THE LITURGICAL APOSTOLATE
AND
PERSONAL PIETY
R
EV. FR. JEAN-JOSEPH NAVATEL, S.J.
ÉTUDES, 137/VII, 1913, pp.449-76
 

 The Apoptheosis of St. Ignatius of Loyola


 



THE LITURGICAL APOSTOLATE AND PERSONAL PIETY

L’APOSTOLAT LITURGIQUE ET LA PIÉTÉ PERSONNELLE

ÉTUDES. Journal founded in 1856 by Fathers of the Company of Jesus 50th year.-vol. 137’ of the october-november-december collection, 1913 – 1913 vol. VII, November 20, 1913

ÉTUDES

REVUE FONDÉE EN 1856 PAR DES PÈRES DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS ET PARAISSANT LE 5 ET LE 20 DE CHAQUE MOIS 50’ ANNÉE.-TOME 137’ DE LA COLLECTION OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1913 PARIS BUREAUX DES ÉTUDES 50, RUE DE BABYLONE (VII.) - 1913 -

Over the past ten years, in France and Belgium, there has been a very interesting liturgical movement, carried out with great ardor and knowledge.

Depuis une dizaine d’années, il s’est produit, en France et en Belgique, un mouvement liturgique très intéressant, mené avec beaucoup d’ardeur et de savoir.

As often happens, the enthusiastic popularization crusade which we are witnessing and applauding, followed the revival of liturgical studies of which the abbeys of Solesmes, Beuron and Maredsous were the initiators, and in which the young abbey of Farnborough took , by its imposing publications, its large share. The science of the liturgy, renewed by the Guérangers, the Pitras, the Wolters, the Baeumers, profited from the considerable work of Dom Germain Morin and the collaborators he gathered around him at the Revue Bénédictine.And is it not enough to name here Dom Fernand Cabrol and Dom Pothier, Dom Cagin and Dom Cuthbert Butler, Dom Leclercq, Dom Férotin and Dom André Wilmart, Dom Donatien De Bruyne and Dom Pierre de Puniet? A whole series of books and periodicals have been created to enable the general public benefit from this noble research, and once again de forti egressa est dulcedo1.

Comme il arrive souvent, la croisade de vulgarisation enthousiaste à laquelle nous assistons et applaudissons, a suivi le renouveau d’études liturgiques dont les abbayes de Solesmes, de Beuron et de Maredsous ont été les initiatrices, et auquel la jeune abbaye de Farnborough a pris, par ses im­posantes publications, sa large part. La science de la liturgie, renouvelée par les Guéranger, les Pitra, les Wolter, les Baeumer, a profité des travaux considérables de Dom Germain Morin et des collaborateurs qu’il a groupés autour de lui à la Revue bénédictine. Et ne suffit-il pas de nommer ici Dom Fernand Cabrol et Dom Pothier, Dom Cagin et Dom Cuthbert Butler, Dom Leclercq, Dom Férotin et Dom André Wilmart, Dom Donatien De Bruyne et Dom Pierre de Puniet? Toute une série d’ouvrages et de publications périodiques a été créée pour faire bénéficier le grand public de ces nobles recherches, et une fois de plus de forti egressa est dulcedo1.

1The Liturgical Questions, the Liturgical and Benedictine Review, tho one intended for the laity, have, between them, six thousand four hundred subscribers. The Liturgical Life, a monthly sheet, is addressed to five thousand exclusively ecclesiastical or religious readers. —The propagandists organize Congresses, Weeks, Liturgical Days. Finally, there is a liturgical information office and even a liturgical museum. It is above all from the abbey of Maredsous (Belgium) that this fervent apostolate radiates, as from its hearth. The conferences of the Liturgical Week, held in Louvain, from the 10 to the 14 of last August, counted several hundred listeners.

1Les Questions liturgiques, la Revue liturgique et bénédictine, celle-ci destinée aux ‘laiques, comptent, à elles deux, six mille quatre cents abonnés. La Vie liturgique, feuille mensuelle, s’adresse à cinq mille lecteurs exclusivement ecclésiastiques ou religieux. —Les propagandistes organisent des Congrès, des Semaines, des Journées liturgiques. Il existe enfin un bureau liturgiqne de renseignements et même un musée liturgique. C’est surtout de l’abbaye de Maredsous (Belgique), que rayonne, comme de son foyer, ce fervent apostolat. Les conférences de la Semaine liturgique, tenue à Louvain, du 10 au 14 août dernier, comptaient plusieurs centaines d’auditeurs.

Such initiatives cannot be praised enough, since they are intended to enable the faithful to participate actively in the holy mysteries and in the public and solemn prayer of the Church.2

On ne saurait trop louer de telles initiatives, puisqu’elles se proposent de faire participer activement les fidèles aux saints mystères et à la prière publique et solennelle de l’Église2. [p.450]

2. Dom Eugène Vendor exposes in a vivid brochure the way to assist liturpically at Holy Mass and the duty to make this liturgical assistance the preparation even for Holy Communion. These pages are excellent; you need the pros. paging. . The Holy Mass heard to communicate often and even every day. 3rd edition, 3o’ thousand. Maredsous.

2. Dom Eugène Vendeur expose dans une vivante brochure la manière d’assister liturpiquement à la sainte messe et le devoir de faire de cette assistance liturgique, la préparation même à la sainte communion. Ces pages sont excellentes; il faut les pro. pager. . La Sainte Messe entendue pour communier souvent et même tous les jours. 3’ édition, 3o’ mille. Maredsous.

The congenial symbolism of the liturgy, the touching meaning of its rites, will never be sufficiently explained to the people. How many Christians attend the ceremonies of baptism and extreme unction, as if they were “Malabar rites, ” I mean, without understanding anything of the meaning of the blessings, exorcisms, and anointings full of mystery which are practiced there!

Le symbolisme savoureux de la liturgie, la signification touchante de ses rites, ne seront jamais assez expliqués au peuple. Que de chrétiens assistent aux cérémonies du baptême et de l’extrême-oncttion, comme si c’étaient des rites « malabars », je veux dire, sans rien comprendre aux sens des bénédictions, des exorcismes, des onctions pleins de mystère qui s’y pratiquent!

Finally, this apostolate arrives in good time. It responds to the desires and encouragement of the Holy See. It will, in fact, be one of the great works of the pontificate of Pius X, to have oriented the minds of the faithful towards the esteem and practice of liturgical prayer 3 .

Cet apostolat enfin vient à son heure. Il répond aux désirs et aux impulsions du Saint-Siège. Ce sera, en effet, l’une des grandes oeuvres du pontificat de Pie X, d’avoir orienté l’esprit des fidèles vers l’estime et la pratique de la prière liturgique3.

3Motu proprio, from November 22 , 1903. Decree of the Sacred Congregation of Rites, dated 8 January 1904

3 Motu proprio, du 22 novembre 1903. Décret de la Sacrée Congrégation des Rites, du 8 janvier 1904

Everything that will be done to give Christians an understanding of their worship, to make the services attractive, to highlight and highlight their teachings, their spiritual energies and their beauty, all this will contribute to restoring and strengthening the parochial spirit and will ultimately turn to the glory of God. Such an apostolate opposes the most effective of antidotes to the venom of secularism which infiltrates imperceptibly, in the country of France, in the heart of our best populations. Every soul of a priest is therefore won in advance by this campaign. It does the greatest honor to the religious who have taken its direction and who lead it with so much joy, intelligence, erudition and piety.

Tout ce qu’on fera pour donner aux chrétiens l’intelligence de leur culte, pour rendre attrayants les offices, pour mettre en valeur et en évidence leurs enseignements, leurs énergies spirituelles et leur beauté, tout cela contribuera à restaurer et à fortifier l’esprit paroissial et tournera finalement à la gloire de Dieu. Un tel apostolat oppose le plus efficace des antidotes au venin de laïcité qui s’infiltre insensiblement, dans le pays de France, au coeur de nos meilleures popula­tions. Toute âme de prêtre est donc gagnée d’avance à cette campagne. Elle fait le plus grand honneur aux religieux qui en ont pris la direction et qui la mènent avec tant d’allé­gresse, d’intelligence, d’érudition et de piété.

After such well-deserved and unreserved praise, it takes all our courage to make a few observations

Après des éloges si mérités et donnés sans réserve, il nous faut tout notre courage pour présenter quelques observations.

Moreover, these observations do not aim at the liturgical movement taken in itself, but at the exclusive significance and the polemical corollaries that are sometimes claimed to be given to it.

Ces observations visent d’ailleurs non le mouvement litur­gique pris en lui-même, mais la portée exclusive et les corollaires polémiques qu’on prétend parfois lui donner.

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And first, we ask the standard-bearers of the liturgical movement, if they are not exaggerating, when they assure us that the liturgy reached, without transition, a period of intense flowering, among the first Benedictines and that it was mainly through her that they converted the Barbarians. 1

Et d’abord, nous demandons aux porte-bannière du mouvement liturgique, s’ils n’exagèrent pas, [p.451] quand ils nous  assurent que la liturgie atteignit, sans transition, une période de floraison intense, chez les premiers Bénédictins et que ce fut par elle surtout qu’ils convertirent les Barbares.1

1. s It was largely thanks to the power and attraction of the liturgy that the sons of Saint Renon succeeded in taming the Barbarians and worked effectively to civilize half of Europe. s The Catholic Liturgy. Synthesis essay followed by some developments by Dom M. Festugière, Benedictine monk. Extract from the Revue de Philosophie, May-July 1913, in-8, p. *Go. Abbey of Maredsous, Belgium, 1913. Price: 3 fr. 5o. — This important memoir can be considered, without dispensing with reading the other writings, as the manifesto of the new school. Judicious and original views abound, but also conjectures, systematic or premature syntheses. — Here and there Dom Festugière uses the word liturgy in its most varied meanings, without informing the reader. This lack of precision disturbs the mind and bites the otherwise severe pleasure of this reading, the work being almost entirely in summaries or elliptical summaries.

1. s C’est en grande partie, gràce au pouvoir et à l’attrait de la liturgie, que les fils de saint Renon réussirent à apprivoiser les Barbares et travaillèrent efficacement à civiliser la moitié de l’Europe. s La Liturgie catholique. Essai de synthèse suivi de quel­ques développements par Dom M. Festugière, moine bénédictin. Extrait de la Revue de Philosophie, mai-juillet 1913, in-8, p. *Go. Abbaye de Maredsous, Belgique, 1913. Prix : 3 fr. 5o. — Cet important mémoire peut étre considéré, sans qu’il dispense de lire les autres écrits, comme le manifeste de la nouvelle école. Les vues judicieuses et originales y abondent, mais aussi les conjectures, les synthèses systématiques ou prématurées. — Çà et là Dom Festugière prend le mot de liturgie dans ses acceptions les plus variées, sans en avertir le lecteur. Ce défaut de précision inquiète l’esprit et Bite le plaisir d’ailleurs sévère de cette lecture, l’ouvrage étant presque tout en som• suaires ou en résumée elliptiques.

The desire, easy to understand, to find in the distance of a vanished world the historical confirmation and the proof of their doctrine on the omnipotence of the liturgy would not have seduced the neo-liturgists, until their make a retrospective mirage take for reality?

Le désir, facile à comprendre, de retrouver dans le lointain d’un monde disparu la confirmation historique et la preuve de leur doc­trine sur la toute-puissance de la liturgie n’aurait-il pas séduit les néo-liturges, jusqu’à leur faire prendre pour réa­lité un rétrospectif mirage?

Until now, history had represented the order of Saint Benedict as a congregation dedicated to great liturgical prayer, then to study, without precisely distinguishing in it a vocation of specially liturgical apostolate. Until now, we knew that the Barbarians had converted to Christianity by hearing the preaching of Gospel and to the spectacle of the virtues of their preachers.

Jusqu’ici, l’histoire avait repré­senté l’ordre de Saint-Benoît comme une congrégation vouée à la grande prière liturgique, puis à l’étude, sans distinguer précisément chez elle une vocation d’apostolat spécialement liturgique. Jusqu’ici, on savait que les Barbares s’étaient con­vertis au christianisme en entendant prêcher l’Évangile et au spectacle des vertus de leurs prédicateurs.

But we would like nothing better than to abjure our error, if it is proved that it was, on the contrary, attendance at the offices, in the Benedictine chapels where they went devoutly, which principally turned them away from paganism. If such a fact is proven, there will no longer be any doubt about the effectiveness of the apostolate exercised by the liturgy. 2

Mais nous ne demandons pas mieux que d’abjurer notre erreur, s’il est prouvé que ce fut, au contraire, l’assistance aux offices, dans les chapelles bénédictines où ils se rendaient dévotement, qui les détourna principalement du paganisme. Si pareil fait est avéré, il ne régnera plus aucun doute sur l’efficacité de l’apostolat exercé par la liturgie. 2

2. Very often, writes the author of the Monastic Ideal, access to monastic churches was expressly forbidden to the faithful: elsewhere, assistance from outside was so insignificant that there could be no proportion between the pomp deployed at the choir and the number of foreigners admitted to witness it. s P. la.

2 Très souvent, écrit l’auteur de l’Idéal monastique, l’accès des églises monas­tiques était expressément interdit aux fidèles : ailleurs, l’assistance venue du dehors était si insignifiante qu’il ne pouvait y avoir proportion entre la pompe déployée au choeur et le nombre des étrangers admis à en être les témoins. s P. la.

In the meantime, these doubts exist, or, to put it better, many wise minds attribute to the liturgy in this respect only a very relative efficacy. They refuse to sacrifice to him the other means of sanctification recognized in the Church. They believe that reading the lives of saints, meditating on eternal truths, preaching, spiritual diretion retain, with the assistance to public offices, all their value.

En attendant, ces doutes existent, ou, pour mieux dire, beaucoup d’esprits sages n’attribuent à la liturgie sous ce rapport qu’une efficacité très relative. Ils se refusent à lui sacrifier les autres moyens de sanctification reconnus dans l’Église. Ils estiment que la lecture de la vie des saints, la méditation des vérités éternelles, [p.452] la prédication, la direction spirituelle gardent, auprès de l’assistance aux offices publics, toute leur valeur.

It is likely that this conflict of opinions is due to the different points of view from which each views the problem. It would therefore be a question of seeking an agreement on a precise definition and of circumscribing within limits drawn amicably what is called the liturgy. Under these conditions, the feelings shared would soon be unanimous. Unfortunately, the word liturgy opens before the mind a vague, indefinite perspective, capable of receiving almost anything one wants to put into it.

Il est probable que ce conflit d’opinions tient aux différents points de vue d’où chacun considère le problème. Il s’agirait donc de chercher un accord sur une définition précise et de circonscrire en des limites tracées à l’amiable ce qu’on appelle la liturgie. A ces conditions, les sentiments partagés seraient vite unanimes. Malheureusement, le mot de liturgie ouvre devant l’esprit une perspective vague, indéfinie, sus­ceptible de recevoir presque tout ce que l’on veut y mettre.

