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Francis de Sales |
From The Introduction to the Devout Life, Bk.2, ch. 1-9
PART II. CONTAINING SUNDRY COUNSELS AS TO UPLIFTING THE SOUL TO GOD IN PRAYER AND THE USE OF THE SACRAMENTS.
Ch. 1. The Necessity of Prayer. [1. PREPARATION] Ch. 2. A short Method of Meditation. And first, the Presence of God, the First Point of Preparation. Ch. 3. Invocation, the Second Point of Preparation. Ch. 4. The Third Point of Preparation, representing the Mystery to be meditated to Your Imagination. [2. CONSIDERATIONS] |
[3. AFFECTIONS and RESOLUTIONS] Ch. 6. The Third Part of Meditation, Affections and Resolutions. [4. CONCLUSION and SPIRITUAL BOUQUET] Ch. 7. The Conclusion and Spiritual Bouquet. |
CHAPITRE I DE LA NÉCESSITÉ DE L’ORAISON |
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1. PRAYER opens the understanding to the brightness of Divine Light, and the will to the warmth of Heavenly Love--nothing can so effectually purify the mind from its many ignorances, or the will from its perverse affections. It is as a healing water which causes the roots of our good desires to send forth fresh shoots, which washes away the soul’s imperfections, and allays the thirst of passion. |
1. L’oraison mettant notre entendement en la clarté et lumière divine, et exposant notre volonté â la chaleur de l’amour céleste, il n’y a rien qui purge tant notre entendement de ses ignorances et notre volonté de ses affections dépravées : c’est l’eau de bénédiction qui, par son arrosement, fait reverdir et fleurir les plantes de nos bons désirs, lave nos âmes de leurs imperfections et désaltère nos coeurs de leurs passions. |
2. But especially I commend earnest mental prayer to you, more particularly such as bears upon the Life and Passion of our Lord. If you contemplate Him frequently in meditation, your whole soul will be filled with Him, you will grow in His Likeness, and your actions will be moulded on His. He is the Light of the world; therefore in Him, by Him, and for Him we shall be enlightened and illuminated; He is the Tree of Life, beneath the shadow of which we must find rest;--He is the Living Fountain of Jacob’s well, wherein we may wash away every stain. Children learn to speak by hearing their mother talk, and stammering forth their childish sounds in imitation; and so if we cleave to the Savior in meditation, listening to His words, watching His actions and intentions, we shall learn in time, through His Grace, to speak, act and will like Himself. |
2. Mais surtout je vous conseille la mentale et cordiale, et particulièrement celle qui se fait autour de la vie et passion de Notre Seigneur: en le regardant souvent par la méditation, toute votre âme se remplira de lui ; vous apprendrez ses contenances, et formerez vos actions au modèle des siennes. Il est la lumière du monde: c’est donc en lui, par lui et pour lui que nous devons être éclairés et illuminés; c’est l’arbre de désir à l’ombre duquel nous nous devons rafraîchir; c’est la vive fontaine de Jacob pour le lavement de toutes nos souillures. Enfin, les enfants à force d’ouïr leurs mères et de bégayer avec elles, apprennent à parler leur langage; et nous, demeurant près du Sauveur par la méditation, et observant ses paroles, ses actions et ses affections, nous apprendrons, moyennant sa grâce, à parler, faire et vouloir comme lui. |
Believe me, my daughter, there is no way to God save through this door. Just as the glass of a mirror would give no reflection save for the metal behind it, so neither could we here below contemplate the Godhead, were it not united to the Sacred Humanity of our Saviour, Whose Life and Death are the best, sweetest and most profitable subjects that we can possibly select for meditation. It is not without meaning that the Saviour calls Himself the Bread come down from Heaven;--just as we eat bread with all manner of other food, so we need to meditate and feed upon our Dear Lord in every prayer and action. His Life has been meditated and written about by various authors. I should specially commend to you the writings of S. Bonaventura, Bellintani, Bruno, Capilla, Grenada and Da Ponte. [24] |
Il faut s’arrêter là, Philothée, et croyez-moi, nous ne saurions aller à Dieu le Père que par cette porte; car tout ainsi que la glace d’un miroir ne saurait arrêter notre vue si elle n’était enduite d’étain ou de plomb par derrière, aussi la Divinité ne pourrait être bien contemplée par nous en ce bas monde, si elle ne se fût jointe à la sacrée humanité du Sauveur, duquel la vie et la mort sont l’objet le plus proportionné, souef, délicieux et profitable que nous puissions choisir pour notre méditation ordinaire. Le Sauveur ne s’appelle pas pour néant le pain deScendu du ciel; car, comme le pain doit être mangé avec toutes sortes de viandes, aussi le Sauveur doit être médité, considéré et recherché en toutes nos oraisons et actions. Sa vie et mort a été disposée et distribuée en divers points pour servir à la méditation, par plusieurs auteurs: ceux que je vous conseille sont saint Bonaventure, Bellintani, Bruno, Capilia, Grenade, Du Pont. |
3. Give an hour every day to meditation before dinner;--if you can, let it be early in the morning, when your mind will be less cumbered, and fresh after the night’s rest. Do not spend more than an hour thus, unless specially advised to do so by your spiritual father. |
3. Employez-y chaque jour une heure devant dîner, s’il se peut au commencement de votre matinée, parce que vous aurez votre esprit moins embarrassé et plus frais après le repos de la nuit. N’y mettez pas aussi davantage d’une heure, si votre père spirituel ne le vous dit expressément. |
4. If you can make your meditation quietly in church, it will be well, and no one, father or mother, husband or wife, can object to an hour spent there, and very probably you could not secure a time so free from interruption at home. |
4. Si vous pouvez faire cet exercice dans l’église, et que vous y trouviez assez de tranquillité, ce vous sera une chose fort aisée et commode parce que nul, ni père, ni mère, ni femme, ni mari, ni autre quelconque ne pourra vous bonnement empêcher de demeurer une heure dans l’église, là où étant en quelque sujétion vous ne pourriez peut-être pas vous promettre d’avoir une heure si franche dedans votre maison. |
