6. THE FIRST YEARS OF THE ABBEY
1902-1906

6. LES PREMIÈRES ANNÉES DE L’ABBAYE - 1902-1906

6.1. Dom Peter Roeser and Dom Paul Damman, priors

6.1. Dom Peter Roeser et dom Paul Damman, prieurs

Meanwhile, in Saint-André, life followed its usual course: departures [for Brazil] and work constantly alternated. In January 1903, there were seven novices and two professed people at the abbey. On March 12, seven fathers and brothers, all Germans, embarked from Antwerp for Brazil. On April 7, the day before his departure, Dom van Caloen laid the first stone of a new wing of twenty cells (Saint Placid). To this end, van Caloen and the community had implored Saint Joseph and the benefactors. It was not in vain, since Dom van Caloen was able to collect, before his departure, 40,000 francs, of which 27,000 were used to honor debts. The rest would go to the wing to be built, estimated at 2,000 francs. He entrusted the difference to his brother Ernest and to Providence.

Pendant ce temps, à Saint-André, la vie suivait son cours habituel: départs et travaux alternaient sans cesse. En janvier 1903, il y avait à l’abbaye sept novices et deux profès. Le 12 mars, sept pères et frères, tous Allemands, s’embarquèrent à Anvers pour le Brésil. Le 7 avril, la veille de son départ, dom van Caloen posa la première pierre d’une nouvelle aile de vingt cellules (Saint-Placide). À cet effet, van Caloen et la communauté avaient imploré saint Joseph et les bienfaiteurs. Ce ne fut pas en vain, puisque dom van Caloen put rassembler, avant son départ, 4o 000 francs, dont 27 000 servirent à honorer des dettes. Le reste irait à l’aile à construire, estimée à zo 000 francs. Il confia la différence à son frère Ernest et à la Providence.

On October 21, 1903, it was the turn of the prior, Dom Peter Receser, to embark for Brazil with seven companions; Dom Maur Van Emelen followed him shortly after, with three monks. In 1903 alone, eighteen monks left for Brazil, two of whom returned. Not everyone would persevere. The departure of the prior necessitated the appointment of a new prior; on the proposal of the abbot primate, Dom Paul Damman, a monk of Maredsous, took charge of the abbey.

Le 21 octobre 1903, ce fut au tour du prieur, dom Peter Rceser, de s’embarquer pour le Brésil avec sept compagnons; dom Maur Van Emelen le suivit peu après, avec trois moines. Rien qu’au cours de l’année 1903, dix-huit moines étaient partis pour le Brésil, parmi lesquels deux y retournaient. Tous ne persévèreraient pas. Le départ du prieur nécessita la nomination d’un nouveau prieur; sur proposition de l’abbé primat, dom Paul Damman, moine de Maredsous, prit l’abbaye en charge.

It was with emotion that the community of Saint-André learned that Dom van Caloen had narrowly escaped, in Rio de Janeiro, a riot of the population, incited by the former abbot of the monastery, who opposed the resumption of the abbey by the Benedictines of the reform. This happened on May 12, 1903. Under the cries of “Death to foreigners”, The Abbot of Olinda and his companions had only managed to save themselves, after hours of anguish and waiting, by a wild race, cassocks rolled up, through the gardens of the monastery, to take refuge with the local archbishop.

C’est avec émotion que la communauté de Saint-André apprit que dom van Caloen avait échappé de justesse, à Rio de Janeiro, à une émeute de la population, excitée par l’ancien abbé du monastère, qui s’opposait à la reprise de l’abbaye par les bénédictins de la réforme. Cela se passa le 12 mai 1903. Sous les cris de «Mort aux étrangers», l’abbé d’Olinda et ses compagnons ne durent leur salut, après des heures d’angoisse et d’attente, qu’à une course échevelée, soutane retroussée, à travers les jardins du monastère, pour trouver refuge chez l’archevêque du lieu.

Despite the attitude of the local people, the Abbot President and Dom van Caloen took possession of the abbey with the help of the army and the government and established the headquarters of the congregation there, as Rome authorized them to do. With the takeover of the abbey of Rio and, a few months later, that of Parahyba, all the Brazilian abbeys were now in the hands of Dom Gérard van Caloen. The abbot of Olinda could be proud of the work accomplished in eight years. He could write to Dom Hildebrand de Hemptinne:

Malgré l’attitude de la population, l’abbé président et dom van Caloen prirent possession de l’abbaye avec l’aide de l’armée et du gouvernement et y installèrent le siège de la congrégation, comme Rome les y autorisait. Avec la prise en charge de l’abbaye de Rio et, quelques mois plus tard, de celle de Parahyba, toutes les abbayes brésiliennes étaient maintenant entre les mains de dom Gérard van Caloen. L’abbé d’Olinda pouvait être fier du travail accompli en huit ans. Il pouvait écrire à dom Hildebrand de Hemptinne:

“We now have seven communities in Brazil and one in Saint André with a total of one hundred religious.”

«Nous avons maintenant sept communautés au Brésil et une à Saint-André avec un total de cent religieux.»

He himself had already received, both in Brazil and at Saint-André, the profession of twenty-two novices. However, all this did not solve all the problems.

Lui-même avait déjà reçu, tant au Brésil qu’à Saint-André, la profession de vingt-deux novices. Tout cela pourtant ne résolvait pas tous les problèmes.

In September 1903, the Abbot of'Olinda seriously considered a new trip to Europe to meet the abbots of the Congregation of Beuron and obtain their help. It was now a question of building, but for that he needed men, his eternal problem. But the events and difficulties he had to face in the government of the Congregation prevented him from doing so. The Abbey of Rio de Janeiro especially required his presence: important transformations and new projects could not be carried out without him: he would stay there for two years.

En septembre 1903, l’abbé d’Olinda songea très sérieusement à un nouveau voyage en Europe pour rencontrer les abbés de la congrégation de Beuron et obtenir leur aide. Il s’agissait maintenant de bâtir, mais pour cela il lui fallait des hommes, son éternel problème. Mais les événements et les difficultés auxquels il dut faire face dans le gouvernement de la congrégation l’en empêchèrent. L’abbaye de Rio de Janeiro surtout exigea sa présence: d’importantes transformations et de nouveaux projets ne pouvaient se réaliser sans lui: il y resterait deux ans.

It must be admitted that it was gradually becoming impossible for the Abbot of Olinda, Vicar General of the Brazilian Congregation, to direct all these abbeys himself. He had to constantly run from the north to the south of Brazil to visit communities, move monks, accept novices, receive professions, manage patrimonies and, moreover, travel to Europe to obtain reinforcements. Dom van Caloen himself acknowledged in a letter to the Primate that he could no longer assume this task alone and that he wanted, with his help, to install an abbot in each abbey. But he had too little confidence in his colleagues.

Il faut bien en convenir, il devenait peu à peu impossible à l’abbé d’Olinda, vicaire général de la congrégation brésilienne, de diriger lui-même toutes ces abbayes. Il devait sans cesse courir du nord au sud du Brésil pour visiter les communautés, déplacer des moines, accepter des novices, recevoir des professions, gérer les patrimoines et, de plus, voyager en Europe pour trouver du renfort. Dom van Caloen lui-même reconnut dans une lettre au primat qu’il ne pouvait plus assumer seul cette tâche et qu’il voulait, avec son aide, installer un abbé dans chaque abbaye. Mais il avait trop peu de confiance en ses collaborateurs.

One of them, Dom Michel Kruse, wrote to him one day: ”If Your Paternity took into consideration the wishes and views of his subordinates, his position and his authority could only gain. It is not enough to say: I am an abbot and my sons must follow me through everything... In the future, I am convinced that this system will lead to a huge fiasco. Your Paternity has the gift of getting others excited about your ideas, through your presence and persuasion. But this enthusiasm only lasts for a while, and when the reaction comes Your Paternity is far away and absent for a long time, so that confidence continues to decline and discontent grows. (March 3 , 1903)

L’un d’eux, dom Michel Kruse, lui écrivit un jour: «Si votre Paternité prenait en considération les souhaits et les vues de ses subordonnés, sa position et son autorité ne pourraient qu’y gagner. Il ne suffit pas de dire: je suis abbé et mes fils doivent me suivre à travers tout... Dans l’avenir, je suis persuadé que ce système conduira à un énorme fiasco. Votre Paternité a le don d’enthousiasmer les autres pour ses idées, grâce à sa présence et sa persuasion. Mais cet enthousiasme n’a qu’un temps et lorsque vient la réaction, Votre Paternité est au loin et absente pour un bon bout de temps, si bien que la confiance ne cesse de baisser et le mécontentement de croître.» (3o mars 1903)

This was correct, and it explains many things. Dom van Caloen's very personal conception of authority and obedience made his government unbearable to many. He was harsh and demanding of his subordinates, and tolerated neither personal initiatives nor contradiction. He broke down all opposition, demanded submission and, as he could not do otherwise, then restored the opponent to his position. His style then took on a military tone: submit, triumph, give battle, win... He wrote the following about the prior of Santa Cruz:

C’était exact et cela expliquait bien des choses. La conception très personnelle que dom van Caloen avait de l’autorité et de l’obéissance rendait son gouvernement insupportable à beaucoup. Il était dur et exigeant pour ses subordonnés, et ne supportait ni les initiatives personnelles ni la contradiction. Il brisait toute opposition, exigeait la soumission et, comme il ne pouvait pas faire autrement, rétablissait l’opposant dans sa fonction. Son style prenait alors un ton militaire: soumettre, triompher, livrer bataille, gagner... Il écrivit ce qui suit à propos du prieur de Santa Cruz:

“Last year's crisis tamed him: he now knows that he cannot resist me... he may one day be abbot, but it is very good that he remains under the yoke for a few more years. ..” (May 7, 1905)

«La crise de l’an dernier l’a dompté: il sait maintenant qu’il ne peut pas me résister... il pourra un jour être abbé, mais il est très bon qu’il reste encore quelques années sous le joug...» (7 mai 1905)

Although Dom van Caloen had some good monks in Brazil, it was difficult for him to share his authority with them; and thus much misunderstanding ensued. Regardless, the congregation had to be organized. There was nothing to hope for from Beuron's side, Dom Wolter was adamant: he had his own foundations, like Gerleve, and could offer no one.

Dom van Caloen avait cependant quelques bons moines au Brésil, mais il lui était difficile de partager avec eux son pouvoir; beaucoup de malentendus s’ensuivirent. Quoi qu’il en soit, la congrégation devait être organisée. Il n’y avait rien à espérer du côté de Beuron, dom Wolter était catégorique: il avait ses propres fondations, comme Gerleve, et ne pouvait rien se permettre.

The Abbot de Maredsous, on the other hand, was determined to carry out the reorganization of the Brazilian congregation; but he had to take into account his community, which took a dim view of the departure of so many valuable individuals. Van Caloen himself had finally understood that the Abbot Primate was his only support and that solidarity with him was a desire of the pope. During 1903, van Caloen wrote numerous letters to de Hemptinne, in which he informed him of his actions. But he kept returning to the same subjects: the installation of new abbots, the incapacity of his monks, his poor health, the severe measures taken against the monks who dared to oppose his authority. Therefore, relations between Dom Hildebrand de Hemptinne and Dom Gérard van Caloen were temporarily in good shape.

L’abbé de Maredsous, d’autre part, était décidé à mener à bien la réorganisation de la congrégation brésilienne mais il devait tenir compte de sa communauté, qui voyait d’un mauvais oeil le départ de tant d’éléments valables. Van Caloen lui-même avait enfin compris que l’abbé primat était son seul appui et que marcher avec lui était un désir du pape. Au cours de l’année 1903, van Caloen écrivit de nombreuses lettres à de Hemptinne, dans lesquelles il le mettait au courant de ses faits et gestes. Mais il revenait sans cesse sur les mêmes sujets: l’installation de nouveaux abbés, l’incapacité de ses moines, sa mauvaise santé, les mesures sévères prises à l’encontre des moines qui osaient s’opposer à son autorité. Momentanément donc, les relations entre dom Hildebrand de Hemptinne et dom Gérard van Caloen étaient au beau fixe.

It was during these difficult months that Dom van Caloen took the liberty of expressing a new wish to the Primate:

Ce fut au cours de ces mois difficiles que dom van Caloen se permit d’exprimer auprès du primat un nouveau souhait:

“It seems to me that while I am abbot of Rio and abbot president, it would be very advantageous for our congregation and even for the Church of Brazil if I were invested with the episcopal character, while remaining Monk-Abbot of Rio and Abbot President.” (February 14, 1904)

«Il me semble que lorsque je serai abbé de Rio et abbé président, il y aurait grand avantage pour notre congrégation et même pour l’Église du Brésil à ce que je sois revêtu du caractère épiscopal, tout en restant moine-abbé de Rio et abbé président.» (14 février 1904)

In fact, the abbot of Olinda was especially concerned about his authority in his own congregation and the order's reputation with the government and Brazilians. Added to this was the fact that he was convinced that, as bishop, he would be better listened to by the episcopate and the civil authority. This is why he perimitted himself to make such a suggestion. Dom van Caloen had been thinking about it for two years already, but this was the first time he had spoken about it openly:

En fait, l’abbé d’Olinda était surtout préoccupé de son autorité dans sa propre congrégation et du renom de l’ordre auprès du gouvernement et des Brésiliens. À cela s’ajoutait qu’il était persuadé que, comme évêque, il serait mieux écouté par l’épiscopat et l’autorité civile. C’est pourquoi il se permettait de faire une telle suggestion. Il y avait deux ans déjà que dom van Caloen y songeait, mais c’était la première fois qu’il en parlait ouvertement:

“It seems to me that self-esteem and vanity do not enter into it: but I must distrust myself and I leave the matter to your judgment.” (February 14, 1904)

«Il me semble que l’amour-propre et la vanité n’y entrent pas: mais je dois me défier de moi-même et je remets la chose à votre jugement.» (14 février 1904)

“I do not condemn your personal project,” replied Dom de Hemptinne. It has merit, but the time is not right. It would be easier after the death of the Abbot President. This could be justified to a large extent by the missions on behalf of the Indigenous people.” (March 21, 1904)

«je ne condamne pas votre projet personnel, répondit dom de Hemptinne. Il a du bon, mais le moment n’est pas venu. Ce serait plus facile après la mort de l’abbé président. Cela s’expliquerait dans une grande mesure par les missions en faveur des Indigènes.» (21 mars 1904)

Of all his children, the Abbey of Saint-André had become the darling child of Dom van Caloen. From near or far, he followed the evolution and growth of this young community which he had, during his absences, especially placed in the hands of the Primate. He did this very fraternally. However, his point of view about Saint-André had not changed, unlike his way of acting. He visited the abbey in April 1904 and found the situation healthy: everyone seemed happy and observance was good, but ”Saint Andrew gives the impression of a mission building in the Congo or some remote corner of the world . There is room to accommodate everyone, but so far it looks like a temporary house” (May 9, 1904).

De tous ses enfants, l’abbaye de Saint-André était devenue l’enfant chéri de dom van Caloen. De près ou de loin, il suivait l’évolution et la croissance de cette jeune communauté qu’il avait, au cours de ses absences, tout spécialement remise entre les mains du primat. Celui-ci le fit très fraternellement. Son point de vue au sujet de Saint-André n’avait toutefois pas changé, contrairement à sa manière d’agir. Il visita l’abbaye en avril 1904 et trouva la situation saine: tout le monde semblait content et l’observance était bonne, mais «Saint-André fait l’impression d’un bâtiment de mission au Congo ou dans quelque coin reculé du monde. Il y a de la place pour loger tout le monde, mais jusqu’ici cela a tout l’air d’une maison de passage» (9 mai 1904).

But Dom de Hemptinne was also convinced that Saint-André must be well organized: ”my first care must be to fortify and organize Saint-André. It would be a real shame to see young people, full of hope, meeting there without finding men capable of giving them complete monastic formation.” (September 2, 1904)

Mais dom de Hemptinne était aussi persuadé que Saint-André devait être bien organisé: «mon premier soin doit être de fortifier et d’organiser Saint-André. Il serait vraiment dommage de voir des jeunes gens, pleins d’espérance, se réunir là sans y trouver des hommes capables de leur donner une formation monastique complète.» (2 septembre 1904)

The Father Abbot Primate had long understood that, from the beginning, the weak point of this restoration was monastic formation. Not much could be expected from Brazil, which is why it was important and necessary for Saint Andrew to respond to this need. The Primate was more convinced of this than ever. It is for this reason that he sent, not to Brazil but to Saint-André, two of his monks: Dom Jean de Hemptinne, his nephew, as master of novices, and Dom Achaire Demuynck 53 to strengthen the monastic contingent.

Le père abbé primat avait depuis longtemps compris que, dès le départ, le point faible de cette restauration était la formation monastique. Du Brésil, il ne fallait pas attendre grand-chose, c’est pourquoi il était important et nécessaire que Saint-André répondît à ce besoin. Le primat en était plus que jamais convaincu. C’est pour cette raison qu’il envoya, non pas au Brésil mais à Saint-André, deux de ses moines: dom Jean de Hemptinne, son neveu, comme maître des novices, et dom Achaire Demuynck53 pour renforcer le cadre monastique.

But it was not only the Primate who spoke highly of this small community. Simplicity, cordiality, piety, good monastic behavior, admiration for Dom van Caloen, all this had created, in the eyes of the visitors, a friendly and family atmosphere. Everyone equally appreciated the peace, quiet and beautiful environment. Dom Jean de Hemptinne himself wrote, shortly after his arrival at Saint-André: ”Why not tell you that I have a weakness for this Italian cloister with columns with its exposed framework. It’s simple, poor and at the same time very cheerful and very distinguished.” (October 24, 1904)

Mais il n’y avait pas que le primat pour parler avec éloge de cette petite communauté. Simplicité, cordialité, piété, bonne tenue monastique, admiration pour dom van Caloen, tout cela avait créé, aux yeux des visiteurs, une atmosphère sympathique et familiale. Tous appréciaient également la paix, le calme et le bel environnement. Dom Jean de Hemptinne écrivit lui-même, peu après son arrivée à Saint-André: «Pourquoi ne pas vous dire que j’ai un faible pour ce cloître italien à colonnettes avec sa charpente apparente. C’est simple, pauvre et en même temps très gai et très distingué.» (24 ctobre 1904)

Is this why the correspondence of this year 1904 is so poor in events? ”Happy people have no history!” No departures for Brazil either. In his letters, the prior, Dom Paul Damman, only spoke of the health of the monks, requests for entry into the novitiate or professions and, of course, money. Dom Paul Damman did not know much about money. He admitted it to Ernest van Caloen, Dom Gérard's brother, who was worried about the speculations of the Jonckheere bank with the deposits entrusted by the abbey.

Est-ce pour cette raison que la correspondance de cette année 1904 est si pauvre en événements? «Les peuples heureux n’ont pas d’histoire!» Aucun départ non plus pour le Brésil. Dans ses lettres, le prieur, dom Paul Damman, ne parlait que de la santé des moines, de demandes d’entrée au noviciat ou de professions et, bien sûr, d’argent. L’argent, dom Paul Damman n’en connaissait pas grand-chose, il l’avoua à Ernest van Caloen, le frère de dom Gérard, lequel s’inquiétait des spéculations de la banque Jonckheere avec les dépôts confiés par l’abbaye.

