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Mabillon, Annales OSB |
Jean Mabillon, 1632-1707. Treatise on Monastic Studies, Part 3 Part III of the Traité des Études Monastiques (Paris: Robustel, 1691).
Translated by Peter Leinenweber, Mount Saviour Monastery, and Anselm Hufstader, Portsmouth Abbey
“The Aims and Attitudes of Monks at Study,” Monastic Studies, 1986 (17), pp. 175-190
French text from: Traité des études
monastiques... par Dom Jean Mabillon,...PARTIE 3 [p384]
Du traité des etudes monastiques, où l’ on parle des fins et des dispositions
que les moines doivent avoir
dans leurs études.
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I. THE TWO PRINCIPAL AIMS |
PARTIE 3 CHAPITRE 1 |
The two principal aims of monastic studies, which are knowledge of the truth and charity, or the love of justice |
des deux fins principales des études monastiques, qui sont la connoissance de la verité, et la charité ou l’ amour de la justice. |
IT is not enough that we have shown that monks are allowed to occupy themselves in study, and to have set out the subjects which are open to them; we must still consider the manner of their studying, in order that their studies be profitable and useful. In moral matters the object holds first place, and so we must first see what purpose those who occupy themselves in study ought to have before them. Amassing much knowledge, heaping subject on subject, cannot be called studying; there must be an aim, a monk must know why he is studying, or rather why he ought to study. There are two kinds of aim, one being principal and the other less principal and accessory. |
ce n’ est pas assez d’ avoir montré, que les moines peuvent s’ occuper aux études, et quelles sont les sciences ausquelles ils peuvent s’ appliquer : il est encore necessaire d’ examiner, de quelle maniere ils doivent étudier, afin que leurs études leur soient utiles et avantageuses. Et comme la fin dans les choses morales tient le premier lieu ; il faut voir avant toutes choses, quel est le but qu’ ils se doivent proposer dens cette occupation. Car amasser beaucoup de connoissances, entasser sciences sur sciences, cela ne suffit pas pour dire que l’ on etudie : il faut avoir une fin, il faut sçavoir pourquoy on le fait, ou plutost pourquoy on le doit faire. Il y a deux sortes de fins, les unes principales, les autres moins principales et accessoires. |
The principal aim that solitaries ought to have in view in their studies is | La fin principale que les solitaires doivent avoir en vûë dans leurs études, |
knowledge of the truth, and |
c’ est la connoissance
de la verité, et la charité ou l’ amour de la justice, |
that is, more briefly, discipline of the | en un mot c’ est le reglement |
mind and |
de l’ esprit [p385]
et du coeur. |
These ought to be the two principal aims not only of religious but of all Christians. | Ce sont là les deux fins principales que doivent avoir en vûë, non seulement les religieux, mais tous les chrétiens. |
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Whatever one calls study, then, must have for its object in the first place the knowledge of truth, which is a part of man’s happiness. (Cicero, De officiis I, 6). |
Il faut donc que ce que l’ on nomme étude ait pour but en premier lieu la connoissance de la verité, qui fait une partie du bonheur de l’ homme. |
1 Since the mind is one of the principal parts of a rational creature, no one who lives in error can be happy. And do we not feel as well a strong desire to be skilled and to know? We find that there is nothing better than to excel in some field of learning; and, on the other hand, there is nothing more pitiable or more shameful than to be ignorant or in error, to be mistaken, or to be taken in. |
Comme l’ esprit est une des principales parties de la creature raisonnable, on ne peut estre heureux en demeurant dans l’ erreur. Aussi sentons-nous un ardent desir de sçavoir et de connoître : nous trouvons qu’ il n’ y a rien de plus beau que d’ exceller dans quelque science ; et qu’ il n’ y a rien au contraire de si miserable, ni de si honteux, que d’ estre dans l’ ignorance ou dans l’ erreur, de se méprendre, ou de se laisser imposer |
There is no one who does not make some effort to draw himself from the ignorance and error which are natural to us, but not everyone is successful; by a corruption which is only too common, sometimes affection is felt even for darkness of the mind, especially when this favors disorder of the heart. The first aim, then, that a religious ought to have before him in his study, is to enlighten his mind with the truths that are necessary to him, but principally with those that are connected with conduct and with the will. |
. Il n’ y a personne qui ne fasse quelque diligence pour se tirer de l’ ignorance ou de l’ erreur, qui nous sont comme naturelles : mais tout le monde n’ y réussit pas ; et par une corruption qui n’ est que trop ordinaire, on aime quelquefois mesme les tenebres de son esprit, sur tout lorsqu’ elles favorisent le déreglement du coeur. La premiere fin donc que se doit proposer un religieux dans ses études, est d’ éclairer son esprit des veritez qui luy sont necessaires, mais principalement de celles qui ont rapport aux moeurs et à la volonté. |
For it would be absolutely useless to abound in knowledge if it did not make us better. I am not speaking only of the knowledge that comes from humanistic learning, but also of the knowledge of sacred things, like Scripture and theology. To know curious questions about Holy Scripture, to straighten out genealogies, to reconcile facts of history and of chronology which appear discordant, to be very learned in questions that arise out of the literal sense, this is not to know Scripture. For whatever good may arise from instruction in all these things, says a great man, nevertheless one must believe that Scripture was not made to provide food for our minds but to serve as nourishment for our hearts. Thus it often happens that those who appear to be well versed in Scripture are in fact ignorant, and that those who appear to know little are actually very wise in that they have found the secret of growing in virtue. |
Car il seroit fort inutile d’ avoir quantité de connoissances, si elles ne nous rendoient meilleurs. Je ne parle pas seulement des connoissances que l’ on tire des sciences humaines, mais mesme de celles qui regardent les choses saintes, comme l’ ecriture et la theologie. Sçavoir les questions curieuses de l’ ecriture sainte, démesler les genealogies, accorder les points d’ histoire et de chronologie qui paroissent embarassez, estre fort sçavant dans [p386] les questions que l’ on forme sur la lettre, n’ est pas sçavoir l’ ecriture. Car quoiqu’ il soit bon de s’ instruire de toutes ces choses, dit un grand homme, il faut neanmoins se persuader, que l’ ecriture n’ est pas faite pour donner de la pasture à nos esprits, mais pour servir de nourriture à nos coeurs. Ainsi il arrive fort souvent, que ceux qui paroissent habiles dans l’ ecriture, y sont en effet tres-ignorans ; et que ceux qui y paroissent peu habiles, y sont en effet fort sçavans : dautant qu’ ils y ont trouvé le secret de devenir meilleurs. |
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Knowledge is that instrument which, according to Saint Augustine, (Let. 55, xxi, 39 PL 13, 223) should be used to raise the edifice of charity. If it is not joined to this end not only will it be useless but it will even become pernicious. Let us then pile up as much truth in our minds as we want; if we are not careful to increase as much in charity as in knowledge, these same truths will be to us a source of illusion and of aberration in this life and of condemnation in the next. In starting off one cannot be too much on guard against the evil effects of a learning which is sterile and lacking charity. |
La science est cette machine, qui, selon S Augustin, doit servir à élever l’ édifice de la charité, (...). Si on ne la rapporte pas à cette fin, non seulement elle ne sert de rien, mais elle devient mesme tres-pernicieuse. Entassons donc tant que nous voudrons des veritez dans nôtre esprit : si nous n’ avons soin de croistre autant en charité qu’ en science, ces veritez mesme deviendront en nous un sujet d’ illusion et d’ égarement en cette vie, et de condamnation en l’ autre. Et partant on ne sçauroit estre trop en garde contre les mauvais effets d’ une science sterile, et dépourvûë de charité |