5. Begin all prayer, whether mental or vocal, by an act of the Presence of God. If you observe this rule strictly, you will soon see how useful it is. |
5. Commencez toutes sortes d’oraisons, soit mentale soit vocale, par la présence de Dieu, et tenez cette règle sans exception, et vous verrez dans peu de temps combien elle vous sera profitable. |
6. It may help you to say the Creed, Lord’s Prayer, etc., in Latin, but you should also study them diligently in your own language, so as thoroughly to gather up the meaning of these holy words, which must be used fixing your thoughts steadily on their purport, not striving to say many words so much as seeking to say a few with your whole heart. One Our Father said devoutly is worth more than many prayers hurried over. |
6. Si vous me croyez, vous direz votre Pater, votre Ave Maria et le Credo en latin; mais vous apprendrez aussi à bien entendre les paroles qui y sont, en votre langage, afin que, les disant au langage commun de 1’Eglise, vous puissiez néanmoins savourer le sens admirable et délicieux de ces saintes oraisons, lesquelles il faut dire fichant profondément votre pensée et excitant vos affections sur le sens d’icelles, et ne vous hâtant nullement pour en dire beaucoup, mais vous étudiant de dire ce que vous direz, cordialement ; car un seul Pater dit avec sentiment vaut mieux que plusieurs récités vitement et couramment. |
7. The Rosary is a useful devotion when rightly used, and there are various little books to teach this. It is well, too, to say pious Litanies, and the other vocal prayers appointed for the Hours and found in Manuals of devotion,--but if you have a gift for mental prayer, let that always take the chief place, so that if, having made that, you are hindered by business or any other cause from saying your wonted vocal prayers, do not be disturbed, but rest satisfied with saying the Lord’s Prayer, the Angelic Salutation, and the Creed after your meditation. |
7. Le chapelet est une très utile manière de prier, pourvu que vous le sachiez dire comme il convient : et pour ce faire, ayez quelqu’un des petits livres qui enseignent la façon de le réciter. Il est bon aussi de dire les litanies de Notre Seigneur, de Notre Dame et des saints, et toutes les autres prières vocales qui sont dedans les Manuels et Heures approuvées, à la charge néanmoins que si vous avez le don de l’oraison mentale, vous lui gardiez toujours la principale place; en sorte que si après icelle, ou pour la multitude des affaires ou pour quelque autre raison, vous ne pouvez point faire de prière vocale, vous ne vous en mettiez point en peine pour cela, vous contentant de dire simplement, devant ou après la méditation, l’oraison dominicale, la salutation angélique et le symbole des apôtres. |
8. If, while saying vocal prayers, your heart feels drawn to mental prayer, do not resist it, but calmly let your mind fall into that channel, without troubling because you have not finished your appointed vocal prayers. The mental prayer you have substituted for them is more acceptable to God, and more profitable to your soul. I should make an exception of the Church’s Offices, if you are bound to say those by your vocation--in such a case these are your duty. |
8. Si faisant l’oraison vocale, vous sentez votre coeur tiré et convié à l’oraison intérieure ou mentale, ne refusez point d’y aller, mais laissez tout doucement couler votre esprit de ce côté-là, et ne vous souciez point de n’avoir pas achevé les oraisons vocales que vous vous étiez proposées; car la mentale que vous aurez faite en leur place est plus agréable à Dieu et plus utile à votre âme. J’excepte l’office ecclésiastique si vous êtes obligée de le dire; car en ce cas-là, il faut rendre le devoir. |
9. If it should happen that your morning goes by without the usual meditation, either owing to a pressure of business, or from any other cause, (which interruptions you should try to prevent as far as possible,) try to repair the loss in the afternoon, but not immediately after a meal, or you will perhaps be drowsy, which is bad both for your meditation and your health. But if you are unable all day to make up for the omission, you must remedy it as far as may be by ejaculatory prayer, and by reading some spiritual book, together with an act of penitence for the neglect, together with a stedfast resolution to do better the next day. |
9. S’il advenait que toute votre matinée se passât sans cet exercice sacré de l’oraison mentale, ou pour la multiplicité des affaires, ou pour quelque autre cause (ce que vous devez procurer n’advenir point, tant qu’il vous sera possible), tâchez de réparer ce défaut l’après-dînée, en quelque heure la plus éloignée du repas, parce que ce faisant sur icelui, et avant que la digestion soit fort acheminée, il vous arriverait beaucoup d’assoupissement, et votre santé en serait intéressée. Que si en toute la journée vous ne pouvez la faire, il faut réparer cette perte, multipliant les oraisons jaculatoires, et par la lecture de quelque livre de dévotion avec quelque pénitence qui empêche la suite de ce défaut;. et, avec cela, faites une forte résolution de vous remettre en train le jour suivant. |
CHAPITRE II BRIÈVE MÉTHODE POUR LA MÉDITATION ET PREMIÈREMENT DE LA PRÉSENCE DE DIEU PREMIER POINT DE LA PRÉPARATION |
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IT may be, my daughter, that you do not know how to practise mental prayer, for unfortunately it is a thing much neglected nowadays. I will therefore give you a short and easy method for using it, until such time as you may read sundry books written on the subject, and above all till practice teaches you how to use it more perfectly. And first of all, the Preparation, which consists of two points: first, placing yourself in the Presence of God; and second, asking His Aid. And in order to place your self in the Presence of God, I will suggest four chief considerations which you can use at first. |