Originally, the Christian liturgy designated only the Eucharistic consecration, later the form of prayers and ceremonies relating to the Holy Mass. Today we understand, it seems, by liturgy, in general, the celebration of the mass, the administration of the sacraments and the recitation of the divine office. However, taken in its most usual sense, the liturgy means, for everyone, the sensitive, ceremonial and decorative part of Catholic worship.

Originairement, la liturgie chrétienne ne désignait que la consécration eucharistique, plus tard le formulaire des prières et des cérémonies relatives à la sainte messe. Aujour­d’hui on entend, ce semble, par liturgie, en général, la célébration de la messe, l’administration des sacrements et la récitation de l’office divin. Cependant, prise dans son sens le plus usuel, la liturgie signifie, pour tout le monde, la par­tie sensible, cérémonielle et décorative du culte catholique.

How does the new school believe that the liturgy provides the effective way to convert unbelievers? It is not easy to discover. Be that as it may, and whatever meaning we choose, the liturgy will always have only an occasional and, in general, very secondary role in the mysterious operation which opens a blind heart to the light of the Gospel. ‘.

En quelle sorte la nouvelle école pense-t-elle que la litur­gie fournit le moyen efficace pour convertir les incrédules? Il n’est pas facile de le découvrir. Quoi qu’il en soit et quelque acception que l’on choisisse, la liturgie n’aura tou­jours qu’un rôle occasionnel et, en général, très secondaire dans l’opération mystérieuse qui ouvre un coeur aveugle à la lumière de l’Évangile’.

1. We are told about liturgical converts. They were poets, artists already touched by grace. Exceptions, moreover, do not invalidate the value of a general truth. In the Revue de la Jeunesse (issue of October io, 1913), M. Paul Claudel recounted, with accents of noble sincerity and ardent faith, his sudden conversion at Notre-Dame de Paris during the singing of the Magnificat and the Adeste, the n December 5, 1886. This beautiful story illustrates in a way our feeling about the role of the liturgy considered under its ceremonial and aesthetic aspect: it charms, it shakes, it touches, it even converts souls, but already worried, already impressed and wrought by grace.

1. On nous parle des convertis de la liturgie. C’étaient des poètes, des artistes déjà touchés par la grâce. Les exceptions d’ailleurs n’infirment pas la valeur d’une vérité générale. Dans la Revue de la Jeunesse (n° du io octobre 1913), M. Paul Claudel a raconté, avec les accents d’une noble sincérité et d’une foi ardente, sa conversion subite, à Notre-Dame de Paris, pendant le chant du Magnificat et de l’Adeste, le n5 décembre 1886. Ce beau récit illustre en quelque sorte notre sentiment sur le rôle de la liturgie considérée sous son aspect cerémoniel et esthétique : elle charme, elle ébranle, elle touche, elle convertit même les âmes, mais dé à inquiètes, déjà impressionnées et travaillées par la grâce.

Faith comes by hearing the word of God. The imposing spectacle of ceremonies, the sweet harmony of church chant, the edifying contagion of those who pray, ordinarily produce, on an unfaithful soul, only a vague religious impression, and above all an aesthetic one. We can, it is true, start, shed tears, shout that it is beautiful, without believing however that it is divine, that it is true. Few have spoken of their gentleness in more penetrating terms than Ernest Renan’

La foi vient en écoutant la parole de Dieu. Le spectacle imposant des cérémonies, l’harmonie suave du chant d’Église, la contagion édifiante de ceux qui prient ne produisent d’ordi­naire, sur une âme infidèle, qu’une vague impression reli­gieuse, et surtout esthétique. On pourra, il est vrai, tres­saillir, verser des larmes, crier que c’est beau, sans croire cependant que cela est divin, que cela est vrai. [p.453] Peu de per­sonnes ont parlé de leur douceur en termes plus pénétrants qu’Ernest Renan’.

1. and But I enjoyed these temples, I found God there. They sang hymns there that I still remember: “Hail, star of the sea... queen of those who groan in this vale of tears. Or: “Mystical Rose, Ivory Tower, House of Gold, Morning Star...” Here, goddess, when I remember these songs, my heart melts, I become almost an apostate [from rationalist reason. ]. You cannot imagine the charm that these barbarian magicians put into these verses...” Prayer on the Acropolis, in Souvenirs d’enfance et de jeunesse, edition in-, 2, p. 64-65.

1. et Mais ces temples me plaisaient, j’y trouvais Dieu. On y chantait des cantiques dont je me souviens encore : « Salut, étoile de la mer... reine de ceux qui gémissent en cette vallée de larmes. » Ou bien : « Rose mystique, Tour d’ivoire, Maison d’or, Étoile du matin... » Tiens, déesse, quand je me rappelle ces chants, mon coeur se fond, je deviens presque apostat [de la raison rationaliste]. Tu ne peux te figurer le charme que ces magiciens barbares ont mis dans ces vers... » Prière sur l’Acropole, dans Souvenirs d’enfance et de jeunesse, édition in-, 2, p. 64-65.

No doubt the poetry of the Catholic cult shines even in the eyes of the profane, but its mysteries remain a secret, sealed with an inviolable seal, for anyone who has not received the gift of God. It is possible, after Chateaubriand, with literary pictures, to obtain a view of scholars and dilettantes on the artistic beauties of prayers, feasts, Christian ceremonies; but to carry away their belief by the mere frequenting of the Catholic worship, it is a vain ambition.

Sans doute la poésie du culte catholique éclate même aux yeux des profanes, mais ses mystères restent un secret, scellé d’un sceau inviolable, pour quiconque n’a pas reçu le don de Dieu. Il est possible, après Chateaubriand, avec des tableaux littéraires, d’obtenir un regard des lettrés et des dilettantes sur les beautés artistiques des prières, des fêtes, des cérémonies chrétiennes; mais d’emporter leur croyance par la seule fréquentation du culte catholique, c’est une vaine ambition.

On Christians who have faith but who slumber in religious indifference, can the liturgy produce a deep and lasting awakening ? The apostles of the liturgical movement regard it as the great means and sometimes even the only means of Catholic and religious restoration.

Sur des chrétiens qui ont la foi mais qui sommeillent dans l’indifférence religieuse, la liturgie peut-elle produire un réveil profond et durable? Les apôtres du mouvement litur­gique la regardent comme le grand moyen et parfois même le seul moyen de restauration catholique et religieuse.

Who doubts that the liturgy is a great power for good? But we have to agree. If we understand under this name the holy mass, the sacraments and the office, all religion will pass through it. So we are no longer talking about liturgy but about the influence of religion; then, it is obvious that all souls will be tributary to the liturgy, since, sacrificial, sacramental or “epenic ”, it seizes and subordinates all Christians.

Qui doute que la liturgie soit une grande puissance pour le bien ? Mais il faut s’entendre. Si l’on comprend sous ce nom la sainte messe, les sacrements et l’office, toute la reli­gion y passera. Alors ne parlons plus de liturgie mais de l’influence de la religion; alors, il est évident que toutes les âmes seront tributaires de la liturgie, puisque, sacrificielle, sacramentelle ou « épénique a », elle saisit et se subordonne tous les chrétiens.

2. We borrow from Dom Festugière this rather unwelcome word, p. 3rd. ”Epéné-tique if would be more intelligible.

2. Nous empruntons à Dom Festugière ce mot assez mal venu, p. 3e. « Épéné-tique si serait plus intelligible.

Our authors, however, seem to prefer seeing the liturgy as the solemn celebration of the divine sacrifice. The salutations, the devotions to the month of Saint Joseph, to the months of Mary, of the Sacred Heart seem to them accessory things, because they are utilitarian and of modern invention. But here, we must quote Dom Festugière:

Nos auteurs cependant paraissent voir de préférence dans la liturgie la célébration solennelle du sacrifice divin. Les saluts, les dévotions au mois de saint Joseph, aux mois de Marie, du Sacré-Coeur leur semblent choses accessoires, parce que utilitaires et d’invention moderne. Mais ici, il faut citer Dom Festugière : [p.454]

We have invented, he says, months which take the place of the ecclesiastical cycle when they should only represent second or third level devotions. This is how the beautiful damask linen of the Church was replaced by cotton...

On a inventé, dit-il, des mois qui prennent la place du cycle ecclé siastique alors qu’ils ne devraient représenter que des dévotions de second ou de troisième plan. C’est ainsi que le beau linge damassé de l’Église a été remplacé par de la cotonnade...

Pseudo-liturgy which, without having the qualities of the real one, serves to deceive the popular appetite...

Pseudo-liturgie qui, sans avoir les qualités de la vraie, sert à trom­per l’appétit populaire...

The lianas and the grapeless vines of the little devotions climb the altar and the cross...

Lee lianes et les vignes sans raisin des petites dévotions escaladent l’autel et la croix...

The pious industry of the months may seem admissible, especially for the people who cannot live from the breviary...

L’industrie pieuse des mois peut paraître admissible, surtout pour le peuple qui ne peut pas vivre du bréviaire...

Among the petty devotions denounced here I, etc., etc.

Parmi les dévotions mesquines dénoncées ici I, etc., etc.

 s. Op. cil., P. 89, go

 s. Op. cil., P. 89, go

Inventions — but who made them? who approved them, indulged them? — third-rate devotions, cotton goods, pseudo-liturgy, industries good for the people, and moreover petty, that’s what one thinks, that’s what one writes, when one lets oneself lead by the spirit of system.

Des inventions — mais qui les a faites ? qui les a approu­vées, indulgenciées? — des dévotions de troisième plan, de la cotonnade, de la pseudo-liturgie, des industries bonnes pour le peuple, et d’ailleurs mesquines, voilà ce que l’on pense, voilà ce que l’on écrit, quand on se laisse conduire par l’esprit de système.

Is the liturgy then something so rigid, so immobile and so immutable that it cannot undergo modifications, make losses, receive increases? It’s a bit too much to forget their history. How many rites, how many ancient liturgical customs, today forgotten, neglected and which will probably never be resumed! On the contrary, how many devotions, how many prayers, how many feasts have entered the official domain of the liturgy, which for a long time had only a precarious, extra-liturgical existence I

La liturgie est-elle donc quelque chose de si rigide, de si immobile et de si immuable qu’elle ne puisse subir des modifications, faire des pertes, recevoir des accroissements? C’est un peu trop oublier son histoire. Que de rites, que d’usages anciens liturgiques, aujourd’hui oubliés, négligés et qui vraisemblablement ne seront jamais repris I Au con­traire, que de dévotions, que de prières, que de fêtes même, sont entrées dans le domaine officiel de la liturgie, qui n’ont eu pendant longtemps qu’une existence précaire, extra-liturgique

Most of our festivals, and not the least, most of our processions, litanies, etc., began as special devotions to certain countries, to certain orders, to certain saints. And no doubt some fierce liturgist was then able to qualify them as “base”. Until 1886, the litanies of the Holy Name of Jesus and until 1889, those of the Sacred Heart began as pseudo-liturgies, third-level prayers, etc. Until then, in fact, they had no place in the official texts of the liturgy. This is still the case today with devotion to the Way of the Cross, with devotion to the Holy Rosary. So will it be necessary to value them and to practice them with confidence, to wait for their authentic insertion in the Roman Ritual?

La plupart de nos fêtes, et non des moindres, la plupart de nos processions, litanies, etc., ont commencé par n’être que des dévotions spéciales à certains pays, à certains ordres, à certains saints. Et sans doute quelque farouche liturge a pu alors les qualifier de « mesquines ». Jusqu’en 1886, les lita­nies du Saint Nom de Jésus et jusqu’en 1889, celles du Sacré-Coeur ont commencé par être des prières pseudo-litur-gigues, de troisième plan, etc. Jusqu’alors, en effet, elles n’avaient pas de place dans les textes officiels de la liturgie. Aujourd’hui encore, c’est le cas de la dévotion au Chemin de la Croix, de la dévotion au saint Rosaire. Faudra-til donc pour les estimer et pour les pratiquer avec confiance, attendre leur insertion authentique dans le Rituel romain ? [p.455]

Let us not exaggerate. Let us praise or at least tolerate what the Church praises, what she approves, what she blesses. Every devotion becomes venerable and commendable when it enjoys such approval or such favors. The Holy Spirit blows where he wills; it is permissible to believe that often the Christian crowds obey, without knowing it, his mysterious solicitations, when of themselves and under the docilely accepted control of the Church, they go to devotions that the official liturgy does not has not yet been consecrated. Some day, perhaps, she will make them her own. But according to a censor, these devotions lack, in order to be acceptable, to be liturgical. On the other hand, we would like that in clerical schools and in Christian colleges.1

N’exagérons rien. Louons ou du moins tolérons ce que l’Église loue, ce qu’elle approuve, ce qu’elle bénit. Toute dévotion devient vénérable et recommandable quand elle jouit d’une telle approbation ou de telles faveurs. L’Esprit-Saint souffle où il veut ; il est permis de croire que souvent les foules chrétiennes obéissent, sans le savoir, à ses mysté­rieuses sollicitations, lorsque d’elles-mêmes et sous le con­trôle docilement accepté de l’Église, elles se portent à des dévotions que la liturgie officielle n’a pas encore consacrées. Quelque jour, peut-être, elle les fera siennes. Mais d’après un censeur, il manque à ces dévotions, pour être accep­tables, d’être liturgiques. On voudrait en revanche que dans les écoles cléricales et que dans les collèges chrétiens, eût lieu tous les jours la célébration solennelle de la sainte messe.1.

1We ask for nothing more than the condition that the young listeners to the daily high masses do not appear too bored. We respond: Give them a liturgical formation and they will never be bored. — Here the difficulty begins , in adhering only to the reflections of the teachers themselves . attendance at the high mass—supposedly celebrated under desirable conditions—is a more pleasurable experience than attendance at a low mass. ibid., p. 43. footnote 3.

If liturgical formation is so demanding, by the very admission of those who give it or who have received it, the reforms of which are the precondition, are not close to succeeding. It is regrettable.

1 Nous ne demandons pas mieux, mais à la condition que les jeunes auditeurs de ers grand’messes quotidiennes n’y montrent pas une attitude trop ennuyée. On nous répondra: Donnez-leur une formation liturgique et ils ne s’y ennuieront plus. — Ici la difficulté commence, à ne s’en tenir qu’aux réflexions des maîtres eux-mémes.. a Nous connaissons des gens, remarque à ce propos Dom Festugière, auxquels il fallu des années d’exercice pour saisir pratiquement que l’assistance à la grand’mesae —supposée célébrée dans les conditions désirables—est une expérience plue savoureuse que l’assistance à une messe basse. a /bid., p. 43. note 3.

 Si la formation liturgique est si exigeante, de l’aveu même de ceux qui la donnent ou qui l’ont reçue, les réformes dont elle est la condition préalable ne sont pas près d’aboutir. Il faut le regretter.