We must then employ every effort to come by way of our studies to the knowledge of charity, which, according to Saint Paul and Saint Augustine, takes in the whole of Scripture. That person knows what is clear and what is obscure in Scripture who knows how to love God and his neighbor, and who rules his life by this double love. Ille tenet et quod patet, et quod latet in divinis sermonibus, qui caritatem tenet in moribus. (Serm 350,3 PL 39, 1534). This is the learning which is possessed by the true Christian, and unknown to those men who are not truly of God, however much knowledge they have amassed by their labors, because they cannot see the goal of learning and Scripture. |
. Il faut donc apporter tous nos soins pour parvenir par nos études à la science de la charité, qui comprend selon S Paul et S Augustin toute l’ ecriture. Oüi celuy-là sçait ce qui est clair et ce qui est obscur dans l’ ecriture, qui sçait aimer Dieu et le prochain, et qui regle sa vie par ce double amour. Ille tenet et quod patet, et quod latet in divinis sermonibus, qui caritatem tenet in moribus. C’ est là cette science qui est particuliere aux vrais chrétiens, et inconnuë à ceux qui ne sont pas veritablement à Dieu, quelqu’ amas de science qu’ ils ayent [p387] pû faire par leurs travaux, parce qu’ ils ignorent le but et la fin de la science et de l’ ecriture. |
But if there is anyone in the world who ought to channel his knowledge into charity and the love of justice, it is surely the solitaries who, having renounced by their profession all the pretensions of the world, are the unhappiest of men if the labors they undertake for knowledge do not lead them to charity. For seculars who seek to make a place in the world can, it seems, divide their purpose in studying between the needs of life and the love of justice and charity; but solitaries, who ought to have no other thought than for their place in heaven, strangely forget their obligations if they have any aim in their studies other than charity. |
Mais s’ il y a quelqu’ un au monde qui doive borner sa science à la charité et à l’ amour de la justice, ce sont assurément les solitaires, qui ayant renoncé par leur profession à toutes les pretentions du monde, sont les plus malheureux de tous les hommes, si les travaux qu’ ils entreprennent pour les sciences, ne les conduisent à la charité. Car enfin les seculiers qui cherchent à faire un établissement dans le monde, peuvent, ce semble, partager leurs vûës dans leurs études entre les besoins de la vie et l’ amour de la justice et de la charité : mais les solitaires qui ne doivent plus avoir d’ autre pensée que pour leur établissement dans le ciel, s’ oublient étrangement de leurs obligations, s’ ils ont d’ autre but que la charité dans leurs études |
I say more: without charity no one can acquire true knowledge, and God must give us a love of truth so that we can know him as we ought. This is what leads Saint Augustine to say that we come to the truth only through charity: Non intratur in veritatem, nisi per caritatem. (In Joan. Tr. 96,4-5 PL, 35, 1876-77). This should be under-stood chiefly in regard to moral truths, which are contrary to the impressions of sense and the passions. Thus charity ought to be the source and the end of all our learning and knowledge. |
. Je dis plus ; que sans la charité mesme on ne peut acquerir de veritable science, et qu’ il faut que Dieu nous donne l’ amour de la verité pour la connoistre comme il faut. C’ est ce qui fait dire à S Augustin, que l’ on ne parvient à la verité que par le moyen de la charité : (...).Ce qui se doit entendre principalement à l’ égard des veritez morales, qui sont contraires aux impressions des sens et des passions. Ainsi la charité doit estre le principe et la fin de toute nôtre science, et de toutes nos connoissances |
II. PRINCIPAL OBSTACLES. |
PARTIE 3 CHAPITRE 2 [p388] quels sont les principaux obstacles contraires à ces deux fins |
IT is therefore important for us to recognize the obstacles which can prevent our attaining the two aims of which we have spoken, knowledge of the truth and the possession of charity. |
.. il est donc important de voir, quels sont les obstacles qui nous peuvent empescher de parvenir à ces deux fins, dont nous venons de parler, c’ est à dire à la connoissance de la verité, et à la possession de la charité. |
Everyone knows that one of the most common obstacles keeping us from the truth comes from preconceived ideas; that we must rid our-selves of them as much as possible in order to find that truth. . . . It is most important when we are dealing with the things of God to abandon all prejudices and pettiness of thought . . . Everyone agrees to this principle, but very few make the effort to remove the obstacles. Only a high integrity of mind and an ardent love of truth can accomplish such an excellent result. [This paragraph, added in the second edition, is included by R.-J. Hesbert in Science et sainteté (Paris, 1958), p. 107.] |
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A celebrated writer of antiquity remarked that there are two dangers to which seekers of truth are exposed. (Cicero, De officiis I, 6) The first is to think we know what we do not know and to pronounce rashly on matters we have not mastered; and the other is too warm an attachment and the devotion of too much time to obscure and difficult things which we could do without. To avoid these two obstacles, this great man continues, all the time and effort necessary to know the truth well must be given to study. |
Un auteur celebre de l’ antiquité a remarqué, qu’ il y a deux écueils ausquels sont exposez ceux qui recherchent la verité. L’ un est de croire sçavoir ce qu’ on ne sçait pas, et de prononcer temerairement sur ce qu’ on ne connoist point assez : et l’ autre de s’ attacher avec trop d’ ardeur et de donner trop de tems à des choses obscures et difficiles, dont on peut se passer. Pour éviter ces deux inconveniens, poursuit ce grand homme, il faut donner à l’ étude tout le tems et tout le soin necessaire pour bien connoistre la verité. |
Although all fields of learning have as their object the discovery of truth, it would be a sin against our rule of life if we applied ourselves to them with an ardor which turned us aside from the obligations of our state. Our time must be divided between study and duties, but in such a way that first place is given to action, for in it is the price and merit of virtue. But since action and application to duty do not fill all of our time, we can from time to time return to study, so that we can acquire the knowledge we must have even to act. To study, then, in such a way as to omit no duty, and to carry out duties so that all the moments remaining are kept for study and the search for truth, this is to fulfil truly the obligations not only of an upright man8 but even of a Christian and of a religious, if it be done in the sight of God. For it is impossible to study in the right way without satisfying the rule of studies, which is charity, and without cutting off superfluous studies. |
Mais quoique toutes les sciences ayent pour objet la découverte de la verité, ce seroit pecher contre les regles de nos devoirs, que de nous y appliquer avec une ardeur qui nous dêtournât des obligations de nôtre état. Il faut donc partager son tems entre l’ étude et les devoirs de la vie, ensorte neanmoins que l’ on donne la premiere place à l’ action, dans laquelle consiste le prix et le merite de la vertu. Mais comme l’ action et l’ application à ces devoirs n’ occupe pas tout nôtre tems, on peut faire de tems en tems des retours à l’ étude, pour acquerir les connoissances qui nous sont necessaires [p389] mesme pour l’ action. Etudier donc en sorte que l’ on n’ omette aucun de ses devoirs, et s’ acquitter de ses devoirs en sorte que l’ on ménage tous les momens qui nous restent pour l’ étude et pour la recherche de la verité, c’ est remplir veritablement les obligations non seulement d’ un honneste homme, mais mesme d’ un chrétien et d’ un religieux, si on le fait dans la vûë de Dieu. Car il n’ est pas possible que l’ on étudie de la sorte sans satisfaire aux devoirs de la charité, qui en est la regle, et sans retrancher les études qui ne sont pas necessaires. |
