest to this ascetic value of the Psalms : that the psalms should be like a mirror for the one who sings them; he must, in the psalms, consider himself and the sentiments of his own soul, and sing them in these dispositions. Moreover, Saint Augustine writes in his Confessions: How much I wept, under the strong emotion of your hymns and your canticles, melodious voice of your Church ! These sounds flowed in my ear, and through them,the truth spread in my heart, and they gave birth there to feelings of ardent piety, and tears flowed from my eyes, and these tears were a joy to me (lib.IX, cap. vr). »

Le Souverain Pontife fait appel au témoignage des Pères de l'Église, saint Athanase, saint Augustin, saint Basile, etc., qui attestent cette valeur ascétique des Psaumes : e C'est encore saint Athanase qui parle ainsi très à propos Il me semble que les psaumes doivent être comme un miroir pour celui qui les chante ; il faut que, dans les psaumes, il se consi­dère lui-même et les sentiments de sa propre âme, et qu'il les chante dans ces dispositions-là. » Aussi bien, saint Augustin écrit dans ses Confes­sions : s Combien, j'ai pleuré, sous la forte émotion de tes hymnes et de tes cantiques, mélodieuse voix de ton Église ! Ces sons coulaient dans mon oreille, et par eux, se répandait dans mon coeur la vérité, et ils y faisaient naître des sentiments d'ardente piété, et les larmes coulaient de mes yeux, et ces larmes m'étaient une joie (lib.IX, cap. vr). »

How can one dispute that the singing of the psalms accomplished with intelligence, faith and love, is a very elevated mental prayer where the soul, under the breath of the inspired author, rises towards God and unites itself intimately with him? ? Did Saint Augustine’s sole assistance at this liturgical office have, yes or no, all the characteristics of a perfect mental prayer?

Comment peut-on contester que le chant des psaumes accompli avec intelligence, foi et amour, soit une oraison mentale très élevée où l'âme, sous le souffle de l'auteur inspiré, s'élève vers Dieu et s'unit intimement à lui? La seule assistance de saint Augustin à cet office liturgique avait-elle, oui ou non, tous les caractères d'une oraison mentale parfaite ?

b) Private acts of piety. Alongside the liturgical acts proper, there is, for any soul desirous of living in God, this purely interior activity called mental prayer, a sort of silent and free recollection in God. Secondly, the method of liturgical piety extends to this activity. Its principle in this area is to link our private exercises to the acts of worship and to penetrate thus our spiritual activity of the liturgical spirit. Liturgical propaganda in all its forms is used without narrow, one- sided and indiscreet exclusivism, but with an invincible conviction and momentum, to make it triumph among the clergy and the faithful.

b) Les actes de piété privés. A côté des actes liturgiques proprement dits se place, pour toute âme désireuse de vivre en Dieu, cette activité purement intérieure appelée oraison mentale, sorte de recueille­ment silencieux et libre en Dieu. La méthode de piété liturgique s'étend, en second lieu, â cette activité. Son principe dans ce domaine est de rattacher nos exercices privés aux actes du culte et de pénétrer [p.97] ainsi notre activité spirituelle de l'esprit liturgique. La propagande liturgique sous toutes ses formes s'emploie sans exclusivisme étroit, unilatéral et indiscret, mais avec une conviction et un élan invincibles, à la faire triompher dans le clergé et les fidèles.

This thesis has been expounded many times already, and Father Reylandt, in his report “Breviary and Meditations”, which we have already pointed out, demonstrates at length its advantages. Liturgical Questions (second year, p. 355) expresses itself on this same subject as follows:It is obviously not a question of reducing all our devotion to the only acts which we accomplish as ministers of worship, namely: the Holy Mass, the Divine Office, etc., and of suppressing from our agenda any other act of devotion. This would be to act against the most venerable Catholic tradition , which all the ancient monastic rules have consecrated, and to contradict the recent instructions of Pius X to the clergy of thewhole world. The Church arranges every day, for her children and above all for her priests, the substantial meal of holy readings, collective adoration and all-powerful supplications. Applying one’s supernatural activity to assimilating riches, to passing them into one’s life and action, isn’t that a magnificent objective of priestly piety, of a solid, easy, collective, ecclesiastical, truly Catholic piety? s

Cette thèse a été exposée bien des fois déjà, et le Père Reylandt, dans son rapport «Bréviaire et méditation s, que nous avons déjà signalé, en démontre longuement les avantages. Les Questions liturgiques (se année, p. 355) s'expriment ainsi sur ce même sujet : « Il ne s'agit pas évidemment de réduire toute notre dévotion aux seuls actes que nous accom­plissons comme ministres du culte, à savoir : la sainte messe, l'Office divin, etc., et de supprimer de notre ordre du jour tout autre acte de dévotion. Ce serait agir contre la tradition catholique la plus vénérable, que toutes les anciennes règles monastiques ont consacrée, et contredire les récentes instructions de Pie X au clergé du monde entier. L'Église ménage chaque jour, à ses enfants et surtout à ses prêtres, le repas sub­stantiel des saintes lectures, des adorations collectives et des supplica­tions toutes-puissantes. Appliquer son activité surnaturelle à s'assimiler les richesses, à les faire passer dans sa vie et son action, n'est-ce pas un magnifique objectif de piété sacerdotale, d'une piété solide, facile, col­lective, ecclésiastique, vraiment catholique? s