Meanwhile, Dom Paul undertook work without thinking of raising money, leaving Dom Gérard van Caloen's mother and brothers to fill in the gaps. The community was however led with a firm hand and with authority; but, according to Dom Jean de Hemptinne, Dom Paul Damman was not the man to lead a community according to the spirit of Saint Benedict and even less according to the spirit of van Caloen. No doubt Father Paul Damman had done a great deal to make the new abbey attractive to people. An excellent and much sought-after preacher, he had restored the abbey's image among the local clergy, so much so that he was often sought after outside. He received ladies and gentlemen in the parlor and accepted many invitations, so much so that he was frowned upon in the community. Added to this was his resistance to change.

Pendant ce temps, dom Paul entreprenait des travaux sans songer à se procurer de l’argent, laissant à la mère et aux frères de dom Gérard van Caloen le soin de colmater les brèches. La communauté était toutefois dirigée d’une main ferme et avec autorité mais, d’après dom Jean de Hemptinne, dom Paul Damman n’était pas l’homme à diriger une communauté selon l’esprit de saint Benoît et encore moins selon l’esprit de van Caloen. Sans doute le père Paul Damman avait-il beaucoup fait pour rendre la nouvelle abbaye sympathique aux yeux des gens. Prédicateur excellent et fort demandé, il avait redoré le blason de l’abbaye auprès du clergé local, si bien qu’il était souvent demandé à l’extérieur. Il recevait dames et messieurs au parloir et acceptait beaucoup d’invitations, si bien qu’il était mal vu dans la communauté. À cela s’ajoutait qu’il était réticent aux changements.

In September 1904, the young monks occupied the new Saint-Placid wing, the completion of which, given the lack of means, was not without difficulty. Fortunately, the mother of the abbot of Olinda was there. The new wing filled up quickly. Entering and leaving remained traditional in Saint-André: many called but few chosen. At the end of 1904, the community had nineteen monks and nine lay brothers; ten candidates took the habit during the year.

En septembre 1904, les jeunes moines occupèrent la nouvelle aile Saint-Placide, dont l’achèvement, vu le manque de moyens, ne se fit pas sans difficultés. Heureusement, la mère de l’abbé d’Olinda était là. La nouvelle aile se remplit bien vite. Entrer et sortir restaient traditionnels à Saint-André: beaucoup d’appelés mais peu d’élus. Fin 1904, la communauté comptait dix-neuf moines et neuf frères convers; dix candidats avaient pris l’habit dans le courant de l’année.

For the master of novices, Dom Jean de Hemptinne, Saint-André lacked, after the novitiate, intellectual formation with a view to the priesthood. The Benedictines, in fact, have always defended the principle of forming monks in each abbey, each having its own charism to transmit to its young people. But for a monastery in formation, this was not feasible.

Pour le maître des novices, dom Jean de Hemptinne, il manquait à Saint-André, après le noviciat, une formation intellectuelle en vue du sacerdoce. Les bénédictins, en effet, ont toujours défendu le principe de la formation des moines dans chaque abbaye, chacune ayant un charisme propre à transmettre à ses jeunes. Mais pour un monastère en formation, la chose n’était pas faisable.

The six most gifted members of Saint-André pursued their studies in Louvain, Beuron or Rome; but what of the others? Hence the idea that germinated in the mind of the young Dom Jean de Hemptinne to create in Brazil, after the novitiate at Saint-André, a central studium, and to open [at Saint-André] a school to encourage vocations. According to a letter from van Caloen to the Primate, it seems that the reception given to the proposal of the young Dom de Hemptinne was rather reserved:

Les six membres les plus doués de Saint-André suivaient leurs études à Louvain, Beuron ou Rome; mais les autres? D’où l’idée qui germa dans la tête du jeune dom Jean de Hemptinne de créer au Brésil, après le noviciat à Saint-André, un studium central et d’ouvrir ici, sur place, une école pour favoriser les vocations. D’après une lettre de van Caloen au primat, il semble bien que l’accueil fait à la proposition du jeune dom de Hemptinne fut plutôt réservé:

“If he has no utopias and wants to walk in agreement with me, without trying new experiences, there is a magnificent task to fulfill, the mission of an entire life.” (August 25, 1905)

«S’il n’a pas d’utopies et veut marcher bien d’accord avec moi, sans tenter de nouvelles expériences, il y a une magnifique tâche à remplir, la mission d’une vie entière.» (25 août 1905)

In August 1905, Dom van Caloen left Brazil once again and arrived on September 3 in Saint-André, where he was received in triumph: after two years of absence the joy of reunion was not feigned.

En août 1905, dom van Caloen quitta une nouvelle fois le Brésil et arriva le 3 septembre à Saint-André, où il fut reçu en triomphe: la joie des retrouvailles après deux ans d’absence n’était pas feinte.

6.2. Dom Benoît D'Hondt, prior - 1905-1908

6.2. Dom Benoît D’Hondt, prieur - 1905-1908

Very shortly after his arrival, Dom van Caloen also realized that Dom Paul Damman was not the right man to govern Saint-André. He was more concerned with his own apostolate and had indiscriminately filled the novitiate with good and less good elements. He had also neglected the buildings. He was nevertheless well regarded by the clergy and the local land-owners, but this was not the task of a prior of Saint-André, noted van Caloen in his notebooks. The presence of Dom Jean de Hemptinne had made it possible to avoid the worst. A long interview with the abbot of Maredsous would be the occasion for a complete reorganization of the abbey.

Très peu de temps après son arrivée, dom van Caloen se rendit compte, lui aussi, que dom Paul Damman n’était pas l’homme qu’il fallait pour gouverner Saint-André. Il était plus préoccupé de son propre apostolat et avait rempli sans discernement le noviciat de bons et de moins bons éléments. Il avait de plus négligé les constructions. Il était pourtant bien vu du clergé et des châtelains, mais ce n’était pas la tâche d’un prieur de Saint-André, notait van Caloen dans ses carnets. La présence de dom Jean de Hemptinne avait permis d’éviter le pire. Un long entretien avec l’abbé de Maredsous sera l’occasion d’une réorganisation complète de l’abbaye.

Dom van Caloen lost Jean de Hemptinne, whom the abbot primate had appointed master of novices at Maredsous:

Dom van Caloen perdait Jean de Hemptinne, que l’abbé primat avait nommé maître des novices à Maredsous:

“Will we not be able to see him return later as abbot?” asked Dom van Caloen with naïve sincerity. His departure would be a disaster for the monastery which was doing very poorly until his arrival, it was he who took charge of everything. He owns all hearts and enlivens the whole house. If he leaves, there will be general discouragement .” 54 (September 17, 1905)

«Ne pourrons-nous pas le voir revenir plus tard comme abbé?, demanda ingénument dom van Caloen. Son départ serait une catastrophe pour le monastère qui a très mal marché jusqu’à son arrivée, c’est lui qui a tout relevé. Il possède tous les coeurs et anime toute la maison. S’il part, ce sera un découragementgénéral54.» (17 septembre 1905)

He received in his place Father Benoît D'Hondt 55 , who had been master of novices for twenty years, Dom Etienne Tillieux 56 and Dom Gaspar Lefèbvre. The new prior and master of novices was a holy man, an experienced man of advanced age, a highly respected sage. Dom Paul Damman remained for a while longer as cellarer, while Dom Etienne Tillieux became responsible for the oblates and the guests, and Dom Gaspar Lefèbvre for the young professed and the magazine, The bulletin of the Benedictine Works in Brazil.

Il reçut à sa place le père Benoît D’Hondt55, qui avait été pendant vingt ans maître des novices, dom Etienne Tillieux56 et dom Gaspar Lefèbvre. Le nouveau prieur et maître des novices était un saint homme, un homme d’expérience d’un âge avancé, un sage très respecté. Dom Paul Damman resta encore quelque temps comme cellérier, tandis que dom Etienne Tillieux devenait responsable des oblats et des hôtes, et dom Gaspar Lefèbvre des jeunes profès et de la revue, Le bulletin des Œuvres bénédictines au Brésil.

In addition to this, Dom Hildebrand de Hemptinne authorized two of his monks, Dom Bonaventure Barbier 57 and Dom Achaire Demuynck, to leave for Brazil. The primate therefore gave five of his monks to Saint-André. The departing monks embarked with four other brothers on November 1, 1905. It was the twelfth contingent to set off for Brazil. In ten years, sixty-three monks had left Europe, six leaving for the second or third time.

En plus de cela, dom Hildebrand de Hemptinne autorisait deux de ses moines, dom Bonaventure Barbier57 et dom Achaire Demuynck, à partir pour le Brésil. Le primat cédait donc cinq de ses moines à Saint-André. Les partants s’embarquèrent avec quatre autres frères, le 1er novembre 1905. C’était la douzième caravane qui prenait le chemin du Brésil. En dix ans, soixante-trois moines avaient quitté l’Europe, six partaient pour la deuxième ou la troisième fois.

Everything being settled for the best at Saint-André, van Caloen left for Rome. The bull of February 28, 1905 had named van Caloen Abbot of Rio de Janeiro, while remaining Abbot of Olinda; to this was added the title of Administrator of the abbey of Sâo Paulo. Now van Caloen wanted to achieve even more: namely, the erection of the abbey of Rio de Janeiro to an “abbey nullius”58 with jurisdiction over the mission territory of the Rio Branco in northwestern Brazil. Although he claimed not to desire the episcopate, he made it clear to the Abbot Primate that the order would benefit and that he himself would thus acquire more authority and prestige.

Tout étant réglé pour le mieux à Saint-André, van Caloen partit pour Rome. La bulle du 28 février 1905 avait nommé comme abbé de Rio de Janeiro van Caloen, qui restait abbé d’Olinda; à cela s’ajoutait le titre d’administrateur de l’abbaye de Sâo Paulo. Maintenant, van Caloen voulait obtenir encore plus, c’est-à-dire l’érection de l’abbaye de Rio de Janeiro en «abbaye nullius»58 avec juridiction sur le territoire de mission du Rio Branco dans le nord-ouest du Brésil. Bien qu’il prétendît ne pas désirer l’épiscopat, il fit comprendre à l’abbé primat que l’ordre y gagnerait et que lui-même acquerrait ainsi plus d’autorité et de prestige.

So here he was in Rome, on December 12, 1905. Shortly before Christmas, during the papal audience on December 18, he had the opportunity to meet Pope Pius X for the first time. He too, like Pope Leo XIII, proved himslf  kind and benevolent from the start. In no time, van Caloen obtained everything he asked for, and even a laudatory letter from the Pope with an urgent appeal to all Benedictine abbots. At the end of the interview, van Caloen spoke to him about a possible project of a foundation in Italy, with a view to encouraging vocations for Brazil. The Pope immediately encouraged him. Dom van Caloen immediately set out on the chase: the Pope had spoken, so it had to be done.

Le voici donc à Rome, le 12 décembre 1905. Peu avant la Noël, au cours de l’audience papale du 18 décembre, il eut l’occasion de rencontrer pour la première fois le pape Pie X. Lui aussi, tout comme Léon XIII, se montra dès l’abord aimable et bienveillant. En un rien de temps, van Caloen obtint tout ce qu’il demandait, et même une lettre élogieuse du pape avec un appel pressant à tous les abbés bénédictins. À la fin de l’entretien, van Caloen lui parla d’un projet éventuel de fondation en Italie, en vue de susciter des vocations pour le Brésil. Le pape l’encouragea aussitôt. Dom van Caloen se mit immédiatement en chasse: le pape avait parlé, il fallait donc que cela se fasse.

Where should you direct your steps? A first reconnaissance brought nothing. The proposal to interest the abbey of Maredsous was rejected by the seniorate. Contrary to his usual manner, van Caloen let the matter rest for some time, his full attention being required by the affair of the Rio Branco. The opposition of the Apostolic Nuncio and the Brazilian episcopate made any decision in this matter difficult.

Vers où diriger ses pas? Une première reconnaissance ne rapporta rien. La proposition d’y intéresser l’abbaye de Maredsous fut rejetée par le séniorat. À l’encontre de sa manière habituelle, van Caloen laissa reposer la chose durant quelque temps, toute son attention étant requise par l’affaire du Rio Branco. L’opposition du nonce apostolique et de l’épiscopat brésilien rendait, en effet, toute décision difficile dans cette affaire.

To put an end to any discussion, van Caloen noted in his notebooks, the pope elevated him to the episcopate and named him bishop in partibus infidelium of Phocaea in Asia Minor. He was officially promoted to Coadjutor Bishop of the Bishop of Manaos with jurisdiction over the Rio Branco, while serving as abbot of the Abbey Nullius of Rio de Janeiro and Vicar General of the Brazilian congregation.

Pour couper court à toute discussion, nota van Caloen dans ses carnets, le pape l’éleva à l’épiscopat et le nomma évêque in partibus infidelium de Phocée en Asie Mineure. Il fut officiellement promu évêque coadjuteur de l’évêque de Manaos avec juridiction sur le Rio Branco, tout en étant abbé de l’abbaye nullius de Rio de Janeiro et vicaire général de la congrégation brésilienne.

The pope could not have been more benevolent towards van Caloen. Not only had he named him a missionary bishop but he had let him retain his monastic jurisdictions, a very special mark of favor. Charm and persuasion had undoubtedly been in full force.

Le pape s’était montré on ne peut plus bienveillant à l’égard de van Caloen. Non seulement il l’avait nommé évêque-missionnaire mais il lui avait laissé ses juridictions monastiques, une marque de faveur toute particulière. Le charme et la persuasion avaient sans aucun doute joué à plein.

Without hesitation, Dom van Caloen proposed to the Abbot Primate that his consecration take place in Maredsous. Saint-André was too small and Maredsous was the abbey of which he had been the first monk: it was his abbey. It was also naturally an elegant way to calm the spirits. A Brazilian bishop, passing through Rome for his ad limina visit, Monsignor Francisco do Rogo-Maia, bishop of Belem, was invited as consecrating bishop, thus ensuring the presence of Brazil; he would be assisted by the Bishop of Namur, Bishop Heylen, and Bishop van den Branden de Reeth, titular Archbishop of Tyre and personal friend of van Caloen.

Sans hésiter, dom van Caloen proposa à l’abbé primat que son sacre se fasse à Maredsous. Saint-André était trop petit et Mared-sous était l’abbaye dont il avait été le premier moine: elle était son abbaye. C’était aussi naturellement une manière élégante pour calmer les esprits. Un évêque brésilien, de passage à Rome pour sa visite ad limina, Monseigneur Francisco do Rogo-Maia, évêque de Be-lem, fut invité comme évêque consécrateur, assurant ainsi la présence du Brésil; il serait assisté de l’évêque de Namur, Monseigneur Heylen, et de Monseigneur van den Branden de Reeth, archevêque titulaire de Tyr et ami personnel de van Caloen.

The date chosen was April 18, 1906. The ceremony took place with all the splendor of a pontifical liturgy under the vaults of the abbey church of Maredsous. It also happened that this date corresponded to the twenty-five years of existence of the abbey school of Maredsous, of which Monsignor van Caloen had been the founder and first rector. This was not forgatten.

La date retenue était celle du 18 avril 1906. La cérémonie se déroula dans toute la splendeur de la liturgie pontificale, sous les voûtes de l’église abbatiale de Maredsous. Il se faisait en outre que cette date correspondait également aux vingt-cinq ans d’existence de l’école abbatiale de Maredsous, dont Monseigneur van Caloen avait été le fondateur et le premier recteur. On ne l’oublia pas.

After the festivities, Monsignor van Caloen returned to Saint-André, taking in his entourage a young monk from Maredsous, Dom Théodore Nève, whom the Abbot Primate had temporarily given him as a gift for his consecration. It was a providential choice: as the name Theodore indicates, “it was a gift from God.”

Après les festivités, Monseigneur van Caloen regagna Saint-André, emmenant dans ses bagages un jeune moine de Maredsous, dom Théodore Nève, que l’abbé primat lui avait cédé temporairement comme cadeau pour son sacre. Ce fut un choix providentiel; comme l’indique le nom Théodore, «ce fut un don de Dieu».

“On the day of my consecration,” noted Monseigneur van Caloen, “ the Rm Father Abbot Primate granted me his young and excellent monk, Dom Théodore Nève, whom he had just brought back from Rome for this purpose. I immediately assigned him to Saint-André where, as sub-prior, he became the precious right-hand man of the father prior, Dom Benoît D'Hondt. A new and serious life began for Saint-André.

«Le jour de mon sacre, notait Monseigneur van Caloen, le Rme Père Abbé primat m’avait concédé son jeune et excellent moine, dom Théodore Nève, qu’il venait de faire revenir de Rome dans ce but. Je le destinai immédiatement à Saint-André où, comme sous-prieur, il devint le bras droit précieux du père prieur, dom Benoît D’Hondt. Une vie nouvelle et sérieuse commença pour Saint-André.»

Before leaving Europe for Brazil, Monsignor van Caloen made some important arrangements. A new contingent left Belgium for Brazil on July 10, 1906. It was made up of Dom Chrysostome De Saegher, whom Bishop van Caloen had loudly demanded, of Dom Gaspar Lefèbvre, and of seven other monks: nine monks in all, including three Belgians, one Frenchman, three Germans and two Italians.

Avant de quitter l’Europe pour le Brésil, Monseigneur van Caloen prit quelques dispositions importantes. Une nouvelle caravane quitta la Belgique pour le Brésil, le io juillet 1906. Elle se composait de dom Chrysostome De Saegher, que Monseigneur avait réclamé à cor et à cri, de dom Gaspar Lefèbvre, et de sept autres moines: neuf moines en tout, dont trois Belges, un Français, trois Allemands et deux Italiens.

The constructions which had been interrupted were resumed thanks to a very favorable loan of 50,000 francs at 3%, repayable in ten years, granted by Baron Jean Gillès de Pélichy. The Saint-Romain wing, the refectory and the guesthouse rose from the ground.

Les constructions qui avaient été interrompues furent reprises grâce à un emprunt très favorable de 5o 000 francs à 3%, remboursable en dix ans, concédé par le baron Jean Gillès de Péli-chy. L’aile Saint-Romain, le réfectoire et l’hôtellerie surgirent de terre.

An Oblate school was created with a view to recruiting young vocations who, after their studies, would take the habit. At the end of 1906, there were already nineteen of them, three of whom were from Siena. They received normal secondary school education, while following certain monastic services, such as vespers and mass, and certain community activities. For services, they wore a monastic habit tailored to their size. They were entrusted to the care of Dom Théodore Nève.

Une école d’oblats fut créée en vue de recruter de jeunes vocations qui, après leurs études, prendraient l’habit. Fin 1906, ils étaient déjà dix-neuf, dont trois étaient originaires de Sienne. Ils recevaient l’enseignement normal des écoles secondaires, tout en suivant certains offices monastiques, comme les vêpres et la messe, et certaines activités de la communauté. Pour les offices, ils portaient un habit monastique à leur taille. Ils furent confiés aux soins de dom Théodore Nève.