Time is short, and after the performance of duties so little remains that it would be unthinkable to squander that little on useless learning. Indeed, the same desire that sets us to performing our duties sets us also to learning the things we must know to carry them out. Thus by avoiding the two dangers that Cicero has pointed out we cut off all the obstacles diverting us from the two principal aims proposed for study. |
Le tems est court, et il en reste si peu aprés que l’ on s’ est acquitté de ses devoirs, qu’ il est bien difficile que l’ on se puisse résoudre à prodiguer ce peu qui nous reste à des sciences inutiles. Car ce mesme attachement qui nous applique à nos devoirs, nous applique aussi aux objets dont la connoissance nous est necessaire pour remplir ces mesmes devoirs. Ainsi en évitant ces deux inconveniens que Ciceron a marquez, on retranche tous les obstacles qui nous détournent des deux fins principales, que l’ on doit se proposer dans les études. |
But we ought to deepen our search a little, and examine more in detail the things that sometimes keep learning from arriving at that charity which ought to be its principal aim. Three things can be set down as being the most common: vanity, curiosity, and absence of reflection. |
Mais il est à propos d’ approfondir un peu davantage cette matiere, et d’ examiner plus en détail les causes qui empeschent que la science ne parvienne toujours à la charité, qui doit estre sa fin principale. On en peut remarquer trois, qui sont les plus communes, sçavoir la vanité, la curiosité, et le défaut de réflexion |
There are too many people who make of learning the subject and tool of their vanity. Certain people, says Saint Augustine, and Saint Bernard after him, seek wisdom not to profit from it but to grow large in conceit. They pride themselves on their knowledge, and sometimes use it for the good of others, but for themselves they use it only to show off, to distinguish themselves, to startle and surprise the ignorant. |
. Il n’ y a que trop de personnes qui font de leur science le sujet et l’ instrument de leur vanité. Ils se font honneur de leurs connoissances, et s’ en servent quelquefois pour le bien des autres, mais ils ne s’ en servent pas pour eux-mesmes, [p390] sinon pour paroistre, pour se distinguer, pour surprendre et étonner les ignorans. |
Others, who are possessed by a restless curiosity, pass from object to object without stopping at any. They move from truth to truth with un-believable rapidity. These truths make only a passing show in their minds, and nothing remains in the heart. |
D’ autres estant possedez d’ une curiosité inquiete, passent d’ objets en objets, sans s’ arrester à aucun. Ils courent de veritez en veritez avec une rapidité incroyable. Ces veritez ne servent à leur esprit que d’ un spectacle passager, dont il ne demeure rien dans le coeur. |
This curiosity can come from various sources. The pleasure experienced in reading agreeable things and in making new discoveries in the field of letters often makes up a large part. We enjoy belles lettres, mathematics, experiments, history, voyages. One or several of these things, or even all together, carry away the mind completely, and inflame the fire of youth. Self-control is soon lost. The captivation of a well-told story is an irresistible charm; its variety is no less pleasing. As the mind and memory of the young are still empty we rush to fill them with an infinity of ideas and images. Meanwhile the heart remains altogether empty and dry, and we never take the time to train it well, to teach it how best to live. We flatter ourselves that by study we avoid outward disorders, and count for nothing the dryness and poverty of our heart. |
Cette curiosité peut venir des differens principes. Le plaisir que l’ on ressent à lire des choses qui nous sont agréables, et à faire de nouvelles découvertes dans le païs des lettres, y a souvent beaucoup de part. On se plaist aux belles lettres, aux mathematiques, aux experiences, à l’ histoire, aux voyages. Une ou plusieurs de ces choses, ou mesme toutes ensemble, enlevent entierement l’ esprit, et irritent le feu de la jeunesse. On ne se possede pas. L’ enchaînement d’ une histoire bien racontée est un charme auquel on ne peut resister. La diversité ne plaist pas moins ; et comme l’ esprit et la memoire des jeunes gens sont encore vuides, on se haste de les remplir d’ une infinité d’ idées et de phantômes. Cependant le coeur demeure vuide et sec tout ensemble, et on ne prend jamais le tems de le bien regler, et d’ apprendre à bien vivre. On se flatte de ce que par le moyen de l’ étude on évite les desordres sensibles, et on conte pour rien la secheresse et la pauvreté de son coeur. |
But what then? Is that pleasure guilty which comes from truth and a high culture? Is it not rather innocent? It is certainly innocent, provided that it is moderate and does not separate us from our other obligations; but if this pleasure cannot be regulated it must be renounced. It is far better to have little knowledge and a well-ordered heart than to know an infinity of things and to neglect oneself. It is not a great quantity of food, but the good use of the little one takes, that nourishes the body. A single truth that God makes us taste and love inwardly is infinitely better able to nourish and strengthen us than all truths which are imperfectly known; these serve only to fill the memory and bloat the heart, in the same way that too much food loads the stomach and causes indisposition. (Bernard, Serm 36 in Cantica 4 PL, 183, 969) |
Mais quoy donc ? Ce plaisir que l’ on trouve dans la verité et dans les belles connoissances est-il criminel, ou plutost n’ est-il pas innocent ? Il est sans doute innocent, pourvû qu’ il soit moderé, et qu’ il ne nous détache pas de nos autres devoirs : mais il faut renoncer à ce plaisir, si on ne peut le moderer. Il vaut bien mieux sçavoir peu, et avoir le coeur bien reglé, que de sçavoir [p391] une infinité de choses, et se negliger soy-mesme. Ce n’ est pas la multitude des viandes, mais le bon usage du peu que l’ on prend, qui nourrit le corps. Une seule verité que Dieu nous fait goûter et aimer interieurement, est infiniment plus capable de nous nourrir et de nous fortifier, que toutes les veritez imparfaitement connuës, qui ne servent qu’ à nous remplir la memoire, et à nous enfler le coeur : comme la trop grande quantité de viandes que l’ on prend, ne sert qu’ à charger l’ estomach, et à causer des incommoditez fâcheuses. |
The name study is applied only to the acquiring of knowledge which is useful in our lives. There are two kinds of study: one is directed to doing, to carrying out the obligations common to all men or those proper to a certain profession; the other enables a man to occupy himself usefully when not working and to profit from leisure, avoiding idleness and the vices it commonly leads to. The first aim ought to be action and the performance of our duties and obligations whether general or particular; the second, good employment of the intervals when we are at leisure, a dangerous condition for those who cannot use them well. But those who can profit from them acquire during these intervals the learning to enrich them and make them more capable of acting well, and at the same time they enjoy the innocent pleasure of relaxation. |
On ne doit nommer études que l’ application aux connoissances qui sont utiles dans la vie. Il y en a de deux sortes : les unes sont utiles pour agir et s’ acquitter des devoirs communs à tous les hommes, ou de ceux qui sont propres à sa profession : les autres sont utiles pour s’ occuper honnestement dans le repos, et profiter du loisir, évitant l’ oisiveté et les vices qu’ elle a coutume de produire. Le premier but doit estre l’ action et l’ acquit de nos devoirs et de nos obligations, tant en general qu’ en particulier : le second, de bien employer les intervalles de l’ action lors qu’ on est dans le loisir et le repos, état dangereux pour ceux qui n’ en sçavent pas bien user. Mais ceux qui en sçavent profiter, acquierent pendant ces intervalles des connoissances pour se remplir, et se rendre plus capables de l’ action, et goûtent en mesme tems le plaisir innocent du repos. Or pour se mettre dans cette heureuse disposition, il ne suffit pas de lire et d’ étudier. Il faut faire passer les veritez de l’ esprit dans le coeur, par le moyen d’ une serieuse reflexion. |