Mais vous ne savez peut-être pas, Philothée, comme il faut faire l’oraison mentale; car c’est une chose laquelle, par malheur, peu de gens savent en notre âge. C’est pourquoi je vous présente une simple et brève méthode pour cela, en attendant que, par la lecture de plusieurs beaux livres qui ont été composés sur ce sujet, et surtout par l’usage, vous en puissiez être plus amplement instruite. Je vous marque premièrement la préparation, laquelle consiste en deux points, dont le premier est de se mettre en la présence de Dieu, et le second, d’invoquer son assistance. Or, pour vous mettre en la présence de Dieu, je vous propose quatre principaux moyens, desquels vous vous pourrez servir à ce commencement. |
First, a lively earnest realisation that His Presence is universal; that is to say, that He is everywhere, and in all, and that there is no place, nothing in the world, devoid of His Most Holy Presence, so that, even as birds on the wing meet the air continually, we, let us go where we will, meet with that Presence always and everywhere. It is a truth which all are ready to grant, but all are not equally alive to its importance. A blind man when in the presence of his prince will preserve a reverential demeanour if told that the king is there, although unable to see him; but practically, what men do not see they easily forget, and so readily lapse into carelessness and irreverence. Just so, my child, we do not see our God, and although faith warns us that He is present, not beholding Him with our mortal eyes, we are too apt to forget Him, and act as though He were afar: for, while knowing perfectly that He is everywhere, if we do not think about it, it is much as though we knew it not. And therefore, before beginning to pray, it is needful always to rouse the soul to a stedfast remembrance and thought of the Presence of God. This is what David meant when he exclaimed, “If I climb up to Heaven, Thou art there, and if I go down to hell, Thou art there also!” (Ps. 139. 7)And in like manner Jacob, who, beholding the ladder which went up to Heaven, cried out, “Surely the Lord is in this place and I knew it not” (Gen. 28. 16)meaning thereby that he had not thought of it; for assuredly he could not fail to know that God was everywhere and in all things. Therefore, when you make ready to pray, you must say with your whole heart, “God is indeed here.” |
Le premier gît en une vive et attentive appréhension de la toute présence de Dieu, c’est-à-dire que Dieu est en tout et partout, et qu’il n’y a lieu ni chose en ce monde où il ne soit d’une très véritable présence; de sorte que, comme les oiseaux, où qu’ils volent, rencontrent toujours l’air, ainsi, où que nous allions, où que nous soyons, nous trouvons Dieu présent. Chacun sait cette vérité, mais chacun n’est pas attentif à l’appréhender. Les aveugles ne voyant pas un prince qui leur est présent, ne laissent pas de se tenir en respect s’ils sont avertis de sa présence; mais la vérité est que d’autant qu’ils ne le voient pas, ils s’oublient aisément qu’il soit présent, et s’en étant oubliés, ils perdent encore plus aisément le respect et la révérence. Hélas, Philothée, nous ne voyons pas Dieu qui nous est présent; et, bien que la foi nous avertisse de sa présence, si est-ce que ne le voyant pas de nos yeux, nous nous en oublions bien souvent, et nous comportons comme si Dieu était bien loin de nous; car encore que nous sachions bien qu’il est présent à toutes choses, si est-ce que n’y pensant point, c’est tout autant comme si nous ne le savions pas. C’est pourquoi toujours, avant l’oraison, il faut provoquer notre âme à une attentive pensée et considération de David, quand il s’écriait : « Si je monte au ciel, o mon Dieu, vous y êtes; si je descends aux enfers, vous y êtes » ; et ainsi nous devons user des paroles de Jacob, lequel ayant vu l’échelle sacrée : «Qh ! que ce lieu, dit-il, est redoutable! Vraiment Dieu est ici, et je n’en savais rien ». ii veut dire qu’il n’y pensait pas; car au reste il ne pouvait ignorer que Dieu ne fût en tout et partout. Venant donc à la prière, il vous faut dire de tout votre coeur et à votre coeur: « O mon coeur, mon coeur, Dieu est vraiment ici. » |
The second way of placing yourself in this Sacred Presence is to call to mind that God is not only present in the place where you are, but that He is very specially present in your heart and mind, which He kindles and inspires with His Holy Presence, abiding there as Heart of your heart, Spirit of your spirit. Just as the soul animates the whole body, and every member thereof, but abides especially in the heart, so God, while present everywhere, yet makes His special abode with our spirit. Therefore David calls Him “the Strength of my heart;” (Ps. 73. 26) and S. Paul said that in Him “we live and move and have our being.” (Acts 17. 28) Dwell upon this thought until you have kindled a great reverence within your heart for God Who is so closely present to you. |
Le second moyen de se mettre en cette sacrée présence, c’est de penser que non seulement Dieu est au lieu où vous êtes, mais qu’il est très particulièrement en votre coeur et au fond de votre esprit, lequel il vivifie et animé de sa divine présence, étant là comme le coeur de votre coeur et l’esprit de votre esprit; car, comme l’âme étant répandue par tout le corps se trouve présente en toutes les parties d’icelui, et réside néanmoins au coeur d’une spéciale résidence, de même Dieu étant très présent à toutes choses, assiste toutefois d’une spéciale façon à notre esprit: et pour cela David appelait Dieu, «Dieu de son coeur », et saint Paul disait que « nous vivons, nous nous mouvons et sommes en Dieu ». En la considération donc de cette vérité, vous exciterez une grande révérence en votre coeur à l’endroit de Dieu, qui lui est si intimement présent. |
The third way is to dwell upon the thought of our Lord, Who in His Ascended Humanity looks down upon all men, but most particularly on all Christians, because they are His children; above all, on those who pray, over whose doings He keeps watch. Nor is this any mere imagination, it is very truth, and although we see Him not, He is looking down upon us. It was given to S. Stephen in the hour of martyrdom thus to behold Him, and we may well say with the Bride of the Canticles, “He looketh forth at the windows, shewing Himself through the lattice.” (Cant. 2. 9) |