In the past, the much larger part taken by the clergy and the faithful in liturgical acts, as well as the less hectic life of that time, naturally made these acts of private prayer much more spontaneous and easier . Precise regulations for the time and duration of these were therefore not necessary. As participation in liturgical acts is now more limited (private recitation and low masses) and active life more absorbing, it is essential to regulate the time and durationof these private exercises, under penalty of compromising their faithful accomplishment. Therefore, the order of the day for every priest must fix a time for private prayer and for holy readings; but this change, and here is the ambiguity that we want to create, does not necessarily include a modification in the method and the matter of prayer; while being fixed for time and duration , it can remain what it once was for matter and method, namely: contemplative and affective prayer echoing all the liturgy of the Mass, the Breviary and the liturgical cycle.

Jadis, la part beaucoup plus large prise par le clergé et les fidèles aux actes liturgiques, comme aussi la vie moins agitée de cette époque, ren­daient naturellement beaucoup plus spontanés et plus faciles ces actes d'oraison privée. Une réglementation précise pour le temps et la durée de ceux-ci n'était donc pas nécessaire. La participation aux actes litur­giques étant maintenant plus réduite (récitation privée et messes basses) et la vie active plus absorbante, il est indispensable de réglementer le temps et la durée de ces exercices privés, sous peine d'en compromettre l'accomplissement fidèle. Dès lors, l'ordre du jour de tout prêtre doit fixer un temps pour l'oraison privée et pour les saintes lectures; mais ce changement, et voilà l'équivoque qu'on veut créer, n'inclut pas néces­sairement une modification dans la méthode et la matière de l'oraison; tout en étant fixée pour le temps et la durée, elle peut rester ce qu'elle était jadis pour la matière et la méthode, à savoir : oraison contempla­tive et affective faisant écho à toute la liturgie de la messe, du Bréviaire et du cycle liturgique.

We said “does not necessarily include”; indeed, if one prefers a reasoned and systematic method for praying, one would do well to adopt it and stick to it if one finds it more useful for one’s spiritual advancement; but to claim that prayer at a fixed time and duration necessarily requires the so-called Ignatian reasoned method, this is the exclusivism against which we protest.

Nous avons dit «n'inclut pas nécessairement »; en effet, si l'on préfère une méthode raisonnée et systématique pour faire oraison, l'on fera bien de l'adopter et de s'y tenir si on la trouve plus utile pour son avancement spirituel; mais prétendre que l'oraison à heure et durée fixes exige nécessairement la méthode raisonnée dite ignatienne, voilà l'exclusivisme contre lequel nous protestons.

Such , then, is in the liturgical method, the discreet orientation of this second series of acts. “We do not claim that it is the only method, but we will agree in any case that it is excellent, that it bears neither special label, nor inventor’s patent, that it is not Benedictine but Catholic, that it has been too neglected and that it is not useless to restore it to honour. » (Liturgical questions, 2 , year, p.536.)

Telle est donc dans la méthode liturgique, l'orientation discrète de [p.98] cette seconde série d'actes. « Nous ne prétendons pas que ce soit la seule méthode, mais on conviendra en tous cas qu'elle est excellente, qu'elle ne porte ni étiquette spéciale, ni brevet d'inventeur, qu'elle n'est pas bénédictine mais catholique, qu'elle a été trop négligée et qu'il n'est pas inutile de la remettre en honneur. » (Questions liturgiques, 2, année, p.536.)

Moreover, to novice souls and to the crowd of Christians who are invited to liturgical meditation, no books other than the missal and the breviary are forbidden. It is a long time since D. Guéranger wrote his Liturgical Year and thousands and thousands of Christians find in it the theme of excellent prayers. Books with the same spirit exist. Father Navatel therefore does not show great initiative of spirit when he proposes that “liturgical meditations” be developed. Does he mean that it is necessary to build Ignatian meditations (with preludes, constitution of the place, etc.) on matters of liturgy? We will be happy to see it published. But, the souls will not wait for the appearance of this literature to nourish themselves through the liturgy.

Du reste, aux âmes novices et à la foule des chrétiens qu'on convie à la méditation liturgique, on n'interdit nullement d'autres livres que le missel et le bréviaire. Il y a beau temps que D. Guéranger a écrit son Année liturgique et que des milliers et des milliers de chrétiens y trouvent le thème d'excellentes oraisons. Des livres animés du même esprit existent. Le P. Navatel ne fait donc pas preuve d'une grande initia­tive d'esprit quand il propose qu'on élabore des « méditations litur­giques ». Veut-il dire qu'il faut construire des méditations ignatiennes (avec préludes, constitution du lieu, etc.) sur des matières de liturgie? Nous serons heureux d'en voir éditer. Mais, les âmes n'attendront pas l'apparition de cette littérature pour s'alimenter à la liturgie.