But to achieve this happy state more is required than mere reading and study. The truths of the mind must pass into the heart by the way of serious reflection. Indeed, it is lack of reflection that makes studies, how-ever sacred, to do harm more often than good; and it is also its absence that causes the unrest and bustling zeal of which I have just spoken. |
Car c’ est le défaut de reflexion, qui est cause que les études, quelques saintes qu’ elles puissent [p392] estre, nuisent bien souvent plus qu’ elles ne profitent : et c’ est aussi ce défaut qui cause cette inquiétude et cet empressement, dont je viens de parler. |
When the mind alone attends to a truth, it quickly wearies. Immediately it wishes a new object, and the new easily effaces the old. But when the impression which truth has made in the heart applies the soul to itself, the soul attaches itself to that impression without difficulty. This impression does not permit the soul to separate herself from it. She ponders it hundreds of times without boredom and without disgust, because she feels continual joy and pleasure in thinking of what she loves. It is said of a gentleman of distinction and virtue (the Duke of Montansier) that during his lifetime he read the New Testament one hundred-thirteen times with all the reflection that such sacred reading demands. |
Quand il n’ y a que l’ esprit qui s’ occupe de la verité, il s’ en lasse bien-tost. Il veut incontinent changer d’ objet, et les nouveaux effacent facilement les premiers. Mais quand l’ impression que la verité a faite dans le coeur, y applique l’ ame, elle s’ y attache sans peine. Cette impression ne luy permet pas de s’ en separer. Elle la repasse cent et cent fois sans ennui et sans dégoût : parce qu’ elle sent toujours de la joye et du plaisir à penser à ce qu’ elle aime. On rapporte d’ un seigneur de marque et de vertu, qu’ il avoit lû pendant sa vie le nouveau testament cent treize fois avec toute la reflexion que demande une si sainte lecture. |
When, then, we read the words of life, let us consider them closely. They give life only when we linger over them in serious reflection. Jesus Christ himself is this word: it is worth our pausing here with him attentively. Hold on to what you have in hand, hold on and take it to yourself slowly and with diligence. Meditate the book of life which Jesus meditated, nay, which itself is Jesus. Why so much haste? Our salvation and holiness consist not in a multitude of truths but in loving and tasting an utterly simple truth. A single word of life is able to give us life, if we digest it well, if we let it pass from the mind into the heart, whence it can circulate through all the faculties of the soul and all the parts of the body, to sanctify all our actions. (Gilbert of Hoyland, Serm. 14 in Cant. I P.L., 184, 68) |
Lors donc que vous lisez les paroles de vie, considerez-les attentivement. Elle ne donnent la vie que lors qu’ on s’ y arreste par une serieuse reflexion.. Jesus-Christ est lui-mesme cette parole : il merite bien que l’ on s’ y arreste avec soin. Pourquoy tant se haster ? Ce n’ est pas dans la multitude des veritez, mais dans l’ amour et le goût de la verité toute simple, que consiste nôtre salut et nôtre sainteté. Une seule parole de vie est capable de nous donner la vie, si nous la digerons bien, si nous la faisons passer de l’ esprit dans le coeur, d’ où elle se puisse répandre ensuite dans toutes les puissances de nostre ame, et dans toutes les parties de nôtre corps, pour en sanctifier toutes les actions |
I know well that it is not always in our power to have this continual taste for truth. The most virtuous men are sometimes exposed to dryness and heaviness, let us even say loathing. But then faith must come to the aid of feeling; the will, illuminated by the divine flame, must make up for the lack of sensible attraction by setting the mind to the consideration of truth, even if this takes effort and some weariness. If we do this faithfully we will not remain long in such a state, and God will restore to us this taste which he had only taken away in order to test and exercise our faith. |
. Je sçay bien qu’ il ne dépend pas toujours de nous, [p393] d’ avoir ce goût perpetuel de la verité. Les plus vertueux sont exposez quelquefois à des secheresses et à des ennuis, disons mesme à des dégoûts Mais il faut que la foy pour lors vienne au secours du sentiment, et que la volonté éclairée par ce divin flambeau, supplée au défaut de l’ attrait sensible, en appliquant l’ esprit à la consideration de la verité, quoy qu’ avec peine et avec quelque ennuy. Si nous sommes fideles dans cette pratique, nous ne serons pas long-tems dans cet état, et Dieu nous rendra ce goust, qu’ il ne nous avoit osté que pour éprouver et exercer nôtre foy. |
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III. HOW THE OBSTACLES MAY BE OVERCOME |
PARTIE 3 CHAPITRE 3 par quels moyens on remedie aux inconveniens dont on vient de parler. |
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SAINT Bernard, dealing with this subject in his thirty-sixth sermon on the Canticle, says that for knowledge to be made useful we must employ a good method of studying. This method, according to him, consists in three things: the order of the subjects, control of the zeal one has for study, and intention. Order demands that we prefer to all others the subjects necessary for salvation, that, is, knowledge of God and of ourselves. Desire and zeal ought to be directed to things that dispose us the most to charity. The intention consists in aiming only at our own edification, or that of our neighbor, and not vainglory, curiosity, or self-interest. Provided that these conditions be observed, says the holy doctor, one will draw fruit and benefit from study and knowledge. |
Saint Bernard traitant cette matiere dans le sermon 35 sur les cantiques, dit que pour rendre la science utile il faut observer une bonne maniere d’ étudier. Cette maniere selon luy consiste dans trois choses, dans l’ ordre des études, dans le ménagement de l’ ardeur que l’ on a pour l’ étude, et dans la fin que l’ on doit s’ y proposer. L’ ordre demande que nous préferions toujours les connoissances qui sont necessaires pour nôtre salut à toute autre, c’ est-à-dire la connoissance de Dieu et de nous-mêmes. Le desir et l’ ardeur doit se porter à ce qui nous dispose davantage à la charité. La fin consiste à ne se proposer pour but que sa propre édification, ou celle du prochain, et non pas la vaine gloire, la curiosité ou l’ interest. Pourvû qu’ on observe ces conditions, dit ce saint docteur, on ne tirera que du fruit et de l’ avantage de l’ étude et de la science. [p394] |
With the same intention, Cassiodorus exhorts his religious to keep right order in their studies, imitating the sick who want to recover their health. They take great care, he says, to learn from the doctors what régime they should keep in their diet. Rule your desires wisely, zealous brothers, learning in what order things ought to be read, imitating those who seek to have bodily health, &c. (Cassiodorus, De instit. Div. lit. Pref. PL, 70, 1108) But for this nourishment to do good, it must be digested, it must be read with much reflection, as we have said. |
C’ est dans le mesme sentiment que Cassiodore exhorte ses religieux à garder cet ordre dans leurs études, à l’ imitation des malades qui souhaitent de recouvrer leur santé, lesquels ont un grand soin, dit-il, de sçavoir des medecins le regime qu’ ils doivent garder dans leur nourriture. Mais afin que cette nourriture profite, il faut la digerer, il faut lire avec beaucoup de reflexion, comme nous venons de dire. |