Le troisième moyen, c’est de considérer notre Sauveur, lequel en son humanité regarde dès le ciel toutes les personnes du monde, mais particulièrement les chrétiens qui sont ses enfants, et plus spécialement ceux qui sont en prière, desquels il remarque les actions et déportements. Or, ceci n’est pas une simple imagination, mais une vraie vérité; car encore que nous ne le voyions pas, si est-ce que de là-haut il nous considère : saint Etienne le vit ainsi au temps de son martyre. Si que nous pouvons bien dire avec l’épouse : « Le voilà qu’il est derrière la paroi, voyant par les fenêtres, regardant par les treillis. » |
The fourth way is simply to exercise your ordinary imagination, picturing the Saviour to yourself in His Sacred Humanity as if He were beside you just as we are wont to think of our friends, and fancy that we see or hear them at our side. But when the Blessed Sacrament of the Altar is there, then this Presence is no longer imaginary, but most real; and the sacred species are but as a veil from behind which the Present Saviour beholds and considers us, although we cannot see Him as He is. |
La quatrième façon consiste à se servir de la simple imagination, nous représentant le Sauveur en son humanité sacrée comme s’il était près de nous, ainsi que nous avons accoutumé de nous représenter nos amis et de dire : je m’imagine de voir un tel qui fait ceci et cela, il me semble que je le vois, ou chose semblable. Mais si le très Saint Sacrement de l’autel était présent, alors cette présence serait réelle et non purement imaginaire ; car les espèces et apparences du pain seraient comme une tapisserie, derrière laquelle Notre Seigneur réellement présent nous voit et considère, quoi que nous ne le voyions pas en sa propre forme. |
Make use of one or other of these methods for placing yourself in the Presence of God before you begin to pray;--do not try to use them all at once, but take one at a time, and that briefly and simply. |
Vous userez donc de l’un de ces quatre moyens, pour mettre votre âme en la présence de Dieu avant l’oraison; et ne faut pas les vouloir employer tous ensemblement, mais seulement un à la fois, et cela brièvement et simplement. |
INVOCATION is made as follows: your soul, having realised God’s Presence, will prostrate itself with the utmost reverence, acknowledging its unworthiness to abide before His Sovereign Majesty; and yet knowing that He of His Goodness would have you come to Him, you must ask of Him grace to serve and worship Him in this your meditation. You may use some such brief and earnest words as those of David: “Cast me not away from Thy Presence, and take not Thy Holy Spirit from me.” (Ps. 51. 11) “Shew me Thy Ways, O Lord, and teach me Thy paths.” (Ps. 35. 4) “Give me understanding, and I shall keep Thy Law: yea, I shall keep it with my whole heart.” (Ps. 119. 34) “I am Thy servant, O grant me understanding.” (Ps. 119. 125)Dwell too upon the thought of your guardian Angel, and of the Saints connected with the special mystery you are considering, as the Blessed Virgin, S. John, the Magdalene, the good thief, etc., if you are meditating in the Passion, so that you may share in their devout feelings and intention,--and in the same way with other subjects. |
L’invocation se fait en cette manière: votre âme se sentant en la présence de Dieu, se prosterne en une extrême révérence, se connaissant très indigne de demeurer devant une si souveraine Majesté, et néanmoins, sachant que cette même bonté le veut, elle lui demande la grâce de la bien servir et adorer en cette méditation. Que si vous le voulez, vous pourrez user de quelques paroles courtes et enflammées, comme sont celles ici de David: « Ne me rejetez point, O mon Dieu, de devant votre face, et ne m’ôtez point la faveur de votre Saint Esprit. Eclairez votre face sur votre servante, et je considérerai vos merveilles. Donnez-moi l’entendement, et je regarderai votre loi et la garderai de tout mon coeur. Je suis votre servante, donnez-moi l’esprit »; et telles paroles’ semblables à cela. Il vous servira encore d’ajouter l’invocation de votre bon ange et des sacrées personnes qui se trouveront au mystère que vous méditez.: comme en celui de la mort de Notre Seigneur, vous pourrez invoquer Notre Dame, saint Jean, la Madeleine, le bon larron, afin que les sentiments et mouvements intérieurs qu’ils y reçurent vous soient communiqués; et en la méditation de votre mort, vous pourrez invoquer votre bon ange, qui se trouvera présent, afin qu’il vous inspire des considérations convenables; et ainsi des autres mystères. |
CHAPITRE IV DE LA PROPOSITION DU MYSTÈRE . TROISIÈME POINT DE LA PRÉPARATION. |
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FOLLOWING upon these two ordinary points, there ere is a third, which is not necessary to all meditation, called by some the local representation, and by others the interior picture. It is simply kindling a vivid picture of the mystery to be meditated within your imagination, even as though you were actually beholding it. For instance, if you wish to meditate upon our Lord on His Cross, you will place yourself in imagination on Mount Calvary, as though you saw and heard all that occurred there during the Passion; or you can imagine to yourself all that the Evangelists describe as taking place where you are. In the same way, when you meditate upon death, bring the circumstances that will attend your own vividly to mind, and so of hell, or any subjects which involve visible, tangible circumstances. When it is a question of such mysteries as God’s Greatness, His Attributes, the end of our creation, or other invisible things, you cannot make this use of your imagination. |