c) Finally, the method of liturgical piety keeps the new private devotions in the background and is jealous of preserving the great ancient devotions. This attitude is inspired by the very example of the Church which shows itself, in this domain, traditional, discreet, and extremely reserved; and Pius X’s recent decrees on liturgical reforms are well suited to encourage this trend. We do not condemn the month of Saint Joseph or even the novena of grace, but the idea of Lent must dominate in Christian souls during this time. We celebrate the month of May, without however losing sight of the great mysteries of Easter Season with its two privileged octaves of Ascension and Pentecost, and without forgetting to celebrate the three great octaves of Our Lady, Assumption, Nativity and Immaculate Conception. In short, the liturgical method maintains in its devotions the hierarchical order established by the Church.

c) Enfin, la méthode de piété liturgique maintient au troisième plan les nouvelles dévotions privées et est jalouse de conserver les grandes dévotions antiques. Cette attitude lui est inspirée par l'exemple même de l'Église qui se montre, dans ce domaine, traditionnelle, discrète, et d'une réserve extrême; et les récents décrets de Pie X sur les réformes liturgiques sont bien faits pour encourager cette tendance. On ne con­damne pas le mois de saint Joseph ni même la neuvaine de la grâce, mais l'idée du Carême doit dominer dans les âmes chrétiennes pendant ce temps. On célèbre le mois de mai, sans pourtant perdre de vue les grands mys­tères du Temps pascal avec ses deux octaves privilégiées de l'Ascension et de la Pentecôte, et sans oublier de célébrer les trois grandes octaves de Notre-Dame, Assomption, Nativité et Immaculée Conception. Bref, la méthode liturgique maintient dans ses dévotions l'ordre hiérarchique établi par l'Église.

Undoubtedly these questions must be treated with care and discretion: also the Liturgical Questions are reserved for the clergy: This is not the case for the article by Fr. Navatel.

Sans doute ces questions doivent âtre traitées avec ménagement et discrétion : aussi les Questions liturgiques sont-elles réservées au clergé: Ce n'est pas le cas pour l'article du P. Navatel.

A Non- liturgical method of piety. — Under pain of incurring the reproach of incompetence, I see myself forced to follow the very wise advice of the Rev. Father, to which unfortunately he did not remain faithful: “ In ascetic questions, theories do not mean much .” , experience is everything” (p. 469). The reader will therefore excuse me for sharing a personal experience and for sketching here, as impersonally as possible, the liturgical method which I lived for twelve years, from my clericship to my entry into the monastery. I have no intention of generalizing my case, still less of describing current clerical piety; I have only one guarantee to offer, only one: the reality of my individual experience; maybe I was an abnormal subject? At least, I was not aware of it. Moreover, it matters little: we do not classify phenomena with a view to a theoretical deduction; it’s just a real point of comparison that we’re looking for.

z» Unc méthode aliturgique de piété. — Sous peine d'encourir le reproche d'incompétence, je me vois forcé de suivre le conseil très sage du R. Pere auquel malheureusement il n'est pas resté fidèle : « Dans les questions ascétiques, les théories ne signifient pas grand'chose, l'expérience est tout » (p. 469). Le lecteur m'excusera donc de faire part d'une expérience personnelle et d'esquisser ici, aussi impersonnellement que possible, la méthode liturgique que j'ai vécue pendant douze ans, depuis ma cléri­cature jusqu'à mon entrée au monastère. Je n'entends nullement géné­raliser mon cas, encore moins décrire la piété cléricale actuelle; je n'ai [p.99] qu'une garantie à offrir, une seule : la réalité de mon expérience indivi­duelle; peut-être étais-je un sujet anormal ? du moins, je n'en ai pas eu conscience. Au surplus, il importe peu : nous ne classons pas les phéno­mènes en vue d'une déduction théorique; c'est simplement un point de comparaison réel que nous cherchons.

For greater ease, we will follow the order adopted in the presentation of the first method: liturgical acts, private exercises of piety, devotions. a) Liturgical acts. - The Mass. I will first explain what the Mass should be for the priest and the Christian ; I will then say what it was for me. The Church is the repository and dispenser of truth; she is also the depositary and dispenser of the sacraments and above all of the Eucharist; it is up to her to to develop, to exploit for our benefit, to manage this great treasure under its responsibility , a bit like human labor must develop the raw natural wealth buried in the ground . It is the destination of the whole Eucharistic liturgy and, in a word, of the missal: it is the living and authentic commentary on this great mystery, the pledge that Christ speaks in his Eucharistic silence. Without the liturgy the Eucharistic reality, for the little ones and the humble above all, is distant, abstract, impersonal, sometimes monotonous, I was going to say asti-god. Through it, Christ emerges from the immobility and silence of his sacramental state: he rediscovers the whole reality of his evangelical life. “Whoever listens to you listens to me”: I therefore listen to the Church speaking to me through her misses], and in the voice of the Bride, it is the Bridegroom that I hear, it is he who prays; who speaks to me to the Gospel; I relive in all the masses of the cycle all his life and his teachings. Every day isa new Jesus that the missal presents to me, a new mystery, a new word, a new Eucharist. Like the disciples, I meet the Master at the edge of the well, on the mountain, at the crossroads of a path, on the edge of the lake, in Nazareth, in short, in all the states of his earthly life. The Mass thus understood becomes an intimate meeting, a living and always new conversation, which it was for the disciples of Emmaus: “Isn’t it true that our heart was all burning within us when spoke to us on the way and explained the scriptures to us? (Luke, XXIV, 32.)