Two dispositions are needed to acquire the patience necessary for reflection and response to God, namely purity of intention and prayer. One who studies only for a good end, for his own edification and the benefit of his neighbor—in a word one who in his study seeks only God—will easily be contented with the measure of knowledge which God is pleased to give him. And as he is persuaded that reading will bring him no profit without God’s grace he takes great care to join prayer to study. He prays before reading that it may be done well, following the example of Saint Thomas Aquinas who never began to study without praying. He even prays while reading, because prayer is the soul of reading, giving it all its life and energy. |
Il est besoin d’ avoir deux dispositions pour acquerir cette patience qui nous est necessaire pour la reflexion et pour les mouvemens du coeur, c’ est à dire la pureté d’ intention et l’ oraison. Quand on n’ étudie que pour une bonne fin, que pour sa propre édification, et pour l’ avantage du prochain, en un mot quand on ne cherche que Dieu dans ses études, on se contente aisément de la mesure de science qu’ il luy plaît de nous donner. Et comme on est persuadé que toutes les lectures ne servent de rien sans sa grace, on a grand soin de joindre la priere à l’ étude. On prie avant la lecture, afin d’ en faire un bon usage, à l’ exemple de S Thomas d’ Aquin, qui ne se mettoit jamais à l’ étude qu’ aprés la priere. On prie mesme en lisant, parce que la priere est l’ ame de la lecture, c’ est elle qui luy donne tout le mouvement et toute la force qu’ elle peut avoir. |
Reflect on this (to use the words of Abbot Gilbert), you who pray only on the run; I say, who have so much zeal for study and so little for prayer. (Gilbert of Hoyland, Serm. 7 in Cant. 2 PL, 184, 43). Study and reading ought to prepare the mind and heart for prayer and not be a hindrance to it. They ought to furnish subjects for consideration by which it can be prolonged and not a pretext for shortening it. Reading ought to serve prayer by setting up right dispositions and not pre-empt the time nor cut short the intervals. |
Faites reflexion à cecy, pour parler avec l’ Abbé Gilbert, vous qui ne priez qu’ en passant et en courant ; vous, dis-je, qui avez tant d’ ardeur pour l’ étude, et si peu pour la priere. L’ étude [p395] et la lecture doivent preparer l’ esprit et le coeur à la priere, et non pas luy servir d’ empeschement. Elles luy doivent fournir des matieres d’ entretien pour la continuer, et non pas un pretexte pour l’ abreger. |
William of St.-Thierry, in his excellent letter to the religious of Mont-Dieu, is still more specific in recommending the use of prayer while reading. This holy and wise author says that we must draw from reading holy states of mind through raising the heart to God from time to time in accord with the subject of the reading. We should then take this opportunity to interrupt the reading by a prayer for its sanctification, and restore to the mind a new ardor for continuing the reading. (Ep. ad fiat. de Monte-Dei 51). |
Guillaume De S Thierry, dans son excellente lettre aux religieux du Mont-Dieu, recommande encore plus particulierement l’ usage de la priere dans le cours méme de la lecture. Il faut tirer de la lecture, dit ce pieux et sçavant auteur, des affections saintes, en élevant de tems en tems son coeur à Dieu suivant le sujet et la matiere de la lecture, et prendre de là occasion de l’ interrompre par la priere pour la sanctifier, et redonner à l’ esprit une nouvelle ardeur pour continuer sa lecture. |
Someone may say that these counsels are good for spiritual reading but not for reading in the academic subjects—philosophy, history, mathematics. But though holy reading is more closely connected with the heart and with prayer than purely academic subjects, it is certain that the latter too can from time to time give us cause to turn our thoughts back to God. All truth comes from him, and that is why we should love it. All truth can lead us to God, and hence, like all created things, these subjects can lift us up to him. Père Contenson, a learned Dominican, has taught us to see the usefulness of this practice in his Theology, where he has so well united piety and uplift of the heart with the dryest thing in the world, scholasticism. |
On dira peut-estre que ces avis sont bons pour les lectures spirituelles, mais non pas pour celles qui se font pour les sciences speculatives, comme la philosophie, l’ histoire, les mathematiques. Mais quoy qu’ il soit vray que les lectures pieuses ayent beaucoup plus de rapport au coeur et à la priere que les sciences purement speculatives ; il est certain néanmoins que celles-cy méme nous peuvent fournir des sujets pour faire de tems en tems des retours à Dieu. Toute verité est de luy, et par consequent on la doit aimer. Toute verité nous peut porter à Dieu, et partant on s’ en peut servir, comme de toutes les creatures, pour nous élever à luy. Le Pere Contenson, sçavant dominicain, a fait [p396] voir l’ usage de cette sainte pratique dans sa theologie, où il a si-bien uni la pieté et l’ élevation du coeur avec la chose du monde la plus seche, c’ est à dire avec la scolastique. |
William of St.-Thierry, of whom I just spoke, gives another important counsel, which is to decide on certain hours and certain authors for reading. The common lack of regularity of time and the great variety of reading that can be done without choice and by caprice scarcely edify the reader at all, but make his mind flighty and inconstant. Whence it follows that reading done so lightly vanishes with still more lightness from the memory. |
Le mesme Guillaume De S Thierry, dont je viens de parler, donne encore un avis important, qui est de se fixer à de certaines heures et à de certains auteurs pour faire ses lectures : dautant que le peu d’ uniformité que l’ on a d’ ordinaire pour le tems, et cette grande varieté de lectures que l’ on fait sans choix et par caprice, n’ édifie nullement celuy qui les fait, mais plutost rend son esprit volage et inconstant. D’ où il s’ ensuit qu’ une lecture faite avec tant de legereté, s’ évanoüit encore plus legerement de la memoire. |
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Concerning distractions in prayer caused by studies . . . they do not altogether eliminate piety and the spirit of prayer. There are distractions of the heart and distractions of the mind. Anything which distracts only the mind does no great harm, especially when the distraction springs from some useful or necessary activity, and when the heart remains constantly attached to God. Manual labor . . . if it is at all strenuous, takes all the strength and concentration of the soul; it is thus just as subject to distraction as studies. But here the spirit of penance, and charity which is its principle and source of life, take the place of prayer; and this chiefly when, raising our hearts, we turn back to God—and this is something than can also be done in study. |
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The piety of Christians and religious does not in fact consist in continual preoccupation with God, a concentration which is never interrupted, even for a moment, just as prayer does not consist in liveliness of thought. Life has other duties to be carried out, even spiritual ones. Prayer, once again, is more an act of the will, a movement of the heart and of charity, than it is an act of thought, and this charity can be nourished just as well in study as in manual labor. |
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Study, then, provided it is well done, is not so opposed to the spirit of prayer as some would have it; we should add that the same is true of humility. No one is more disposed to this virtue than the man who knows himself best, who is the most convinced that his knowledge is very small. Those who are really scholars know each other better than anyone else, and so are more amenable to humility of heart, which is the basis of true humility. |
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This is no less true of amateur studies. Perhaps there is more humility to be gained from a study which throws us together with people who command little admiration than from an attitude, adopted as though it were an angelic virtue, of scorn for all learning. Those in the first group see them-selves at the same level as others; the latter think that they are above all men, especially other monks. |