The most important decision, however, was the Italian foundation about which Bishop van Caloen had spoken to the Pope during his audience in December. The abbot of Monte Cassino spontaneously offered him, during the month of June, to take back the small monastery of San Benedetto all'Acqua Calda, in Siena, with everything that was there. Bishop van Caloen saw in this offer a sign of Providence and accepted the proposal. In his mind, this house was to serve as a recruitment center for possible candidates who would become postulants there and then be sent to Saint-André. In a minimum of time, he designated a few brothers who, under the leadership of Dom Wandrille Herpierre, left for Siena.

La décision la plus importante, cependant, fut la fondation italienne dont Monseigneur avait entretenu le pape lors de son audience du mois de décembre. L’abbé du mont Cassin lui proposa spontanément, au cours du mois de juin, de reprendre le petit monastère de San Benedetto all’Acqua Calda, à Sienne, avec tout ce qui s’y trouvait. Monseigneur van Caloen vit dans cette offre un signe de la Providence et accepta la proposition. Dans son esprit, cette maison devait servir de centre de recrutement pour des candidats éventuels qui y feraient leur postulat pour être envoyés ensuite à Saint-André. En un minimum de temps, il désigna quelques frères qui, sous la responsabilité de dom Wandrille Herpierre, partirent pour Sienne.

Saint-André was once again emptied. Nothing stopped Bishop [van Caloen] when the Pope spoke. Passing through Germany, he went to Italy, installed the new community of Siena himself and arrived in Rome on June 27, 1906. There he learned that he was not Coadjutor Bishop of the Bishop of Manaos, new difficulties having arisen,59  but that the Rio Branco was still his, pending the canonical form to be given to it. As he was received once again by the pope, the latter expressed his satisfaction for his foundation of Siena and promised to write a letter to all the bishops of Italy to recommend this work, which he did shortly thereafter. Bishop [van Caloen] finally embarked for Barcelona, 60 crossed Spain and took ship again in Lisbon for Brazil, where he arrived on September 1, 1906 , after a year’s absence.

Saint-André était une nouvelle fois vidée. Rien n’arrêtait Monseigneur lorsque le pape avait parlé. En passant par l’Allemagne, il se rendit en Italie, installa lui-même la nouvelle communauté de Sienne et arriva à Rome le 27 juin 1906. Il y apprit qu’il n’était pas évêque coadjuteur de l’évêque de Manaos, de nouvelles difficultés étant survenues59, mais que le Rio Branco lui restait acquis, en attendant la forme canonique à y donner. Comme il était reçu une nouvelle fois par le pape, celui-ci lui exprima sa satisfaction pour sa fondation de Sienne et promit d’écrire une lettre à tous les évêques d’Italie pour recommander cette oeuvre, ce qu’il fit peu après. Monseigneur s’embarqua enfin pour Barcelone6°, traversa l’Espagne et reprit le bateau à Lisbonne pour le Brésil, où il arriva le ter septembre 1906, après un an d’absence.

 

 

7. THE DECISIVE YEARS 1907-1910

7. LES ANNÉES DÉCISIVES 1907-1910

7.1. The arrival of Dom Théodore Nève -1906

7.1. L’arrivée de dom Théodore Nève -1906

With the arrival of Dom Théodore Nève, the abbey of Saint-André found itself at a new turning point in its history.

Avec l’arrivée de dom Théodore Nève, l’abbaye de Saint-André se trouvait à un nouveau tournant de son histoire.

Jean Nève was born in Ghent on June 3, 1879. His father, Léon Nève, was a notary on rue de Bruges and his mother, born Delphine Cools, was originally from Lierre. Six sons were born from their marriage; John was the third. He studied ancient humanities with the Jesuits of rue Savaen, the Collège Sainte-Barbe, and applied for Philosophy and Letters at the University of Louvain. On October 5, 1899, he entered Maredsous Abbey.

Jean Nève était né à Gand, le 3 juin 1879. Son père, Léon Nève, était notaire rue de Bruges et sa mère, née Delphine Cools, était originaire de Lierre. Six fils naquirent de leur mariage; Jean était le troisième. Il fit ses humanités anciennes chez les jésuites de la rue Savaen, le collège Sainte-Barbe, et les candidatures en Philosophie et lettres à l’université de Louvain. Le 5 octobre 1899, il entrait à l’abbaye de Maredsous.

“After God,” he said in 1951 on the occasion of his professional jubilee, “ I owe my Christian formation and the blossoming of my vocation to my venerated parents. My mother’s deep piety had a singular influence on the direction of my life.” (...) “The evening of my first communion, I revealed to my mother my desire to consecrate myself to God.”

«Après Dieu, dit-il en 1951 à l’occasion de son jubilé de profession, je dois ma formation chrétienne et l’éclosion de ma vocation à mes vénérés parents. La profonde piété de ma mère influença singulièrement l’orientation de ma vie.» (...) «Le soir de ma première communion, je dévoilai à ma mère mon désir de me consacrer à Dieu.»

Why did the young Jean Nève, a former student of the Jesuits, choose the Benedictines? As he himself later told it, it was because the Jesuits lived in the city and he wanted to live in the countryside. Father Nève will often cite this as an example of the surprises that Providence reserves, which puts a vocation on the right path without revealing its plans in advance.

Pourquoi le jeune Jean Nève, ancien élève des jésuites, choisit-il les bénédictins? Comme il le raconta lui-même plus tard, c’est parce que les jésuites habitaient la ville et qu’il voulait vivre à la campagne. L’abbé Nève citera souvent ceci comme exemple des surprises que réserve la Providence, qui met une vocation sur la bonne voie sans dévoiler ses plans à l’avance.

On February 10, 1900, Jean Nève began his novitiate and received the name of Théodore, a soldier martyr during the time of Diocletian. He made his profession on February 2, 1901 and went to Rome for four years, to the abbey of Saint-Anselmo, to study theology. In December 1905, he obtained the title of doctor of theology, with a thesis on the Christology of Saint Paul. On August 6, 1905, he was ordained priest in Maredsous by the apostolic nuncio stationed in Brussels, Monsignor Vico. His abbot first thought of making him a collaborator of La Revue Bénédictine, but it quickly became clear that Dom Nève was not cut out for scientific work, in which he languished; this is why Dom de Hemptinne decided to temporarily cede it to Bishp van Caloen. The scientific work of the future Abbot of Saint-André was ultimately limited to a detailed account of the first two volumes of the Acta Concilii Tridentini.

Le 10 février 1900, Jean Nève commença son noviciat et reçut le nom de Théodore, soldat martyr à l’époque de Dioclétien. Il fit profession le ii février 1901 et partit pour quatre ans à Rome, à l’abbaye de Saint-Anselme, pour y étudier la théologie. En décembre 1905, il y obtint le titre de docteur en théologie, avec une thèse sur la christologie de saint Paul. Le 6 août 1905, il fut ordonné prêtre à Mared-sous par le nonce apostolique en poste à Bruxelles, Monseigneur Vico. Son abbé songea tout d’abord à en faire un collaborateur de La Revue bénédictine, mais bien vite il s’avéra que dom Nève n’était pas fait pour du travail scientifique, où il se morfondait; c’est pourquoi dom de Hemptinne décida de le céder temporairement à Monseigneur van Caloen. Le travail scientifique du futur abbé de Saint-André se limita en fin de compte à un compte rendu détaillé des deux premiers tomes des Acta Concilii Tridentini.

Dom van Caloen was not a stranger to Dom Théodore Nève, who had met him more than once in Rome or at Maredsous. Like many of his colleagues, he had been seduced by her charm and her words:

Dom van Caloen n’était pas un inconnu pour dom Théodore Nève, qui l’avait rencontré plus d’une fois à Rome ou à Maredsous. Comme beaucoup de ses confrères, il avait été séduit par son charme et sa parole:

“One day, during a conference that he (Bishop van Caloen) gave at Maredsous and where he recounted the difficulties of his monastic and apostolic enterprises, I was seized by an irresistible desire to help him in his work and to join my feeble efforts to his to make the work of restoration succeed.” (Jubilee of 1951)

«Un jour, au cours d’une conférence qu’il (Monseigneur van Caloen) donna à Maredsous et où il narra les difficultés de ses entreprises monastiques et apostoliques, je fus pris d’un désir irrésistible de l’aider dans ses travaux et de joindre mes faibles efforts aux siens pour faire réussir l’oeuvre de la restauration.» (jubilé de 1951)

“Can I go with him?” he wrote to his mother shortly afterwards. He had even been able to approach van Caloen very closely during the latter’s last stay in Rome, where he had been his occasional secretary. He therefore knew the theories of the monastic apostolate of Dom Gérard van Caloen and his dream of creating an apostolic abbey.

«Puis-je partir avec lui?», écrivit-il peu après à sa mère. Il avait même pu approcher van Caloen de très près lors du dernier séjour de celui-ci à Rome, où il avait été son secrétaire occasionnel. Il connaissait donc les théories de l’apostolat monastique de dom Gérard van Caloen et son rêve de créer une abbaye apostolique.

“I therefore arrived at Saint-André with the theory of the apostolate in mind and with the practical example before my eyes.” (ibidem)

«J’arrivai donc à Saint-André avec la théorie de l’apostolat en tête et avec l’exemple pratique sous les yeux.» (ibidem)

As soon as he arrived in Saint-André, Dom Théodore Nève was struck by the silence and solitude, while the entire environment made him think of the Campinois heath, where his parents had a second home. The work that awaited him, however, left him little time to dream of the setting that would henceforth be that of his entire life. By making a gift of Dom Théodore Nève to Monsignor van Caloen, Dom Hildebrand de Hemptinne mainly intended to give Dom Benoît D’Hondt, the prior of the abbey, a worthy man who would help him in the management of the monastery and who, if necessary, could succeed him; to hand over to Monsignor van Caloen a dynamic and enterprising man who would understand him, share his ideal and be capable of collaborating with him; to lend the young abbey a monk whose unshakeable trust in God would lead it onto safe paths. The Primate could not have made a better choice: his gift was royal.

Dès son arrivée à Saint-André, dom Théodore Nève fut frappé par le silence et la solitude, tandis que tout l’environnement le faisait songer à la bruyère campinoise, où ses parents possédaient une résidence secondaire. Le travail qui l’attendait ne lui laissa toutefois guère de temps pour rêver au cadre qui serait désormais celui de sa vie entière. En faisant cadeau de dom Théodore Nève à Monseigneur van Caloen, dom Hildebrand de Hemptinne avait surtout l’intention de donner à dom Benoît D’Hondt, le prieur de l’abbaye, un homme valable qui l’aiderait dans la direction du monastère et qui, au besoin, pourrait lui succéder; de céder à Monseigneur van Caloen un homme dynamique et entreprenant qui le comprendrait, partagerait son idéal et serait capable de collaborer avec lui; de prêter à la jeune abbaye un moine dont la confiance inébranlable en Dieu permettrait de la conduire sur des voies sûres. Le primat n’aurait pas pu faire meilleur choix: son cadeau était royal.

Upon his arrival in Saint-André, at the beginning of June 1906, Bishop van Caloen appointed Dom Théodore Nève sub-prior, responsible for the young professed and prefect of the Oblates. But the state of health of the prior, Dom Benoît D’Hondt, very quickly forced Dom Nève to assume responsibility for the abbey and sometimes take charge of it. This intermediate situation, however, lasted two years, a happy period of learning before he definitively took the reins.

Dès son arrivée à Saint-André, au début de juin 1906, Monseigneur van Caloen nomma dom Théodore Nève sous-prieur, responsable des jeunes profès et préfet des oblats. Mais l’état de santé du prieur, dom Benoît D’Hondt, força très vite dom Nève à assumer la responsabilité de l’abbaye et à en prendre parfois la direction. Cette situation intermédiaire dura toutefois deux ans, un heureux temps d’apprentissage avant qu’il prenne définitivement les rênes.

Being a young monk, Dom Nève had to consult Bishop [van Caloen] in all circumstances and for everything, down to the smallest details, whether he was in Belgium, Rome or Brazil, with all the troubles, misunderstandings and delays that this entailed. Bishop van Caloen was in charge of the abbey of Saint-André and it was not in his character to share his authority. An important and intimate correspondence ensued between these two exceptional beings; a fruitful letter, full of details on the life of the abbey: on the oblates, the postulants, the novices, the recruitment, the men, the visitors; on building plans, authorizations and decisions to be taken, the financial situation, the expansion of the estate, the arrangement of the garden, the location of the cemetery, etc. A more intimate correspondence where they showed themselves as they were, happy to have discovered each other and to share the same ideal in mutual trust.

Étant jeune moine, dom Nève devait en toute circonstance et pour tout, jusque dans les moindres détails, consulter Monseigneur, qu’il fût en Belgique, à Rome ou au Brésil, avec tous les ennuis, les malentendus et les retards que cela comportait. Monseigneur van Caloen était le responsable de l’abbaye de Saint-André et il n’était pas dans son caractère de partager son autorité. Une correspondance importante et intime s’ensuivit entre ces deux êtres exceptionnels; un courrier fructueux, plein de détails sur la vie de l’abbaye: sur les oblats, les postulants, les novices, le recrutement, les hommes, les visiteurs; sur les plans des bâtiments, les autorisations et les décisions à prendre, la situation financière, l’agrandissement du domaine, l’arrangement du jardin, l’emplacement du cimetière, etc. Une correspondance plus intime où ils se montraient tels’ qu’ils étaient, heureux de s’être découverts et de communier au même idéal dans une confiance réciproque.

Dom Nève set about his task with the zeal, intelligence and decisiveness that characterized him, because it was not in his nature to procrastinate. With the generosity and dynamism he demonstrated, he set to work without hesitation. He wanted to accomplish his task as best he could and make his new abbey a great abbey following the example of Maredsous. Very quickly, the young monk that he was - he was twenty-seven years old in 1906 -, “the dear and very active sub-prior”, as Dom Benoît D’Hondt called him, proved that he was the man most able to lead Saint-André according to the vision of Bishop van Caloen and, if necessary, to give it new directions. His first concern was the resumption of construction work and the training of the Oblates. The Oblate school had experienced the difficulties of a hesitant beginning, it was now doing better and had fifteen boys at the end of the year. For Dom Nève, it was not easy to completely rectify a still deficient situation:

Dom Nève s’attela à sa tâche avec le zèle, l’intelligence et l’esprit de décision qui le caractérisaient, car il n’était pas dans son tempérament de tergiverser. Avec la générosité et le dynamisme dont il faisait preuve, il se mit au travail sans hésiter. Il voulait accomplir sa tâche le mieux qu’il pouvait et faire de sa nouvelle abbaye une grande abbaye à l’exemple de Maredsous. Très vite, le jeune moine qu’il était — il avait vingt-sept ans en 1906 —, «le cher et bien actif sous-prieur», comme l’appelait dom Benoît D’Hondt, prouva qu’il était l’homme le plus apte à conduire Saint-André selon les vues de Monseigneur van Caloen et, au besoin, à lui donner de nouvelles orientations. Sa première préoccupation fut la reprise des travaux de construction et la formation des oblats. L’école des oblats avait connu les difficultés d’un commencement hésitant, elle tournait mieux maintenant et comptait en fin d’année quinze garçons. Pour dom Nève, il n’était pas facile de redresser totalement une situation encore déficiente:

“This is the main object of our worries: I often tremble before this responsibility: I love our children very much but I know how much trouble and work it takes to make them future monks.” (August 26, 1906)

«C’est le principal objet de nos soucis: je tremble souvent devant cette responsabilité: j’aime beaucoup nos enfants mais je sais combien il faut de peines et de travaux pour en faire de futurs moines.» (26 août 1906)

Especially since the difference in language, education and intellectual capacities increased the difficulties of this task: Flemings and Germans could still get along, but with the Italians, this was not self-evident. Therefore a delicate problem! The lack of real teachers was another source of difficulty, and calling on novices was not ideal. The fact, finally, that school and abbey, with their own rhythm of life, occupied the same buildings forced the young oblates to adapt to the monks, which was not easy and did not facilitate discipline. The Oblates were therefore quickly shown the door.

D’autant que la différence de langue, d’éducation et de possibilités intellectuelles augmentait les difficultés de cette tâche: Flamands et Allemands pouvaient encore s’entendre, mais avec les Italiens, cela n’allait pc de soi. Problème délicat, donc! Le manque de vrais professeurs état une autre source de difficultés, et faire appel aux novices n’était pas idéal. Le fait, enfin, qu’école et abbaye, avec leur rythme de vie propre, occupent les mêmes bâtiments obligeait les jeunes oblats à s’adapter aux moines, ce qui n’était pas facile et ne facilitait pas la discipline. Les oblats étaient donc rapidement mis à la porte.

But the work, which had resumed on Bishop [van Caloen’s] orders in the spring of 1906, occupied a large part of his time, especially since Bishop [van Caloen] wanted it to move forward. The second wing, south side, the Saint-Romain wing, the west side of the cloister with the refectory and part of the hostelry, were almost finished towards the end of the summer of 1906 (July 23, 1906). We can understandably be surprised at the speed of the work, but it should be noted that the monasteries, at that time, like many private houses elsewhere, had no heating, no running water, no electricity, with all the work that this entails, and that painting was always postponed.

Mais les travaux, qui avaient repris sur ordre de Monseigneur au printemps 1906, occupaient une grande partie de son temps, d’autant plus que Monseigneur voulait que cela avance. La seconde aile, côté sud, l’aile Saint-Romain, le côté ouest du cloître avec le réfectoire et une partie de l’hôtellerie, étaient presque terminés vers la fin de l’été 1906 (23 juillet 1906). On peut sans doute s’étonner de la rapididté des travaux, mais il faut savoir que les monastères, à l’époque, comme beaucoup de maisons particulières d’ailleurs, ne connaissaient ni chauffage, ni eau courante, ni électricité, avec tous les travaux que cela suppose, et que peindre était toujours remis à plus tard.

Dom Nève’s zeal knew no bounds. They worked everywhere: the garden was taking shape, a ditch was dug between the abbey property and that of Miss van Nieuwenhuyse, the oblate wing was occupied, the kitchen installed, “seeing it, Maredsous could look at us with envious eyes.” (December 1 , 1906), the floor coverings laid, the farm improved, the guesthouse completed. The work was progressing, although the enthusiasm for building on the Coast attracted many workers from the surrounding area for higher wages: Verhaeghe, however, remained vigilant.

Le zèle de dom Nève ne connaissait pas de bornes. On travaillait partout: le jardin prenait forme, un fossé était creusé entre la propriété de l’abbaye et celle de Mademoiselle van Nieuwenhuyse, l’aile des oblats était occupée, la cuisine installée, «en la voyant, Mared-sous pourrait nous regarder avec des yeux d’envie» (ter décembre 1906), les revêtements de sol posés, la ferme améliorée, l’hôtellerie terminée; les travaux avançaient, quoique la fureur de bâtir à la Côte attirât pour des salaires plus élevés bien des ouvriers des environs: Verhaeghe toutefois veillait.