Pour plus de facilité, nous suivrons l'ordre adopté dans l'exposé de la première méthode : actes liturgiques, exercices de piété privés, dévotions. a) Les actes liturgiques. — La Messe. Je vais exposer d'abord ce que la messe doit être pour le prêtre et le chrétien ; je dirai ensuite ce qu'elle était pour moi. L'Église est dépositaire et dispensatrice de la vérité; elle est aussi dépositaire et dispensatrice des sacrements et surtout de l'Eucharistie; c'est à elle qu'il appartient de mettre en valeur, d'exploiter à notre profit, de gérer sous sa responsabilité ce grand trésor, un peu comme le travail humain doit mettre en valeur les richesses naturelles brutes enfouies dans e sol. C'est la destination de toute la liturgie eucharistique et, pour tout dire en un mot, du missel : il est le commentaire vivant et authentique de ce grand mystère, le lan­gage que parle le Christ dans son silence eucharistique. Sans la liturgie la réalité eucharistique, pour les petits et les humbles surtout, est loin­taine, abstraite, impersonnelle, quelquefois monotone, j'allais diref asti-dieuse. Par elle, le Christ sort de l'immobilité et du silence de son état sacramentel : il retrouve toute la réalité de sa vie évangélique. » Qui vous écoute m'écoute » : j'écoute donc l'Église me parlant par son misse], et dans la voix de l'Épouse, c'est l'Époux que j'entends c'est lui qui prie; qui me parle à l'Évangile; je revis dans toutes les messes du cycle toute sa vie et ses enseignements. Chaque jour, c'est un nouveau Jésus que le missel me présente, un nouveau mystère, une nouvelle parole, une nouvelle Eucharistie. Comme les disciples, je rencontre le Maître à la margelle du puits, sur la montagne, au carrefour d'un chemin, sur le bord du lac, à Nazareth, bref, dans tous les états de sa vie terrestre. La messe ainsi comprise devient un rendez-vous intime, un entretien vivant et toujours nouveau, ce qu'elle fut pour les disciples d'Emmaüs : » N'est-il pas vrai que notre coeur était tout brûlant au-dedans de nous lorsqu'il nous parlait en chemin et qu'il nous expliquait les Écritures? » (Luc, XXIV, 32.)

Forgive me for being frank: but the missal was for me a closed and sealed book. And this ignorance extended not only to the variable part of which I have just spoken and which gives each day to the Eucharist a new life, but even to this immutable fund and principally at the Canon, fixed for so many centuries and charged with the Eucharistic piety of the first ages. Also the great notions of perfect Act of latria, but principle of the Mass, of participation in the sacrifice by the eating of the Victim, of the union of the brothers in communion with the Body of the Lord, of the spiritual offering of our good works to be done at the altar; in short, of all the great realities that the Eucharistic liturgy constantly brings into play, my Eucharistic piety was not dominated. The worship of the Holy Reserve called visitation to the Blessed Sacrament had a more vital role in my piety than the very act of Sacrifice.

On me pardonnera d'être franc : mais le missel a été pour moi un livre fermé et scellé. Et cette ignorance s'étendait non seulement à la partie variable dont je viens de parler et qui donne chaque jour à l'Eucharistie une vie nouvelle, mais même à ce fonds immuable et principalemnet au Canon, fixé depuis tant de siècles et tout chargé de la piété eucharistique des premiers âges. Aussi les grandes notions d'Acte parfait de latrie, but principal de la messe, de participation au sacrifice par la manducation de la Victime, de l'union des frères dans la communion au Corps du [p.100] Seigneur, de l'offrande spirituelle de nos bonnes oeuvres à faire à l'autel; bref, de toutes les grandes réalités que la liturgie eucharistique met con­stamment en oeuvre, ne dominaient pas ma piété eucharistique. Le culte de la Sainte Réserve appelé visite au Saint Sacrement avait un rôle plus vital dans ma piété que l'acte même du Sacrifice.

What is true of the missal is also true of the breviary and the liturgical cycle. I don’t remember reciting my breviary with intelligence and love; the psalms, the readings, the prayers had no echo in my soul. The liturgical seasons had no effect on my devotion; in short, the liturgical acts properly so called were for me a cultic formality which had no appreciable influence on the economy of my piety. Moreover, in the retreats made annually, there was no question of this: alone, meditation, examination, recollection; a whole asceticism on the margins of the liturgy and separated by a watertight partition, mattered.