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Learning, alone, can inflate the ego; yet it will not be subject to this danger, it will indeed be of great use, if we are careful to join charity with it: Add charity to learning, and it will be useful. (Contra impugnantes Dei cultum et religionem 11 of Saint Thomas: the sentence is quoted as from a gloss. See I-Hesbert, op, cit., p. 1161.) |
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It is charity which makes possible this good use of learning. We must never seek one without the other, but it is permitted, it is even praise-worthy, to seek one with the other. It is also charity which teaches us to make good use of a lack of learning, since charity is concerned with nothing but to be filled with God. It is the same charity which keeps those who study and are learned from despising those who take on studies with the sole intention of thinking about God; it keeps those who do manual labor from criticizing those who are occupied with things of the mind. It is charity, finally, which unites the work of some and the study of others through the union of their hearts. It enables those who study to participate in the merit of their brothers’ work and those who work to profit from the insights of those who study. (The preceding six praragraphs, from Réflexions sur la reponse de M. l’Abbé de la Trappe, 2nd ed. (Paris, 1693), are translated from the text given by Hesbert, op. cit., pp. 1 15-117.1)16 |
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IV. OTHER AIMS OF STUDY, AND SOME OTHER COUNSELS |
PARTIE 3 CHAPITRE 4 de quelques autres fins que l’ on peut avoir dans l’ étude, et de quelques avis importans pour bien étudier. |
BESIDES the two principal aims of which I have already spoken, knowledge of the truth and charity or love of justice, there are some others that are hardly less profitable. |
outre les deux fins principales dont j’ ay parlé, qui sont la connoissance de la verité, et la charité ou l’ amour de la justice, on peut encore s’ en proposer quelques autres, qui ne sont gueres moins avantageuses. |
One of these aims is the useful employment of time. Some men are professional students, and there are others who employ only what time remains after they have performed the duties of their state. Both groups are obliged to use their time well, but especially the former. Study is not to them an indifferent activity but an important part of their lives; the way they study, well or badly, contributes much to their ruin or their salvation. Since the length of this life is given us so that we can work to wit,a blessed eternity, if the thing that occupies us most is not done in a Christian way we run great risk of our ruin; indeed ruin is inevitable. |
Une de ces fins est d’ employer utilement le tems. Il y a des gens d’ études de profession, et il y en a qui n’ y employent que ce qu’ il leur reste de tems aprés les devoirs de leur état. Les uns et les autres sont obligez de bien ménager le tems, mais sur tout les premiers. [p397] Il faut qu’ ils regardent l’ étude non comme une action indifferente, mais comme une action importante dans leur vie, et qui estant bien ou mal faite, peut beaucoup contribuer à leur perte ou à leur salut. Comme le tems de cette vie nous est donné pour travailler à meriter une heureuse éternité, si la chose qui occupe la plus grande partie de nôtre vie n’ est faite chrétiennement, nous courons grand risque de nôtre perte, ou plutost elle est inévitable. |
In the second place, study can take the place of work, and consequently of penance, for those who are professional scholars. Study must then be done in that spirit, and the student may not apply himself to all sorts of studies or only to those that please him. Penance must be made up of difficult acts; if study is to take the place of penance it must be difficult and laborious. |
En second lieu l’ étude peut tenir lieu de travail, et par consequent de penitence, à ceux qui en font profession. Il faut donc étudier dans cet esprit, et ne pas croire qu’ il soit permis de s’ appliquer indifferemment à toutes sortes d’ études, ou seulement à celles qui nous sont agreables. La penitence doit estre composée d’ actions pénibles, et afin que l’ étude tienne lieu de penitence, il faut qu’ elle soit pénible et laborieuse. |
No one should imagine that a life of study is an easy one: it is the most difficult of all lives if one wants to live it as it should be lived, fithfully, exactly, and perseveringly. Faithfulness consists in applying oneself to the the same studies as far as possible at the same hours, so as to honotGod by the good order of our studies as well as by the studies themselves. and never letting ourselves be overcome by an idleness which would lead us to employ uselessly the time we have set aside for study. Exactness consists in doing everything as well as we are able, considering that it is for God that we do it and that he is worthy of all our effort. And perseverance consists in keeping to the same kind of study as long as it is useful or ncessary, thus avoiding the inconstancy that is so natural to self-love and the apathy and idleness that are its effects. For self-love, which wants to have its due, seeks to regain in one way what it has lost in another. Thus, being unable to enjoy the agitation which would better satisfy it, it wants at least to enjoy the pleasure of diversity or exemption from work and effort. tt drags us violently in this direction if we are not on our guard, constantly striving against it. |
Il ne faut pas s’ imaginer que la vie de l’ étude soit une vie facile : c’ est la plus pénible de toutes les vies, si on veut s’ en acquitter comme il faut, c’ est-à-dire fidelement, exactement et perseveramment. La fidelité consiste à s’ appliquer autant que l’ on peut aux mémes heures, aux mémes études, afin d’ honorer Dieu par l’ ordre de nos études, aussi bien que par nos études mesmes ; et de ne se laisser point surmonter à la paresse, qui nous porteroit à employer inutilement le tems, que nous avons destiné pour nos études. L’ exactitude consiste à faire les choses aussi-bien que nous les pouvons faire, en considerant que c’ est pour Dieu que nous les faisons, et qu’ il merite bien toute nôtre application. Et la perseverance consiste dans la continuation d’ une mesme sorte d’ étude, tant qu’ elle nous est utile ou necessaire, [p398] en évitant ainsi l’ inconstance qui est si naturelle à l’ amour propre, et la langueur et la paresse qui en sont les suites. Car l’ amour propre qui veut avoir son conte, tâche de regagner d’ un costé ce qu’ il perd de l’ autre. Ainsi ne pouvant joüir de l’ agitation qui le satisferoit bien plus, il veut au moins joüir ou du plaisir de la diversité, ou de l’ exemtion du travail et de la peine, et il nous entraîne de ce costé-là avec violence, si on n’ y prend garde, et si on ne fait un effort continuel pour s’ en preserver. |
A third aim of study is to fill our minds with holy thoughts aid our hearts with devotion. What we read enters into our soul and is received there like nourishing food, or like a seed which produces in dye time thoughts and desires which spring from it. If our reading is of good and holy things, if it is done with right dispositions, it will necessarily produce holy thoughts and holy desires. So it is of very great importance t4at we exercise wise judgment on reading and studies. Books contain some poisons that are visible and gross, and others invisible and hidden. Some books are entirely foul and others only partly so. Reading of the first kind must be avoided as if such books were deadly poison, and the others should be read only with caution. This same precaution should be ex-tended also to good books, for fear lest we spoil the reading by our own bad dispositions, by vanity and curiosity. One must have a pure heart and frequent recourse to prayer. |