When Dom Nève arrived at Saint-André, the chapter room was still serving as a temporary chapel. The space was very limited, and for someone who had experienced the great liturgical celebrations of Maredsous, it was very poor, especially considering Dom Nève’s taste for liturgical splendor. Indeed, next to the altar there was the Bishop’s canopy throne and the monks’ benches; a communion rail separated them from the faithful., There was thus too little room for them on busy days. It was obvious that it was necessary to think about building a church, but could the abbey, in 1906, afford such an expense? With great difficulty, Bishop [van Caloen] had found money for the monastery buildings, where would he now find money for the church? O irony of fate! It was van Caloen’s turn to calm his student’s ardor and keep him on a leash:

Lorsque dom Nève arriva à Saint-André, la salle du chapitre servait toujours de chapelle provisoire. L’espace était très restreint, et pour quelqu’un qui avait connu les grandes célébrations liturgiques de Maredsous, c’était bien pauvre; d’autant plus que l’on connaît le goût de dom Nève pour le faste liturgique. En effet, à côté de l’autel, il y avait le trône à baldaquin de Monseigneur et les bancs des moines; un banc de communion les séparait des fidèles. Pour eux, il y avait donc trop peu de place les jours d’affluence. Il était évident qu’il fallait songer à la construction d’une église, mais l’abbaye, en 1906, pouvait-elle se permettre pareille dépense? À grand-peine, Monseigneur avait trouvé de l’argent pour les bâtiments claustraux, où trouverait-il maintenant de l’argent pour l’église? Ô ironie du sort! C’était au tour de van Caloen de calmer les ardeurs de son élève et de le tenir en laisse:

“Be moderate in your spending. Do not think about building the church for next year unless you can find the necessary funds for this purpose. Above all, you must finish and pay for what has been started.

«Soyez modéré dans vos dépenses. Ne songez pas à la construction de l’église pour l’année prochaine, à moins de trouver des fonds nécessaires à cet effet. Il faut avant tout terminer et payer ce qui est commencé.

I cannot take any responsibility for new constructions from here, because my finances are very tight.” (October 17, 1906)

Je ne puis d’ici prendre aucune responsabilité pour des constructions nouvelles, car je suis très serré dans les finances.» (17 octobre 1906)

Why this opposition from Monseigneur, he who had always undertaken without having the necessary means? When he arrived in Rio de Janeiro, in September 1906, he found an explosive situation there: on the one hand some of the monks had joined forces against him and were preventing good government of the abbey, on the other hand the situation The financial situation of the monastery was critical following the major works that Monsignor had undertaken and for which he had not found money in Europe. There is therefore no question of undertaking new work on all fronts. But Dom Nève was not the man to give up. Each letter sent was at the same time a plea in favor of the church. Monsignor, who knew very well that Nève was right, still authorized him to ask for a quote, to see.

Pourquoi cette opposition de Monseigneur, lui qui avait toujours entrepris sans en avoir les moyens nécessaires? Lorsqu’il arriva à Rio de Janeiro, en septembre 1906, il y avait trouvé une situation explosive: d’une part certains des moines s’étaient ligués contre lui et empêchaient un bon gouvernement de l’abbaye, d’autre part la situation financière du monastère était critique à la suite des grands travaux qu’avait entrepris Monseigneur et pour lesquels il n’avait pas trouvé d’argent en Europe. Pas question donc d’engager de nouveaux travaux sur tous les fronts. Mais dom Nève n’était pas homme à renoncer. Chaque lettre envoyée était en même temps un plaidoyer en faveur de l’église. Monseigneur, qui savait très bien que Nève avait raison, l’autorisa tout de même à demander un devis, pour voir.

Dom Nève then took his stick and his bag and went to look for funds. Could his parents not pay to Saint-André the pension that they allocated monthly to Maredsous for his upkeep? No, replied Dom de Hemptinne. His brother Joseph, administrator of the Diocesan Fund of Ghent, offered him a Zoo loan of 150,000 francs at 3%, repayable in twenty-five years with, as security, a mortgage on the abbey buildings. Couldn’t Brazil pay the interest, Dom Nève then asked?

Dom Nève prit alors son bâton et sa besace et s’en alla chercher des fonds. Ses parents ne pourraient-ils pas verser à Saint-André la pension qu’ils allouaient mensuellement à Maredsous pour son entretien? Non, répondit dom de Hemptinne. Son frère Joseph, administrateur de la Caisse diocésaine de Gand, lui proposa un emprunt de Zoo à 150 000 francs à 3%, remboursable en vingt-cinq ans avec, pour garantie, une hypothèque sur les bâtiments de l’abbaye. Le Brésil ne pourrait-il pas payer les intérêts, demanda alors dom Nève?

“This poor Saint-André is so neglected: he only lives on burdens. Could you not determine that every year Sâo Paulo, Rio and Bahia pay us 2 contos: this is our built church! This is the future of our school assured!”

«Ce pauvre Saint-André est si délaissé: il ne vit que de charges. Ne pourriez-vous pas déterminer que chaque année Sâo Paulo, Rio et Bahia nous paient 2 contos: c’est notre église bâtie! C’est l’avenir de notre école assuré!»

Had he stirred the Monseigneur’s heart? And did Monsignor have to help his zealous and faithful sub-prior? In any case, in his letter of January 9, 1907, Monseigneur declared himself ready to pay the interest on the capital, provided that it was not claimed:

Avait-il remué le coeur de Monseigneur? Et Monseigneur se devait-il d’aider son zélé et fidèle sous-prieur? Quoi qu’il en soit, dans sa lettre du 9 janvier 1907, Monseigneur se déclarait prêt à payer les intérêts du capital, à condition qu’il ne soit pas réclamé:

“Trust me and cry no more.”

«Fiez-vous à moi et ne pleurez plus.»

Dom Nève learned shortly after that the diocese of Ghent refused the loan, as the capital could not leave the diocese. What to do? A providential letter from Dom Gaspar Lefèbvre gave a new twist to the church affair: “Yesterday, I received a letter from mother. Having only taken a third of what my parents offered me from my fortune during my profession and Maredsous having absorbed it with good appetite, my parents do not want me to be a burden to my new monastery. So they placed the other two thirds in the bank. The income is 2,000 francs annually . They’re giving it to me this year...”

Dom Nève apprit peu après que le diocèse de Gand refusait l’emprunt, les capitaux ne pouvant pas quitter le diocèse. Que faire? Une lettre de dom Gaspar Lefèbvre, providentielle, donna une nouvelle tournure à l’affaire de l’église: «Hier, je reçois une lettre de maman. N’ayant pris que le tiers de ce que m’offraient mes parents de ma fortune lors de ma profession et Maredsous l’ayant absorbé de bon appétit, mes parents ne veulent pas que je sois à charge à mon nouveau monastère. Aussi ont-ils placé les deux autres tiers en banque. Le revenu en est annuellement de 2 00o francs. Ils me l’offrent cette année...»

What a bargain! Monsignor did not hesitate and advised starting with the tower and depreciating it at 4% with the annual income of Dom Gas-par (March 19, 1907). A tower without a church is no good, Dom Nève said to himself. He then made Monseigneur a triple proposal: a loan of 100,000 francs at 3% and long term, amortized annually with Dom Gaspar’s annuity and perhaps with his future inheritance; or else settle for the tower and the north side of the cloister, costing 25,000 francs, reimbursable with Dom Gaspar’s income and some donations; or invest the annuity and wait. This last proposition does not please me, added Dom Nève to his letter of March 5, 1907. Monseigneur opted for the safest, that is to say the second formula. Contractor Verhaeghe was ordered to start immediately.

Quelle aubaine! Monseigneur n’hésita pas et conseilla de commencer avec la tour et de l’amortir à du 4% avec la rente annuelle de dom Gas-par (19 mars 1907). Une tour sans église, cela ne va pas, se dit dom Nève. Il fit alors à Monseigneur une triple proposition: un emprunt de 100 000 francs à 3% et à long terme, amorti annuellement avec la rente de dom Gaspar et peut-être avec son futur héritage; ou bien se contenter de la tour et du côté nord du cloître, dont coût 25 00o francs, remboursables avec la rente de dom Gaspar et quelques dons; ou bien investir la rente et attendre. Cette dernière proposition ne me plaît pas, ajouta dom Nève à sa lettre du 5 mars 1907. Monseigneur opta pour le plus sûr, c’est-à-dire la deuxième formule. L’entrepreneur Verhaeghe reçut l’ordre de commencer immédiatement.

But Dom Nève did not stop there: he needed his church. A month later, he informed Monseigneur that the Jupille sisters were offering a loan at 3.5%. The abbot primate, who also dreamed of building, also wanted to benefit from it, so he had to hurry:

Mais dom Nève ne s’en tint pas là: il lui fallait son église. Un mois plus tard, il fit savoir à Monseigneur que les soeurs de Jupille offraient un emprunt à 3,5%. L’abbé primat, qui rêvait aussi de bâtir, voulait également en profiter, il fallait donc se dépêcher:

“Let’s hurry up, wouldn’t it be better to be the first to take advantage of this good opportunity.” (April 23, 1907)

«Dépêchons-nous, ne vaudrait-il pas mieux être les premiers à profiter de cette bonne occasion.» (23 avril 1907)

“If I managed to find money at 2%, would you allow me to enter into negotiations to raise capital?” (May 1 , 1907)

«Si je parvenais à trouver de l’argent à 2%, permettriez-vous que j’entame des négociations pour lever un capital?» (1er mai 1907)

Certainly, Dom Nève was not at the end of his resources. Monsignor replied, in an air that wanted to calm his ardor, that he had to think: 3.5% was good, 2% would be better. Thereupon, Dom Nève learned that the Trappists of Westmalle lent small sums at 2%. Wouldn’t they do it for a significant amount of money? Yes, but since they were building it themselves, they couldn’t afford anything for the time being. What a pity! It was then that Dugardyn, a stockbroker in Bruges, said he was ready to lend, via the Crédit Foncier de Belgique, a large sum at 6%, repayable in thirty years, with a mortgage on the abbey. What would Mr van Ockerhout say in this case? A mortgage on a gift! Monsignor promised to involve his brother Albert, was he not Mr. van Ockerhout’s son-in-law? Clearly, everything is flour at the mill! His brother Ernest, however, was not in favor of this construction of the church, given the loans to be repaid. Speaking of Dom Nève, he pointed out to Monseigneur that money matters did not stop him. At that time, the constructions had absorbed Monseigneur’s savings and the 50,000 francs from the Gillès de Pélichy loan: the assets were practically non-existent in March 1907.

Décidément, dom Nève n'était pas à bout de ressources. Monseigneur lui répondit, d'un air qui voulait calmer son ardeur, qu'il devait réfléchir: 3,5%, c’était bien, 2% serait mieux. Là-dessus, dom Nève apprit que les trappistes de Westmalle prêtaient de petites sommes à 2%. Ne le feraient-ils pas pour une somme importante? Oui, mais comme ils bâtissaient eux-mêmes, ils ne pouvaient rien se permettre momentanément. Quel malheur! C’est alors que Dugardyn, agent de change à Bruges, se dit prêt à prêter, via le Crédit foncier de Belgique, une somme importante à 6%, remboursable en trente ans, avec une hypothèque sur l’abbaye. Que dirait dans ce cas Monsieur van Ockerhout? Une hypothèque sur un cadeau! Monseigneur promit de faire intervenir son frère Albert, n’était-il pas le gendre de Monsieur van Ockerhout? Décidément, tout fait farine au moulin! Son frère Ernest, cependant, n’était guère partisan de cette construction de l’église, vu les emprunts à rembourser. Parlant de dom Nève, il faisait remarquer à Monseigneur que les questions d’argent ne l’arrêtaient pas. A ce moment, les constructions avaient absorbé le pécule de Monseigneur et les 50 000 francs du prêt Gillès de Pélichy: l’avoir était pratiquement inexistant en mars 1907.

It was at the beginning of this year 1907 that Monsignor suffered a very serious health accident and the doctor diagnosed a heart disease for the first time. Monsignor had been complaining for a long time of insomnia, respiratory problems, heartbeats which had been aggravated by excessive fatigue, following the difficulties and tensions he was experiencing. Monsignor experienced critical moments but recovered slowly. The doctors then advised him to follow a cure in Bad Nauheim, in Germany, a cure center for heart patients. He entrusted the fate of the congregation to Dom Chrysostome De Saegher who, at his request, had been made titular abbot of Tibâes and his coadjutor abbot. On April 5, 1907, he landed in Europe. He first went to Rome, to take part in the congress of presidents of the Benedictine congregations. He obtained that the principle of the “apostolate” was officially accepted by the order of Saint Benedict. He had been fighting for this for thirty years.

Ce fut au début de cette année 1907 que Monseigneur connut un très sérieux accident de santé et que le médecin diagnostiqua pour la première fois une maladie de coeur. Monseigneur se plaignait depuis longtemps d’insomnie, de troubles respiratoires, de battements de coeur qu’avait aggravés une fatigue excessive, à la suite des difficultés et des tensions qu’il connaissait. Monseigneur vécut des moments critiques mais se remit lentement. Les médecins lui conseillèrent alors de suivre une cure à Bad Nauheim, en Allemagne, centre de cure pour cardiaques. Il confia le sort de la congrégation à dom Chrysostome De Saegher qui, sur sa demande, avait été fait in petto abbé titulaire de Tibâes et son abbé coadjuteur. Le 5 avril 1907, il débarquait en Europe. Il se rendit en tout premier lieu à Rome, pour prendre part au congrès des présidents des congrégations bénédictines. Il obtint que le principe de l’«apostolat» soit accepté officiellement par l’ordre de saint Benoît. Cela faisait trente ans qu’il se battait pour cela.

Still in Rome, he obtained the appointment of three abbots for Brazil. After much procrastination and consultation, after carefully weighing the pros and cons, Monseigneur van Caloen decided to propose Dom Maïeul de Caigny for the abbey of Bahia, Dom Peter Rceser for the abbey of Olinda and Dom Michel Kruse for the abbey of Sâo Paulo 6 ‘. These appointments did not only mean for Monseigneur van Caloen a reduction in his task, but also and above all the crowning of many years of effort and work. He also obtained the annexation of the Rio Branco mission territory to the abbey of Rio de Janeiro, which became a nullius abbey, as he had requested (August 15, 1907). On two occasions he was received in private audience by the Pope.

Toujours à Rome, il obtint pour le Brésil la nomination de trois abbés. Après bien des tergiversations et des conciliabules, après avoir bien pesé le pour et le contre, Monseigneur van Caloen décida de proposer dom Maïeul de Caigny pour l’abbaye de Bahia, dom Peter Rceser pour l’abbaye d’Olinda et dom Michel Kruse pour l’abbaye de Sâo Paulo6’. Ces nominations ne signifiaient pas seulement pour Monseigneur van Caloen un allègement de sa tâche, mais aussi et surtout le couronnement de nombreuses années d’efforts et de travail. Il obtint en outre l’annexion du territoire de mission du Rio Branco à l’abbaye de Rio de Janeiro, qui devenait une abbaye nullius, comme il l’avait demandé (15 août 1907). A deux reprises, il fut reçu en audience particulière par le pape.

The first stay he made in Bad Nauheim was positive and gave him new energy. When Monsignor finally arrived in Saint-André in August, he found a fervent community and a good community spirit there, thanks to the tireless zeal of Dom Nève. However, everything was not going well:

Le premier séjour qu’il fit à Bad Nauheim fut positif et lui donna une nouvelle énergie. Quand Monseigneur arriva enfin au mois d’août à Saint-André, il y trouva une communauté fervente et un bon esprit communautaire, grâce au zèle infatigable de dom Nève. Tout cependant n’allait pas bien:

“The fund is impatiently awaiting your arrival because the blackest poverty reigns here: we have burned our last cartridges,” wrote Dom Nève on July 23, 1907. In any case, on October 3, on the feast of Saint Gerard, in the presence of many guests, Monsignor van Caloen laid the first stone of the church. Was the cartridge reserve replenished? Was the financial question resolved? We don’t know, but we can nevertheless assume that the money was there, or at least, what was necessary. Dom Ludger Rincklake’s plan, at the request of Monseigneur van Caloen, practically provided for two churches, since the chapel of the Virgin was separated from the monks’ church by an open space. The contractor, however, asked to wait for the chapel of the Virgin, so as not to be responsible for two projects at once. This was granted to him. But we know how things happen in a monastery: remission can take years; in fact, the Chapel of the Virgin would wait twenty years and the plan would be revised in the meantime.

«La caisse attend votre arrivée avec impatience car il règne ici la misère la plus noire: nous avons brûlé nos dernières cartouches», écrivait dom Nève, le 23 juillet 1907. Quoi qu’il en soit, le 3 octobre, à la fête de saint Gérard, en présence de nombreux invités, Monseigneur van Caloen posait la première pierre de l’église. La réserve de cartouches était-elle reconstituée? La question financière était-elle réglée? Nous l’ignorons, mais pouvons toutefois supposer que l’argent y était, ou du moins, le nécessaire. Le plan de dom Ludger Rincklake, à la demande de Monseigneur van Caloen, prévoyait pratiquement deux églises, puisque la chapelle de la Vierge était séparée de l’église des moines par un espace ouvert. L’entrepreneur demanda pourtant d’attendre pour la chapelle de la Vierge, de façon à n’être pas chargé de deux chantiers à la fois. Ce lui fut accordé. Mais on sait comment les choses se passent dans un monastère: remettre peut durer des années; de fait, la chapelle de la Vierge attendrait vingt ans et le plan serait remanié entre-temps.

The festivities finished at Saint-André, Monseigneur left for Brazil, and a few days later, three other monks took the same path. In the abbey church of Rio de Janeiro, on November 24, 1907, he carried out the abbey blessing of the four new Benedictine abbots. Monsignor had received this favor from the Pope. It was a grandiose ceremony in the presence of a representative of the President of the Republic, the cardinal, the apostolic nuncio and other religious and political dignitaries. These festivities, in the eyes of Monsignor, were to highlight the success of the restoration. There was no doubt, in fact, that they crowned twelve years of work, difficulties and struggles. Monsignor could be proud of his work.

Les festivités terminées à Saint-André, Monseigneur repartit pour le Brésil, et quelques jours plus tard, trois autres moines prirent le même chemin. Dans l’église abbatiale de Rio de Janeiro, il procéda, le 24 novembre 1907, à la bénédiction abbatiale des quatre nouveaux abbés bénédictins. Monseigneur avait reçu cette faveur du pape. Ce fut une cérémonie grandiose en présence d’un représentant du président de la République, du cardinal, du nonce apostolique et d’autres dignitaires religieux et politiques. Ces festivités, aux yeux de Monseigneur, devaient mettre en évidence le succès de la restauration. Il ne faisait pas de doute, en effet, qu’elles couronnaient douze ans de labeur, de difficultés et de luttes. Monseigneur pouvait être fier de son travail.

“This day marks the end of the period of organization and the beginning of the period of regular functioning of the Brazilian congregation,” he wrote on November 26, 1907 to the primate of the order, Dom Hildebrand de Hemptinne.

«Ce jour marque la fin de la période d’organisation et le commencement de la période de fonctionnement régulier de la congrégation brésilienne», écrivait-il le 26 novembre 1907 au primat de l’ordre, dom Hildebrand de Hemptinne.