In reality, the liturgy being only a sensible and pictorial expression of dogma and faith, its power over souls is proportioned first of all to the greater or lesser amount of belief and devotion, to the emotional richness of those present, afterwards. The liturgy is expressed by rites and by symbols. To understand them and to be influenced by them, must we not already know the things signified, symbolized, must we not first believe in them?

En réalité, la liturgie.n’étant qu’une expression sensible et imagée du dogme et de la foi, sa puissance sur les âmes se proportionne d’abord au plus ou moins de croyance et de dévotion, à la richesse émotive des assistants, ensuite. La liturgie s’exprime par des rites et par des symboles. Pour les comprendre et pour en subir l’influence, ne faut-il pas déjà connaître les choses signifiées, symbolisées, ne faut-il pas d’abord y croire?

The liturgy is instructive and edifying for the faithful only insofar as it is representative, figurative, expressive of truths already known, practiced, lived. Without a special grace, liturgical chants will only ever move pure and fervent souls to the supernatural. They will put others in a pleasant, vibrant, delicious state, but which in itself has nothing sanctifying about it. Also true missionaries only accidentally rely on his power to convert crowds. They only have recourse to the liturgy, to chants, to the pomp of worship as preliminary attractions, sensitive and contagious training. They use it to attract the faithful, and touch the indifferent or to end their mission with a dazzling and lasting memory. Without ignoring the power of popular hymns and solemn offices, the great converters of all times were preachers before being “liturgists”.

La liturgie n’est instructive et édifiante pour les fidèles qu’autant qu’elle est représentative, figurative, expressive de vérités déjà connues, pratiquées, vécues. Sans une grâce spéciale,[p.456]  les chants liturgiques n’attendriront jamais au surnaturel que les âmes pures et ferventes. Ils mettront les autres dans un état agréable, vibrant, délicieux, mais qui n’a par lui-même rien de sanctifiant. Aussi bien les vrais mission­naires ne comptent qu’accidentellement sur son pouvoir pour convertir les foules. Ils n’ont recours à la liturgie, aux chants, aux pompes du culte qu’à titre d’attraits préalables, d’entrai-nements sensibles et contagieux. Ils s’en servent pour atti­rer les fidèles, et toucher les indifférents ou pour terminer leur mission par un souvenir éclatant et durable. Sans mé­connaître le pouvoir des cantiques populaires et des offices solennels, les grands convertisseurs de tous les temps furent des prédicateurs avant d’être des « liturges ».

It may be said here that preaching is less active than the liturgy in certain circumstances. 1 [1. Dom Festugière, p. 66] Yes, in a certain way, it is less active, it shakes the listeners’ nerves less, since sometimes it even dulls them and puts them to sleep. A high mass or only the Credo sung at Notre-Dame de Paris by three thousand men, will create in the souls of these thousands of believers — especially because they are believers — actions, reactions, moral vibrations of great power, but as it addressed to their whole being, this influence is confused and, as such, it will usually not be very persistent. A solid catechetic instruction addressed to these three thousand men will be less vibrant for their sensibility, but its action will be more decisive and, because it is of an intellectual order, it will be more lasting and more profound than a great solemnity or than singing the Te Deum or the Credo. The liturgy will make them love what they believe, what they already love,Amantis cantare est, but preaching will give them new reasons to believe and new reasons to love what they believe.

On aura beau dire ici que la prédication est moins agis­sante que la liturgie en certaines circonstances’[1. Dom Festugière, p. 66.]. Oui, d’une certaine manière, elle est moins agissante, elle ébranle moins les nerfs des auditeurs, puisque parfois même elle les assoupit et les endort. Une grand’ messe ou seulement le Credo chanté à Notre-Dame de Paris par trois mille hommes, créera dans les âmes de ces milliers de croyants — surtout parce qu’ils sont croyants — des actions, des réactions, des vibrations morales d’une grande puissance, mais comme elle s’adresse à tout leur être, cette influence est confuse et, comme telle, elle sera habituellement peu persistante. Une solide instruction catéchistique adressée à ces trois mille hommes sera moins vibrante pour leur sensibilité, mais son action sera plus décisive et, parce qu’elle est d’ordre intel­lectuel, elle sera plus durable et de plus profonde prise qu’une grande solennité ou que le chant du Te Deum ou du Credo. La liturgie leur fera aimer ce qu’ils croient, ce qu’ils aiment déjà, Amantis cantare est, mais la prédication leur donnera des raisons nouvelles de croire et de nouveaux motifs d’aimer ce qu’ils croient.

Saint Thomas, in a century when liturgical pomp was unfolding in all its splendor, was not afraid to say that singing has its main raison d’être in the necessities of weak minds. H adds: “It is a preferable and nobler method of leading souls to devotion through science and  preaching than by singing. Also the deacons and prelates who have the duty to elevate the faithful to God, by preaching and teaching, should not indulge too much in singing which would distract them from more important tasks. ”

Saint Thomas, dans un siècle où la pompe liturgique se déroulait dans toute sa splendeur, ne craint pas de dire que le chant a sa raison d’être principale dans les nécessités des esprits faibles. H ajoute : « C’est une méthode préférable et plus noble de mener les âmes à la dévotion par la science [p.477] et la prédication que par le chant. Aussi les diacres et les prélats qui ont le devoir d’élever les fidèles vers Dieu, par la prédication et par l’enseignement ne doivent pas s’adonner trop aux chants qui les détourneraient de tâches plus impor­tantes’. »

1 “Salubriter fut institutum ut in divinas laudes cantus assumeentur ut animi infirmorum magic provocarentur ad devotionem;” IIa IIae q.91, a.2  “Nobilior modus est provocandi homines ad devotionem per doctrinam et prtedicationem quam per cantum. — Et ideo diaconi et praelati, quibus competit per praedicationem et doctrinam animes hominum provocare in Deum, non debent cantibus insistere, ne per hoc a majoribua retrahautur.” , ibid. ad 3um. The author of the monastic ideal interprets as we do the text of the holy doctor, he says: the best minds, principally Saint Thomas,..., declare it (divine praise) inferior in nobility and efficacy to the ministry of preaching. The master of the school considers sacred song only as a useful means for the weak to excite themselves to devotion.” P. 116

1 « Salubriter fuit institutum ut in divinas laudes cantus assumerentur ut animi infirmorum magie provocarentur ad devotionem” s;  II”, q. gr, a. a.’—• Nobilior
modus est provocandi homines ad devotionem per doctrinam et prtedicationem quam per cantum.— Et ideo diaconi et praelati, quibus competit per praedicationem et doctrinam animes hominum provocare in Deum, non debent cantibus insistere, ne per hoc a majoribua retrahautur.
Ibid., ad 3um. L’auteur de l’idéal monastique interprète comme nous le texte du saint docteur.  L’on vit, dit-il, les meilleurs esprits, saint Thomas en tête..., la déclarer !la louange divine] inférieure en noblesse et en efficacité au ministère de la prédication. Le maitre de l’école ne consi­dère le chant sacré que comme un moyen utile aux faibles pour s’exciter à la dévo tion. » P. 116

We will be told that the scholastics understood nothing about the liturgy and yet it was then at its peak, in our magnificent cathedrals. It remains possible that the great theologian, who was at the same time a great liturgical poet, did not prize enough the sensitive spectacle of divine worship; in any case, he knew very well how to deepen the part of his influence in the work of Christian sanctification.

On nous répondra que les scolastiques n’entendaient rien à la liturgie et pourtant, elle était alors à son apogée, dans nos magnifiques cathédrales. Il reste possible que le grand théologien, qui fut en même temps un grand poète litur­gique, ne prisât pas assez le spectacle sensible du culte divin; en tout cas, il savait fort bien approfondir la part de son influence dans l’oeuvre de la sanctification chrétienne.

We can therefore consider with him that the liturgy, if we understand by this word the purely sensitive and decorative part of divine worship, has nothing comparable to the preaching of the divine word to bring the lukewarm back to religion and raise them to God. As we understand it here, it would rather be the result, the social, living expression, intelligible to all, of religion. It is not the principle of popular faith, but rather the consequence. One exposes oneself to committing a pious bit of fallacious reasoning in wanting it to become a main factor of conversion, among those who no longer believe, or of a religious rebirth among those who hardly believe.

On peut donc estimer avec lui que la liturgie, si on entend par ce mot la partie purement sensible et décorative du culte divin, n’a rien de comparable à la prédication de la parole divine pour ramener les tièdes à la religion et les élever à Dieu. Telle que nous l’entendons ici, elle serait plutôt le résultat, l’expression sociale, vivante, intelligible à tous, de la religion. Elle n’est pas le principe de la foi popu­laire, mais plutôt la conséquence. On s’expose à commettre un pieux paralogisme à vouloir qu’elle devienne un facteur principal de conversion, parmi ceux qui ne croient plus, ou d’une renaissance religieuse parmi ceux qui ne croient guère.

How much better directed are the efforts of the new school to reinvigorate the love of the liturgy among the true faithful! We said it at the beginning: there will be its merit, there will be its success. Why not stick to it?

Combien mieux adressés les efforts de la nouvelle école pour remettre en honneur, l’amour de la liturgie parmi les vrais fidèles ! Nous l’avons dit en commençant : là sera son mérite, là sera son succès. Pourquoi ne pas s’y tenir? [p.158]

II

II

But the minds of our liturgists are bubbling with new and conquering ideas: conceptum sermonem tenere quis poterii? Not content with working on the crowds, they want, through the liturgy, to renew the spirituality of devout souls, the clergy, the religious, the pious seculars. They have instituted expressly for them a convenient way of prayer, an ancient prayer, used, it seems, in the Middle Ages, which they call liturgical prayer or prayer with a liturgical basis.

Mais l’esprit de nos liturges bouillonne d’idées neuves et conquérantes : conceptum sermonem tenere quis poterii? Non contents de travailler sur les foules, ils veulent, par la liturgie, renouveler la spiritualité des âmes dévotes, le clergé, les religieux, les pieux séculiers. Ils ont institué exprès pour eux, une manière d’oraison commode, une oraison ancienne, usitée, paraît-il, au moyen âge, qu’ils inti­tulent oraison liturgique ou à base liturgique.

Trying to introduce a new essence into the mystical garden of the Church or to reproduce there an old and extinct species, if the thing is often delicate, the intention at least is laudable. But the good gardeners who devote themselves to it have a vanguard of ardent, warlike, exclusive pioneers, who do not want their plants to grow modestly, in the shade of the robust trees which already exist and prosper. They are asking for new land, they are talking about uprooting the current vegetation. They plan to abolish meditation, which is universally used today in the Church, and to replace it with their particular prayer, called liturgical. A whole campaign has thus been organized to discredit ordinary meditation 1.

Essayer d’introduire une essence nouvelle dans le jardin mystique de l’Église ou d’y reproduire une espèce ancienne et disparue, si la chose est souvent délicate, l’intention du moins est louable. Mais les bons jardiniers qui s’y emploient ont une avant-garde de défricheurs ardents, belliqueux, exclusifs, qui n’entendent pas que leurs plants croissent modestement, à l’ombre des arbres robustes qui déjà exis­tent et prospèrent. Ils réclament un terrain neuf, ils parlent d’arracher la végétation actuelle. Ils projettent de faire abo­lir la méditation qui est aujourd’hui d’un usage universel dans l’Église et de la remplacer par leur oraison particulière, dite liturgique. Toute une campagne s’est ainsi organisée pour jeter le discrédit sur la méditation ordinaire 1.

1On February 8, 10E2, Br. Antoine de Sérent, OFM, gave at the Catholic Institute of Paris, in front of a fairly small audience, a lecture on the method of prayer in the Middle Ages and its chances of success in the twentieth century . .The subject had piqued our curiosity; We were disappointed, and more than surprised to hear him speak in this way, but the speaker’s tone of ardent and ingenuous conviction disarmed all contradiction. Preceded by a preface by Dom Laurent Janssens, the conference has become a brochure. Lille, Giard, 1912. p. 62. It is interesting because it revealed a most curious state of mind. With the moderation that fraternal friendship persuades, but also with the freedom that it allows, Fr. Ubald of Alençon has pointed out most of the regrettable confusions and serious inaccuracies of the fiery preacher. He is the enfant terrible of the party, but he deserves at least to be thanked for his rude frankness. See Franciscan Studies, March 1913, and also the judicious and firm remarks of the Friend of the Clergy, May 1 , 1913, p. 388-389.

Le a8 février 10E2, le Fr. Antoine de Sérent, 0. F. M., donna à l’Institut catho­lique de Paris, devant un assez maigre auditoire, une conférence sur la Méthode d’oraison du moyen fige et ses chances de succès au vingtième siècle. Le sujet avait piqué notre curiosité; noue fûmes déçu, et plus que surpris de l’entendre traiter de cette sorte, mais le ton de conviction ardente et ingénue de l’orateur désarmait toute con­tradiction. Précédée d’une préface de Dom Laurent Janssens, la conférence est devenue brochure. Lille, Giard, 11912. p. 62. Elle est intéressante parce que révela-trice d’un état d’esprit des plus curieux. Avec la modération que l’amitié frater­nelle persuade, mais aussi avec la liberté qu’elle permet, le P. Ubald d’Alençon a relevé la plupart des regrettables confusions et des graves inexactitudes du bouillant prédicateur. C’est l’enfant terrible du parti, mais il mérite du moins qu’on le remercie pour sa rude franchise. Voir Éludes Franciscaines, mars 1913, et aussi les si judi­cieuses et fermes remarques de l’Ami du clergé, 1’mai 1913, p. 388-389.

Dom Guéranger, it must be said, had begun the offensive, although in a courteous and moderate form.

Dom Guéranger, il faut le dire, avait commencé l’offen­sive, bien que sous une forme courtoise et modérée.

In the Preface to the edition of the Exercises of Saint Gertrude which he wrote in 1863, he resorted to the antithesis to exalt the spirituality of the famous Benedictine nun, to the detriment of methodical prayer. “Here,’ he said, ‘is none of that skill, of that strategy, of that scholarly analysis that one encounters elsewhere; processes which more or less succeed and whose application one does not begin again without the risk of emerging bloated.1 »

Dans la Préface de l’édition des Exercices de Sainte-Gertrude qu’il donna en i863, il recourait à l’antithèse pour exalter la spiritualité de la célèbre moniale bénédictine, au détriment [p.459] de l’oraison méthodique. « Là, disait-il, rien de cette habi­leté, de cette stratégie, de cette analyse savante que l’on ren­contre ailleurs; procédés qui réussissent plus ou moins et dont on ne recommence l’application qu’avec le risque d’en sortir blasé. »1

1 Preface reproduced in the Liturgical Year , t. VI after Pentecost.

1 Préface reproduite dans l’Année liturgique, t. VI après la Pentecôte.

This criticism served as a theme for many of his disciples. They developed it in all forms, without more proof, but with more brilliance and less measure and authority.