Après ces deux points ordinaires de la méditation, il y en a un troisième qui n’est pas commun à toutes sortes de méditations : c’est celui que les uns appellent fabrication du lieu, et les autres, leçon intérieure. Or, ce n’est autre chose que de proposer à son imagination le corps du mystère que l’on veut méditer, comme s’il se passait réellement et de fait en notre présence. Par exemple, si vous voulez méditer Notre Seigneur, en la façon que les Evangélistes le décrivent. J’en dis de même quand vous méditerez la mort, ainsi que je l’ai marqué en la méditation d’icelle, comme aussi à celle de l’enfer, et en tous semblables mystères où il s’agit de choses visibles et sensibles ; car, quant aux autres mystères, de la grandeur de Dieu, de l’excellence des vertus, de la fin pour laquelle nous sommes créés, qui sont des choses invisibles, il n’est pas question de vouloir se servir de cette sorte d’imagination. Il est vrai que l’on peut bien employer quelque similitude et comparaison pour aider à la considération; mais cela est aucunement difficile à rencontrer, et je ne veux traiter avec vous que fort simplement, et en sorte que votre esprit ne soit pas beaucoup travaillé à faire des inventions. |
At most you may employ certain comparisons and similitudes, but these are not always opportune, and I would have you follow a very simple method, and not weary your mind with striving after new inventions. Still, often this use of the imagination tends to concentrate the mind on the mystery we wish to meditate, and to prevent our thoughts from wandering hither and thither, just as when you shut a bird within a cage, or fasten a hawk by its lures. Some people will tell you that it is better to confine yourself to mere abstract thought, and a simple mental and spiritual consideration of these mysteries, but this is too difficult for beginners; and until God calls you up higher, I would advise you, my daughter, to abide contentedly in the lowly valley I have pointed out. |
Or, par le moyen de cette imagination, nous enfermons notre esprit dans le mystère que nous voulons méditer, afin qu’il n’aille pas courant çà et là, ni plus ni moins que l’on enferme un oiseau dans une cage, ou bien comme l’on attache l’épervier à ses longes, afin qu’il demeure dessus le poing. Quelques-uns vous diront néanmoins qu’il est mieux d’user de la simple pensée de la foi, et d’une simple appréhension toute mentale et spirituelle, en la représentation de ces mystères, ou bien de considérer que les choses se font en votre propre esprit; mais cela est trop subtil pour le commencement, et jusques à ce que Dieu vous élève plus haut, je vous conseille, Philothée, de vous retenir en la basse vallée que je vous montre. |
AFTER this exercise of the imagination, we come to that of the understanding: for meditations, properly so called, are certain considerations by which we raise the affections to God and heavenly things. Now meditation differs therein from study and ordinary methods of thought which have not the Love of God or growth in holiness for their object, but some other end, such as the acquisition of learning or power of argument. So, when you have, as I said, limited the efforts of your mind within due bounds,--whether by the imagination, if the subject be material, or by propositions, if it be a spiritual subject,--you will begin to form reflections or considerations after the pattern of the meditations I have already sketched for you. And if your mind finds sufficient matter, light and fruit wherein to rest in any one consideration, dwell upon it, even as the bee, which hovers over one flower so long as it affords honey. But if you do not find wherewith to feed your mind, after a certain reasonable effort, then go on to another consideration,--only be quiet and simple, and do not be eager or hurried. |
Après l’action de l’imagination, s’ensuit l’action de l’entendement que nous appelons méditation, qui n’est autre chose qu’une ou plusieurs considérations faites afin d’émouvoir nos affections en Dieu et aux choses divines : en quoi la méditation est différente de l’étude et des autres pensées et considérations, lesquelles ne se font pas pour acquérir la vertu ou l’amour de Dieu, mais pour quelques autres fins et intentions, comme pour devenir savant, pour en écrire ou disputer. Ayant donc enfermé votre esprit, comme j’ai dit, dans l’enclos du sujet que vous voulez méditer, ou par l’imagination, si le sujet est sensible, ou par la simple proposition, s’il est insensible, vous commencerez à faire sur icelui des considérations, dont vous verrez des exemples tout formés ès méditations que je vous ai données. Que si votre esprit trouve assez de goût, de lumière et de fruit sur l’une des considérations, vous vous y arrêterez sans passer plus outre, faisant comme les abeilles qui ne quittent point la fleur tandis qu’elles y trouvent du miel à recueillir. Mais si vous ne rencontrez pas selon votre souhait en l’une des considérations, après avoir un peu marchandé et essayé, vous passerez à une autre; mais allez tout bellement et simplement en cette besogne, sans vous y empresser. |
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CHAPTER VI. The Third Part of Meditation, Affections and Resolutions. |
DES AFFECTIONS ET RÉSOLUTIONS TROISIÈME PARTIE DE LA MÉDITATION |
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MEDITATION excites good desires in the will, or sensitive part of the soul,--such as love of God and of our neighbour, a craving for the glory of Paradise, zeal for the salvation of others, imitation of our Lord’s Example, compassion, thanksgiving, fear of God’s wrath and of judgment, hatred of sin, trust in God’s Goodness and Mercy, shame for our past life; and in all such affections you should pour out your soul as much as possible. If you want help in this, turn to some simple book of devotions, the Imitation of Christ, the Spiritual Combat, or whatever you find most helpful to your individual wants. |
La méditation répand des bons mouvements en la volonté ou partie effective de notre âme, comme sont l’amour de Dieu et du prochain, le désir du paradis et de la gloire, le zèle du salut des âmes, l’imitation de la vie de Notre Seigneur, la compassion, l’admiration, la réjouissance, la crainte de la disgrâce de Dieu, du jugement et de l’enfer, la haine du péché, la confiance en la bonté et miséricorde de Dieu, la confusion pour notre mauvaise vie passée: et en ces affections, notre esprit se doit épancher et étendre le plus qu’il lui sera possible. Que si vous voulez être aidée pour cela, prenez en main le premier tome des Méditations de dom André Capilia, et voyez sa préface, car en icelle il montre la façon avec laquelle il faut dilater ses affections; et plus amplement, le Père Arias en son Traité de l’Oraison. |