Une troisiéme fin de l’ étude est de remplir nôtre esprit de saintes pensées, et nostre coeur de pieuses affections. Ce que nous lisons entre dans nôtre ame, et y est reçû comme un aliment qui nous nourrit, et comme une semence qui produit dans les occasions des pensées et des desirs qui luy sont proportionnez. Si nos lectures sont bonnes et saintes, si elles sont faites dans les dispositions qu’ il faut, elles produisent necessairement de saintes pensées et de saints desirs. Il est donc d’ une tres-grande importance de faire un bon discernement des lectures et des études. Il y a dans les livres des poisons qui sont visibles et grossiers : il y en a d’ invisibles et de cachez. Il y a des livres tout empestez, et d’ autres qui ne le sont qu’ en partie. Il faut éviter la lecture des premiers comme des poisons mortels, et lire les autres avec précaution. Cette précaution mesme doit s’ étendre aussi sur les bons livres, de peur que nous n’ en gâtions la lecture par nos mauvaises dispositions, par la vanité et la curiosité. Il faut avoir le coeur pur, il faut avoir souvent recours à l’ oraison. |
The ordinary lights of men are too brief and too limited to reveal all the snares and temptations present in books. Special help from heaven is needed if one is not to be taken by surprise. By this prayer we offer to God our reading and our study as an act consecrated to him and performed for him. But for our prayer to be received it must be sincere; it must be true that we really study for God, that the desire of serving him is the motive of our study, and that it is his order and his will that rule our studies. Therefore we must reject all other motives as unworthy of us; we must forbid ourselves all useless reading which cannot be related to God, that is, to virtue and the duties of our state. |
Les lumieres ordinaires des hommes sont trop courtes et trop bornées pour découvrir tous les piéges et [p399] tous les écueils qui se presentent dans les livres. Il est besoin d’ un secours particulier du ciel pour n’ y estre pas surpris. Par cette priere nous offrons à Dieu nos lectures et nostre étude, comme une action qui luy est consacrée, et que nous faisons pour luy. Mais afin que nôtre priere soit reçuë, il faut qu’ elle soit sincere, et qu’ il soit vray que ce soit effectivement pour Dieu que nous étudions : que le desir de le servir soit le motif qui nous porte à étudier ; et que ce soit son ordre et sa volonté qui regle nos études. Il faut donc rejetter tous les autres motifs, comme indignes de nous : il faut s’ interdire toutes les lectures inutiles, qui ne peuvent estre rapportées à Dieu, c’ est à dire à la vertu et aux devoirs de nôtre état. |
However we should not carry this rule so far that we become scrupulous over any study that is not directly related to God or to the obligations of our state. For it is sufficient if it refers to something useful, as to a knowledge of history, to writing well, to speaking, because these are general things not incompatible with our profession and even necessary to those who work for the public. Consequently they are related to our duties. |
Il ne faut pas néanmoins porter cette regle si loin, que l’ on ait du scrupule de toutes les études qui ne se rapportent pas directement à Dieu, ou aux obligations de nôtre état : car il suffit qu’ elles se rapportent à quelque chose d’ utile, comme à sçavoir l’ histoire, à bien écrire, à parler : parce que ce sont des choses generales qui ne sont pas incompatibles avec nôtre profession, et mesme qui sont necessaires à ceux qui travaillent pour le public : et par consequent elles ont du rapport à leurs devoirs. |
Nor is anyone obliged to give up entirely the pleasure that is experienced in study; he can take it as a solace that God accords to our weakness. One should not even censure absolutely certain respectable books that give us a little diversion, like travel books, orations, serious poetry, provided that they remain within the limits of honest entertainment, refreshing the mind when it is fatigued and dejected, and renewing and giving it occupation when it is incapable of doing anything else. But these diversions, however respectable, should not be too protracted or too frequent, for fear that the mind become accustomed to them and be too easily discouraged in the face of serious reading. That is why it is good to bear with a little weariness before having recourse to this kind of remedy, and to return to ordinary study as soon as the mind is refreshed. |
On n’ est pas obligé non plus de renoncer entierement au plaisir qu’ on ressent dans l’ étude, et on peut le prendre comme un soulagement que Dieu accorde à nôtre foiblesse. On ne doit pas mesme blâmer absolument certaines lectures honnestes, qui nous donnent un peu de divertissement, comme celles de voyages, de pieces d’ éloquence, de poësies serieuses, pourvû qu’ on s’ en tienne dans les bornes d’ un honneste divertissement, [p400] pour délasser un peu l’ esprit, lorsqu’ il est fatigué et abbatu ; pour le renouveller et l’ occuper, lorsqu’ il n’ est pas capable d’ autres choses. Mais il ne faut pas aussi que ces divertissemens, quelqu’ honnestes qu’ ils puissent estre, soient trop longs ni trop frequens, de peur que l’ esprit venant à s’ y accoutumer, ne se rebute enfin trop facilement des lectures serieuses. C’ est pourquoy il est à propos de souffrir un peu de lassitude avant que d’ avoir recours à ces sortes de remedes, et se remettre à son étude ordinaire, aussitost que l’ esprit sera délassé. |
But after all, whatever studies we undertake, we must never fail to draw some profit for Christian life. We may entirely abandon other studies, but this one we should never abandon; it should last as long as life. There are many other important counsels on this subject in the treatise composed a short time ago on the Christian manner of studying, from which I have drawn the extracts given in this chapter. [Hesbert identifies this as a short teatise by Pierre Nicole, “De la manière d’étudier chrétiennement,” in Essais dc Morale (Paris: Desprez-Desessartz, 1715).] |
Mais aprés tout, quelque étude que l’ on fasse, on doit toujours faire son capital de la morale chrétienne. On peut quitter absolument les autres études, mais celle-cy ne se doit jamais quitter, et elle doit durer autant que la vie. On peut voir plusieurs autres avis importans sur ce sujet dans le traité que l’ on a composé depuis peu de la maniere d’ étudier chrétiennement, duquel j’ ay tiré les extraits, que je viens de rapporter dans ce chapitre |
V. PREACHING AND WRITING AS AN AIM. CONCLUSION |
PARTIE 3 CHAPITRE 5 sçavoir si les moines dans leurs études peuvent avoir pour but la predication ou la composition. conclusion de cet ouvrage. |
THE title of this chapter implies a question that seems to offer little difficulty. Since Saint Bernard gives as the purpose of study not only the glory of God and our own edification but also the service of our neighbor, it is clear that preaching and writing, which are related to public good, can be considered as legitimate aims for solitaries to have before them in their studies. |
. il semble qu’ il n’ y ait aucune difficulté dans la question que je viens de proposer dans le titre de ce dernier chapitre. Car puisque selon S Bernard on peut se proposer pour fin de ses études, non seulement la gloire de Dieu et sa propre edification, mais mesme l’ utilité du prochain ; il est clair que la predication et la composition, qui ont rapport à l’ utilité publique, peuvent estre [p401] considerées comme des fins legitimes, que les solitaires peuvent se proposer dans leurs études. |
Nevertheless I believe that it is to the point to distinguish the times when this can be done with relatively great success and little danger. I think in fact that it is dangerous for young religious to have this end in view before they have themselves been filled with the truths that they are to teach to others. |
Neanmoins je crois qu’ il est à propos de distinguer les tems ausquels cela se peut faire avec plus de succés, et moins de danger. Car il me paroist dangereux, que des jeunes religieux ayent ces sortes de vûës, avant que de s’ estre remplis eux-mesmes des veritez qu’ ils doivent enseigner aux autres. |