Dom Nève, during this time, did not remain inactive, devoted body and soul to the work of Monseigneur and to his person. A beautiful circular, sent to all subscribers of the abbey’s magazine, the Bulletin of Benedictine Works in Brazil, and to friends of the monastery, announced the creation of an apostolic college, with the aim of raising and training young people, attracted by monastic and religious life. The college was placed under the protection of Saint Placidus. At the start of the 1907-1908 school year, the school had twenty-five students, including seven Italians, five Germans and two Luxembourgers. “We need more Belgians,” insisted Monseigneur. The selection, however, was severe; Dom Nève did not hesitate to dismiss Oblates who did not have the vocation: eight were dismissed before Easter. Same severity for novices: at Saint-André, one always left as easily as one entered.

Dom Nève, pendant ce temps, ne restait pas inactif, dévoué corps et âme à l’ceuvre de Monseigneur et à sa personne. Une belle circulaire, envoyée à tous les abonnés de la revue de l’abbaye, le Bulletin des OEuvres bénédictines au Brésil, et aux amis du monastère, annonça la création d’un collège apostolique, dans le but d’élever et de former des jeunes, attirés par la vie monastique et religieuse. Le collège était placé sous la protection de saint Placide. Au début de l’année scolaire 1907-1908, l’école comptait vingt-cinq élèves, dont sept Italiens, cinq Allemands et deux Luxembourgeois. «Il faut plus de Belges», insista Monseigneur. La sélection cependant était sévère; dom Nève n’hésitait pas à renvoyer les oblats qui n’avaient pas la vocation: huit furent renvoyés avant Pâques. Même sévérité d’ailleurs pour les novices: à Saint-André, on sortait toujours aussi facilement qu’on y entrait.

But the financial problem remained a headache for Dom Nève. This problem would pursue him for decades but never stopped him in his projects: “I continue” could have been his motto; “Persevere” was his policy. Not only did construction have to be financed, but so did daily life. Feeding and caring for around sixty people every day was no easy task. According to Ernest, Monseigneur’s brother, Dom Nève was momentarily very embarrassed, especially since Monseigneur had drawn up a list of additional work to be carried out in 1908 (November 20, 1907). Money was lacking. Ernest van Caloen was alarmed, he considered the situation worrying: “Fortunately, Catholic works always end up getting out of trouble,” he concluded in a letter to Monseigneur. And yet, we often have the impression, when reading the van Caloen-Nève correspondence, that Dom Nève was asking Monseigneur for more than he needed, no doubt in the hope of obtaining enough. In fact, all the work in 1907 had been paid for, that in 1908 was estimated at 25,000 francs, perhaps 3o,000 francs, and the contractor Verhaeghe agreed to allow a delay in payment. Nevertheless, Dom Nève thought of a new loan of 5o,000 francs from Baron Jean Gillès de Pélichy 62 , repayable in ten years. Try, replied Monseigneur, but he added:

Mais le problème financier demeurait un casse-tête pour dom Nève. Ce problème d’ailleurs le poursuivrait durant des décennies mais ne l’arrêta jamais dans ses projets: «Je continue» aurait pu être sa devise; «Persévérer» était sa politique. Non seulement les constructions devaient être financées, mais la vie quotidienne également. Nourrir et entretenir tous les jours une soixantaine de personnes n’était pas une sinécure. D’après Ernest, le frère de Monseigneur, dom Nève était momentanément très embarrassé, d’autant plus que Monseigneur avait dressé une liste de travaux supplémentaires à exécuter en 1908 (2o novembre 1907). L’argent manquait. Ernest van Caloen s’alarma, il estimait la situation inquiétante: «Heureusement que les oeuvres catholiques finissent toujours par se tirer d’affaire», conclut-il dans une lettre à Monseigneur. Et pourtant, on a souvent l’impression, en lisant la correspondance van Caloen-Nève, que dom Nève demandait à Monseigneur plus qu’il ne lui fallait, sans doute dans l’espoir d’obtenir suffisamment. En effet, tous les travaux de 1907 avaient été payés, ceux de 1908 étaient estimés à 25 000 francs, peut-être 3o 000 francs, et l’entrepreneur Verhaeghe était d’accord pour consentir un délai de paiement. Il n’empêche que dom Nève songea à un nouvel emprunt de 5o 000 francs auprès du baron Jean Gillès de Pélichy62, remboursable en dix ans. Essayez, lui répondit Monseigneur, mais il ajoutait:

“As for the foundations of the church, I would very much like them to be made up to the height of the cordon. This would facilitate the quest I plan to do next summer.” (January 3, 1908)

«Quant aux fondations de l’église, j’aimerais beaucoup qu’on les fit jusqu’à hauteur du cordon. Cela faciliterait la quête que je compte faire l’été prochain.» (3 janvier 1908)

Here is Monsignor hesitant at first, but now encouraging Dom Nève to activate the work; better still, he would like to see everything achieved: we would see what the money is for.

Voilà Monseigneur d’abord hésitant, mais encourageant maintenant dom Nève à activer les travaux; mieux encore, il voudrait voir tout réaliser: on verrait bien pour l’argent.

For Dom Nève, after a year and a half of stay in Saint-André, Ze-venkerken had become his abbey and his business. Was it not the time for him to go to Brazil to get to know better this country for which he worked? Dom Nève had many reasons for this: to strengthen the links between Saint-André and Brazil, to form the abbey and the novices according to the spirit of the Brazilian congregation, to become personally aware of the problems and tasks that Monsignor was faced with: a justified demand for better work. Dom Nève had even planned everything in case of absence (December 23, 1907). Alas! Monsignor did not hear it that way. If he himself liked to travel a lot, he thought differently about his monks:

Pour dom Nève, après un an et demi de séjour à Saint-André, Ze-venkerken était devenue son abbaye et son affaire. N’était-ce pas pour lui le moment de se rendre au Brésil pour mieux connaître ce pays pour lequel il travaillait? Dom Nève avait bien des raisons pour cela: reserrer les liens entre Saint-André et le Brésil, former l’abbaye et les novices selon l’esprit de la congrégation brésilienne, se rendre compte personnellement des problèmes et des tâches auxquels Monseigneur était confronté: une demande justifiée pour un meilleur travail. Dom Nève avait même tout prévu en cas d’absence (23 décembre 1907). Hélas! Monseigneur ne l’entendit pas de cette oreille. S’il aimait lui-même beaucoup voyager, il pensait autrement pour ses moines:

“I am very against travel for young monks,” he thought at the time. He took the pretext of the authorization to be requested from the primate, on whom Dom Nève still depended, to refuse diplomatically. Now that Saint-André was in good hands, it was not the time for a long absence. Saint Andrew was his consolation, there he felt at home and knew he was the father of a monastic community who lived in unison: he owed it to Dom Nève. Moreover, he did not fail, on every occasion, to show his gratitude:

«Je suis très ennemi des voyages pour les jeunes moines», pensait-il alors. Il prit prétexte de l’autorisation à demander au primat, dont dépendait toujours dom Nève, pour refuser diplomatiquement. Maintenant que Saint-André se trouvait en de bonnes mains, ce n’était pas le moment d’une longue absence. Saint-André était sa consolation, là il se sentait chez lui et se savait le père d’une communauté monastique qui vivait à l’unisson: il le devait à dom Nève. Il ne manquait d’ailleurs pas, à toute occasion, de lui marquer sa reconnaissance:

“I would like to take this opportunity, dear Dom Théodore, to thank you from the bottom of my heart for your dedication to our work. May God reward you a hundredfold for everything you have done and still do every day for our dear Brazilian congregation.” (January 3, 1908)

«Je profite de l’occasion, cher dom Théodore, pour vous remercier de tout coeur de votre dévouement à notre oeuvre. Que Dieu vous rende au centuple tout ce que vous avez fait et faites encore tous les jours pour notre chère congrégation brésilienne.» (3 janvier 1908)

A new twist of fate suddenly made the financial situation of Saint-André inextricable. Indeed, the bankruptcy of the Jonckheere bank, in March 1908, was a catastrophe for Dom Nève’s financial affairs, especially since for the famous Russian shares, so prized by the banker, he only received 12% in return. of the amount paid. The loss was so great that Monseigneur’s brothers advised him to stop the work. To gain time, Dom Nève wrote to Monseigneur: this gave him six weeks of respite. But Monsignor, upon his return from Rio Branco where he had gone to take the pulse of his diocese, agreed with the opinion of his brothers:

Un nouveau coup du sort rendit brusquement inextricable la situation financière de Saint-André. En effet, la faillite de la banque Jonckheere, en mars 1908, fut une catastrophe pour les affaires financières de dom Nève, d’autant plus que pour les fameuses actions russes, si prisées par le banquier, il ne reçut en retour que 12% de la somme versée. La perte était si grande que les frères de Monseigneur lui conseillèrent d’arrêter les travaux. Pour gagner du temps, dom Nève écrivit à Monseigneur: cela lui donnait six semaines de répit. Mais Monseigneur, dès son retour du Rio Branco où il était allé prendre le pouls de son diocèse, se rangea à l’avis de ses frères:

“You are in trouble and need money. Very good, but I am in the same situation. I am not a money maker... Apply the brakes, my dear father, do nothing more, stop what can be stopped... If the holes are not too big, I will resume my begging bag to stop them... Let us trust in God, but let us not be rash.” (May 13, 1908)

«Vous êtes dans le pétrin et avez besoin d’argent. Fort bien, mais moi je suis dans le même cas. Je ne suis pas une fabrique d’argent... Serrez les freins, mon cher père, n’entreprenez plus rien, arrêtez ce qui peut être arrêté... Si les trous ne sont pas trop grands, je reprendrai ma besace de quêteur pour les boucher... Ayons confiance en Dieu, mais ne soyons pas téméraires.» (13 mai 1908)

It was thus a continual tug-of-war between Monseigneur and Dom Nève: sometimes Monseigneur was eager for the work to be done, sometimes for it to be stopped, thus blowing hot and cold depending on the circumstances. He encouraged trust in the Lord but not rashness. Had he forgotten his own? But Dom Nève did not consider the letter as an order, Monseigneur would have written it in full, and it seemed to him that the door remained ajar: he slipped through. The work was not interrupted: the kitchen wing was completed, the enclosure wall finished and the tower put under roof: the contractor would wait to be paid.

C’était ainsi une traction continuelle à hue et à dia entre Monseigneur et dom Nève: tantôt Monseigneur avait hâte que les travaux se fassent, tantôt qu’on les arrête, soufflant ainsi le chaud et le froid selon les circonstances. Il encourageait à la confiance dans le Seigneur mais non à la témérité. Avait-il oublié les siennes propres? Mais dom Nève ne considéra pas la lettre comme un ordre, Monseigneur l’aurait écrit en toutes lettres, et il lui sembla que la porte restait entrouverte: il s’y faufila. Les travaux ne furent pas interrompus: l’aile de la cuisine fut achevée, le mur de clôture terminé et la tour mise sous toit: l’entrepreneur attendrait d’être payé.

But what does a tower without bells mean?, said Dom Nève. The banker Jonckheere had promised one, but there was nothing more to expect from that side. Dom Nève then turned to his parents, who promised one, to the Ydewalle family who promised the second, to Mr. van Ockerhout who promised the third. When Dom Gaspar learned of the matter in Brazil, he wrote to Dom Nève:

Mais que signifie une tour sans cloches?, se dit dom Nève. Le banquier Jonckheere en avait promis une, mais de ce côté-là il n’y avait plus rien à attendre. Dom Nève se tourna alors vers ses parents, qui en promirent une, vers la famille d’Ydewalle qui promit la seconde, vers Monsieur van Ockerhout qui promit la troisième. Quand dom Gaspar apprit la chose au Brésil, il écrivit à dom Nève:

“I am pleased to learn that the “Gaspar Tower” is under roof and already speaks with its three bells. It would be time to baptize her. Keep her name, but supernaturalize her. A Saint-Gaspar tower would be better than a Gaspar tower. He is there in his place because he is the patron of travelers and missionaries who work for the Propagation of the Faith.

«J’apprends avec plaisir que la “Tour Gaspar” est sous toit et parle déjà avec ses trois cloches. Il serait temps de la baptiser. Gardez-lui son nom, mais surnaturalisez-la. Une tour Saint-Gaspar serait mieux qu’une tour Gaspar. Il est là à sa place car il est le patron des voyageurs et des missionnaires qui travaillent à la Propagation de la Foi.»

Did a Saint Gaspar exist? Who would dare to say this today? Regardless, the name “Tour Gaspar” stuck. As for payment? The Lefebvre parents had paid the first installment. Did they continue? No way of knowing. But Providence was watching. Baron Jean Gillès de Pélichy had barely refused a second loan when a new offer presented itself. Madame de Penaranda de Franchimont, born Clotilde de Laage de Bellefaye, who lived in the castle of Tillegem in the vicinity of the abbey, protector and benefactress of the monastery, offered to dom Nève to put at his disposal the sum he needed to a very low interest, repayable when he could (May 7, 1908). The latter accepted, without waiting for Monsignor’s permission. Since he had authorization for the Gillès loan, if the Penaranda loan was more advantageous, he could accept, he said to himself (May 14, 1908). A first installment of 33,000 francs was paid (July 30, 1908), of which 25,000 were used to pay debts to the contractor, 5,000 to install gas lighting (acetylene) in the abbey, the rest to be deposited at the bank; This is what Monsignor had decided.

Saint Gaspar a-t-il vécu? Qui oserait l’affirmer aujourd’hui? Quoi qu’il en soit, le nom de «Tour Gaspar» est resté. Quant au paiement? Les parents Lefebvre avaient réglé la première tranche. Ont-ils continué? Pas moyen de le savoir. Mais la Providence veillait. Le baron Jean Gillès de Pélichy avait à peine refusé un second prêt qu’une nouvelle offre se présenta. Madame de Penaranda de Franchimont, née Clotilde de Laage de Bellefaye, qui habitait le château de Tillegem dans les environs de l’abbaye, protectrice et bienfaitrice du monastère”, proposa à dom Nève de mettre à sa disposition la somme dont il avait besoin à un intérêt très bas, remboursable quand il le pourrait (7 mai 1908). Ce dernier accepta, sans attendre la permission de Monseigneur. Puisqu’il avait l’autorisation pour l’emprunt Gillès, si l’emprunt Penaranda était plus avantageux, il pouvait accepter, se dit-il (14 mai 1908). Une première tranche de 33 000 francs fut versée (3o juillet 1908), dont 25 000 servirent à payer les dettes envers l’entrepreneur, 5 000 à installer l’éclairage au gaz (acétylène) dans l’abbaye, le reste devant être déposé à la banque; ainsi en avait décidé Monseigneur.

An excellent spirit then reigned at Saint-André. The young and dynamic sub-prior had no difficulty in conveying his admiration and enthusiasm for Bishop van Caloen to his community, as young as he was, and in preparing them for the monastic apostolate: Zevenkerken formed “monk-apostles »:

Régnait alors un excellent esprit à Saint-André. Le jeune et dynamique sous-prieur n’avait aucune peine à faire passer son admiration ni son enthousiasme pour Monseigneur van Caloen à sa communauté, aussi jeune que lui, et à la préparer à l’apostolat monastique: Zevenkerken formait «des moines-apôtres»:

“On several occasions, Dom Colomba Marmion expressed his satisfaction with what he had seen and heard during his stay among us. What is very certain is that we are very happy, very united, strong in joy and strong in peace and that we try to love God to the extent of our strength” (February 25, 1908), wrote Dom Nève to My lord. Enthusing young people was undoubtedly his job and his charisma. There was much talk then about the Rio Branco and the upcoming departure, in April 1908, of the first caravan of six monks under the leadership of Monsignor himself, a mission for which Saint-André was preparing. “May we envy these happy brothers in their complete sacrifice. Ibant gaudentes!” cried Dom Nève.

«À plusieurs reprises, dom Colomba Marmion a exprimé toute sa satisfaction sur ce qu’il avait vu et entendu pendant son séjour parmi nous. Ce qui est bien certain, c’est que nous sommes très heureux, très unis, forts en joie et forts en paix et que nous tâchons d’aimer Dieu dans la mesure de nos forces» (25 février 1908), écrivait dom Nève à Monseigneur. Enthousiasmer les jeunes, c’était sans aucun doute son travail et son charisme. On parlait beaucoup alors du Rio Branco et du départ prochain, en avril 1908, de la première caravane de six moines sous la conduite de Monseigneur lui-même, mission à laquelle Saint-André se préparait. «Que nous envions ces heureux frères dans leur complet sacrifice. Ibant gaudentes!», s’écriait dom Nève.

Monsignor van Caloen’s dream was taking shape. Since his arrival in Brazil, he had never ceased to desire a mission territory in order to give his ideal of monastic apostolate a real dimension and thus to follow in the footsteps of the Colombas, the Amands, the Bonifaces, the Wilibrords and so many other monk-apostles who had embraced his monastic ideal. But now Monseigneur van Ca-loen, so close to the goal but still tireless, was already sketching out a new plan for the future. In a letter to the abbot primate, he outlined with his customary conviction the future of his dear Saint-André. After having renounced Rio de Janeiro in favor of Dom Chrysostome De Saegher, he would keep his other functions within the Brazilian congregation and would direct it from Saint-André.

Le rêve de Monseigneur van Caloen prenait forme. Depuis son arrivée au Brésil, il n’avait cessé de désirer un territoire de mission afin de donner à son idéal d’apostolat monastique une dimension réelle et de suivre ainsi les traces des Colomba, des Amand, des Boniface, des Wilibrord et de tant d’autres moines-apôtres qui avaient bercé son idéal monastique. Mais voilà que Monseigneur van Ca-loen, si près du but mais toujours infatigable, esquissait déjà un nouveau plan d’avenir. Dans une lettre à l’abbé primat, il brossa avec sa conviction coutumière l’avenir de son cher Saint-André. Après avoir renoncé à Rio de Janeiro en faveur de dom Chrysostome De Saegher, il garderait ses autres fonctions au sein de la congrégation brésilienne et la dirigerait à partir de Saint-André.

It seems to me that the time has come to establish my habitual residence in Saint-André. Saint Andrew would gradually become the center of an apostolic congregation, of which Brazil would be only one wing. Other wings would be formed little by little, for example one in Japan, one in the Scandinavian States, one in the Orient, one in Africa... Later this could become so many provinces of which Saint-André would be the center... In such a congregation which could be called ‘Congregation of Saint Andrew, the Apostle’, a European province composed of possible monasteries: Wessobrunn, in central Bavaria, Siena, in central Italy, one in Holland, etc. with Saint-André as head, would be destined to populate the mission provinces... And my successor would be either Dom Théodore Nève or Dom Jean de Hamptinne. Is this a dream 64 ? (August 9, 1909)

«Il me semble que le moment serait venu de fixer ma résidence habituelle à Saint-André. Saint-André deviendrait peu à peu le centre d’une congrégation apostolique, dont le Brésil ne serait qu’une aile. D’autres ailes se formeraient peu à peu, par exemple une au Japon, une dans les États scandinaves, une en Orient, une en Afrique... Plus tard cela pourrait devenir autant de provinces dont Saint-André serait le centre... Dans une telle congrégation qui pourrait se nommer “Congrégation de Saint-André, apôtre’, une province européenne composée de monastères possibles: Wessobrunn, au centre de la Bavière, Sienne, au centre de l’Italie, une en Hollande, etc. avec Saint-André pour tête, serait destinée à peupler les provinces de missions... Et mon successeur serait ou dom Théodore Nève ou dom Jean de Hamptinne. Est-ce un rêve64 (9 août 1909)

But once again, Monsignor announced himself. After numerous detours, he arrived in Saint-André in July, leaving shortly afterwards for Bad Nauheim. He noticed on arrival that the entire abbey was built, except the abbey wing, the construction of which had however begun. How had Dom Nève achieved this feat? Thanks to his zeal, his entrepreneurial spirit and his perseverance.