But, my daughter, you must not stop short in general affections, without turning them into special resolutions for your own correction and amendment. For instance, meditating on Our Dear Lord’s First Word from the Cross, you will no doubt be roused to the desire of imitating Him in forgiving and loving your enemies. But that is not enough, unless you bring it to some practical resolution, such as, “I will not be angered any more by the annoying things said of me by such or such a neighbour, nor by the slights offered me by such an one; but rather I will do such and such things in order to soften and conciliate them.” In this way, my daughter, you will soon correct your faults, whereas mere general resolutions would take but a slow and uncertain effect. |
Il ne faut pas pourtant, Philothée, s’arrêter tant à ces affections générales, que vous ne les convertissiez en des résolutions spéciales et particulières pour votre correction et amendement. Par exemple, la première parole que Notre Seigneur dit sur la croix répandra sans doute une bonne affection d’imitation en votre âme, à savoir, le désir de pardonner à vos ennemis et de les aimer. Or, je dis maintenant que cela est peu de chose, si vous n’y ajoutez une résolution spéciale en cette sorte: or sus donc, je ne me piquerai plus de telles paroles fâcheuses qu’un tel ou une telle, mon voisin ou ma voisine, mon domestique ou ma domestique disent de moi, ni de tel et tel mépris qui m’est fait par cestui-ci ou cestui-là; au contraire, je dirai et ferai telle et telle chose pour le gagner et adoucir, et ainsi des autres. Par ce moyen, Philothée, vous corrigerez vos fautes en peu de temps, là où par les seules affections vous le ferez tard et malaisément. |
THE meditation should be concluded by three acts, made with the utmost humility. First, an act of thanksgiving;--thanking God for the affections and resolutions with which He has inspired you, and for the Mercy and Goodness He has made known to you in the mystery you have been meditating. Secondly, an act of oblation, by which you offer your affections and resolutions to God, in union with His Own Goodness and Mercy, and the Death and Merits of His Son. The third act is one of petition, in which you ask God to give you a share in the Merits of His Dear Son, and a blessing on your affections and resolutions, to the end that you may be able to put them in practice. You will further pray for the Church, and all her Ministers, your relations, friends, and all others, using the Our Father as the most comprehensive and necessary of prayers. |
Enfin il faut conclure la méditation par trois actions, qu’il faut faire avec le plus d’humilité que l’on peut. La première, c’est l’action de grâces, remerciant Dieu des affections et résolutions qu’il nous a données, et de sa bonté et miséricorde que nous avons découvertes au mystère de la méditation La seconde, c’est l’action d’offrande par laquelle nous offrons à Dieu sa même bonté et miséricorde, la mort, le sang, les vertus de son Fils, et, conjointement avec icelles, nos affections et résolutions. La troisième action est celle de la supplication, par laquelle nous demandons à Dieu et le conjurons de nous communiquer les grâces et vertus de son Fils, et de donner la bénédiction à nos affections et résolutions, afin que nous les puissions fidèlement exécuter; puis nous prions de même pour l’Eglise, pour nos pasteurs, parents, amis et autres, employant à cela l’intercession de Notre Dame, des anges, des saints. Enfin j’ai remarqué qu’il fallait dire le Pater noster et Ave Maria, qui est la générale et nécessaire prière de tous les fidèles. |
Besides all this, I bade you gather a little bouquet of devotion, and what I mean is this. When walking in a beautiful garden most people are wont to gather a few flowers as they go, which they keep, and enjoy their scent during the day. So, when the mind explores some mystery in meditation, it is well to pick out one or more points that have specially arrested the attention, and are most likely to be helpful to you through the day, and this should be done at once before quitting the subject of your meditation. |
A tout cela, j’ai ajouté qu’il fallait cueillir un petit bouquet de dévotion; et voici que je veux dire. Ceux qui se sont promenés en un beau jardin n’en sortent pas volontiers sans prendre en leur main quatre ou cinq fleurs pour les odorer et tenir le long de la journée: ainsi notre esprit ayant discouru sur quelque mystère par la méditation, nous devons choisir un ou deux ou trois points que nous aurons trouvés plus à notre goût, et plus propres à notre avancement, pour nous en ressouvenir le reste de la journée et les odorer spirituellement. Or, cela se fait sur le lieu même auquel nous avons fait la méditation, en nous y entretenant ou promenant solitairement quelque temps après. |
ABOVE all things, my daughter, strive when your meditation is ended to retain the thoughts and resolutions you have made as your earnest practice throughout the day. This is the real fruit of meditation, without which it is apt to be unprofitable, if not actually harmful--inasmuch as to dwell upon virtues without practising them lends to puff us up with unrealities, until we begin to fancy ourselves all that we have meditated upon and resolved to be; which is all very well if our resolutions are earnest and substantial, but on the contrary hollow and dangerous if they are not put in practice. You must then diligently endeavour to carry out your resolutions, and seek for all opportunities, great or small. For instance, if your resolution was to win over those who oppose you by gentleness, seek through the day any occasion of meeting such persons kindly, and if none offers, strive to speak well of them, and pray for them. |