Perhaps it will be said that in working for others they enrich themselves. But if we look closely at this, we will see that anything studied in order to be preached or written about will not ordinarily enter deeply into the heart of the one who works at it. Truths have scarcely entered the mind before they are taken and scattered abroad. Entirely occupied with views and opinions that can be urged upon others, such a man makes within himself a kind of pulpit or stage where he rehearses beforehand what he plans to preach or publish for his audience or readers. He says to himself: Here is something that will be good in such and such a place to revive this virtue, or to attack that vice, to be preached on such an occasion; here is something to suit those people. Occupied in this way with others he forgets himself, and his heart remains dry and empty of the truths that he seeks in order to urge them on others. This is almost inevitable in regard to the young, whose imagination is lively and sends them to carry out energetically whatever intention they have before them, especially if it be something exciting that strikes and arouses them. |
On dira peut-estre qu’ en travaillant pour les autres, ils se remplissent eux-mesmes. Mais si on y prend garde de prés, on verra que ce que l’ on étudie dans le dessein de prescher ou de composer, n’ entre pas d’ ordinaire beaucoup dans le coeur de ceux qui y travaillent. Les veritez ne sont pas plutost entrées dans l’ esprit, qu’ on les en fait sortir pour les répandre au dehors. On est tout occupé des vûës et des sentimens que l’ on veut inspirer aux autres, et on se fait dans soy-mesme une espece de chaire et de theatre, d’ où l’ on débite déja par avance ce que l’ on dispose pour estre presché ou publié à ses auditeurs, ou à ses lecteurs. On se dit à soy-mesme : voilà qui sera bon à un tel endroit pour relever une telle vertu, pour attaquer un tel vice, pour prescher dans une telle occasion ; voilà qui conviendra à telles personnes. Et ainsi tout occupé des autres, on s’ oublie soy-mesme, et le coeur demeure tout sec et tout vuide des veritez que l’ on recherche pour les inspirer aux autres. Cela est presque inévitable à l’ égard des jeunes gens, dont l’ imagination est plus vive, et les applique fortement au but qu’ ils se sont proposé, sur tout lorsqu’ il y a quelque chose d’ éclatant qui les frappe et les anime. |
I believe, then, for these reasons and others like them, that young religious should be occupied solely in their own development when they read and study; that they should have in view only to fill their minds and hearts with the truths necessary to them; and that they leave questions of future application to divine Providence and to the disposition of their superiors. When they themselves have been filled with heavenly truths and with charity, and long perseverance in goodness has strengthened them in virtue, then if God’s will intends them to work for their neighbor they can direct their studies to this end; or, rather, they will be able to proclaim the truths and beliefs with which they have previously been filled. |
Je croirois donc pour ces raisons et d’ autres semblables, qu’ il seroit à propos que les jeunes religieux ne [p402] fussent uniquement occupez que du soin d’ eux-mesmes dans leurs lectures et dans leurs études : qu’ ils n’ eussent en vûe que de se remplir l’ esprit et le coeur des veritez qui leur sont necessaires : et qu’ ils abandonnassent le soin de leur application pour l’ avenir à la providence divine, et à la disposition de leurs superieurs. Lorsqu’ ils seront pleins eux-mesmes des veritez du ciel, et de charité, et qu’ une longue perseverance dans le bien les aura fortifiez dans la vertu ; alors si l’ ordre de Dieu les destine à travailler pour le prochain, ils pourront diriger leurs études à cette fin ; ou plutost ils pourront répandre au dehors les veritez et les sentimens, dont ils se seront remplis auparavant eux-mesmes. |
This does not mean that when working for themselves they should not notice things that concern them, and thus refresh their memories from time to time; but it is important that at first they limit their plans to their own instruction and edification, in order not to divert elsewhere by a premature charity the insights and feelings that they should keep for themselves. |
Cela n’ empeschera pas qu’ en travaillant pour eux, ils ne remarquent ce qui les aura touchez, afin de s’ en rafraîchir la memoire de tems en tems : mais il est à propos qu’ ils bornent leurs desseins d’ abord à s’ instruire et à s’ édifier eux-mesmes, afin de ne pas divertir ailleurs par une charité prematurée les lumieres et les sentimens qu’ ils se devoient réserver. |
Those who are engaged in preaching and in the hardships of writing are exposed to such great and vexing temptations that they cannot take too many precautions before beginning, especially if they are not obliged to it by their calling. If one were filled with desire for his own salvation, he would be content to procure that of others by prayer and good example, which are often more efficacious with God for advancing the salvation of another than books and preaching; only necessity would be capable of drawing us from our solitude to spread us abroad. But it is only too common that the mantle and pretext of charity covers the desire of appearing among others and distinguishing oneself from them; and this is why there are so few authors and preachers who bring to their study and work the holiness and virtue they need to succeed at their tasks. |
Ceux qui s’ engagent dans le ministere de la predication, et dans les embaras de la composition, sont exposez à de si grandes et de si fâcheuses tentations, que l’ on ne sçauroit trop se précautionner avant que de s’ y embarquer ; sur tout lorsqu’ on n’ y est pas obligé par son état. Si l’ on estoit bien penetré du desir de son salut, on se contenteroit de procurer celuy des autres par des prieres et par de bons exemples, qui sont bien souvent plus efficaces auprés de Dieu pour avancer le salut du prochain, que les livres et les predications ; et il n’ y auroit que la necessité qui fût capable de nous tirer de nôtre solitude pour nous répandre au dehors. Mais il [p403] n’ arrive que trop souvent, que l’ on couvre du manteau et du pretexte de charité le desir de paroistre et de se distinguer des autres : et c’ est ce qui fait que l’ on voit si peu d’ auteurs et de predicateurs qui joignent à leur étude et à leur travail autant de pieté et de vertu, qu’ il en faudroit pour réussir dans leurs emplois. |
Let us then write and publish as much as we want, let us preach and work for others; if we are not penetrated by these thoughts we work in vain, and all our work will bring us only condemnation in the end. Everything passes, except charity. I conclude with these beautiful words of Saint Jerome |
Ecrivons donc et composons tant que nous voudrons, preschons et travaillons pour les autres, si nous ne sommes penetrez de ces sentimens, nous travaillons en vain, et nous ne rapporterons de tout nôtre travail qu’ une funeste condamnation. Tout passe, excepté la charité. Je finis avec ces beaux mots de S Jerôme. |
“Every day we are dying, every day we are changing, and yet we believe ourselves eternal. The very moments that I spend in dictation, in reading over what I write and in correcting it, are so much taken from my life. Every dot that my secretary makes is so much gone from my time. We write letters and reply to those of others, our missives cross the sea, and, as the vessel plows its furrow through wave after wave, the moments which we have to live vanish one by one. Our only gain is that we are thus knit together in the love of Christ.” (Jerome Ep. 60 ad Heoliod. 19: in epitaph. Nep (PL 22, 602). 190) |
Quotidie morimur, quotidie commutamur, et tamen aeternos nos esse credimus.
Hoc ipsum quod dicto, quod scribitur, quod relego, quod emendo, de vita
mea tollitur. Quot puncta notarii, tot meorum damna sunt temporum.
Scribimus atque rescribimus, transeunt mare epistolae, et findente sulcum
[al. solum, f. salum] carina, per singulos fluctus aetatis nostrae momenta
minuuntur. Solum habemus lucri, quod Christi nobis amore sociamur. |
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CHAPTER 1. Of the vigils which we endured. | 1. De uigiliis quas pertulimus. |
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CHAPTER 1. Of the vigils which we endured. | 1. De uigiliis quas pertulimus. |
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