Mais une fois de plus, Monseigneur s’annonçait. Après de nombreux détours, il arriva en juillet à Saint-André, pour partir peu de temps après pour Bad Nauheim. Il constata en arrivant que toute l’abbaye était bâtie, sauf l’aile abbatiale, dont on avait commencé cependant la construction. Comment dom Nève avait-il réalisé ce tour de force? Grâce à son zèle, à son esprit d’entreprise et à sa persévérance.

7.2. Dom Théodore Nève, prior -1908-1912

7.2. Dom Théodore Nève, prieur -1908-1912

During this summer of 1908, the situation changed completely in Saint-André. The failing health of the prior, Dom Benoît D’Hondt, suddenly worsened. This holy man had more and more difficulty going to the refectory or to church. He made superhuman efforts to be present everywhere, as his task required, but it was visible that his strength was declining day after day. On August 23 he was administered; the prior and the abbot of Maredsous came to visit him. Although Monsignor van Caloen wanted him to die and be buried in Saint-André, the care to be given to the sick man was too heavy a burden for his young community: his return to Maredsous was necessary. That Dom Théodore Nève was then named prior surprised no one; Dom Étienne Tillieux became sub-prior, Dom Odilon Otten master of novices, Dom Gérard Moyaert rector of the Oblate school: a strong team now led the abbey.

Au cours de cet été 1908, la situation changea du tout au tout à Saint-André. La santé chancelante du prieur, dom Benoît D’Hondt, s’aggrava brusquement. Ce saint homme avait de plus en plus de difficulté à se rendre au réfectoire ou à l’église. Il faisait des efforts surhumains pour être présent partout, comme sa tâche “y obligeait, mais il était visible que ses forces déclinaient jour après jour. Le 23 août, il fut administré; le prieur et l’abbé de Maredsous vinrent lui rendre visite. Quoique Monseigneur van Caloen souhaitât qu’il meure et soit enterré à Saint-André, les soins à donner au malade étaient une charge trop lourde pour sa jeune communauté: son retour à Maredsous s’imposait. Que dom Théodore Nève fût alors nommé prieur n’étonna personne; dom Étienne Tillieux devint sous-prieur, dom Odilon Otten maître des novices, dom Gérard Moyaert recteur de l’école des oblats: une équipe forte menait à présent l’abbaye.

On September 8, 1908, Monsignor van Caloen proceeded to bless the three bells: Benedicta, Bonifatia and Andrea, promised and offered by the Nève, d’Ydewalle and van Ockerhout families. Three gifts of which the prior could be proud. The abbey now had a tower and three bells, but no church! Before leaving for Brazil, Monsignor van Caloen made some important decisions:

Le 8 septembre 1908, Monseigneur van Caloen procéda à la bénédiction des trois cloches: Benedicta, Bonifatia et Andrea, promises et offertes par les familles Nève, d’Ydewalle et van Ockerhout. Trois cadeaux dont le prieur pouvait être fier. L’abbaye avait maintenant une tour et trois cloches, mais pas d’église! Avant de partir pour le Brésil, Monseigneur van Caloen prit quelques décisions importantes:

“It is one of those great moments in life,” he wrote to the Father Abbot Primate, “ where one must collect oneself, raise one’s heart towards God and then act calmly but with precision and energy, without fear of sacrificing something. part to save the rest since it is necessary.” (October 8, 1908)

«C’est l’un de ces grands moments dans la vie, écrivait-il au père abbé primat, où il faut se recueillir, élever son coeur vers Dieu et puis agir avec calme mais avec précision et énergie, sans craindre de sacrifier une partie pour sauver le reste puisqu’il le faut.» (8 octobre 1908)

The latent crisis in Rio de Janeiro 65 , the lack of men for Santa Cruz, the definitive withdrawal of Beuron, the difficulties encountered in Siena forced Monseigneur to take important measures. The procura of Siena was abolished and the monks, having become free, sent to Brazil; young people studying were recalled from Rome and took the same route; The Wessobrunn procura , however,was maintained. It was installed in the old buildings of the abbey of Wessobrunn in Bavaria, made available to Monseigneur by Baron von Cramer Klett 66 , a rich Bavarian lord, owner of the estate and great friend of the Benedictines. This proposal, made the previous year, pleased Monseigneur, especially since there were many Germans presenting themselves for Brazil and a recruitment center in Germany could only have positive sides. Dom Raphaël Kôgel 67 had been in charge since November 1907.

La crise latente à Rio de Janeiro65, le manque d’hommes pour Santa Cruz, le retrait définitif de Beuron, les difficultés rencontrées à Sienne obligèrent Monseigneur à prendre des mesures importantes. La procure de Sienne fut supprimée et les moines, devenus libres, envoyés au Brésil; les jeunes aux études furent rappelés de Rome et prirent le même chemin; la procure de Wessobrunn fut cependant maintenue. Elle était installée dans les anciens bâtiments de l’abbaye de Wessobrunn en Bavière, mis à la disposition de Monseigneur par le baron von Cramer Klett66, un riche seigneur bavarois, propriétaire du domaine et grand ami des bénédictins. Cette proposition, faite l’année précédente, avait plu à Monseigneur, d’autant plus que les Allemands étaient nombreux à se présenter pour le Brésil et qu’un centre de recrutement en Allemagne ne pouvait avoir que des côtés positifs. Dom Raphaël Kôgel67 en était le responsable depuis novembre 1907.

Once Monsignor left for Brazil, Dom Théodore took matters in hand. Thanks to a new loan of 80,000 francs, granted by Madame de Penaranda with mortgages on some of her estates, Dom Nève was able to consolidate the abbey’s finances and begin work on the church. In order to raise a little more money, Dom Théodore gave a conference with projections on Brazil: in Uccle in December 1908, in Bruges in February 1909 and the same month in Courtrai. La Patrie then published the following report:

Une fois Monseigneur parti pour le Brésil, dom Théodore reprit les choses en main. Grâce à un nouvel emprunt de 80 000 francs, consenti par Madame de Penaranda avec des hypothèques sur certains de ses domaines, dom Nève put assainir les finances de l’abbaye et commencer les travaux de l’église. Afin de rassembler encore un peu d’argent, dom Théodore donna une conférence avec projections sur le Brésil: à Uccle en décembre 1908, à Bruges en février 1909 et le même mois à Courtrai. La Patrie publia alors le compte rendu suivant:

“In a clear and eloquent style, Father Nève told his audience about the beauties of Brazil and introduced them to the dramatic history of the restoration of the order of Saint Banoît, undertaken in this great country by Monsignor van Caloen according to the desire expressed by Leo XIII. Numerous projections of remarkable clarity further increased the charm of this beautiful conference.”

«Dans un style clair et éloquent, le R.P. Nève a entretenu son auditoire des beautés du Brésil et lui a fait connaître la dramatique histoire de la restauration de l’ordre de saint Banoît, entreprise dans ce grand pays par Monseigneur van Caloen d’après le désir exprimé par Léon XIII. De nombreuses projections d’une netteté remarquable augmentaient encore le charme de cette belle conférence.»

Those who knew Dom Nève know that he was an excellent storyteller and that he could fascinate his audience with his travel stories. That he spoke enthusiastically about Monseigneur van Caloen will not surprise anyone, but that he sang of the “beauties of Brazil” will leave one skeptical. His imagination and his talent as a storyteller must have greatly made up for his lack of knowledge.

Ceux qui ont connu dom Nève savent qu’il était un excellent conteur et qu’il pouvait passionner son auditoire par ses récits de voyage. Qu’il parlât avec enthousiasme de Monseigneur van Caloen n’étonnera personne, mais qu’il chantât les «beautés du Brésil» laissera sceptique. Son imagination et son talent de conteur auront dû grandement suppléer à son manque de connaissance.

But the realities of life always took over: man also lives on bread, and this bread, for the abbey, was the buildings.

Mais les réalités de la vie reprenaient toujours le dessus: l’homme vit aussi de pain, et ce pain, pour l’abbaye, c’étaient les constructions.

“The Saint-André hive is still very active. For several days now, workers have started building the church, which was stopped due to the exceptional cold weather. The contractor’s estimate amounts to 72,000 francs but there will still be ways to reduce it here and there, so as to cost the whole thing between 65 and 7o.” (February 25, 1909)

«La ruche de Saint-André est toujours en grande activité. Depuis quelques jours les ouvriers se sont mis à la construction de l’église, arrêtée à cause des froids exceptionnels. Le devis de l’entrepreneur se monte à 72 000 francs mais il y aura encore moyen de diminuer à droite et à gauche, de façon à chiffrer le tout entre 65 et 7o.» (25 février 1909)

How? He does not say it. Whoever builds knows, however, that it is always more expensive than anticipated in the estimate. A quote was also requested for the main altar: 7,000 francs. Monseigneur’s mother took this into account. So no waste of time! Dom Nève was in a hurry. The temporary chapel was really too small and the liturgical celebrations had no brilliance.

Comment? Il ne le dit pas. Qui bâtit sait cependant que c’est toujours plus cher que ne le prévoyait le devis. Un devis fut également demandé pour le maître-autel: 7 000 francs. La mère de Monseigneur prit cela à son compte. Pas de perte de temps, donc! Dom Nève était pressé. La chapelle provisoire était vraiment trop petite et les fêtes liturgiques n’avaient aucun éclat.

But not everything necessarily happens as man plans. On Good Friday in 1909, Bishop [van Caloen] had a new heart attack, more serious than the first, which forced him to take three months of rest. So much so that he was prevented from accompanying the first caravan leaving for the Rio Branco: this was very painful for him. A new stay in Bad Nauheim was essential. The catastrophic financial situation in Rio de Janeiro and the disagreement between the abbots, however, forced him to wait until July. On June 4, 1909, he wrote. a long, very moving letter to the abbot primate, a desperate letter of which only the illness he was suffering from could be the cause. When he arrived “in his dear Saint-André”, on August 17, 1909, led by a prior who thought like him and of whom he could say “at least you have never caused me pain”, he felt himself coming back to life. : the monastery was almost finished, the church was arising from the ground, the garden was adorned, the school was flourishing: what more was needed? However, Dom Nève was not at the end of his troubles, especially since Madame de Penaran-da had died on July 2, 1909, in Dublin, poisoned by gas fumes in a hotel room.

Mais tout ne se passe pas nécessairement comme l’homme le prévoit. Le Vendredi saint de 1909, Monseigneur eut un nouvel infarctus, plus grave que le premier, qui l’obligea à trois mois de repos. Si bien qu’il fut empêché d’accompagner la première caravane partant pour le Rio Branco: ce lui fut très pénible. Un nouveau séjour à Bad Nauheim s’imposait. La situation financière catastrophique de Rio de Janeiro et la mésentente entre les abbés le forcèrent cependant à attendre jusqu’au mois de juillet. Le 4 juin 1909, il écrivit. une longue lettre très émouvante à l’abbé primat, une lettre désespérée dont seul le mal dont il était frappé pouvait être la cause. Quand il arriva «dans son cher Saint-André», le 17 août 1909, dirigé par un prieur qui pensait comme lui et dont il pouvait dire «vous au moins vous ne m’avez jamais fait de la peine», il se sentit revivre: le monastère était presque terminé, l’église sortait de terre, le jardin se parait, l’école fleurissait: que fallait-il de plus? Pourtant, dom Nève n’était pas au bout de ses peines, d’autant moins que Madame de Penaran-da était morte le 2 juillet 1909, à Dublin, intoxiquée par des émanations de gaz dans une chambre d’hôtel.

Another event, unforeseen but important for Saint-André, would occupy people’s minds at the end of the summer of 1909. In September, in fact, the community of Maredsous learned that Dom Hildebrand de Hemptinne had resigned as abbot of their community in order to devote itself more freely to his task as Primate. It was no secret: the monks of Maredsous criticized their abbot for sending too many monks outside to help Monsignor van Caloen in particular: “he ruined the abbey”, they said. On the other hand, his keadership suffered from his continual but indispensable stays in Rome. Monsignor van Caloen then lived in fear of seeing the chapter of Maredsous cut off his funds and recall some of his monks. What would become of Saint-André if Dom Nève, the “providential man”, was recalled? Everything would collapse. Thank God! From the new elected abbot, Dom Colomba Marmion, Monsignor could hope for the status quo.

Un autre événement, imprévu mais important pour Saint-André, occuperait les esprits à la fin de l’été 1909. En septembre, en effet, la communauté de Maredsous apprit que dom Hildebrand de Hemp-tinne avait donné sa démission d’abbé de cette communauté afin de s’adonner plus librement à sa tâche de primat. Ce n’était un secret pour personne: les moines de Maredsous reprochaient à leur abbé d’envoyer trop de moines à l’extérieur pour aider Monseigneur van Caloen en particulier: «il a plumé l’abbaye», disait-on. D’autre part, son gouvernement souffrait de ses séjours continuels mais indispensables à Rome. Monseigneur van Caloen vécut alors dans la peur de voir le chapitre de Maredsous lui couper les vivres et rappeler quelques-uns de ses moines. Que deviendrait Saint-André si dom Nève, «l’homme providentiel», était rappelé? Tout s’effondrerait. Dieu merci! Du nouvel abbé élu, dom Colomba Marmion, Monseigneur pouvait espérer le statu quo.

In fact, neither Dom Nève, nor Dom Jean de Hemptinne, the primate’s last gift, were recalled; on the contrary, the work of Brazil had the sympathy of the new abbot, who refused to bring Dom Nève back to Maredsous (October 20, 1909). To avoid any misadventure, however, Bishop [van Caloen] then asked Dom Marmion for authorization for Dom Nève and Dom Tilleux to change positions and, going a little further than was necessary, claimed that he had the support of the Primate. But he had always refused it. Dom Marmion in turn refused. It was obvious that, having barely been elected, he could not allow himself to displease his community, which was very opposed to everything that, directly or indirectly, affected Brazil. Dom Nève, however, felt more and more at ease at Saint-André: he was doing something tangible there, there was an activity commensurate with him and he felt the pulse of the Church there.

En effet, ni dom Nève, ni dom Jean de Hemptinne, dernier cadeau du primat, ne furent rappelés; bien au contraire, l’oeuvre du Brésil avait la sympathie du nouvel abbé, qui refusa de faire revenir dom Nève à Maredsous (20 octobre 1909). Pour éviter cependant toute mésaventure, Monseigneur demanda alors à dom Marmion l’autorisation, pour dom Nève et dom Tilleux, de changer de stabilité et, s’avançant un peu plus qu’il ne fallait, prétendit qu’il avait l’appui du primat. Or celui-ci l’avait toujours refusé. Dom Marmion refusa à son tour. Il était évident qu’à peine élu, il ne pouvait se permettre de mécontenter sa communauté, très montée contre tout ce qui, de près ou de loin, touchait au Brésil. Dom Nève pourtant se sentait de plus en plus à l’aise à Saint-André: il y faisait quelque chose de tangible, y avait une activité à sa mesure et y sentait le pouls de l’Église.

Bishop van Caloen and Dom Théodore Nève were truly made for each other: the two monks understood each other perfectly and walked hand in hand, for better and for worse. Bishop [van Caloen]’s confidence in his prior was total. Now this confidence, from someone who did not easily let go of the reins, was something unusual in him and proved that Bishop [van Caloen] had found the ideal disciple in Théodore Nève. If each of them had the feeling that a great future awaited Saint-André, it was, without a doubt, because they both unconsciously felt that the future of Saint-André lay in “these ecclesiastical tasks” that Providence would indicate to them.

Monseigneur van Caloen et dom Théodore Nève étaient vraiment faits l’un pour l’autre: les deux moines se comprenaient parfaitement et marchaient la main dans la main, pour le meilleur et pour le pire. La confiance de Monseigneur en son prieur était totale. Or cette confiance, de la part de quelqu’un qui ne lâchait pas facilement les rênes, était une chose inhabituelle chez lui et prouvait que Monseigneur avait trouvé en Théodore Nève le disciple idéal. Si chacun d’eux avait le sentiment qu’un grand avenir attendait Saint-André, c’était, sans aucun doute, parce qu’ils sentaient inconsciemment l’un et l’autre que l’avenir de Saint-André était dans «ces tâches d’Église» que leur indiquerait la Providence.

“All this attaches me more than ever to this little corner of monastic land for which Providence seems to want to reserve a great mission.” (November 10, 1909)

«Tout cela m’attache plus que jamais à ce petit coin de terre monastique auquel la Providence semble vouloir réserver une grande mission.» (io novembre 1909)

But the financial situation of the abbey worried Dom Colomba Marmion and he wondered, since Dom Nève was still one of his monks, if the reputation of Maredsous would not suffer. On the occasion of a loan request from Dom Nève, to obtain 50,000 francs from Maredsous — which, given the circumstances, was very undiplomatic — the prior, Dom Jules Jonckheere, wrote to him:

Mais la situation financière de l’abbaye inquiétait dom Colomba Marmion et il se demandait, puisque dom Nève était encore un de ses moines, si la réputation de Maredsous n’en souffrirait pas. À l’occasion d’une demande de prêt de dom Nève, pour obtenir de Maredsous 50 000 francs — ce qui, vu les circonstances, était très peu diplomatique —, le prieur, dom Jules Jonckheere, lui écrivit:

“The Father Abbot would like to see you on this subject to be enlightened on the whole and the details of the situation. Knowing the amount of your debts, he wonders how you will get by with the 50,000 francs of the loan... He also fears that new difficulties will arise and foresees that the irregularity of the Brazilian prices will require you to make new calls for funds one of these days. You are one of his sons, but he cannot admit that from one day to the next he is being asked, under penalty of perishing, for sums of 50,000 francs... Father Abbot also wonders how the work continues when the savings are equally imperative. That you are in trouble because we are not sending you the promised funds, everyone understands that, but what we do not understand is that you are contracting new debts when you have no means to pay the old ones.” (December 28, 1909)

«Le père Abbé voudrait vous voir à ce sujet pour être éclairé sur l’ensemble et les détails de la situation. Sachant le chiffre de vos dettes, il se demande comment vous vous tirerez d’affaire avec les 5o 000 francs de l’emprunt... Il craint d’ailleurs que de nouvelles difficultés ne surgissent et prévoit que l’irrégularité des cours du Brésil vous obligera encore l’un de ces jours à de nouveaux appels de fonds. Vous êtes un de ses fils, mais il ne peut admettre que du jour au lendemain on lui demande, sous peine de périr, des sommes de 5o 000 francs... Le père Abbé se demande d’ailleurs comment on continue les travaux quand les économies s’imposent d’une manière aussi impérieuse. Que vous soyez dans la gêne parce qu’on ne vous envoie pas les fonds promis, tout le monde comprend cela, mais ce qu’on ne comprend pas, c’est que vous contractiez de nouvelles dettes alors que vous n’avez pas de quoi acquitter les anciennes.» (28 décembre 1909)

This paternal warning did not deter Dom Nève, because at Saint-André, with or without money, they always forged ahead: “the stewardship just has to follow.” Looking for another solution, Dom Nève took out a loan from the Bruges Bank, for which his father acted as guarantor, with a mortgage on the property.