Cette critique a servi de thème à plusieurs de ses disciples. Ils l’ont développée sous toutes les formes, sans plus de preuves, mais avec plus d’éclat et moins de mesure et d’au­torité.

In very good faith, they persuaded themselves that they would establish “liturgical” piety only by giving it the place - too large, in their opinion - that takes in the spirit and the practice of people of devotion, individual mental prayer.

De très bonne foi, ils se sont persuadé qu’ils n’établiraient la piété « liturgique », qu’en lui donnant la place — trop large, à leur avis — que prend dans l’esprit et la pratique des personnes de dévotion, l’oraison mentale individuelle.

Their plan of attack usually includes a sort of lamentation over the ruin of the monastic ideal, which serves as a preface. Next come the most varied accusations against prayer in use today.

Leur plan d’attaque comporte habituellement une sorte de lamentation sur la ruine de l’idéal monastique, qui sert de préface. Viennent ensuite les accusations les plus variées contre l’oraison aujourd’hui en usage.

Everything was going well in the past, when “we saw for the first time, a regular militia completely free, from its origin, of this obligation [of the exercises of the choir] considered until then essential to any religious institute”.2

Tout allait bien jadis, quand « on vit pour la première fois, une milice régulière s’affranchir complètement, dès son ori­gine, de cette obligation [des exercices du choeur] estimée jusque-là essentielle à tout institut religieux». 2

2. The Monastic Ideal and Early Christian Life. Paris, Beauchesne, 1912, p. 117. Price: 2 Fr. 5o. — A charming little book, delicate and sure painting of Benedictine life, as understood by the author and practiced in the abbey of Maredsous. In moderate forms, by way of discreet but transparent allusions, the religious scholar seems to advise those of his family against modern or Ignatian piety. It is absolutely his right. Benedictine spirituality is rich enough to nourish the children of the house. However, the Venerable Louis de Blois was less disdainful when he spoke of the Exercises of Saint Ignatius. We know the esteem in which he held it. Even today, the ardent soul of the young monk Dons Pie de Hemptiune, knew how to find its honey in retreats and mental prayer understood in the modern way. See A Benedictine Soul Dom J. de Hemptinne, 2 edition, Maredsous, 1912, p. 215-388,

2. L’Idéal monastique et la Vie chrétienne des premiers jours. Paris, Beauchesne, 1912, p. 117. Prix : 2 fr. 5o. — Petit livre charmant, peinture délicate et sure de la vie bénédictine, telle que l’entend l’auteur et qu’on la pratique dans l’abbaye de Maredsous. Sous des formes modérées, par manière d’allusions discrètes, mais trans­parentes, le savant religieux semble déconseiller à ceux de sa famille, la piété moderne ou ignatienne. C’est absolument son droit. La spiritualité bénédictine est assez riche pour nourrir les enfants de la maison. Toutefois, le Vénérable Louis de Blois était moins dédaigneux, quand il parlait des Exercices de saint Ignace. On sait l’estime qu’il en faisait. De nos jours encore, l’âme ardente du jeune moine Dons Pie de Ilemptiune, sut trouver sou miel dans les retraites et l’oraison mentale comprise à la façon a moderne n. Voir Une dme bénédictine, par Dom J. de Ilemptinne, 2 édi­tion, Maredsous, 1912, p. 215-388,

And from then on, people lost their affection for the monastic spirit. One lost the taste and the fervor of the liturgy to adhere to new methods of sanctification. It was all over with the free spirituality of the ancients.

Et dès lors, on se désaffectionna de l’esprit monastique. On perdit le goût et la ferveur de la liturgie pour s’attacher à de nouvelles méthodes de sanctification. C’en fut fait de la libre spiritualité des anciens.

Christian life “united in a whole full of simplicity and naturalness, found itself systematically divided into as many distinct acts or states, each having their specific role, their time determined in advance.”1 The author of the Monastic Ideal finds it difficult to console himself for the revolution which took place from then on in the world of piety.

La vie chrétienne « unie dans un ensemble plein de sim­plicité et de naturel, se trouva divisée systématiquement en autant d’actes ou d’états distincts, ayant chacun leur rôle spé cifié, leur temps déterminé à l’avance t ». L’auteur de l’Idéal monastique se console malaisément de la révolution qui s’opéra dès lors, dans le monde de la piété

1. The Monastic Ideal and the Early Christian Life, p. 137.

1. L’Idéal monastique et la Vie chrélione des premiers jours, p. 137.

We knew until now that modern congregations were founded following the partial decline of the monastic orders, but that they had, with their method of devotion, hastened or increased their discredit and caused a weakening of the spirit of ancient piety, it is a thesis which has for it at least the spice of novelty.

On savait jusqu’à présent que les congrégations modernes s’étaient fondées à la suite de la décadence partielle des ordres monastiques, mais qu’elles eussent, avec leur méthode de dévotion, hâté ou augmenté leur discrédit et provoqué un fléchissementde l’esprit de piété ancienne, c’est une thèse qui a du moins pour elle le piquant de la nouveauté.

Undoubtedly, the intolerable abuses of the commendation have caused the spiritual ruin of many monasteries, but is it from the commendation alone that all the evil has come? We believe, with good authors, that the decadence of the old orders came above all from the abandonment of prayer  and spiritual fervor. 2

Sans doute, les abus intolérables de la commende ont causé la ruine spirituelle de beaucoup de monastères, mais est-ce de la commende seule qu’est venue tout le mal ? Nous croyons, avec de bons auteurs, que la décadence des anciens ordres vint surtout de l’abandon de l’oraison 2 et de la ferveur spirituelle.

s. Saint Francis de Sales wrote to the Abbess of Saint-Claire d’Evian on August 18: 614: practiced; God knows what obedience, what poverty and what chastity is observed there before the eyes of his divine Providence and if the assemblies of the girls are not rather companies of prisoners than true lovers of Jeans Christ. »

s. Saint François de Sales écrivait à l’abbesse de Sainte-Claire d’Évian, le 18 aoùt :6i4: • Dieu sçait, ma Ires chere sent, qucle sont les monasterea esquell ce saint exercice [de l’oraison] n’est point prattiqué; Dieu sçait quelle obeyssance, quelle pauvreté et quelle chasteté y est observée devant les yeux de sa divine Provi­dence et si les assemblees des filles ne sont pas plustost des compaignies de prison-nieres que de vrayea amoureuses de Jeans Christ. »

In vain did they flatter themselves that long hours of day and night chorus, the solitude of the great woods or the deep valleys, the austerity of an afflictive life could replace meditation. It was necessary, after a century or two, to reform them and this reform consisted mainly in giving them more interior exercises. Something was taken away from their outward penances and times were assigned for meditation.

En vain se flattèrent-ils que de longues heures de choeur de jour et de nuit, la solitude des grands bois ou des profondes vallées, l’austérité d’une vie afflictive pourraient remplacer la méditation. Il fallut, après un siècle ou deux, les réformer et cette réforme consista principalement à leur donner plus d’exercices intérieurs. On retrancha quelque chose de leurs pénitences extérieures et l’on assigna des temps pour la méditation.

Let’s not dwell any longer on this family lawsuit 3 . The grievances that one articulates against methodical prayer are much more important, because they affect, w believe, the sanctification of souls and would risk endangering, if we do not respond to them, solid piety and evangelical perfection.

Ne nous arrêtons pas plus longtemps sur ce procès de famille 3. Les griefs qu’on articule contre l’oraison méthodique importent bien davantage, car ils touchent, croyons-nous, à la sanctification des âmes et risqueraient de mettre en péril, si l’on n’y répondait, la solide piété et la perfection évangé­lique.

3. See, moreover, a recent pamphlet on this question that is very suggestive and full of facts. Methods of prayer in our apostolic life, by H. Watrigant. Paris, Lethielleux, 1913.

3. Voir d’ailleurs sur cette question un opuscule récent très suggestif et nourri de faits. Des méthodes d’oraison dans noire vie apostolique, par H. Watrigant. Paris, Lethielleux, 1913.

Wanting to disqualify the common way of praying, at present, in the Catholic Church, our critics assert that this meditation is a modern invention, while the prayer which they advocate is something ancient, traditional and liturgical.

Voulant disqualifier la manière commune de faire oraison, [p.461] actuellement, dans l’Église catholique, nos critiques assu­rent que cette méditation est une invention moderne, tandis que l’oraison qu’ils préconisent serait chose ancienne, tradi­tionnelle et liturgique.

Our meditation would tyrannize the souls by imprisoning them in a steel armor that would only allow them automatic and determined movements the day before. Their meditation, on the contrary, leaves the spirit and the heart to follow freely and without fatigue the divine inspirations. These are the most serious objections, because others are made, more superficial, even quite amusing. Such are those which present Ignatian meditation as an isolated, individual,, semi-Protestant and anti-social prayer, etc. We would have overlooked these traits if we had not been told that they circulated almost everywhere, in many forms and that they disturbed many consciences, in addition to a spiritual milieu into which they had penetrated.

Notre méditation tyranniserait les âmes en les emprison­nant dans une armure d’acier qui ne leur permettrait que des mouvements automatiques et déterminés la veille. Leur méditation, au contraire, laisse l’esprit et le coeur suivre librement et sans fatigue les inspirations divines. Voilà les objections les plus graves, car on en faitd’autres, plus super­ficielles, voire tout à fait plaisantes. Telles sont celles qui présentent la méditation ignatienne comme une prière isolée, individuelle, semi-protestante et antisociale, etc. Nous eus­sions négligé ces traits si l’on ne nous avait dit qu’elles cir­culaient un peu partout, sous mainte forme et qu’elles trou­blaient bien des consciences, en plus d’un milieu spirituel où elles avaient pénétré.

Let us first note that the prayer incriminated by the neo-liturgists should have commanded their respect, or at least imposed itself on their esteem, by the precious, avowed and visible goods that it produced in the Church. Her glorious proofs are well established.1

Remarquons d’abord que l’oraison incriminée par les néo-liturges aurait dû commander leur respect, ou du moins s’imposer à leur estime, par les biens précieux, avoués et vi­sibles qu’elle a produits dans l’Église. Ses preuves glorieuses ne sont plus à faire 1.

1. Father Debuchy, in the Introduction to the study of the Spiritual Exercises of Saint Ignatius, Paris, Lethielleux, ‘soli, has summarized in a few brief pages all the good and all the bad that has been said of this little book, until 1906.

1. Le P. P. Debuchy, dans l’Introduction à l’élude des Exercices spirituels de saint Ignace, Paris, Lethielleux, ‘soli, a résumé en quelques pages succinctes, tout le bien et tout le mal qu’on a dit de ce petit livre, jusqu’en 1906.

She won the votes of the Sovereign Pontiffs; she was like the mother and nurse of the spirituality of a multitude of chosen souls 2 , among whom there are very great saints. Even today, it is through her that, in almost all the dioceses of the Catholic world, the piety of the clergy, of the religious orders and of the true friends of perfection is maintained, strengthened and revived.

Elle a conquis les suffrages des Sou­verains Pontifes; elle a été comme la mère et la nourrice de la spiritualité d’une multitude d’âmes choisies 2, parmi les­quelles on compte de très grands saints. Aujourd’hui encore, c’est par elle que, dans presque tous les diocèses du monde catholique, s’entretient, se raffermit et s’avive la piété du clergé, des ordres religieux et des vrais amis de la perfection.

2. Nothing is as piquant, in the Life of Mgr d’Hulst, as the chapter, where his historian, Mgr Baudrillart recounts the conversion of his hero to the spirituality of Saint Ignatius.

2. Rien n’est piquant, dans la Vie de Mgr d’Hulst, comme le chapitre, où son his­torien, Mgr Baudrillart raconte la conversion de son héros à la spiritualité de saint Ignace

So many prerogatives could not find favor before, shall we write the renovators, or the innovators? It goes without saying that it is not without apologizing for great freedom, without denying or strongly attenuating in a few furtive notes 3 what they confess in the text, nor without pronouncing a bit of funeral oration in honor of the method they are going to immolate.

Tant de prérogatives n’ont pu trouver grâce devant, écri­rons-nous les rénovateurs, ou les innovateurs? Il va sans dire que ce n’est pas sans demander pardon de la liberté grande, sans renier ou atténuer fortement dans quelques notes fur­tives 3 ce qu’ils avouent dans le texte, ni sans prononcer un bout d’oraison funèbre en l’honneur de la méthode qu’ils vont immoler. [p.462]

3. We know, writes Dom Festugière, what men and how many men of action, virtue and holiness the method of St. Ignatius has formed s; p. 4 a, note 2. — But in the text, page 69, the male author will write: The methods of individualistic piety — understand those of Saint Ignatius — are, in an indirect, involuntary and unforeseen way, but effective, the allies secularism, because they dissolve the frameworks of Catholic life,

3. s On sait, écrit Dom Festugière, quels hommes et que d’hommes d’action, de vertu et de sainteté la méthode de saint Ignace a formés s; p. 4a, note 2. — Mais dans le texte, page 69, le male auteur écrira : u Les méthodes de piété individualistes — entendez celles de saint Ignace — sont, d’une façon indirecte, involontaire et imprévue, niais efficace, les alliées de la a laïcité s, parce qu’elles dissolvent les cadres de la vie catholique, s

They therefore say that methodical prayer is a modern invention. One could reply that here the date matters little when the practice is good, justified by the experience of so many venerable personages and solemnly praised on so many occasions by the Holy See. However, if meditation has to be ancient to be worth its price, it will be, it is, since it has always been practiced in the Church.

Ils disent donc que l’oraison méthodique est une invention moderne. On pourrait répliquer qu’ici la date importe assez peu quand la pratique est bonne, justifiée par l’expérience de tant de vénérables personnages et louée solennellement à tant de reprises par le Saint-Siège. Cependant, s’il faut que la méditation soit ancienne pour valoir son prix, elle le sera, elle l’est, puisqu’elle a toujours été pratiquée dans a l’Église.

Never, in fact, in the Church has any Christian life been content with attending liturgical offices. We meditated, in particular,on the life, teaching, miracles, death and passion of Our Lord, on the life and virtues of the Blessed Virgin and of the saints. We gathered together to deplore our sins, to swear to God a more faithful love, to invoke at the same time as his mercy, his help of perseverance and his graces of progress and perfection. The monks in their cells, after the office, the anchorites in their hermitage, the pious faithful in the domestic enclosure have, in all ages, entertained interiorly the things of God, as we do today, in ordinary meditation.