Ce qui est vrai du missel l'est aussi du bréviaire et du cycle liturgique. Je n'ai pas souvenance d'avoir récité mon bréviaire avec intelligence et amour ; les psaumes, les lectures, les oraisons étaient sans écho dans mon âme. Les saisons liturgiques n'exerçaient aucune action sur ma dévotion; bref, les actes liturgiques proprement dits étaient pour moi une formalité cultuelle qui n'avait aucune influence appréciable dans l'économie de ma piété. Aussi bien dans les retraites faites annuellement n'était-il pas question de cela : seuls, la méditation, l'examen, la recollection; toute une ascèse en marge de la liturgie et séparée par une cloison étanche, importaient.

b)      Private acts of piety Leaving aside questions of regularity and fervor, I have two memories of the meditations and spiritual readings of this period: r0 I never did them in the liturgical books; my library, moreover, contained neither misses], nor ritual, nor pontifical, nor ceremonial of the bishops, nor martyrology, nor commentaries on these; all these books in which circulates the traditional interior life of the Church were grimoires for me. I have never meditated on the Psalter, the Pontifical of Ordination, etc... Four conferences, historic however, of Mgr Battifol on this last subject, made me understand priestly dignity better than many pious retreat sermons. .

b)     Les actes de piété prives Lcs questions de régularité et de ferveur mises à part, je conserve deux souvenirs des méditations et des lec­tures spirituelles de cette époque : r0 jamais je ne les ai faites dans les livres liturgiques; ma bibliothèque ne renfermait d'ailleurs ni misse], ni rituel, ni pontifical, ni cérémonial des évêques, ni marty­rologe, ni commentaires de ceux-ci; tous ces livres dans lesquels circule la vie intérieure traditionnelle de l'Église étaient pour moi des gri­moires. Jamais je n'ai médité le psautier, le Pontifical de l'ordina­tion, etc... Quatre conférences, historiques pourtant, de Mgr Battifol sur ce dernier sujet, m'ont mieux fait comprendre la dignité sacerdotale que bien des pieux sermons de retraite.

No methodical and consistent distribution in the meditated truths; the wholly subjective plan adopted by the author of the manual alone regulated the sequence of daily meditations. A whim, a bestseller by a fashionable author, a completely fortuitous circumstance, led to a change of textbook and subjected me from then on to an entirely new regime; the spirit of consistency was infallibly lacking. And while I was thus frolicking through all the paths, I was completely unaware of the annual itinerary of spiritual renewal traced out by the Church with infinite solicitude, in her liturgical cycle.

2º Aucune distribution méthodique et suivie dans les vérités mé­ditées; le plan tout subjectif adopté par l'auteur du manuel réglait seul la suite des méditations quotidiennes. Un caprice, un succès de librairie d'un auteur en vogue, une circonstance toute fortuite, entraînait un changement de manuel et me soumettait dès lors à un régime tout nou­veau; l'esprit de suite faisait infailliblement défaut. Et tandis que je folâtrais ainsi par tous les sentiers, j'ignorais complètement l'itinéraire annuel de rénovation spirituelle tracé par l'Église avec une sollicitude infinie, dans son cycle liturgique.

c)      Devotions. I hardly discerned between the new practices and the old sacramentals, the blessings of the Holy Church, the ancient devotions in harmony with the liturgical seasons. Lent instituted by the Church as a time of retreat and penance, the Ember Days, the preparatory Vigils for the great feasts, the place of fasting in Christian asceticism, the joys of Easter Season, the celebration of the great octaves of the cycle , all this was not part of my life.

c)     Les dévotions. Je ne discernais guère entre les pratiques nou­velles et les vieux sacramentaux, les bénédictions de la Sainte Église, les dévotions antiques en harmonie avec les saisons liturgiques. Le Carême institué par l'Église comme temps de retraite et de pénitence, les Quatre-Temps, les Vigiles préparatoires aux grandes fêtes, la place du jeûne dans l'ascèse chrétienne, les joies du Temps pascal, la célé­bration des grands octaves du cycle, tout cela ne faisait pas partie de ma vie. [p.101]

I believe I have faithfully described in these lines the physiognomy of my piety from the liturgical point of view.

Je crois avoir décrit fidèlement dans ces lignes la physionomie de ma piété au point de vue liturgique.

The two methods that we have just described are like the two extreme points of a graduated line where the multiple modalities of piety are arranged.

Les deux méthodes que nous venons de décrire sont comme les deux points extrêmes d'une lignée graduée où viennent se ranger les multiples modalités de la piété.

They can be characterized by two outrageous formulas susceptible of infinite nuances :

On peut les caractériser par deux formules outrancières susceptibles de nuances infinies :

1) Maximum supernatural activity in harmony with life and the liturgical spirit and minimum activity foreign to this spirit.

1) Maximum d'activité surnaturelle en harmonie avec la vie et l'esprit liturgique et minimum d'activité étrangère à cet esprit.

2) Minimum of supernatural activity in harmony with life and the liturgical spirit and maximum of activity foreign to this spirit.

2) Minimum d'activité surnaturelle en harmonie avec la vie et l'esprit liturgique et maximum d'activité étrangère à cet esprit.

The superiority of the method inspired by the first tendency seems indisputable.

La supériorité de la méthode qui s'inspire de la première tendance semble incontestable.

It makes us live in communion with heaven and earth , the spirituality organized by the Holy Church and tends to identify our adorations, our praises, our prayers, in short all our life of prayer with the interior life of the Bride of Christ.

1º Elle nous fait vivre en communion avec le ciel et la terre, la spiri­tualité organisée par la sainte Église et tend à identifier nos adorations, nos louanges, nos prières, bref toute notre vie d'oraison avec la vie inté­rieure de l'Épouse du Christ.