Cet avertissement paternel ne retint pas dom Nève, car à Saint-André, avec ou sans argent, on a toujours continué: «l’intendance n’a qu’à suivre.» À la recherche d’une autre solution, dom Nève fit un emprunt auprès de la Banque Brugeoise, pour lequel son père se porta garant, avec une hypothèque sur la propriété.

“This helps us out of trouble for the moment, even if it means plugging this hole afterwards” (January 11, 1910), he wrote to Monseigneur.

«Cela nous tire d’embarras pour le moment, quitte à boucher ce trou par après» (11 janvier 1910), écrivait-il à Monseigneur.

The work could thus continue: the abbey wing with the Bishop’s new apartments was completed, the marbles for the apse and the altar had arrived. Everyone hoped that by the end of summer the church would be ready. The year 1909 therefore ended quite favorably for Saint-André; The year 1910 began, a pivotal year that would bring many changes to Monsignor van Caloen’s views. Dom Théodore Nève would little by little take matters in hand.

Les travaux pouvaient ainsi continuer: l’aile abbatiale avec les nouveaux appartements de Monseigneur s’achevait, les marbres de l’abside et de l’autel étaient arrivés. Chacun espérait qu’à la fin de l’été, l’église serait prête. L’année 1909 se terminait donc assez favorablement pour Saint-André; l’année 1910 commençait, une année charnière qui amènerait bien des changements dans les vues de Monseigneur van Caloen. Dom Théodore Nève allait peu à peu prendre les choses en main.

 

 

8. 1910: AN EVENTFUL YEAR . . .

8. 1910: UNE ANNÉE MOUVEMENTÉE...

8.1 The founding of the Katanga mission - April 13, 1910

8.1 La fondation de la mission du Katanga - 13 avril 1910

A third monk, also from the abbey of Maredsous, would play an important role in the changes that occurred at Saint-André during the year 1910: Bishop Jean-Félix de Hemptinne.

Un troisième moine, lui aussi de l’abbaye de Maredsous, allait jouer un rôle important dans les changements qui survinrent à Saint-André au cours de l’année 191o: Monseigneur Jean-Félix de Hemptinne.

Félix de Hemptinne was born in Ghent on December 18, 1876. He was the second son of Count Paul de Hemptinne and Countess Ida de Meeûs. The Hemptinne family was from the old Brabant nobility, emigrating to Ghent at the beginning of the 19th century, and some of its members had become the great masters of the Flemish textile industry. The Hemptinne family was deeply Christian - Paul de Hemptinne had also been a pontifical Zouave - and, by temperament, ultramontane. First entrusted with his seven brothers to a tutor, Félix completed his humanities with the Jesuits at the Sainte-Barbe college in Ghent, and then did a year of philosophy in Louvain.

Félix de Hemptinne était né à Gand, le 18 décembre 1876. Il était le deuxième fils du comte Paul de Hemptinne et de la comtesse Ida de Meeûs. La famille de Hemptinne était de vieille noblesse brabançonne, émigrée à Gand au début du xixe siècle, et certains de ses membres étaient devenus les grands maîtres de l’industrie textile flamande. La famille de Hemptinne était profondément chrétienne — Paul de Hemptinne avait d’ailleurs été zouave pontifical — et, par tempérament, ultramontaine. Confié tout d’abord avec ses sept frères à un précepteur, Félix termina ses humanités chez les jésuites du collège Sainte-Barbe à Gand, et fit ensuite une année de philosophie à Louvain.

In 1895 he became a monk at Maredsous Abbey, the first in the family; three other of his brothers will follow: one would become a monk like him at Maredsous, the other a Trappist and the last a Franciscan. The young novice then received as his monastic patron Saint John, the evangelist. In 1901, he obtained a doctorate in theology at the Abbey of Saint-Anselme in Rome and was ordained priest in Mared-sous by Monsignor Heylen, Bishop of Namur, on August 11 of the same year. He was the nephew of Dom Hildebrand de Hemptinne, abbot of Maredsous and primate of the Benedictine order.

En 1895, il devint moine à l’abbaye de Maredsous, le premier de la famille; trois autres de ses frères suivront: l’un deviendra comme lui moine à Maredsous, l’autre trappiste et le dernier franciscain. Le jeune novice reçut alors comme patron monastique saint Jean, l’évangéliste. En 1901, il obtint un doctorat en théologie à l’abbaye de Saint-Anselme à Rome et fut ordonné prêtre à Mared-sous par Monseigneur Heylen, évêque de Namur, le 11 août de la même année. Il était le neveu de dom Hildebrand de Hemptinne, abbé de Maredsous et primat de l’ordre bénédictin.

Dom Jean de Hemptinne was no stranger to Saint-André. In 1904, he came there for a year, sent by the Primate, to direct and train the novices: he had done wonders. He had been very happy there and totally shared the monastic and apostolic ideals of Bishop van Caloen. Bishop [van Caloen] had also congratulated him for having understood the problem, very happy to have finally found in the congregation of Beuron someone who understood it. Dom Jean would have wanted to leave for Brazil if he had been asked: ”I am attached to the work of Brazil and I consider it a duty to contribute to it when the opportunity presents itself.” (February 13, 1906)

Dom Jean de Hemptinne n’était pas un étranger pour Saint-André. En 1904, il y était venu pour un an, envoyé par le primat, pour diriger et former les novices: il avait fait merveille. Il y avait été très heureux et partageait totalement l’idéal monastique et apostolique de Monseigneur van Caloen. Monseigneur l’avait d’ailleurs félicité d’avoir compris le problème, tout heureux d’avoir enfin trouvé dans la congrégation de Beuron quelqu’un qui le comprît. Dom Jean aurait voulu partir pour le Brésil si on le lui avait demandé: «Je suis attaché à l’oeuvre du Brésil et je considère comme un devoir d’y contribuer quand l’occasion s’en présentera.» (13 février 1906)

However, there was no question of it. Maredsous needed Dom Jean for the training of its own novices, and after a one-year stay in Saint-André, he returned to the banks of the Molignée. Bishop van Caloen would, however, tirelessly insist with the Abbot Primate to give him Dom Jean de Hemptinne, as he had done a short time before, with Dom Chrysostome De Saegher, in order to make him the abbot of Santa Cruz, in Ceara.

Il n’en fut pourtant pas question. Maredsous avait besoin de dom Jean pour la formation de ses propres novices et, après un séjour d’un an à Saint-André, il retourna sur les bords de la Molignée. Monseigneur van Caloen insisterait cependant sans relâche auprès de l’abbé primat pour avoir dom Jean de Hemptinne, comme il l’avait fait, peu de temps auparavant, pour dom Chrysostome De Saegher, afin de faire de lui l’abbé de Santa Cruz, au Ceara.

“When a father sees his child perish, what do you want him to do? Scream, scream,” he wrote on September 10, 1907. ”Have pity on me,” he implored a little later.

«Quand un père voit périr son enfant, que voulez-vous qu’il fasse? Crier, crier», écrivait-il le 10 septembre 1907. «Ayez pitié de moi», implora-t-il un peu plus tard.

Bishop van Caloen was indeed in dire straits. Nothing happened, however. Despite his pleas and tears, the Abbot Primate did not give in, so as not to displease his own monks. Dom Jean de Hemptinne, during this time, patiently awaited the goodwill of his abbot and his community, but this wait had the result of somewhat cooling his initial impatience:

Monseigneur van Caloen était en effet bel et bien aux abois. Rien n’y fit, cependant. Malgré ses supplications et ses pleurs, l’abbé primat ne céda pas pour ne pas mécontenter ses propres moines. Dom Jean de Hemptinne, pendant ce temps, attendait patiemment le bon vouloir de son abbé et de sa communauté, mais cette attente eut pour résultat de refroidir quelque peu son impatience première:

“For my part, I am ready to leave tomorrow, only with the formal consent of my superiors... Certainly the Ceara enterprise does not inspire me with all confidence, but at the first signal, I will march without hesitation, confidens in adiutorio Dei.” (June 27, 1908)

«Pour ma part, je suis prêt à partir dès demain, seulement avec l’assentiment formel de mes supérieurs... Certes l’entreprise du Ceara ne m’inspire_ pas toute confiance, mais au premier signal, je marcherai sans hésiter, confidens in adiutorio Dei.» (27 juin 1908)

It was only in August 1909 that, against all expectations, authorization arrived. Why this sudden change of heart concerning Dom de Hemptinne? A letter to Bishop [van Caloen] provides us with the answer:

Ce n’est qu’au mois d’août 1909 que, contre toute attente, l’autorisation arriva. Pourquoi ce brusque revirement chez dom de Hemp-tinne? Une lettre à Monseigneur nous en fournit la réponse:

“I am leaving for the General Chapter of Beuron; I will resubmit the question of my resignation as Abbot of Maredsous. It could well be that this time I will be allowed to concentrate all my efforts on Rome and on the Order. Father Jean would thus be my last gift. I have been obliged, especially in recent times, to act with great caution, because our monastic family had the impression that I was dispersing too much strength.” ( June 25, 1909)

«Je pars pour le chapitre général de Beuron; je soumettrai à nouveau la question de ma démission d’abbé de Maredsous. Il pourrait bien se faire que l’on me permette cette fois-ci de concentrer tous mes efforts sur Rome et sur l’Ordre. Le père Jean serait ainsi mon dernier cadeau. J’ai été obligé, surtout dans ces derniers temps, d’agir avec grande précaution, car notre famille monastique avait l’impression que je dispersais trop de forces.» (25 juin 1909)

Once again, the gift from Dom Hildebrand de Hemptinne to Monseigneur van Caloen was royal. It was the last gesture of his great protector and friend before the great changes in perspective, which, more than likely, would make collaboration with Saint-André more difficult. After so many years of waiting, Dom Jean was finally going to leave for Brazil. But this long wait had led him to doubt this departure more and more, if this passage from a letter to Bishop van Caloen is to be believed:

À nouveau, le cadeau de dom Hildebrand de Hemptinne à Monseigneur van Caloen était royal. Ce fut le dernier geste de son grand protecteur et ami avant les grands changements en perspective, qui, plus que probablement, rendraient plus difficile la collaboration avec Saint-André. Après tant d’années d’attente, dom Jean allait enfin partir pour le Brésil. Mais cette longue attente l’avait amené à douter de plus en plus de ce départ, s’il faut en croire ce passage d’une lettre à Monseigneur:

“It’s strange how the departure has been fleeing before me for years. At least three times I had one foot on the boat and each time some circumstance kept me there. The coasts will have to disappear on the horizon for me to really believe that I have left.” ( June 25, 1909)

«C’est singulier comme le départ fuit devant moi depuis des années. Trois fois au moins, j’ai eu un pied sur le bateau et chaque fois une circonstance quelconque me retient sur place. Il faudra que les côtes aient disparu à l’horizon pour que je me croie vraiment parti.» (25 juin 1909)

In fact, he was completely disconcerted that year. The abbacy did not seem to interest him, he wanted to be content with the office of prior. What he had learned about Santa Cruz 68 had cooled him somewhat and, to Dom Nève, he confided that he wanted to go to Rio Branco. In the meantime, the new abbot of Maredsous, Dom Colomba Marmion, on the advice of Cardinal Mercier, sent him to Louvain so that he could learn modern philosophy and thus be able to prepare for the work of retreats in Brazil. These studies, in the eyes of Bishop van Caloen, were totally useless in his own case, the farmers of Ceara having no interest positivism or chemistry.

Il était d’ailleurs tout à fait désarçonné, cette année-là. L’abbatiat ne semblait pas l’intéresser, il voulait se contenter d’une charge de prieur. Ce qu’il avait appris sur Santa Cruz68 l’avait quelque peu refroidi et, à dom Nève, il avait confié qu’il voulait partir au Rio Branco. Entre-temps, le nouvel abbé de Maredsous, dom Colomba Mar-mion, sur le conseil du cardinal Mercier, l’envoya à Louvain pour qu’il y apprenne la philosophie moderne et puisse ainsi se préparer à l’oeuvre des retraites au Brésil. Ces études, aux yeux de Monseigneur van Caloen, étaient totalement inutiles dans son propre cas, les fermiers du Ceara n’ayant cure de positivisme ou de chimie.

 ”I am moving forward as best I can,” he wrote to Bishop van Caloen, “but without really knowing in which direction I am going. To tell the truth, I’m a little lost... While waiting for my compass to mark an orientation, I’m diving back into the sophisms of modern philosophy. ( October 28, 1909)

 «Je vais de l'avant comme je peux, écrivait-il à Monseigneur, mais sans trop savoir dans quelle direction je marche. À vrai dire, je suis un peu perdu... En attendant que ma boussole marque une orientation, je me replonge dans les sophismes de la philosophie moderne.» (28 octobre 1909)

Dom Marmion, however, was personally convinced that Dom Jean had to leave, while the latter hesitated. The departure, which had initially been planned for November, was fixed for March 1910. Was Dom Jean de Hemptinne waiting for a new sign from Providence? However, did not all the signs point to Brazil: choice of the community, petition from the chapter, opinion of the Primate, opinion of his abbot, formal desire of Bishop van Caloen who was growing impatient with these continual delays and, on top of that, everything, the will of the Holy Father? Was there anything else to look forward to?

Dom Marmion était cependant personnellement convaincu que dom Jean devait partir, alors que celui-ci hésitait. Le départ, qui avait d’abord été prévu pour novembre, fut fixé au mois de mars 191o. Dom Jean de Hemptinne attendait-il un nouveau signe de la Providence? Tous les signes cependant n’indiquaient-ils pas le Brésil: choix de la communauté, pétition du chapitre, avis du primat, opinion de son abbé, désir formel de Monseigneur van Caloen qui s’impatientait devant ces retards continuels et, par-dessus tout, la volonté du Saint-Père? Y avait-il autre chose à attendre?

No doubt, because in December 1909, his personal situation suddenly took an unexpected turn. In fact, he learned from a friend that the Ministry of Colonies had offered the Maredsous Abbey land and significant financial assistance to create a monastic foundation in Katanga. What had happened?

Sans doute, car en décembre 1909, sa situation personnelle prit brusquement un tour inattendu. En effet, il apprit par un ami que le ministère des Colonies avait offert à l’abbaye de Maredsous des terrains et une aide financière importante pour réaliser une fondation monastique au Katanga. Que s’était-il passé?

In 1908, during a banquet given in Ghent for the 75th anniversary of the founding of Sainte-Barbe College, Mr. Édouard Kervyn 69 , director general at the Ministry of Colonies, met Dom Hubert Casier, of Maredsous Abbey, and spoke to him at length about the Congo. Édouard Kervyn was then responsible for relations with religious congregations and their establishment in the colony. Dom Hubert Casier did not hide from him that his abbey was interested in the problem of missions. Already in 1896, Dom Hildebrand de Hemptinne, in a letter to the secretary of King Leopold II, had expressed his desire to do missionary work in the Congo but added that Brazil was temporarily preventing him from moving towards Africa.

En 1908, au cours d’un banquet donné à Gand pour le 75e anniversaire de la fondation du collège Sainte-Barbe, Monsieur Édouard Kervyn69, directeur général au ministère des Colonies, avait rencontré dom Hubert Casier, de l’abbaye de Maredsous, et lui avait longuement parlé du Congo. Édouard Kervyn était alors responsable des rapports avec les congrégations religieuses et de leur implantation dans la colonie. Dom Hubert Casier ne lui cacha pas que son abbaye s’intéressait au problème des missions. En 1896 déjà, dom Hildebrand de Hemptinne, dans une lettre au secrétaire du roi Léopold II, lui avait fait part de son désir de faire oeuvre missionnaire au Congo mais ajoutait que le Brésil l’empêchait momentanément de s’orienter vers l’Afrique.

In 1909, the Belgian government asked itself questions about the penetration of English and American Protestant missionaries into the Congo, which fueled anti-Belgian propaganda. What would become of Katanga the day the Cape railway arrived there? From there was born, in high government circles, the idea of ​​founding an abbey. The Trappists of Westmalle, already present in northern Congo, and those of Tilburg were approached for this purpose. The former declined due to lack of personnel, the latter were refused due to a lack of candidates of Belgian nationality. Édouard Kervyn then turned to the Capuchins, when he remembered his conversation with Dom Hubert Casier. He wrote to him on November 29, 1909: ”Mr. Renkin, Minister of Colonies, is toying with the idea of ​​establishing a large abbey on one of the high plateaus of Katanga which would become a center of European colonization, destined to spread to the surrounding regions. »

En 1909, le gouvernement belge se posait alors des questions quant à la pénétration des missionnaires protestants anglais et américains au Congo, qui alimentait la propagande antibelge. Que deviendrait le Katanga le jour où y arriverait le chemin de fer du Cap? De là était née, dans les hautes sphères gouvernementales, l’idée de la fondation d’une abbaye. Furent approchés à cet effet les trappistes de Westmalle, déjà présents dans le nord du Congo, et ceux de Tilburg. Les premiers se récusèrent par manque de personnel, les seconds furent refusés par manque de candidats de nationalité belge. Édouard Kervyn s’était alors tourné vers les capucins, lorsqu’il se souvint de sa conversation avec dom Hubert Casier. Il lui écrivit, le 29 novembre 1909: «Monsieur Renkin, ministre des Colonies, caresse l’idée d’établir sur un des hauts plateaux du Katanga une grande abbaye qui deviendrait un centre de colonisation européenne, appelé à rayonner sur les régions avoisinantes.»

Dom Marmion was immediately in favor of this project, and a large part of the community of Maredsous with him. Dom Hildebrand de Hemptinne, to whom Dom Marmion had turned to ask his opinion - as a young abbot, he did not yet dare to stand on his own two feet - replied that it was first necessary to know the minister’s proposals . From then on, Édouard Kervyn was invited to spend the Christmas holidays in Maredsous to discuss the project with those in charge of the abbey.

Dom Marmion fut tout de suite partisan de ce projet, et une grande part de la communauté de Maredsous avec lui. Dom Hildebrand de Hemptinne, à qui dom Marmion s’était adressé pour lui demander son avis — tout jeune abbé, il n’osait pas encore voler de ses propres ailes —, lui répondit qu’il fallait d’abord connaître les propositions du ministre. Dès lors, Édouard Kervyn fut invité à passer les fêtes de Noël à Maredsous pour discuter du projet avec les responsables de l’abbaye.