Jamais, en effet, dans l’Église on ne s’est contenté pour toute vie chrétienne, d’assister aux offices liturgiques. On a médité, en son particulier, sur la vie, la doctrine, les miracles, la mort et la passion de Notre-Seigneur, sur la vie et les vertus de la sainte Vierge et des saints. On s’est recueilli pour déplorer ses péchés, pour jurer à Dieu un amour plus fidèle, pour invoquer en même temps que sa miséricorde, ses secours de persévérance et ses grâces de progrès et de perfection. Les moines dans leurs cellules, après l’office, les anachorètes dans leur ermitage, les pieux fidèles dans l’enceinte domestique se sont, à toutes les époques, entretenus intérieurement des choses de Dieu, comme on le fait aujourd’hui, dans la méditation ordinaire.

Were they following our current method? In broad strokes, certainly.

Suivaient-ils notre méthode actuelle ? Dans ses grandes lignes, certainement.

The method that we have today and to which Saint Ignatius imprinted a classic type, reproduces the ancient process and all natural form of meditation. Only, it regularizes it, it codifies it in precise and technical formulas.

La méthode que nous avons aujourd’hui et à laquelle saint Ignace a imprimé un type classique, reproduit le procédé ancien et tout naturel de la méditation. Seulement, elle le régularise, elle le codifie en formules précises et tech­niques.

We have written proof that methodical meditation was practiced as early as the fifteenth century, which is already something: “The ancients,” says the author of The Monastic Ideal, “didn’t think much of making these little books, which are essential nowadays for many people: you have to go back to the fifteenth century, to find among us something that suggests the Exercises of Saint Ignatius” 1 . »

Nous avons la preuve écrite que la méditation méthodique se pratiquait dès le quinzième siècle, ce qui est déjà quelque chose : « Les anciens, dit l’auteur de l’Idéal monastique, ne songeaient guère à faire de ces petits livres, indispensables de nos jours au grand nombre : il faut descendre jusqu’au [p.463] quinzième siècle, pour trouver chez nous quelque chose qui fasse pressentir les Exercices de saint Ignace 1. »

1. The Monastic Ideal, etc., p. 131. No doubt the author is alluding here to the Exercitatorium spiritualis of Dom Garcia de Cisneros, 1500. On the borrowings that Saint Ignatius made from this work, see P. Debuchy, op. cit., which summarizes the work of PH Watrigant. -The Exercitatortuni had had predecessors, in the form of manuscripts. Relates to earlier mystical writings; Dom Festugièreé op. cit., p. 4o, note r, — Are we to ignore the success throughout the Middle Ages of the meditations of John of Caulibus, long attributed to Saint Bonaventure?

1. L’idéal monastique, etc., p. 131. Sans doute, l’auteur fait allusion ici à l’Exercitatorium spirituals de Dom Garcia de Cisneros, 1500. Sur les emprunts qu’a faite saint Ignace à cet ouvrage, voir P. Debuchy, op. cil., qui résume les travaux du P. H. Watrigant, L’Exercitatortuni avait eu des préctirseurs, sous forme de manuscrits. –se rattache à des écrits mystiques antérieurs s ; Dom Festugièreé op. cit., p. 4o, note r, — Ignore-t-on le succès dans tout le moyen àge des méditations de Jean de Caulibus, attribuées longtemps à saint Bonaventure?

 

 

What we affirm of the antiquity of Christian meditation in its present general form will become more obvious, as we explain the necessity of a method for human prayer. Our critics, on the contrary, profess the most virtuous disdain for methodical prayer. The disciplined allure of modern meditation is, according to them, its major flaw. This is what excites their vigor, this is what makes them facetious in treating so serious a subject.

Ce que nous affirmons de l’antiquité de la méditation chrétienne sous sa forme générale actuelle, deviendra plusévident, à mesure que nous expliquerons la nécessité d’une méthode pour faire humainement oraison. Nos critiques pro-’ fessent au contraire le plus vertueux dédain à l’endroit de l’oraison méthodique. L’allure disciplinée de la méditation moderne, voilà, selon eux, son défaut capital. Voilà ce qui excite leur verve, voilà ce qui les rend plaisants dans un sujet si grave.

“Through these Exercises,” writes one of them, “Saint Ignatius “instituted a military method which makes the soul and the different faculties work, in command, act by act, modality by modality.”2

« Par ces Exercices, » écrit l’un d’eux, saint Ignace « institua une méthode militaire qui fait marcher l’àme et les différentes facultés, au commandement, acte par acte, modalité par modalité.»2

2. Dom Festugière, ibid., p. 42.

2. Dom Feetugière, ibid., p. 42.

“Modern prayer,” writes another,” proceeds mechanically, sets the imagination in motion, then the intelligence ; then the tone, then the heart, as one moves one ’s legs and arms automatically, one after the other, with so many minutes per exercise. The instruction is first to meditate and that only on a given text, then to make acts of affection, then to make resolutions.

« L’oraison moderne, écrit un autre, procède mécaniquement, met en branlé l’imagination, puis l’intelligence; puis la tolonté, puis le coeur, comme on fait mouvoir sés jambes et ses bras atitomatiquement, l’un après l’autre, avec tant de minutes par exercice. La consigne est d’abord de méditer et cela uniquement sur un texte donné, puis de faire des actes d’affection, puis de prendre des résolutions. »

“Finally, the soul auscultates itself and feels its pulse by examining the acts it has just produced, then it stops before contemplation, as before a limit that it need not exceed.:3

« Finalement, l’âme s’ausculte et se tâte le pouls par un examen sur les actes qu’elle vient de produire, puis elle s’arrête devant la con­templation, comme devant une borne qu’elle n’a point à dépassera. »3.[p.464]

3. P. Ubald d’Alençon, From the traditional method of prayer in the Middle Ages, in Etudes Franciscaines, March 1913. To validate this description, the author refers to the recent work of P. de Maumigny. In his Treatise on ordinary prayer (Paris, Beauchesne, 6th edition, 1907), having to describe the role of the faculties of the soul during meditation, Father de Maumigny speaks successively of each of them. In doing so, he obeys a binding law that imposes itself on any author wishing to be clear, which was imposed before him, in particular on Saint Bonaventure, who expressly distinguishes, in the Prologus of his opuscule Lignum vitae,the role of memory, intelligence; and affections. (Quaracchi edition, t. VIII, p. 68.) But never does Father dè Mau-migny, nor anyone I know, had the oddity, contrary to the letter and the spirit of the Exercises of Ignatius (Exerc. 3ue , Hebd.; Additio 4, etc.), teach that it is necessary to proceed in prayer with this inflexible and entirely mechanical regularity, by way of “instructions,” “automatically”, with “specific minutes per exercise”. After Saint Ignatius, Father de Maumigny repeatedly and expressly teaches the opposite : variable — it is our emphasis — and consequently cannot impose anything absolute. » Op. cit., p. 5. — And again: s The great master in prayer is the Holy Spirit and the great law, the one that governs everything, is docility to the attraction of grace. s But it is the whole book that should be quoted. One could not find a clearer denial given to this alleged Prussian discipline.

3. P. Ubald d’Alençon, De la méthode traditionnelle de l’oraison au moyen dge, dans Études Franciscaines, mars 1913. Pour autoriser cette description, l’auteur se réfère à l’ouvrage récent du P. de Maumigny. Dans son Traité de l’oraison ordinaire (Paris, Beauchesne, 6’ édition, 1907), ayant à décrire le rôle des facultés de l’âme durant la méditation, le P. de Maumigny parle successivement de chacune d’elles. Ce faisant, il obéit à une loi impérieuse qui s’impose à tout auteur voulant être clair, qui S’est imposée avant lui, notamment à saint Bonaventure, lequel distingue expressément, dans le Prologus de son opuscule Lignum vitae, le rôle de la mémoire, de l’intelligence; de affections. (Édition de Quaracchi, t. VIII, p. 68.) Mais jamais le P. dè Mau-migny, ni personne que je sache, n’a eu la bizarrerie, contraire à la lettre et à l’esprit des Exercices de saint Ignace (Exerc. 3ue, Hebd.; Additio 4, etc.), d’enseigner qiusil faille procéder dans l’oraison avec cette régularité inflexible et toute mécanique, par voie de « consigne s, a automatiquement s, avec « tant de minutes par exercice »  Après saint Ignace, le P. de Maumigny enseigne, à mainte reprise et expressément, le contraire : s Il est manifeste, dit-il, que dans l’oraison, l’ordre suivant lequel se font les actes des diverses facultés, est essentiellement variable — c’est noue qui soulignons —et par suite ne saurait imposer rien d’absolu. » Op. cit., p. 5. — Et encore : s Le grand maitre dans l’oraison est le Saint-Esprit et la grande loi, celle qui régit tout, c’est la docilité à l’attrait de la grâce. s Mais c’est tout le livre qu’il faudrait citer. On ne saurait trouver un démenti plus net donné à cette prétendue discipline à la prussienne.

Mental prayer, a third will say, becomes an exercise according to a complete system of thoughts and affections which follow one another almost mechanically. Nothing is left to the unexpected; no spontaneity is allowed, the plan of attack must be followed in all respects.1

« L’oraison mentale, dira un troisième, devient un exercice d’après un système complet de pensées et d’affections qui se succèdent pres­que mécaniquement. Rien n’est laissé à l’imprévu ; aucune sponta­néité n’est permise, il faut suivre de tous points le plan d’attaque’. »1

1. Mortier, History of the Poor generals of the Order of Preachers Brothers, t. p. 612; quoted by Fr. Antoine de Serent. Op. cit., p.1.

1 Mortier, Histoire des maigres généraux de l’Ordre des Frères Prêcheurs, t. p. 612; cité par le P. Antoine de Serent. Op. cit., p.1..

The censors of meditation, by speaking in this way, lose something, perhaps, of their sense of the ridiculous. They dwell on the method that orders mental prayer and do not seem to notice that no sustained prayer is possible without restricting themselves to a method. Are they unaware that methodical order, discipline, and rules are a natural and necessary condition of any work that proceeds from human activity?

Les censeurs de la méditation, en parlant de la sorte, per­dent un peu, peut-être, le sens du ridicule. Ils s’espacent sur la méthode qui ordonne l’oraison mentale et n’ont pas l’air de s’apercevoir qu’aucune prière suivie n’est possible, sans s’astreindre à une méthode. Ignorent-ils que l’ordre métho­dique, la discipline, la règle est une condition naturelle et nécessaire de toute oeuvre qui procède de l’activité humaine?

It is impossible to create anything in the intellectual order, for us to remain to the remain of the spirit, without following a certain method. To write a book, to compose a speech, to sing a poem, to talk about science, art, philosophy or theology, will always imply a preconceived plan, a planned order, a method, in short, which has directed and sustained the mind of the author and grouped in a bright and pleasant order all of its reflections. It is fruitless to try to free mental prayer from this essential and indispensable law of human nature.

Impossible de rien créer dans l’ordre intellectuel, pour nous en tenir au domaine de l’esprit, sans suivre une certaine méthode. Écrire un livre, composer un discours, chanter un poème, parler science, art, philosophie ou théologie, impli­quera toujours un plan préconçu, un ordre prévu, une méthode enfin qui a dirigé et soutenu l’esprit de l’auteur et groupé dans un ordre lumineux et agréable l’ensemble de ses réflexions. C’est en vain qu’on essayerait d’affranchir l’oraison mentale de cette loi essentielle et indispensable à l’humaine nature.

Although a supernatural act, by its intention and by its object, meditation nevertheless remains in its substance and in its materiality, a human act, or rather a series, a set of human acts, thoughts and movement of affections.

Pour être un acte surnaturel, par son intention et par son objet, la méditation n’en reste pas moins dans son fond et dans sa matérialité, un acte humain, ou plutôt une série, un ensemble d’actes humains, de pensées et d’affections.

What are the means of producing a series of reflections and feelings that are understandable by the subject himself, unless they are produced voluntarily, in a certain order?

Or, le moyen de produire une suite de réflexions et de sentiments intelligibles pour le sujet lui-même, sans les pro­duire volontairement, dans un certain ordre?

Go further. How will our escape arise from its inertia and be able to support a serious and continuous activity if the method does not oblige him, so to speak, to progress in a direction and in a determined sense?

Allons plus loin. Comment notre esprit sortira-t-il de son inertie et pourra-t-il soutenir une activité sérieuse et continue, [p.465] si la méthode ne l’oblige, pour ainsi dire, à progresser dans une direction et dans un sens déterminés?‑

Moreover, the methodical order is discovered to be the foundation of all the liturgical prayers, in particular of all the Collects of the Holy Mass. We are told about the yoke of meditation. But does not the liturgy also have its own? The ritual obligations in the recitation of the office of the choir form are - who will dispute it - a much more detailed and otherwise embarrassing legislation for what is called freedom of the spirit. There is none of the objections formulated on this head against private prayer which cannot be turned against the liturgy. Is it not methodical when it uniformly follows the cycle of events in the life of Our Lord and when it proposes to the Christian soul, for each time of the year, such an order of thoughts and feelings? And it is precisely this ritual legislation that assures the splendor of divine praise, the beautiful ordering of the whole liturgy and which imparts so much symbolic flavor to its teachings. This order is visible even in the prayer par excellence, that which Jesus Christ himself spoke to his apostles. The Our Father, although wholly divine, nevertheless accommodates itself to the natural order of thought, to our intellectual method. It begins, in fact, with invocations and praises that elevate the soul to God. It ends with several specific requests to obtain, either as sinners or as the just, the different graces we need: which is a return of the soul to itself concerning its sins, on his faults and on his spiritual and temporal indigence. ”There is in the Sunday prayer, says Saint Thomas, not only all the requests that it is good to make, but also the order is indicated, according to which they must be made 1.” [1 S.Theol. IIa IIae q.83. a.9]

Au reste, l’ordre méthodique se retrouve au fond de toutes les prières liturgiques, en particulier de toutes les collectes de la sainte messe. On nous parle du joug de la méditation. Mais la liturgie n’a-t-elle pas aussi le sien? Les obligations rituelles dans la récitation de l’office du choeur forment —qui le contestera — une législation bien plus minutieuse et autrement gênante pour ce qu’on appelle la liberté de l’es­prit. Il n’est aucune des objections formulées, de ce chef, contre l’oraison privée, qui ne puisse être retournée contre la liturgie. N’est-elle pas méthodique, quand elle suit uni­formément le cycle des faits de la vie de Notre-Seigneur et quand elle propose à l’âme chrétienne, pour chaque temps de l’année, tel ordre de pensées et de sentiments? Et c’est précisément cette législation rituelle qui assure la splendeur de la louange divine, la belle ordonnance de toute la liturgie et qui communique tant de saveur symbolique à ses ensei­gnements. Cet ordre est visible jusque dans la prière par excellence, celle que Jésus-Christ lui-même dicta à ses apôtres. Le Pater, quoique tout entier divin, s’accommode cependant à l’ordre naturel de la pensée, à notre méthode intellectuelle. Il débute, en effet, par des invocations et des louanges qui élèvent l’âme vers Dieu. Il se termine par plu­sieurs demandes particulières pour obtenir, soit comme pécheurs, soit comme justes, les différentes grâces dont nous avons besoin : ce qui est un retour de l’âme sur elle-même, sur ses péchés, sur ses défauts et sur son indigence spiri­tuelle et temporelle. « Il y a dans l’oraison dominicale, dit saint Thomas, non seulement toutes les demandes qu’il est bon de faire, mais encore l’ordre est indiqué, suivant lequel il faut les faire 1. » [IIa Iiae q. 83, a. 9]

So do not mock ordinary meditation because it is methodical. This is a necessary and absolute condition 2 for praying consistently and knowing what one is saying and what we want. It is still an indispensable means of obliging our mind to say and to want all that is necessary.