Il faut surtout, Philothée, qu’au sortir de votre méditation vous reteniez les résolutions et délibérations que vous aurez prises, pour les pratiquer soigneusement ce leur-là. C’est le grand fruit de la méditation, sans lequel elle est bien souvent, non seulement inutile, mais nuisible, parce que les vertus méditées et non pratiquées enflent quelquefois l’esprit et le courage, nous étant bien avis que nous sommes tels que nous avons résolu et délibéré d’être, ce qui est sans doute véritable si les résolutions sont vives et solides; mais elles ne sont pas telles, ains vaines et dangereuses, si elles ne sont pratiquées. Il faut donc par tous moyens s’essayer de les pratiquer, et en chercher les occasions petites ou grandes : par exemple, si j’ai résolu de gagner par douceur l’esprit de ceux qui m’offensent, je chercherai ce jour-là de les rencontrer pour les saluer amiablement ; et si je ne les puis rencontrer, au moins de dire bien d’eux, et prier Dieu en leur faveur. |
When you leave off this interior prayer, you must be careful to keep your heart in an even balance, lest the balm it has received in meditation be scattered. I mean, try to maintain silence for some brief space, and let your thoughts be transferred gradually from devotion to business, keeping alive the feelings and affections aroused in meditation as long as possible. Supposing some one to have received a precious porcelain vessel, filled with a most costly liquid, which he is going to carry home; how carefully he would go, not looking about, but watching stedfastly lest he trip or stumble, or lest he spill any of the contents of his vessel. Just so, after meditation, do not allow yourself forthwith to be distracted, but look straight before you. Of course, if you meet any one to whom you are bound to attend, you must act according to the circumstances in which you find yourself, but even thus give heed to your heart, so as to lose as little as possible of the precious fruits of your meditation. |
Au sortir de cette oraison cordiale, il vous faut prendre garde de ne point donner de secousse à votre coeur, car vous épancheriez le baume que vous avez reçu par le moyen de l’oraison; je veux dire qu’il faut garder, s’il est possible, un peu de silence, et remuer tout doucement votre coeur, de l’oraison aux affaires, retenant le plus longtemps qu’il vous sera possible le sentiment et les affections que vous aurez conçues. Un homme qui aurait reçu dans un vaisseau de belle porcelaine, quelque liqueur de grand prix pour l’apporter dans sa maison, il irait doucement, ne regardant point à côté, mais tantôt devant soi, de peur de heurter à quelque pierre ou faire quelque mauvais pas, tantôt à son vase pour voir s’il penche point. Vous en devez faire de même au sortir de la méditation : ne vous distrayez pas tout à coup, mais regardez simplement devant vous; comme serait à dire, s’il vous faut rencontrer quelqu’un que vous soyez obligée d’entretenir ou ouïr, il n’y a remède, il faut s’accommoder à cela, mais en telle sorte que vous regardiez aussi à votre coeur, afin que la liqueur de la sainte oraison ne s’épanche que le moins qu’il sera possible. |
You should strive, too, to accustom yourself to go easily from prayer to all such occupations as your calling or position lawfully require of you, even although such occupations may seem uncongenial to the affections and thoughts just before forming part of your prayer. Thus the lawyer should be able to go from meditation to his pleading, the tradesman to his business, the mistress of a family to the cares of her household and her wifely duties, so calmly and gently as not to be in any way disturbed by so doing. In both you are fulfilling God’s Will, and you should be able to turn from one to the other in a devout and humble spirit. |
Il faut même que vous vous accoutumiez à savoir passer de l’oraison à toutes sortes d’actions que votre vacation et profession requiert justement et légitimement de vous, quoiqu’elles semblent bien éloignées des affections que nous avons reçues en l’oraison. Je veux dire, un avocat doit savoir passer de l’oraison à la plaidoirie ; le marchand, au trafic; la femme mariée, au devoir de son mariage et an tracas de son ménage, avec tant de douceur et de tranquillité que pour cela son esprit n’en soit point troublé; car, puisque l’un et l’autre est selon la volonté de Dieu, il faut faire le passage de l’un à l’autre en esprit d’humilité et dévotion. |
It may be that sometimes, immediately after your preparation, your affections will be wholly drawn to God, and then, my child, you must let go the reins, and not attempt to follow any given method; since, although as a general rule your considerations should precede your affections and resolutions, when the Holy Spirit gives you those affections at once, it is unnecessary to use the machinery which was intended to bring about the same result. In short, whenever such affections are kindled in your heart, accept them, and give them place in preference to all other considerations. The only object in placing the affections after the points of consideration in meditation, is to make the different parts of meditation clearer, for it is a general rule that when affections arise they are never to be checked, but always encouraged to flow freely. And this applies also to the acts of thanksgiving, of oblation and petition, which must not be restrained either, although it is well to repeat or renew them at the close of your meditation. But your resolutions must be made after the affections, and quite at the end of your meditation, and that all the more because in these you must enter upon ordinary familiar subjects and things which would be liable to cause distractions if they were intruded among your spiritual affections. |