2º. It develops in Christians what might be called the social sense of Catholicism. This social meaning includes three elements: Necessity, a) of a collective religious life (contrary to the individualism of Sabatier); b) communicated and maintained from without by the supernatural action of a legitimate authority ( contrary to the immanence of modernists); and (c) made visible to all set of external acts: faith professed, signs conferred, external communion , etc. (contrary to the Invisible Church of the Protestants). Now, the Catholic liturgy bears in all its manifestations the imprint of this triple character : it is collective , for all through it live collectively from a single spirituality, that of the Church; it is hierarchical, because it comes to us with all its doctrine,its rites and its spirit of the Roman Church; it is visible, because everything in it is embodied in signs and formulas. The method of piety that makes us live the liturgy therefore develops in us the social sense of Catholicism and infuses us with the most powerful antidote against modern errors.

2º. Elle développe chez les chrétiens ce qu'on pourrait appeler le sens social du catholicisme. Ce sens social comprend trois éléments : Nécessité, a) d'une vie religieuse collective (contrairement à l'individualisme de Sabatier); b) communiquée et entretenue du dehors par l'action surna­turelle d'une autorité légitime (contrairement à l'immanence des mo­dernistes); et c) rendue visible par tout un ensemble d'actes extérieurs : foi professée, signes conférés, communion extérieure, etc. (contrairement à l'Église invisible des protestants). Or, la liturgie catholique porte dans toutes ses manifestations l'empreinte de ce triple caractère : elle est col­lective, car tous par elle vivent collectivement d'une seule spiritualité, celle de l'Église; elle est hiérarchique, car elle nous vient avec toute sa doctrine, ses rites et son esprit de l'Église romaine; elle est visible, car tout en elle s'incarne dans des signes et des formules. La méthode de piété qui nous fait vivre la liturgie développe dès lors en nous le sens social du catholicisme et nous infuse l'antidote le plus puissant contre les erreurs modernes.

3º This piety loses nothing for it of its personal character; the soul remains conscious of its individual responsibility and of its duties; constant individual activity is required to make him forget his selfishness and take advantage of all the doctrinal riches contained in the liturgy. It therefore in no way leads to this anonymous collective religiosity where the individual relies on the activity of the social immobilized body in a vague quietism. It is true that it strongly intensifies in its followers the living faith in the dogma of the Communion of Saints; but Durkheim alone, with his preconceived sociological ideas , could see in it an application of his philosophical system.

3º Cette piété ne perd rien pour cela de son caractère personnel; l'âme reste consciente de sa responsabilité individuelle et de ses devoirs; une activité individuelle constante est requise pour lui faire oublier son égoïsme et profiter de toutes les richesses doctrinales contenues dans la liturgie. Elle ne mène donc nullement à cette religiosité collective ano­nyme où l'individu se repose sur l'activité du corps social et s'immobilise dans une vague quiétisme. Il est vrai qu'elle intensifie fortement chez ses adeptes la foi vivante dans le dogme de la Communion des Saints; mais Durkheim seul, avec ses idées sociologiques préconçues, pourrait y voir une application de son système philosophique. [p.102]

4º It awakens in souls, through collective and active participation in the holy mysteries, respect and love for the diocesan and parochial hierarchy and Christian fraternity.

4º Elle réveille dans les âmes, par la participation collective et active aux saints mystères, le respect et l'amour de la hiérarchie diocésaine et paroissiale et la fraternité chrétienne.

5º Far from being an enemy of private devotions, it brings to them an increase in vigor and virility. Liturgical piety, foreign to all sentimentality and nonsense, nourished by sound doctrine, pure and of good quality, broad and generous, having become the main food of the Christian soul, will transform private piety, give it a new impetus. a new intensity at the same time that it will maintain it in its true place.

5º Loin d'être ennemie des dévotions privées, elle apporte à celles-ci un accroissement de vigueur et de virilité. La piété liturgique, étrangère à toutes les mièvreries et toutes les fadaises, nourrie de saine doctrine, pure et de bon aloi, large et généreuse, devenue l'aliment principal de l'âme chrétienne,transformera la piété privée,lui donnera un nouvel élan une nouvelle intensité en même temps qu'elle le maintiendra à sa vraie place.

6º It gives full value to a system of spirituality whose fulfillment, at least materially, is imposed on us on the other hand every day and every hour; it is therefore supremely practical and reasonable.

6º Elle met en pleine valeur un régime de spiritualité dont l'accom­plissement, au moins matériel, nous est imposé d'autre part chaque jour et chaque heure; elle est donc souverainement pratique et raisonnable.

7º It is eminently sacerdotal, for it assures in our life the real primacy of liturgical acts which are, in the proper sense of the word, the acts of our holy ministry: Oportet sacerdotem of/erre, benedieere, pracesse...

7º Elle est éminemment sacerdotale, car elle assure dans notre vie la primatie réelle aux actes liturgiques qui sont, dans le sens propre du mot, les actes de notre saint ministère : Oportet sacerdotem of/erre, benedieere, pracesse...