Il ne faut donc pas se moquer de la méditation ordinaire parce qu’elle est méthodique. C’est une condition nécessaire et absolues 2 pour prier avec suite et savoir ce que l’on dit et [p.160] ce que l’on veut. C’est encore tin moyen indispensable pour obliger notre esprit à dire et à vouloir tout ce qu’il faut.

2. This is so true that the enemies of methodical prayer speak of adopting the method of Saint Francis de Sales. This is poorly-disguised defeat, since the method of the holy bishop of Geneva is basically the method of Saint Ignatius. Nothing is more common [??].

2. Gela est si vrai que les ennemis de l’oraison méthodique parlent de prendre la méthode de saint François de Sales. Défaite mal déguisée, car la méthode du saint évêque de Genève, c’est an fond la méthode de saint Ignace. Rien de plus fréquent même chez de bonnes ames, mais rien de plus plaisant aussi Mie d’opposer cei deux grands esprits,Cetle méprise témoigne— quand elle est sincère—d’une conaissance superficielle de l’un ou de l’autre et souvent dé tous les deux.

And that is why, mental prayer having always existed in the Church, this prayer was always necessarily and naturally methodical. It is according to this natural and instinctive method that souls who meditate follow, so to speak without thinking about it, that the technical methods have been composed. We do not manufacture in advance, we do not invent a priori an art of thinking and of experiencing devout feelings. Saint Ignatius did not invent or introduce method into prayer any more than Aristotle invented rhetoric or logic. Both the one and the other only described and codified the necessary laws that govern our activity, applied to this or that order of things. The methods are like maps that do not create paths, but mark and indicate existing routes. No doubt they may be artificial in detail and of contingent value, but they remain natural in general and excellent in outline.

Et voilà pourquoi, la prière mentale ayant toujours etiSté dans l’Église, cette prière fut toujours nécessairement et naturellement méthodique. C’est d’après cette méthode naturelle et instinctive que les âmes qui méditent suivent pour ainsi dire sans y penser, qu’on a composé les Méthodes techniques. On .ne fabrique pas d’avance, on n’invente pas a priori un art de penser et d’éprouver des sentiments dévots. Saint Ignace n’a pas inventé, ni introduit la méthode dans l’oraison, pas plus qu’Aristote n’a inventé la rhétorique ou la logique. L’un et l’antre n’ont fait que décrire et codifier les lois nécessaires qui régissent notre activité, appliquée à tel ou tel ordre de choses. Les méthodes ressemblent aux cartes de géographie qui ne créent pas les chemins, mais qui marquent et indiquent veut qui existent. Sans douté, elles peuvent être artificielles dans les détails et d’une valeur contingente, mais elles restent naturelles en général et excellentes dans leurs grandes lignes.

It is also true that, born of the description of only an abstract and unique ideal, the methods do not coincide precisely with the flexibility and nuances of human activity which vary in each individual. Moreover, their authors do not claim to impose them on the human mind as invariable norms.

Il est vrai aussi que, né décrivant qu’un idéal abstrait et unique, les méthodes ne coïncident pas exactement avec la souplesse et les nuances de l’activité humaine qui Varient dans chaque individu. Aussi bien, leurs auteurs ne pré­tendent pas les imposer à l’esprit humain, comme des normes invariables.

In his Exercises, which however are not a collection of meditations properly speaking, but a method of introduction to the devout life for beginners, and a method of hardening and perfection for initiates, Saint Ignatius makes the broadest room for individual attractions and the unforeseen impulse of divine grace.

Dans ses Exercices, qui pourtant ne sont pas un recueil de méditations proprement dites, mais une méthode d’introdue: tion à la vie dévote pour les commençants, et une méthode de trempe et de perfection pour les initiés, saint Ignace fait la plus large place libre aux attraits individuels et à l’impul­sion imprévue de la grâce divine.

To leave to the soul all spontaneity to follow the impulses of the Holy Spirit, once discerned, he expressly forbids the one who gives the Exercises to interpose himself between the creator and the creature.1

Pour laisser à l’âme toute spontanéité de suivre les motions du Saint-Esprit, une fois discernées, il défend expresSément à celui qui donne les Exercices, de s’interposer entre le créateur et la créature.1

1 « Convenientius et multo melius,quaerendo divinam voluntatetm ui lipse Creatoraae Dominus animae suae devotae se communicet eam amplexans in suum amorem ac laudem. Sinat Creatorem cum creatura et creaturam cum suo Creatore ac Domino immediate operari, etc. »

1 « Convenientius et multo melius,quaerendo divinam voluntatetm ui lipse Creatoraae Dominus animae suae devotae se communicet eam amplexans in suum amorem ac laudem. Sinat Creatorem cum creatura et creaturam cum suo Creatore ac Domino immediate operari, etc. »

Nothing is better known than this recommendation of the saint repeated in various forms: “when one finds oneself, by meditating, a light or a new feeling, one reaps a spiritual taste and a greater fruit” 1. Following his example, the ascetic writers who treat of ordinary meditation always reserve in their theories the tastes, the personal attractions which can seize souls during prayer.

Rien n’est plus connu que cettee [p.467] recommendation du saint répétée sous diverses formes : « quand on trouve soi-même, en méditant, une lumière ou un sentiment nouveau, on recueille un goût spirituel et un fruit plus grande 1 ». A son exemple, les écrivains ascétiques qui traitent de la méditation ordinaire réservent toujours dans leurs théories les goûts, les attraits personnels qui peuvent saisir les âmes pendant l’oraison.

1. Second annotation.

1. Secunda annotatio.

Despite all these reservations, despite these concessions granted to the personal pace, it is remarkable that the method according to Saint Ignatius hardly leaves the mind left to itself and always holds the reins, while it meditates, to to stimulate its activity and to make it progress towards the aim pursued, which is individual reform and the fulfillment of the Christian law.

Malgré toutes ces réserves, malgré ces concessions accor­dées à l’allure personnelle, il est remarquable que la méthode d’après saint Ignace ne laisse guère l’esprit livré à lui-même et tient toujours les rênes, pendant qu’il médite, pour sti­muler son activité et la faire progresser vers le but pour­suivi, qui est la réforme individuelle et l’accomplissement de la loi chrétienne.

The meditator formed in this school expects from Providence the sun and the rain which will make the grain germinate and ripen, but he begins by sowing it with pain and sweat and this, perfectly in line with the Council of Trent which says “It is grace that warns us to make us desire good and to make us do it, but, on the other hand, if the Holy Spirit confers justification on us, according to the measure that he pleases of us depart, he deigns to take into account our dispositions and our personal cooperation.” 2

Le méditatif formé à cette école attend bien de la Providence le soleil et la pluie qui feront germer et mûrir le grain, mais il commence par le semer dans la peine et dans la sueur et cela, parfaitement en règle avec le concile de Trente qui dit : « C’est la grâce qui nous prévient pour nous faire désirer le bien et pour nous le faire accomplir, mais, d’autre part, si le Saint-Esprit nous confère la justification, selon la mesure qu’il lui plaît de nous départir, il daigne tenir compte de nos dispositions et de notre coopération personnelle 2. »

2. « Justitiam in nobis recipientea unusquisque suam secundum mensuram, quam Spirltus sanctus partitur singulis, prout vult et scundum propriam cujusque diapositionem et cooperationem. » Cap. VII. Sess. 6’, Denzinger-Bannwart, n. 799.

2. « Justitiam in nobis recipientea unusquisque suam secundum mensuram, quam Spirltus sanctus partitur singulis, prout vult et scundum propriam cujusque diapositionem et cooperationem. » Cap. VII. Sess. 6’, Denzinger-Bannwart, n. 799.

The meditator, according to Saint Ignatius, is a logical and practical man. With him, considerations, theological reasoning, the spectacle of the mysteries of Jesus Christ and of the lives of the saints, soon turn from affective love to effective love, to obedience to the law of God, and to the precepts of the Gospel. The essential principle of this prayer seems to reside in these words of Jesus Christ: Non omnis qui dicit mihi Domine, Domine, intrabit in regnum caelorum: sed qui facit voluntatem Patris mei qui in caelis est, ipse intrabit in regnum caelorum1.[ 1 Mt 6.21]  Call this spirit, if you like, the military spirit, it is that of the Gospel: renunciation, pain, the struggle against oneself and against all the interior resistances that prevent us from obeying God.

Le méditatif, selon saint Ignace, est un homme logique et pratique. Chez lui, les considérations, les raisonnements théologiques, le spectacle des mystères de Jésus-Christ et de la vie des saints, se tournent bientôt de l’amour affectif à l’amour effectif, à l’obéissance à la loi de Dieu, et aux pré­ceptes évangéliques. Le principe essentiel de cette oraison semble résider dans cette parole de Jésus-Christ : Non omnis qui dicit mihi Domine, Domine, intrabit in regnum caelorum : sed qui facit voluntatem Patris mei qui in caelis est, ipse [p.468] intrabit in regnum caelorum 1.[Mt.6.21] Qu’on appelle, si l’on veut, cet esprit, esprit militaire, c’est celui de l’Évangile : le renonce­ment, la peine, la lutte contre soi-même et contre toutes les résistances intérieures qui nous empêchent d’obéir à Dieu.

This method, so natural, so conformable to the discursive process of human reflection, so well ordered and so convenient for finding reasons for developments, so sure not to get lost in useless or dangerous digressions, so necessary for personal sanctification, and entirely animated by the spirit of the Gospel and orthodoxy, this method finally consecrated by the decisive experience of so many saints and illustrious personages, and sanctioned by the recommendations of the Holy See, unfortunately deserves, in its application , a criticism: it is painful, it is troublesome, especially in the beginning.

Cette méthode si naturelle, si conforme au procédé dis­cursif de la réflexion humaine, si bien ordonnée et si com­mode pour trouver des motifs de développements, si sûre pour ne pas se perdre dans des digressions inutiles ou dan­gereuses, si nécessaire à la sanctification personnelle, et toute animée par l’esprit de l’Évangile et l’orthodoxie, cette méthode enfin consacrée par l’expérience décisive de tant de saints et d’illustres personnages, et sanctionnée par les recommandations du Saint-Siège, mérite malheureusement, dans son application, une critique : elle est pénible, elle est gênante, surtout dans les commencements.

It is hard to return to oneself, to collect oneself, it is tiring to prolong a consideration; it is tyrannical to oblige the spirit, this fickle, this wanderer, and the imagination, this madwoman, to fix itself, to abstract itself from things here below and to walk in the ways of heaven. What torture, especially when self-love has to turn against itself, to undergo a confrontation with its faults, with its miseries, to recognize its wrongs, to expiate them in bitter repentance. and may he constantly repair them by the efforts of a holy life! This interior labor requires infinitely much from human laziness. The intellectuals know this 2, And the spiritual even more than they. Ah! if only we could find a more convenient system of prayer, a system that dispensed with [inner] reflection, with the examination of the will!

Il est dur de rentrer en soi, de se recueillir, il est fatigant de prolonger une considération; il est tyrannique d’obliger l’esprit, ce volage, ce vagabond, et l’imagination, cette folle, à se fixer, à s’abstraire des choses d’ici-bas et à cheminer dans les voies du ciel. Quelle torture, surtout quand il faut que l’amour-propre se retourne contre soi-même, qu’il subisse une confrontation avec ses défauts, avec ses misères, qu’il reconnaisse ses torts, qu’il les expie dans un amer repentir et qu’il les répare sans cesse par les efforts d’une sainte vie 1 Ce travail intérieur coûte infiniment à la paresse humaine. Les intellectuels le savent 2, et les spirituels encore plus qu’eux. Ah! si l’on pouvait trouver un système d’oraison plus commode, un système qui dispensât de réfléchir, de s’exami­ner et de vouloir !

2. Cicero in his Brutus remarks here and there that such a talented man wrote only nothing, quia laborem cogitandi vitaverat.

2. Cicéron dans son Brutus remarque çà et là que tel homme de talent n’écrivit rien, quia laborem cogitandi vitaverat.

The quietists of the seventeenth century gave into this utopia. All they had to do for this was to set up as a universal method, and sufficient for everything, what is the privilege of an elite of spiritual people already formed by common meditations and informed by a grace of choice. Madam Guyon who summarizes them all, composed a Short and very easy way to pray, which everyone can practice very easily and arrive in a short time to a high perfection.1

Les quiétistes du dix-septième siècle donnèrent dans cette utopie. Ils n’eurent pour cela qu’à ériger en méthode univer­selle, et suffisante à tout, ce qui est le privilège d’une élite de spirituels déjà formés par les méditations communes et prévenus d’une grâce de choix. Mme Guyon qui les résume tous, compose un Moyen court et très facile de faire oraison, [p.469] que tous peuvent pratiquer très aisément et arriver par là dans peu de temps à une haute perfection1.

1. This is the title of her book, 1690.

1. C’est le titre du livre, 1690

And then she offered her prayer from the heart: “Read something substantial and dwell gently on it, not with reasoning, but only to fix the mind. Deal gently and sweetly with the truth read, not by reasoning much, but by savoring it 2 . This is the way Fenelon, in the last years of his life, recommended to his followers of pure love. ”Take a truth and savor it in your heart, as you do in your mouth, a preserve 3 ”, we would say today a caramel candy.

Et alors elle pro­posait son oraison du cœur : « Lire quelque chose de subs­tantiel et s’arrêter doucement là dessus non avec raisonne­ment, mais seulement pour fixer l’esprit. S’occuper doucement et suavement de la vérité lue, non en raisonnant beaucoup, mais en la savourant2. » C’est la manière que Fénelon, dans les dernières années de sa vie, recommandait à ses adeptes du pur amour. « Prendre une vérité et la savourer dans son coeur, comme on fait dans la bouche, une conserve3 », nous dirions aujourd’hui une pastille de caramel.

2. Moyen court, chap. II, § 2 et 3.
3, Fenelon. spiritual letters,

2. Moyen court, chap. II, § 2 et 3.
3, Fenelon. Lettres spirituelles,

We see here how much the method of praying becomes short and simplified. There is no need to meditate, that is to say, to form deep convictions by discourse and reflection, to draw conclusions and consequences, to apply them to the reform of one’s moral life. A simple act, or rather mere passivity is enough. ”We taste, we savor” the spiritual sweetness of the divine word. And this “leads to perfection in a very short time”.