Il vous arrivera quelquefois qu’incontinent après la préparation, votre affection se trouvera toute émue en Dieu : alors, Philothée, il lui faut lâcher la bride, sans vouloir suivre la méthode que je vous ai donnée; car bien que pour l’ordinaire, la considération doive précéder les affections et résolutions, si est-ce que le Saint-Esprit vous donnant les affections avant la considération, vous ne devez pas rechercher la considération, puisqu’elle ne se fait que pour émouvoir l’affection. Bref, toujours quand les affections se présenteront à vous, il les faut recevoir et leur faire place, soit qu’elles arrivent avant ou après toutes les considérations. Et quoique j’aie mis les affections après toutes les considérations, je ne l’ai fait que pour mieux distinguer les parties de l’oraison; car au demeurant, c’est une règle générale qu’il ne faut jamais retenir les affections, ains les laisser toujours sortir quand elles se présentent. Ce que je dis non seulement pour les autres affections, mais aussi pour l’action de grâces, l’offrande et la prière qui se peuvent faire parmi les considérations; car il ne les faut non plus retenir que les autres affections, bien que, par après, pour la conclusion de la méditation, il faille les répéter et reprendre. Mais quant aux résolutions, il les faut faire après les affections et sur la fin de toute la méditation, avant la conclusion, d’autant qu’ayant à nous représenter des objets particuliers et familiers, elles nous mettraient en danger, si nous les faisions parmi les affections, d’entrer en des distractions. |
Amid your affections and resolutions it is well occasionally to make use of colloquies, and to speak sometimes to your Lord, sometimes to your guardian Angel, or to those persons who are concerned in the mystery you are meditating, to the Saints, to yourself, your own heart, to sinners, and even to the inanimate creation around, as David so often does in the Psalms, as well as other Saints in their meditations and prayers. |
Emmi les affections et résolutions, il est bon d’user de colloque, et parler tantôt à Notre Seigneur, tantôt aux anges et aux personnes représentées aux mystères, aux saints et à soi-même, à son coeur, aux pécheurs et même aux créatures insensibles, comme l’on voit que David fait en ses psaumes, et les autres saints, en leurs méditations et oraisons. |
SHOULD it happen sometimes, my daughter, that you have no taste for or consolation in your meditation, I entreat you not to be troubled, but seek relief in vocal prayer, bemoan yourself to our Lord, confess your unworthiness, implore His Aid, kiss His Image, if it be beside you, and say in the words of Jacob, “I will not let Thee go, except Thou bless me;” or with the Canaanitish woman, “Yes, Lord, I am as a dog before Thee, but the dogs eat of the crumbs which fall from their master’s table.” |
S’il vous arrive, Philothée, de n’avoir point de goût ni de consolation en la méditation, je vous conjure de ne vous point troubler, mais quelquefois ouvrez la porte aux paroles vocales : lamentez-vous de vous-même à Notre Seigneur, confessez votre indignité, priez-le qu’il vous soit en aide, baisez son image si vous l’avez, dites-lui ces paroles de Jacob : « Si ne vous laisserai-je point, Seigneur, que vous ne m’ayez donné votre bénédiction s; ou celles de la Chananée: « Oui, Seigneur, je suis une chienne, mais les chiens mangent des miettes de la table de leur maître. » |
Or you can take a book, and read attentively till such time as your mind is calmed and quickened; or sometimes you may find help from external actions, such as prostrating yourself folding your hands upon your breast, kissing your Crucifix,--that is, supposing you are alone. |
Autres fois, prenez un livre en main, et le lisez avec attention jusques à ce que votre esprit soit réveillé et remis en vous ; piquez quelquefois votre coeur par quelque contenance et mouvement de dévotion extérieure, vous prosternant en terre, croisant les mains sur l’estomac, embrassant un crucifix: cela s’entend si vous êtes en quelque lieu retiré. |
But if, after all this, you are still unrelieved, do not be disturbed at your dryness, however great it be, but continue striving after a devout attitude in God’s Sight. What numbers of courtiers appear a hundred times at court without any hope of a word from their king, but merely to pay their homage and be seen of him. Just so, my daughter, we ought to enter upon mental prayer purely to fulfil our duty and testify our loyalty. If it pleases God’s Divine Majesty to speak to us, and discourse in our hearts by His Holy Inspirations and inward consolations, it is doubtless a great honour, and very sweet to our soul; but if He does not vouchsafe such favours, but makes as though He saw us not,--as though we were not in His Presence,--nevertheless we must not quit it, but on the contrary we must remain calmly and devoutly before Him, and He is certain to accept our patient waiting, and give heed to our assiduity and perseverance; so that another time He will impart to us His consolations, and let us taste all the sweetness of holy meditation. But even were it not so, let us, my child, be satisfied with the privilege of being in His Presence and seen of Him. |
Que si après tout cela vous n’êtes point consolée, pour grande que soit votre sécheresse, ne vous troublez point, mais continuez à vous tenir en une contenance dévote devant votre Dieu. Combien de courtisans y a-t-il qui vont cent fois l’année eu la chambre du prince sans espérance de lui parler, mais seulement pour être vus de lui et rendre leur devoir. Ainsi devons-nous venir, ma chère Philothée, à la sainte oraison, purement et simplement pour rendre notre devoir et témoigner notre fidélité. Que s’il plaît à la divine Majesté de nous parler et s’entretenir avec nous par ses saintes inspirations et consolations intérieures, ce nous sera sans doute un grand honneur et un plaisir délicieux; mais s’il ne lui plaît pas de nous faire cette grâce, nous laissant là sans nous parler, non plus que s’il ne nous voyait pas et que nous ne fussions pas en sa présence, nous ne devons pourtant pas sortir, ains au contraire nous devons demeurer là, devant cette souveraine bonté, avec un maintien dévotieux et paisible; et lors infailliblement il agréera notre patience, et remarquera notre assiduité et persévérance, si qu’une autre fois, quand nous reviendrons devant lui, il nous favorisera et s’entretiendra avec nous par ses consolations, nous faisant voir l’aménité de la sainte oraison. Mais quand il ne le ferait pas, contentons-nous, Philothée, que ce nous est un honneur trop plus grand d’être auprès de lui et à sa vue. |
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