8º Making us live this liturgical life to the full, it will enable us to make of it, the faithful who must find the true Christian spirit at its first and indispensable source, namely: participation in the sacrosanct mysteries and the public and solemn prayer of the Church. »

8º Nous faisant vivre pleinement de cette vie liturgique, elle nous rendra capable d'en faire ,'ivre les fidèles quia doivent trouver le véritable esprit chrétien à sa source première et indispensable, à savoir : la parti­cipation aux mystères sacro-saints et à la prière publique et solennelle de l'Église. »

9º It makes us very pleasing to Our Lord by intensifying in us that spirit of unity, the supreme wish of the Master which the first Christians found in this same community of spiritual life: “Erant perseverantes in doctrina Apostolorum et communicatione fractionis panis et orationibus. ( Acts , II, 42).

 Elle nous rend très agréables à Notre-Seigneur en intensifiant en nous cet esprit d'unité, souhait suprême du Maître que les premiers chré­tiens trouvèrent dans cette même communauté devie spirituelle: «Erant perseverantes in doctrina Apostolorum et communicatione fractionis panis et orationibus. » (Actes, II, 42).

10º It is the enemy of that purely interior religion which too often fears to assert itself in public; of this piety “in the strictest intimacy” whose reserve and discretion are sometimes praised and which too often hides human respect and lack of conviction. “The liturgical apostolate opposes the most effective of antidotes to the venom of secularism which infiltrates imperceptibly in the heart of our best populations” (p 450).

10º Elle est l'ennemie de cette religion purement intérieure qui craint trop souvent de s'affirmer en public; de cette piété « dans la plus stricte intimité » dont on loue quelquefois la réserve et la discrétion et qui cache trop souvent le respect humain et le manque de convic­tion. « L'apostolat liturgique oppose le plus efficace des antidotes au venin de laïcité qui s'infiltre insensiblement au cœur de nos meilleures populations» (p 450).

11º It can and must, by its very purpose, become popular and general. It is not reserved for an ascetic aristocracy which has its exclusive processes and methods, outside the reach of ordinary Christians. Everyone, without distinction, from the Pope to the child in catechism, lives the same liturgy to varying degrees, participates in the same feasts, is drawn into the same cycle. We can see what a driving force this unification of minds and hearts creates in the Holy Church.

11º Elle peut et doit, par sa destination même, devenir populaire et générale. Elle n'est pas réservée à une aristocratie ascétique qui a ses procédés et ses méthodes exclusifs, en dehors de la portée des chrétiens ordinaires. Tous, indistinctement, depuis le Pape jusqu'à l'enfant du catéchisme, vivent la même liturgie à des degrés divers, participent aux mêmes fêtes, sont entraînés dans le même cycle. On voit quelle puissance d'entraînement cette unification des esprits et des coeurs crée dans la sainte Église.

12° Finally, it makes us live in the capital of the Christian world; by the “ Roman “ liturgy , we are citizens of the great City. Dom Cabrol, in a series of lectures given during the Liturgical Week of Maredsous, on the stations of Rome, the great Basilicas and the liturgical cycle of Roman feasts , showed the benefit that we can draw from the liturgy to develop this very Catholic feeling . After evoking the memory of all the great monumentsof Christian Rome - he added : “This is our history, this is the history of our Christian origins , this is the epic in stone ; all these monuments speak to our heart and to our faith; Rome has become for us our second capital . I would like to show you the link of these archaeological monuments with the liturgy; the Roman liturgy is concretized there; it was a local liturgy before becoming the liturgy of the Latin world. I would like to show you that you, gentlemen and dear confreres, with your missal and your breviary, you gentlemen, who are lay people with your parishioner, you have in hand all the elements of this story and I would like to note with you the interest that this study gives to these books and, at the same time, to the liturgy. Thanks to the liturgy understood and lived daily, Rome must occupy in the love and worship of Catholics, the place occupied by Jerusalem in the love and worship of the children of Israel : “ Stantes orant pedes nostri in atriis tufs Jerusalem »We frequently accomplish this pilgrimage ad litnina through the Roman liturgy understood and lived: the stations in the great basilicas from which so many liturgical texts the origin of rites and formulas, everything connects us to the mother and mistress Church.

12° Enfin, elle nous fait vivre dans la capitale du monde chrétien; [p.103] par la liturgie « romaine », nous sommes citoyens de la grande Cité. Dom Cabrol, dans une série de conférences faites à la Semaine liturgique de Maredsous, sur les stations de Rome, les grandes Basiliques et le cycle liturgique des fêtes romaines, montrait le profit que nous pouvons tirer de la liturgie pour développer ce sentiment si catholique. Après avoir évoqué le souvenir de tous les grands monuments de la Rome chrétienne-il ajoutait : « C'est là notre histoire, c'est l'histoire de nos origines chré­tiennes, c'en est l'épopée de pierre; tous ces monuments parlent à notre coeur et à notre foi; Rome est devenue pour nous notre seconde capitale.. Je voudrais vous montrer le lien de ces monuments archéologiques avec la liturgie; la liturgie romaine est concrétisée là; elle a été une liturgie locale avant de devenir la liturgie du monde latin. Je voudrais vous montrer que vous, Messieurs et chers confrères, avec votre missel et votre bréviaire, vous Messieurs, qui êtes des laïques avec votre paroissien, vous avez en main tous les éléments de cette histoire et je voudrais con­stater avec vous l'intérêt que cette étude donne à ces livres et, du même coup, à la liturgie. » Grâce à la liturgie comprise et quotidiennement vécue, Rome doit occuper dans l'amour et le culte des catholiques, la place qu'occupait Jérusalem dans l'amour et le culte des fils d'Israël : « Stantes orant pedes nostri in atriis tufs Jerusalem » Ce pèlerinage ad litnina nous l'accomplissons fréquemment par la liturgie romaine com­prise et vécue : les stations dans les grandes basiliques dont s'inspirent tant de textes liturgiques, le culte de tous les martyrs des persécutions; l'origine des rites et des formules, tout nous rattache à l'Église mère et maîtresse.