On voit combien ici la méthode de faire oraison devient courte et simplifiée. 11 n’y a pas lieu de méditer, c’est-à-dire de se former par le discours et la réflexion des convictions profondes, de tirer des conclusions et des conséquences, de les appliquer à la réforme de sa vie morale. Un acte simple, ou plutôt la seule passivité suffit. « On goûte, on savoure » la douceur spirituelle de la parole divine. Et cela « conduit en très peu de temps à la perfection ».

This leads, as we know, to quietism, to anesthesia of the will, to the worst disorders, and the Church has stigmatized this deceptive spirituality with its anathemas.

Cela conduit, comme on sait, au quiétisme, à l’anesthésie de la volonté, aux pires désordres et l’Église a flétri de ses anathèmes cette trompeuse spiritualité.

We do not confuse the liturgists with the quietists who, under the guise of sparing devout souls the troubles of interior work, would like to replace methodical prayer with liturgical prayer, freer, more affectionate, and above all less “individualistic” than the methodical prayer. They only forget to tell us whether this prayer will also be more sanctifying in results than ordinary meditation. Now, in questions of asceticism, theories do not mean much; experience is everything. With talent and an edifying imagination, it is easy, especially in matters of devotion, to paint a seductive system and impart to it an air of extraordinary ease and efficiency. Alas! when one tries to make these beautiful theories live a human and real existence, one often realizes that one had built in Spain.

Nous ne confondons pas avec les quiétistes les liturges qui, sous couleur d’éviter aux âmes dévotes les ennuis du travail intérieur, voudraient remplacer l’oraison métho­dique par une oraison liturgique, plus libre, plus affectueuse, et surtout moins « individualiste » que l’oraison méthodique. Ils oublient seulement de nous dire si cette oraison sera également plus sanctifiante en résultats que la méditation ordinaire. Or, dans les questions d’ascétisme, les théories ne signifient pas grand chose; l’expérience est tout. Avec du talent et une imagination édifiante, il est aisé, surtout en matière de dévotion, de peindre un système séduisant et de lui communiquer un air de facilité et d’efficacité extraordi­naires. Hélas I quand on essaye de faire vivre à ces belles théories une existence humaine et réelle, on s’aperçoit sou­vent qu’on avait bâti en Espagne. [p.470]

Let us examine whether the ideal of so-called liturgical prayer would not be a beautiful dream, by trying to represent it to us, no longer on paper in the form of a conference or a learned memoir, but rather in a living realization. . Here is a liturgist who goes about mental prayer, following the so-called ancient spirit. He borrows the subject of his prayer from the Missal, for example the Sanctus.

Examinons si l’idéal de l’oraison dite liturgique ne serait pas un beau rêve, en essayant de nous le représenter, non plus sur le papier, sous la forme d’une conférence ou d’un savant mémoire, mais dans une vivante réalisation. Voici un liturge qui vaque à l’oraison mentale, suivant l’esprit dit ancien. Il emprunte au Missel le sujet de sa prière, soit par exemple le Sanctus.

Theoretically and on paper, this angelic prayer, according to our enthusiasts, will suddenly delight the soul of the person praying. He will fly away at the third Sanctus to the heavenly Jerusalem. There he will see the adorable victim, the magnificent assembly, he will fall devastated at the foot of the throne of the divine Lamb, he will remain thus, during the time consecrated to prayer, absorbed in an ineffable contemplation, from which he will emerge imbued with an unknown vigor radiating with a brand new faith, hope, and charity.

Théoriquement et sur le papier, cette prière angélique, au dire de nos enthousiastes, ravira tout d’un coup l’âme de l’orant. Il s’envolera au troisième Sanctus dans la Jérusalem céleste. Il y verra l’adorable victime, la magnifique assem­blée, il tombera abîmé au pied du trône de l’agneau divin, il restera ainsi, pendant le temps consacré à la prière, absorbé dans une contemplation ineffable, d’où il sortira imprégné d’une vigueur inconnue et rayonnant d’une foi, d’une espé­rance, d’une charité toutes nouvelles.

Is this how things are in reality?

Est-ce ainsi que vont les choses dans la réalité ?

Let us admit this in the case of the holy souls, who have already come out of the purgative life and in the time that they are not subjected to the crucifying trials of spiritual aridity. For these great souls, little matter suffices. A text of the psalms, a stanza, a melody, a ray of sunshine, the fragrance and beauty of a flower ravish them in God. It is thus, for example, that for Saint Gertrude, liturgical prayer served as the theme for all the modulations of her soul. She was like the organ keyboard on which she played, with all its harmonious resonances, the canticle of love.

Admettons-le, en faveur des âmes saintes, déjà sorties de la vie purgative et dans le temps qu’elles ne sont pas sou­mises aux épreuves crucifiantes de l’aridité spirituelle. A ces grandes âmes, peu de matière suffit. Un texte des psaumes, une strophe, une mélodie, un rayon de soleil, le parfum et la beauté d’une fleur les ravissent en Dieu. C’est ainsi, par exemple, que pour sainte Gertrude, la prière liturgique a servi de thème à toutes les modulations de son âme. Elle a été comme le clavier d’orgue sur lequel elle a fait entendre, avec toutes ses harmonieuses résonances, le cantique de l’amour.

In practice and most often, when the faithful of the common order make their prayer on the Sanctus or on some other liturgical text, by a simple improvised consideration, they will quickly be exhausted and turn on the spot, and soon their spirit will wander the fields

En pratique et le plus souvent, quand les fidèles de l’ordre commun feront leur oraison sur le Sanctus ou sur tel autre texte liturgique, par une simple considération improvisée, ils seront vite à bout et tournant sur place, et bientôt leur esprit battra la campagne,

Nescio quid meditans nugarum, totus in illis.*

Nescio quid meditans nugarum, totus in illis.

*meditating on I know not what trifle, completely absorbed by it, Horace, Sermones 1.9

 

On the other hand, let us give the same text for meditation on to a disciple of the methodical, so-called modern school. The day before, he will have foreseen and prepared the subject of meditation, he will have recommended it to God. And the next day, he will approach it, with humility and security. Thanks to the method which indicates the general sources of reflections, feelings and resolutions, the disciple will find by meditating on the Trisagion, the purest, the most nourishing spiritual substance for the maintenance of his Christian life.

En revanche, donnons le même texte à méditer à un dis­ciple de l’école méthodique, dite moderne. Dès la veille, il aura prévu et préparé le sujet de la méditation, il l’aura recommandé à Dieu. Et le lendemain, il l’abordera, avec [p.471] humilité et sécurité. Grâce à la méthode qui indique les sources générales de réflexions, de sentiments et de résolu-1 tions, le disciple trouvera en méditant le Trisagion, la plus pure, la plus nourrissante substance spirituelle pour l’entre­tien de sa vie chrétienne.

For a text may well be liturgical, but it is impossible to derive anything from it, apart from an extraordinary grace of contemplation, without a discursive method. For if one is content to savor, to taste the meaning contained in the letter, to amplify it, to prolong it by means of paraphrases, elevations, more or less lyrical developments, then it is no longer prayer that perfects the soul; it is a rather a literary exercise 1 .

Car un texte a beau être liturgique, impossible d’en rien tirer, en dehors d’une grâce extraordinaire de contempla­tion, sans une méthode discursive. Que si l’on se contente de savourer, de goûter le sens contenu dans la lettre, de l’amplifier, de le prolonger au moyen de paraphrases, d’élé­vations, de développements plus ou moins lyriques, alors ce n’est plus l’oraison qui perfectionne l’âme, c’est un exer­cice plutôt littéraire 1.

1. Father Antoine de Serent engages in an exercise of this kind, when he pleasantly comments in four or five pages on an Advent antiphon. Op. cil., p. 22.38. He concludes: a One could write pages on this subject. Indeed,; one could even write several volumes, in front of his desk, with memories, amplifications, etc. But the same text, only and simply considered in meditation, what will it say to the simple faithful, even to the educated ?

1. Le P. Antoine de Serent se livre à un exercice de ce genre, quand il commente agréablement en quatre ou cinq pages, une antienne de l’Avent. Op. cil., p. 22.38. Il conclut : a On pourrait écrire des pages sur ce sujet. e D’accord ; on pourrais écrire méme plusieurs volumes, devant son bureau, avec des souvenirs, des amplifica tions, etc. Mais le méme texte, seulement et simplement considéré dans la méditation, que dira-t-il aux simples fidèles, méme instruites

This is hardly possible except for a writer who meditates, because the beautiful sentences, the developments full of uction do not come by themselves from the head or the heart of the artist. Such will be, in practice, we are afraid, this so-called medieval prayer, this prayer freed from all method, that is proposed to us as easier.

Il n’est guère possible qu’à un écri­vain qui médite, parce que les belles phrases, les développe­ments pleins d’oction ne sortent pas tout seuls de la tête ou du coeur de l’artiste. Telle sera, dans la pratique, nous en avons peur, cette oraison dite du moyen âge, cette oraison dégagée de toute méthode, qu’on nous présente comme plus facile.

But perhaps the other pretensions of the new school lay claim to more serious titles. There remains the advantage which is invoked so loudly in favor of liturgical prayer and which consists in the fact that it will be social and less individual than modern meditation.

Mais peut-être que les autres prétentions de la nouvelle école se réclament de titres plus sérieux. Reste l’avantage qu’on invoque si haut en faveur de l’oraison liturgique et qui consisterait en ce qu’elle sera sociale et moins indivi­duelle que la méditation moderne.

We confess that we do not quite understand what all this means. Should old-fashioned godliness and sanctification lose their individual character according to the new school? Will the liturgical prayer be more social because it will borrow themes and motifs from the pages of the missal, the breviary, the antiphonary?

Nous avouons ne pas très bien comprendre ce que tout cela veut dire. La piété et la sanctification à l’ancienne ma­nière devront-elles perdre, d’après la nouvelle école, leur caractère individuel ? L’oraison liturgique sera-t-elle plus sociale parce qu’elle empruntera des thèmes et des motifs aux pages du missel, du bréviaire, de l’antiphonaire2. [p.472]

2. “New horizons have opened up for me; the missal, the breviary, the ritual, these great treasures of the priest, of his interior life as of his apostolate: what a revelation, made, alas! after thirty-seven years of priestly life I c; Liturgical Week of Louvain, in Liturgical Questions, 1911, p. 439. Many educated priests and the faithful did not need to wait almost forty years to make this discovery! From the major seminary, or from the beginning of their spiritual life, they were initiated into the profound beauties of the liturgical books. For many ecclesiastics, the Collect of the day serves as a theme for meditation and for the Sunday homily. And without a doubt, it would be one of the most desirable results of the liturgical movement to reveal to inattentive minds who would still ignore them, the spiritual resources of every kind in liturgical literature. See A. Vigourel, Liturgy and Christian Life. Paris, Lethielleux, 1909

2. « Des horizons nouveaux se sont ouverts pour moi; le missel, le bréviaire, le rituel, ces grands trésors du prétre, de sa vie intérieure comme de son apostolat : quelle révélation, faite, hélas! après trente-sept ans de vie sacerdotale I c; Semaine liturgique de Louvain, dans Questions liturgiques, 1911, p. 439. Beaucoup de prêtres et de fidèles instruits, n’ont pas eu besoin d’attendre près de quarante ans pour faire cette découverte! Dès le grand séminaire, ou dès le début de leur vie spirituelle, ils ont été initiés aux beautés profondes des livres liturgiques. A beaucoup d’ecclésiasti­ques, la Collecte du jour sert de thème pour la méditation et pour l’homélie domi­nicale. Et sans aucun doute, ce serait l’un des plus désirables résultats du mouvement liturgique que de révéler aux esprits inattentifs qui les ignoreraient encore, les res­sources spirituelles de tout genre de la littérature liturgique. Voir A. Vigourel, la Liturgie et la Vie chrétienne. Paris, Lethielleux, 1909.

Is it not by any chance that the ordinary method of meditation also asks for its subjects in Sacred Scripture, in the breviary, in the missal, in the cycle of the feasts of the Church? There would be no end to cataloging the meditation manuals for all the days and feasts of the year published since the end of the sixteenth century.

Est-ce que par hasard la méthode de méditation ordinaire ne demande pas aussi ses sujets à l’Écriture Sainte, au bré­viaire, au missel, au cycle des fêtes de l’Église? On n’en fini­rait pas si l’on cataloguait les manuels de méditation pour tous les jours et fêtes de l’année publiés depuis la fin du sei­zième siècle.

Secondly, will liturgical prayer be less individualistic, because it will concern itself little or not with tropology and its essential object will consist in adoration, in praise, in disinterested admiration? , whereas meditation is not content with adoring and blessing God, but also studies to serve him by an exercise of personal sanctification P

En second lieu, l’oraison liturgique sera-t-elle moins indi­vidualiste, parce qu’elle s’occupera peu ou point de tropo-logie et que son objet essentiel consistera dans l’adoration, dans la louange, dans l’admiration désintéressée, au lieu que la méditation ne se contente pas d’adorer et de bénir Dieu, mais encore s’étudie à le servir par un exercice de sanctifi­cation personnelle P

We suspect that the reproach of individualism—imply: utilitarian selfishness—that is peddled so cheaply against methodical prayer, stems from a slight misunderstanding. We would like to make our censors change their minds on this, and in particular the venerable archpriest who exclaimed at the end of the liturgical week in Louvain: “This week is worth more to me than all the retreats made so far... , my piety has been exclusively individualistic, isolated, Protestant; from today, it will be, above all, collective, social, catholic. »

Nous soupçonnons que le reproche d’individualisme —sous-entendez : égoïsme utilitaire — que l’on colporte à si bon marché contre l’oraison méthodique, procède d’une légère méprise. Nous aimerions faire se raviser là-dessus nos censeurs et en particulier le vénérable archiprêtre qui s’écriait à la fin de la semaine liturgique de Louvain : « Cette semaine me vaut plus que toutes les retraites faites jusqu’ici... Jusqu’ici, ma piété a été exclusivement individualiste, iso­lée, protestante; à partir d’aujourd’hui, elle sera, avant tout, collective, sociale, catholique. »

1. Quoted by Fr. Antoine de Sérent. “What exaggerations!”, remarks on this subject by Fr. Ubald of Alençon, p. 307,

1. Cité par le P. Antoine de Sérent. «  Que d’exagérations ! », remarque à ce propos le P. Ubald d’Alençon, p. 307,

Reassure yourself, venerable man, in order to adore this, there is no need to burn that! You were not, while meditating, either a heretic, or an isolated person. You acted like Saint Paul who, while saving the Gentiles, mortified himself and worked assiduously for his personal salvation. You were heeding the advice he left to the priests of Ephesus: Attendite vobis and universo gregi1; Primo tibi, deinde gregi, according to the gloss of Saint Francis de Sales. The same Saint Paul said again: Exerce teipsum ad pietatem; hoc enim faciens et teipsum salvum facies et eos qui le audient. 2

Rassurez-vous, homme vénérable, pas n’est besoin pour adorer ceci, de brûler cela 1 Vous ne fûtes en méditant, ni un hérétique, ni un isolé. Vous agissiez comme saint Paul qui, tout en sauvant les gentils, se mortifiait lui-même et travaillait assidûment à son salut personnel. Vous teniez compte de l’avis qu’il laissa aux prêtres d’Ephèse : [p.473] Attendite vobis et universo gregi1 ; Primo tibi, deinde gregi, selon la glose de saint François de Sales. Le même saint Paul disait encore : Exerce teipsum ad pietatem; hoc enim faciens et teipsum salvum facies et eos qui le audient 2.