Let us stop and for this time let’s not exceed the dozen.

Arrêtons-nous et pour cette fois ne dépassons pas la douzaine.

All of this has been said and repeated : these are almost clichés for our readers. But it was necessary to come back to it.

Tout cela d'ailleurs a été dit et redit : ce sont presque des clichés pour nos lecteurs. Mais il était nécessaire d'y revenir.

Adopting an old tactic, Father Navatel seemed to praise the work and only censor the workers. We have seen that it is indeed the work that is targeted. Stinking of the workers, they are still waiting , not for the sentence, but for the precise recitals and the charges . It has been four years since the Liturgical Questions appeared and the editors have spoken clearlyis lying. Before suspecting them and drawing up an almost heretical genealogy for them, it was necessary to produce documents, quotations , references : we look for them in vain.

Adoptant une vieille tactique, le Père Navatel semblait louer l'oeuvre et ne censurer que les ouvriers. Nous l'avons vu, c'est bien l'ouvre qui est visée. Puant aux ouvriers, ils attendent toujours, non la sentence, mais les considérants précis et les chefs d'accusation. Voilà quatre ans que les Questions liturgiques paraissent et les rédacteurs ont parlé claire­ment. Avant de les suspecter et de leur dresser une généalogie presque hérétique, il fallait produire des pièces, des citations, des références : on les cherche en vain.

Friends of the liturgy, however, have no reason to worry too much about these attacks. The “ young parties “ too often count on the addition of resounding conversions and unqualified confessions : the psychology of conversions is generally more complicated. Despite the unfortunate impression left by this article, and the regrettable influence that its reading can have in the unprejudiced or uninformed circles , we believe to discover through the severe criticisms, enough clarity, if not sympathy, to hope that the Reverend Father, in his future apostolate, will make more of the part of the liturgy. While preaching very faithfully in his retreats the four weeks of the spiritual method of his order, he will devote an hour to the spiritual method of the Holy Church.

Les amis de la liturgie n'ont pas lieu pourtant de s'inquiéter outre mesure de ces attaques. Les « partis jeunes » escomptent trop souvent l'appoint de conversions retentissantes et d'aveux sans réserve : la psychologie des conversions est généralement plus compliquée. Malgré l'impression fâcheuse que laisse en de-nier lieu cet article, et l'influence regrettable que sa lecture peut avoir dans les milieux non prévénus ou peu avertis, nous croyons découvrir à travers les critiques sévères, assez [p.104] de clairvoyance, si pas de sympathie, pour espérer que le R. Père, dans son apostolat futur, fera plus large la part de la liturgie. Tout en prêchant très fidèlement dans ses retraites les quatre semaines de la méthode spi­rituelle de son ordre, il consacrera une heure à la méthode spirituelle de la sainte Église.

In so doing, he will be, like the liturgists, not an innovator but a renovator; indeed, the great preacher of his order, Fr. Bourdaloue devotes in his Retreata sermon at the Divine Office. (Complete works ed. Gauthier, Besançon 1823, t. XVIe, p. 116.) The illustrious contemporary of Fénelon and Mme Guyon was able, without being suspected of quietism, to utter words that I deliver, ending with the reflections of R Father has a holy obligation which commits me to do on earth what the Blessed do in heaven... A holy obligation which brings me into the spirit of the Church; for the divine office is especially the prayer of the Church, and when I recite it, I pray in the name of the whole Church. It is the Church that makes me pray and teaches me to pray; and it is true that this single prayer, if I did it properly, would suffice to make me perfect according to God and to maintain me habitually in his presence (ibid. p.

Ce faisant, il sera, comme les liturgistes, non un innovateur mais un rénovateur ; en effet, le grand prédicateur de son ordre, le P. Bourdaloue consacre dans sa Retraite un sermon à l'Office divin. (Œuvres complètes éd. Gauthier, Besançon 1823, t. XVIe, p. 116.) L'illustre contemporain de Fénelon et de Mme Guyon a pu, sans être suspecté de quiétisme, pronon­cer des paroles que je livre en finissant aux réflexions du R. Père a Sainte obligation qui m'engage à faire sur la terre ce que les Bienheureux font au ciel... Sainte obligation qui me fait entrer dans l'esprit de l'Église; car l'office divin est spécialement la prière de l'Église, et quand je le récite, je prie au nom de toute l'Église. C'est l'Église qui me fait prier et qui m'apprend à prier; et il est vrai que cette seule prière, si je la faisais comme il faut, me suffirait pour me rendre parfait selon Dieu et pour m'entretenir habituellement dans sa présence n (ibid. p. If 6).

Dom LAMBERT BAUDUIN.

Dom LAMBERT BAUDUIN.

 

 

 

 

 

 


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