1. Act., xx, 28. — 2. 1 Tim., vii, 7-10..

1. Act., xx, 28. — 2. 1 Tim., vii, 7-10..

Will you now disregard such clear advice? This would be to forget too much that individual activity, whether exercised in public or in private, always contributes to swell the general current; that the state of mind, collective, social, comes only from a sum of acts, of wills, of particular feelings; that one always works to polish the public good, when one occupies oneself, in secret, in correcting one’s faults and in strengthening oneself in virtue.

Allez-vous maintenant négliger un avis aussi clair ? Ce serait trop oublier que l’activité individuelle, qu’elle s’exerce en public ou en particulier, contribue toujours à grossir le courant général; que l’état d’esprit, collectif, social, ne pro­vient que d’une somme d’actes, de volontés, de sentiments particuliers; qu’on travaille toujours polir le bien public, quand on s’occupe, dans le secret, à corriger ses défauts et à s’affermir dans la vertu.

There are between men, in spite of their separation and their estrangement, unbreakable bonds of relationship. There is above all, between Christians, this invisible but very real union produced by the Holy Spirit, this admirable homogeneity which makes us members of the mystical body of Jesus Christ.

Il y a entre les hommes, en dépit de leur séparation et de leur éloignement, des liens de relation infrangibles. Il y a surtout, entre chrétiens, cette union invisible, mais très réelle produite par l’Esprit-Saint, cette homogénéité admi­rable qui nous fait les membres du corps mystique de Jésus-Christ.

By virtue of the mystery of the communion of saints, a Poor Clare in prayer in her little cell, a regular clerk at her prie-Dieu, a brave village priest who meditates in his garden, according to the method of Saint Sulpice, — yes , of Saint Sulpice, — do as much for social edification as the Benedictine who sings in choir, leaning on his misericord [choir-stall seat]  or who savors, within the cloister, a psalm of David, according to the formula of liturgical prayer. Meditation at fixed hours, at determined times, did not please some of the advocates of prayer in the Middle Ages. And yet, the Holy Church is very attached to this way of praying; today, it would not approve constitutions which did not impose on the members of a community an hour of prayer for each day:Orationi mentati sorores omnes quotidie vacent et quidem plerumque per horae dimidium mane et per horae dimidium vespere 3 .

En vertu du mystère de la communion des saints, une clarisse en oraison dans sa petite cellule, un clerc régulier à son prie-Dieu, un brave curé de village qui médite dans son jardin, d’après la méthode de saint Sulpice, — oui, de saint Sulpice, — font autant pour l’édification sociale que le béné­dictin qui chante au choeur, appuyé sur sa miséricorde ou qui savoure, sous le cloître, un psaume de David, selon la formule d’oraison liturgique. La méditation à heures fixes, à temps déterminé, ne plaît guère à quelques-uns des prôneurs de l’oraison du moyen âge. Et pourtant, la sainte Église tient beaucoup à cette manière de prier ; aujourd’hui, elle n’approu­verait pas les constitutions qui n’imposeraient pas aux mem­bres d’une communauté une heure d’oraison pour chaque jour : Orationi mentati sorores omnes quotidie vacent et quidem plerumque per horae dimidium mane et per horae dimidium vespere3.

3. “Normae secundum quae S. Congregatio Episcoporum et Regularium procedere solet in approbandis novis institutis votorum.”

3. « Normae secundum quae S. Congregatio Episcoporum et Regularium procedere solet in approbandis novis institutis votorum”

Bishop Battandier says on this subject: “Meditation is one of the most important exercises of community life and the Sacred Congregation would like one hour a day to be consecrated to it. But it sometimes authorizes half an hour of prayer: in this case, the half hour must be real, that is to say that one does not use part of it for the recitation of vocal prayers. This exercise is so important that very rarely and only for serious reasons can the superior dispense the sisters. It must also be practiced by the lay brothers of the Institute 1. ”

Mgr Battandier dit à ce sujet : « La méditation est un des exercices les plus importants de la vie de communauté et la [p.474] Sacrée Congrégation désirerait qu’une heure par jour lui fût consacrée. Mais elle autorise parfois une demi-heure d’oraison : dans ce cas, il faut que la demi-heure soit franche, c’est-à-dire qu’on n’en emploie pas une partie à la récitation de prières vocales. Cet exercice est tellement important que très rarement et seulement pour de graves raisons, le supérieur peut en dispenser les soeurs. Il doit être pratiqué aussi par les converses de l’Institut 1. »

1. Canonical Guide to Institutes with Simple Vows, n• 229,

1. Guide canonique des Instituts à vœux simples, n• 229,

Shall we remember that once, in a touching exhortation to the Catholic clergy on August 4, 1908, His Holiness Pius X recommended daily meditation to secular priests, and with what force? ”A point of great importance, he said to them, is that each day a determined time be reserved for the meditation of eternal things” and he added: Nemo est sacerdos qui possit hoc sine gravi incuriae nota et animae detrimento praetermittere 2 .

Rappellerons-nous que naguère, dans une exhortation touchante au clergé catholique du 4 août 5908, Sa Sainteté Pie X recommandait la méditation quotidienne aux prêtres séculiers, et avec quelle force ? « Un point d’une grande importance, leur disait-il, c’est que chaque jour un temps déterminé soit réservé à la méditation des choses éternelles » et il ajoutait : Nemo est sacerdos qui possit hoc sine gravi incuriae nota et animae detrimento praetermittere 2.

2. The work of Rev.Fr. Lambert: Ad vos, O Sacerdoles, gives the complete text and the translation of the precious pontifical document, with a commentary, in the form of meditations which make it a true manual of priestly sanctification. Paris, Beauchesne, 1913.

2. L’ouvrage du R. P. Lambert : Ad vos, o Sacerdoles, donne le texte intégral et la traduction du précieux document pontifical, avec un commentaire, sous forme de méditations qui en font un vrai manuel de sanctification sacerdotale. Paris, Beauchesne, 1913.

It is a rather new idea, it is a rather strange idea to wish to confuse liturgical prayer and mental prayer with each other. We have just seen that their alleged points of disagreement do not exist. It would hardly be less annoying to want to confuse them. They each represent a distinct form of prayer: the first, public, vocal, sung, rather laudatory and disinterested, intended for adoration and worship of the holy sacrifice of the mass; the second, private, rather mental, where one considers divine things especially in relation to the fulfillment of the law of God, to the acquisition and practice of Christian virtues.

C’est une idée assez nouvelle, c’est une idée assez étrange de vouloir brouiller l’une avec l’autre la prière liturgique et la prière mentale. On vient de voir que leurs prétendus points de désaccord n’existent pas. Il ne serait guère moins fâcheux de vouloir les confondre. Elles représentent chacune une forme d’oraison distincte : la première, publique, vocale, chantée, plutôt laudative et désintéressée, destinée à l’adoration et au culte du saint sacrifice de la messe ; la seconde, privée, plutôt mentale, où l’on considère les choses divines surtout par rapport à l’accomplissement de la loi de Dieu, à l’acquisition et à la pratique des vertus chrétiennes.

But what seems to us to be a disastrous error is the tendency that is displayed to depreciate methodical prayer and the open intention of abolishing it in order to replace it with liturgical prayer, if at least this must be made according to the method that was suggested to us. This, we believe, is a practice almost impossible for common souls and without much profit for individual reform.

Mais ce qui nous parait une erreur funeste, c’est la ten­dance qu’on affiche, à déprécier l’oraison méthodique et l’intention ouverte de l’abolir pour lui substituer l’oraison liturgique, si du moins celle-ci doit être faite selon la méthode qu’on nous en a suggérée. C’est là, croyons-nous, une pratique presque impossible aux âmes communes et sans grand profit pour la réforme individuelle. [p.475]

Instead of separating these two forms of prayer, let us unite them. Why should the ardent defenders of the liturgy not retain methodical meditation, so natural and so indispensable to formation and interior reform? Let us go further: Why would they not compose, within this practical framework, a charming collection of manuals of meditations on the sacred prayers, on the proper feasts and on the holy sacrifice of the mass, turning the reflections and the feelings to the true love, to the practice of virtues?

Au lieu de séparer ces deux formes de prière, unissons-les. Pourquoi les ardents défenseurs de la liturgie ne garde­raient-ils pas la méditation méthodique, si naturelle et_ si indispensable à la formation et à la réforme intérieure ? Allons plus loin : Pourquoi ne composeraient-ils pas, dans ce cadre pratique, une collection charmante de manuels de méditations sur les prières sacrées, sur les fêtes propres et sur le saint sacrifice de la messe, en tournant les réflexions et les sentiments à l’amour vrai, à la pratique des vertus?

The science, piety and talent for writing which we are happy to recognize in many members of the new school, guarantee, in advance, the great success of the enterprise. And therefore, would they not deserve better from the liturgy, and above all, would they not derive from it more sure advantages for the faithful, than with the ambition dear to specialists, but often illusory, of wanting that does the liturgy — which they know admirably, which they love madly, of which they speak very pleasantly — take the place of all apostolate, even of preaching, of all popular devotions, even of methodical meditation?

La science, la piété et le talent d’écrivain que nous sommes heureux de reconnaître à beaucoup de membres de la nou­velle école, garantissent, par avance, le grand succès de l’entreprise. Et par là, ne mériteraient-ils pas mieux de la liturgie, et surtout, n’en retireraient-ils pas des avantages plus sûrs pour les fidèles, qu’avec l’ambition chère à des spécialistes, mais souvent illusoire, de vouloir que la liturgie — qu’ils connaissent admirablement, qu’ils aiment éperdu­ment dont ils parlent très agréablement — tienne lieu de tout apostolat, même de la prédication, de toutes les dévotions populaires, même de la méditation méthodique ?

I will conclude by recalling two facts which seem to me to symbolize, with enough success, the views which I have tried to promote in this study.

Je termine en rappelant deux faits qui me paraissent sym­boliser, avec assez de bonheur, les vues que j’ai essayé de faire prévaloir dans cette étude.

Saint Vincent Ferrier, perhaps the most extraordinary of converters after the apostles, celebrated a solemn mass every day, accompanied by the singing of several skilful clerics and the grave music of an organ which followed him everywhere. But before that he preached for several hours to prepare the people for the liturgical action. After mass, his historians tell us, Vincent took the floor and with divine eloquence, he expounded the great truths of religion. The dramatic and majestic impressions of the liturgy which touch and move, the prestige of an eloquent word which instructs, these are the two forces of the popular apostolate. Powerful, separate, united, they will be irresistibly effective.

Saint Vincent Ferrier, peut-être le plus extraordinaire des convertisseurs après les apôtres, célébrait tous les jours une messe solennelle, accompagnée du chant de plusieurs clercs habiles et de la musique grave d’un orgue qui le suivait partout. Mais, auparavant, il prêchait plusieurs heures pour disposer le peuple à l’action liturgique. Après la messe, nous disent ses historiens, Vincent prenait la parole et avec une éloquence toute divine, il exposait les grandes vérités de la religion. Les impressions dramatiques etmajestueuses de la liturgie qui touchent et qui émeuvent, le prestige d’une parole éloquente qui instruit, voilà les deux forces de l’apos­tolat populaire. Puissantes, séparées, unies, elles seront d’une efficacité irrésistible.

Saint Francis de Sales had been deeply touched by the piety of the city of Dijon, during the famous Lent which he preached there, in 1604. “I recognized there,” he wrote, “several hundred lay and secular people who led a very perfect life, and, amidst the hassle of worldly affairs, do their meditation and holy exercises of mental prayer every day.”1 »

Saint François de Sales avait été fort touché de la piété de  [p.476] la ville de Dijon, au cours du fameux Carême qu’il y prêcha, en 1604. « J’y ai reconneu, écrivait-il, plusieurs centaines de personnes laïques et séculières qui font une vie fort parfaite, et, parmi le tracas des affaires du monde, font tous les jours leur méditation et saintz exercices de l’orayson mentale1. »

1. Letter of August 14, 1604. Works, Annecy edition, t. XII, p. 295.

1. Lettre du 14 août ir6oii. Œuvres, édition d’Annecy, t. XII, p. 295.

We are in the seventeenth century; the spirituality of these hundreds of meditators was doubtless very little tinged with liturgy; yet if we knew the names of all these devotees—we know some of them—we would learn that they were the example of the Christian people, the inspirers and supporters of all good works, model parishioners, and the consolation of their pastors.

Nous sommes au dix-septième siècle; la spiritualité de ces centaines de méditants était sans doute fort peu teintée de liturgie; pourtant si nous savions le nom de tous ces dévots, — nous en connaissons quelques-uns — nous apprendrions qu’ils étaient l’exemple du peuple chrétien, les inspirateurs et les soutiens de toutes les bonnes oeuvres, des paroissiens modèles, et la consolation de leurs pasteurs.

The inhabitants of Dijon in the seventeenth century still have imitators in our big cities today and please the Lord that they become more numerous every day! they are today “the allies, albeit involuntary, of secularism” and that “their method of piety dissolves the framework of Catholic life”? What would the preacher of Lent in Dijon have thought of this language? What would the pastors of large and small parishes think of it today, who do not have more judicious advisers, more trustworthy friends and more chaplains, better models to propose to their flock, than the Catholics who meditate daily.

Les Dijonnais du dix-septième siècle ont aujourd’hui encore des imitateurs dans nos grandes villes et plaise au Seigneur qu’ils deviennent tous les jours plus nombreux 1 Or, de telles âmes, peut-on dire qu’elles étaient alors et qu’elles sont aujourd’hui « les alliées, quoique involontaires, de la laïcité » et que « leur méthode de piété dissout les cadres de la vie catholique »? Qu’eût pensé de ce langage, le prédi­cateur du Carême de Dijon ? Ce qu’en penseraient aujourd’hui les pasteurs des grandes, et des petites paroisses, qui n’ont pas de conseillers plus judicieux, d’amis plus sûrs et plus aumôniers, de meilleurs modèles à proposer à leurs ouailles, que les catholiques qui font tous les jours leur méditation.

JEAN-JOSEPH NAVATEL.

JEAN-JOSEPH NAVATEL.

 

 

 

 


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