But who could have informed Dom Jean de Hemptinne of this request? It seems to have been Count Jacques de Lichter-velde, a member of the minister’s cabinet. No matter, because immediately, the machine started up. In haste, Dom Jean de Hemptinne informed Bishop [van Caloen] of this news:

Mais qui avait bien pu mettre dom Jean de Hemptinne au courant de cette demande? Ce fut, semble-t-il, le comte Jacques de Lichter-velde, membre du cabinet du ministre. Qu’importe, car aussitôt, la machine se mit en marche. En hâte, dom Jean de Hemptinne mit Monseigneur au courant de cette nouvelle:

“At the end of the month, a senior official will go to Maredsous to offer the Benedictines the sum of 500,000 francs and prime land in Katanga, on condition of maintaining a mission there... Maredsous will probably refuse. But Your Highness will not let such an opportunity slip away... If you wish, Monseigneur, I am very ready to take charge of the matter.” (December 8, 1909)

«À la fin du mois, un haut fonctionnaire se rendra à Maredsous pour offrir aux bénédictins la somme de 500 000 francs et des terrains de premier choix au Katanga, à charge d’y entretenir une mission... Maredsous probablement refusera. Mais Votre Grandeur ne laissera pas échapper pareille occasion... Si vous le désirez, Monseigneur, je suis tout prêt à me charger de l’affaire.» (8 décembre 1909)

In Dom Jean’s eyes, Bishop [van Caloen] could not let such a chance pass. Besides, was this not in line with Bishop [van Caloen]’s dreams for his dear abbey: ”the congregation of Saint-André, apostle”? After the Brazilian wing, the African wing. The intuition, the presentiment that he was called to missionary work in Africa rather than in Brazil, was clarified in a letter to Bishop van Caloen:

Aux yeux de dom Jean, Monseigneur ne pouvait laisser passer pareille chance. D’ailleurs, n’était-ce pas dans la ligne des rêves de Monseigneur pour sa chère abbaye: «la congrégation de Saint-André, apôtre»? Après l’aile brésilienne, l’aile africaine. L’intuition, le pressentiment qu’il était appelé à un travail missionnaire en Afrique plutôt qu’au Brésil, était précisé dans une lettre à Monseigneur van Caloen:

“The Congo question, I can assure you, does not constitute a temptation for me. I received an obedience for Ceara, until proven otherwise, I do not care or worry about anything else. However, in the presence of this exceptional occasion, I thought it appropriate to remind Your Lordship that I have always felt drawn towards the black continent. Perhaps Providence placed me on horseback between Maredsous and Saint-André in order to unite the forces of these two centers for a considerable work? (December 18, 1909)

«La question du Congo, je puis vous l’assurer, ne constitue pas pour moi une tentation. J’ai reçu une obédience pour le Ceara, jusqu’à preuve du contraire, je ne m’occupe ni me préoccupe d’autre chose. Toutefois, en présence de cette occasion exceptionnelle, j’ai cru bon de rappeler à Votre Grandeur que je me suis toujours senti porté vers le continent noir. Peut-être la Providence m’a-t-elle placé à cheval entre Maredsous et Saint-André afin d’unir les forces de ces deux centres pour une oeuvre considérable?» (18 décembre 1909)

Was his compass oriented by chance? Whatever the case, the time for hesitation had passed for Dom Jean de Hemptinne. He who had until then submitted to his superiors took his destiny in hand and from now on did everything he could to be sent to Katanga. Especially since Dom Colomba Marmion, supporter of the project, was already thinking of him to carry it out: solicited from both sides, he could only succeed.

Sa boussole s’orientait-elle par hasard? Quoi qu’il en soit, le temps des hésitations était passé pour dom Jean de Hemptinne. Lui qui s’était jusque-là soumis à ses supérieurs prit son destin en main et fit dorénavant tout ce qu’il put pour être envoyé au Katanga. D’autant plus que dom Colomba Marmion, partisan du projet, songeait déjà à lui pour le réaliser: sollicité des deux côtés, il ne pouvait que réussir.

In the meantime, as soon as he heard the news, Bishop [van Caloen], on his way to Brazil, hastened to write to the Count of Lichtervelde to tell him that Saint-André was applying if Maredsous refused. Everything suggests, moreover, that the Count of Lichtervelde was rather favorable to Monseigneur van Caloen - had he not been his student at Maredsous? — and at the abbey of Saint-André. In a report to Édouard Kervyn, dated December 16, 1909, he showed all the advantages: ”Dom Gérard is an enthusiast who has already succeeded in the very difficult enterprise in Brazil.”

Entre-temps, dès qu’il apprit la nouvelle, Monseigneur, en route pour le Brésil, s’était empressé d’écrire au comte de Lichtervelde pour lui dire que Saint-André posait sa candidature en cas de refus de Maredsous. Tout porte à croire d’ailleurs que le comte de Lich-tervelde était plutôt favorable à Monseigneur van Caloen — n’avait-il pas été son élève à Maredsous? — et à l’abbaye de Saint-André. Dans un rapport à Édouard Kervyn, daté du 16 décembre 1909, il en montrait tous les atouts: «Dom Gérard est un enthousiaste qui a déjà réussi dans l’entreprise très difficile du Brésil.»

Wasn’t that why he spilled the beans? But Dom Nève had also heard the news and he too was trying to interest Bishop van Caloen in it. Above all, Dom Nève realized very well that, in a more or less distant future, Saint-André would have to cease its collaboration with Brazil, or at least give it a new direction: firstly because in Belgium, the interest for Brazil decreased, then because the Brazilian abbeys, once independent, would no longer need its help. In this case, what would be the future of Saint-André? Katanga, on the other hand, offered new possibilities to breathe new life into its abbey and attract novices more attracted by Africa than by Brazil. Finally, wasn’t this collaborating on a national work and responding to a request from the King? This is why Maredsous could not undertake anything alone without causing certain damage to Saint-André; hence Dom Nève’s idea: why wouldn’t Maredsous and Saint-André work together? Maredsous takes responsibility, Saint-André promises his monks 72 .

N’était-ce pas pour cette raison qu’il avait vendu la mèche? Mais dom Nève avait lui aussi appris la nouvelle et, lui aussi, essayait d’y intéresser Monseigneur van Caloen. Dom Nève se rendait surtout très bien compte que, dans un avenir plus ou moins lointain, Saint-André devrait cesser sa collaboration avec le Brésil, ou du moins lui donner une nouvelle orientation: d’abord parce qu’en Belgique, l’intérêt pour le Brésil diminuait, ensuite parce que les abbayes brésiliennes, une fois indépendantes, n’auraient plus besoin de son aide. Dans ce cas, quel serait l’avenir de Saint-André? Le Katanga, par contre, offrait de nouvelles possibilités pour insuffler un nouvel élan à son abbaye et accrocher des novices plus attirés par l’Afrique que par le Brésil. Enfin, n’était-ce pas collaborer à une oeuvre nationale et répondre à une demande du Roi? C’est pourquoi Maredsous ne pouvait rien entreprendre seule sans causer un dommage certain à Saint-André; d’où l’idée de dom Nève: pourquoi Maredsous et Saint-André ne travailleraient-elles pas ensemble? Maredsous prend la responsabilité, Saint-André promet ses moines72.

This proposal was also in line with an idea from Dom Jean, who also thought that collaboration could only be positive for Saint-André; he also found that this project was more at home in Saint-André than in Maredsous. Both had a clear vision of things: Saint-André was at a crucial moment in its very short history. The “works of Brazil” still did not attract vocations from the country, the young Belgian people were in no hurry to join the small German and Italian oblates who were being initiated at Saint-André to the rudiments of monastic life and Portuguese language. Brazil no longer said anything to anyone, whereas with Katanga, Saint-André would have the country with him.

Cette proposition rejoignait d’ailleurs une idée de dom Jean, qui pensait lui aussi qu’une collaboration ne pouvait être que positive pour Saint-André; il trouvait d’ailleurs que ce projet était plus à sa place à Saint-André qu’à Maredsous. L’un et l’autre avaient une vision claire des choses: Saint-André était à un moment crucial de sa très courte histoire. Les «oeuvres du Brésil» n’attiraient toujours pas les vocations du pays, les jeunes gens belges ne se pressaient pas pour se joindre aux petits oblats allemands et italiens qui s’initiaient à Saint-André aux rudiments de la vie monastique et de la langue portugaise. Le Brésil ne disait plus rien à personne, alors qu’avec le Katanga, Saint-André aurait le pays avec lui.

During the Christmas holidays of 1909, Édouard Kervyn went to Mared-sous, where he met the abbot and the members of the seniority. The interview was positive, all the monks contacted were inclined to accept. All that was missing was the favorable vote of the community. A few days later, through his father who knew him well, Dom Nève requested an interview with Édouard Kervyn to defend the candidacy of Saint-André, better suited for this task than the abbey of Maredsous. ”Make arrangements with Mared-sous” was his response. The idea of ​​collaboration with Saint-André, however, hardly appealed to the community of Maredsous: ”With van Caloen we would not have peace”, such was the reaction 73 . However, nothing was certain on Maredsous’s side.

Aux fêtes de Noël 1909, Édouard Kervyn s’en fut donc à Mared-sous, où il rencontra l’abbé et les membres du séniorat. L’entrevue fut positive, tous les moines contactés penchèrent pour l’acceptation. Il ne manquait plus que le vote favorable de la communauté. Quelques jours plus tard, par l’entremise de son père qui le connaissait bien, dom Nève demanda un entretien à Édouard Kervyn pour défendre la candidature de Saint-André, mieux désignée pour cette tâche que l’abbaye de Maredsous. «Arrangez-vous avec Mared-sous» fut sa réponse. L’idée d’une collaboration avec Saint-André ne souriait cependant guère à la communauté de Maredsous: «Avec van Caloen nous n’aurions pas la paix», telle fut la réaction73. Pourtant, rien n’était sûr du côté de Maredsous.

If the Kervyn proposal initially attracted all the votes, the Abbot Primate and the Archabbot of Beuron, when consulted, showed themselves to be very hesitant. Would a missionary abbey respect monastic life as Beuron conceived it? The whole month of January was spent in long discussions and exchanges of letters: Beuron, Rome, Ma-redsous and Saint-André were busy. Monsignor, for his part, was not indifferent to the arguments of Dom Nève and Dom de Hemp-tinne. He even wrote to Dom Jean, who asked to be relieved of his obedience in Brazil in order to free himself for Africa:

Si la proposition Kervyn rallia au début tous les suffrages, l’abbé primat et l’archiabbé de Beuron, consultés, se montraient très hésitants. Une abbaye missionnaire respecterait-elle la vie monastique telle que la concevait Beuron? Tout le mois de janvier se passa en longues discussions et en échanges de lettres: Beuron, Rome, Ma-redsous et Saint-André s’affairaient. Monseigneur, de son côté, ne fut pas insensible aux arguments de dom Nève et de dom de Hemp-tinne. Il écrivit même à dom Jean, qui demandait à être relevé de son obédience au Brésil afin de se libérer pour l’Afrique:

“Things have changed a lot. You are designated for Katanga instead of Ceara... I make my sacrifice of Abraham. Certainly I would have liked to undertake this work in concert with you and support it from Saint-André. I am happy to see Maredsous enter the path of the apostolate. I will pray for the success of a work which I wanted to undertake in 1884 and which obedience alone made me abandon. (January 31, 1910)

«Les choses ont bien changé. Vous voilà désigné pour le Katanga au lieu du Ceara... Je fais mon sacrifice d’Abraham. Certes j’aurais voulu entreprendre cette oeuvre de concert avec vous et l’appuyer de Saint-André. Je suis heureux de voir Maredsous entrer dans la voie de l’apostolat. Je prierai pour le succès d’une oeuvre que je voulais entreprendre en 1884 et que l’obéissance seule m’a fait abandonner.» (31 janvier 1910)

Maredsous initially rejected the Nève proposal, given the financial situation of Saint-André 74 , unless he completely absorbed it and left only a simple cloister school there. A revenge? At the end of January 1910, Dom Colomba still did not have the consent of his chapter, although Dom Jean had already been designated for the foundation and a response within fifteen days had been promised to Édouard Kervyn. But by waiting, opposition to the African project, led by Dom Hadelin de Moreau, Dom Raymond Thibaut and Dom Ursmer Berlière, had gained ground within the community of Maredsous 75 . To general astonishment, on February 2, 1910, the chapter of Maredsous refused the African project by a large majority. Dom Colomba Marmion was upset. If we are to believe the Father Abbot Primate and the monks themselves, Dom Marmion had been surprised. He would have presented the matter poorly and poorly directed the session. It is certain that Dom Marmion was not a man of government and that, by dint of wanting to please everyone, he had achieved nothing. Even the monks who thought they approved the project voted no at the end of the chapter out of some human prudence 76 . Dom Marmion still hesitated. The abbot primate made him understand that he should not reverse a negative vote without exposing himself to serious inconveniences.

Maredsous rejeta tout d’abord la proposition Nève, vu la situation financière de Saint-André74, à moins de l’absorber complètement et de n’y laisser sur place qu’une simple école claustrale. Une revanche? À la fin de janvier 191o, dom Colomba n’avait toujours pas le consentement de son chapitre, quoique dom Jean fût déjà désigné pour la fondation et qu’une réponse dans les quinze jours eût été promise à Édouard Kervyn. Mais à force d’attendre, l’opposition au projet africain, menée par dom Hadelin de Moreau, dom Raymond Thibaut et dom Ursmer Berlière, avait gagné du terrain au sein de la communauté de Maredsous75. À l’étonnement général, le ii février 191o, le chapitre de Maredsous refusa le projet africain à une forte majorité. Dom Colomba Marmion en fut marri. S’il faut en croire le père abbé primat et les moines eux-mêmes, dom Marmion s’était fait surprendre. Il aurait mal présenté la chose et mal dirigé la séance. Il est certain que dom Marmion n’était pas un homme de gouvernement et que, à force de vouloir contenter tout le monde, il n’avait abouti à rien. Même les moines qui pensaient approuver le projet votèrent non en fin de chapitre par on ne sait quelle prudence humaine76. Dom Marmion hésitait encore. L’abbé primat lui fit comprendre qu’il ne fallait pas revenir sur un vote négatif sans s’exposer à de graves inconvénients.

Saint-André, then, was she capable of taking over this project? Dom Jean was not discouraged, convinced that the abbey was perfectly capable of carrying it out. But for this, it was urgent to apply to the Ministry of Colonies, if Monseigneur did not want the matter to escape his notice. Dom Nève had the same reaction:

Saint-André, alors, était-elle capable de reprendre ce projet? Dom Jean ne se découragea pas, convaincu que l’abbaye était parfaitement apte à le réaliser. Mais pour cela, il fallait de toute urgence poser sa candidature auprès du ministère des Colonies, si Monseigneur ne voulait pas que la chose lui échappât. Dom Nève eut la même réaction:

“Divine Providence seems to be preparing us for great changes which, I believe, will be a consolation in your sorrows. The future of Saint-André is taking shape on the horizon... The Good Lord sends you to take matters into your own hands.” (February 14, 1910)

«La divine Providence semble nous préparer à de grands changements qui, je le crois, seront une consolation dans vos peines. L’avenir de Saint-André se dessine à l’horizon... Le Bon Dieu vous envoie prendre les choses en mains.» (14 février 1910)

Even before the negative response from Maredsous reached Édouard Kervyn, Monseigneur and Dom Jean presented themselves at the ministry to request that Katanga be entrusted to Saint-André. The reception was quite cold. Kervyn no longer understood anything: Mared-sous had not yet responded that Saint-André was already offering to take up the torch. Maredsous’ response, however, reached him the next day, February 22, 191o. The ministry waited to react. Would the Belgian government agree to give Saint-André what it had promised Maredsous? Mr. Édouard Kervyn, director general of the Ministry of Colonies, who led the negotiations on behalf of the minister, Jules Renkin, was not very enthusiastic. He doubted the possibilities of Saint-André. In addition to Brazil, could the abbey still be responsible for such an important work? Knowing Monseigneur van Caloen, he especially feared that the money from the Congo would be used for Brazil. For what?

Avant même que la réponse négative de Maredsous ne parvînt à Édouard Kervyn, Monseigneur et dom Jean se présentèrent au ministère pour demander que le Katanga soit confié à Saint-André. L’accueil fut assez froid. Kervyn ne comprenait plus rien: Mared-sous n’avait pas encore encore répondu que déjà Saint-André se proposait pour reprendre le flambeau. La réponse de Maredsous lui parvint toutefois le lendemain, 22 février 191o. Le ministère attendit pour réagir. Le gouvernement belge accepterait-il de donner à Saint-André ce qu’il avait promis à Maredsous? Monsieur Édouard Kervyn, directeur général du ministère des Colonies, qui menait les tractations au nom du ministre, Jules Renkin, n’était guère enthousiaste. Il doutait des possibilités de Saint-André. En plus du Brésil, l’abbaye pouvait-elle encore se charger d’une oeuvre aussi importante? Connaissant Monseigneur van Caloen, il craignait surtout que l’argent du Congo ne fût employé pour le Brésil. Pourquoi?

Everyone knew in 1910 that the Monsignor’s situation in Brazil was far from brilliant: his tensions with the State, his financial difficulties, the difficulty in obtaining a loan from the London Stock Exchange and his disputes with his abbots. were open secrets. This is why Monsignor, having barely returned to Brazil, convened in Rome, for the month of March 1910, the general chapter of the Brazilian congregation, with the task of finding, under the presidency of the abbot primate, a solution to the pending problems. Monsignor was also very seriously considering resigning. Thanks to the tact and diplomacy of the primate, things worked out. Monsignor remained at the head of the congregation and Rome approved the new constitutions. Monsignor also obtained the autonomy of the Abbey of Saint-André within the framework of the Brazilian congregation. It was an important decision, given the ongoing negotiations with the Ministry of Colonies, because Saint-André could thus decide on its future without having to resort to the fiat of other abbeys. It was a first step. Monseigneur did not say a word about the negotiations regarding Katanga to the Brazilian abbots, while they were all gathered in Rome for the general chapter which was ending. Which led Dom de Saegher to scribble one day at the bottom of a letter from Monseigneur van Caloen this severe and disillusioned remark: ”The TRP Dom Jean de Hemptinne did not go to Ceara. Summoned to attend the general chapter in his capacity as superior of Ceara, he did not appear at the sessions, but in the meantime engineered the passage of Saint-André to the Congo, without authorization from the chapter of Rio, without compensation, while at the chapter , whose acts Monsignor signed, it was established that nothing new of any importance would be undertaken without consulting the congregation 77.

Tout le monde savait en 1910 que la situation de Monseigneur au Brésil était loin d’être brillante: ses tensions avec l’État, ses difficultés financières, l’obtention difficile d’un prêt à la bourse de Londres et ses disputes avec ses abbés étaient des secrets de polichinelle. C’est bien pourquoi Monseigneur, à peine rentré au Brésil, convoqua à Rome, pour le mois de mars 191o, le chapitre général de la congrégation brésilienne, à charge de trouver sous la présidence de l’abbé primat une solution aux problèmes pendants. Monseigneur songeait d’ailleurs très sérieusement à démissionner. Grâce au tact et à la diplomatie du primat, les choses s’arrangèrent. Monseigneur restait à la tête de la congrégation et Rome approuvait les nouvelles constitutions. Monseigneur obtenait de plus l’autonomie de l’abbaye de Saint-André dans le cadre de la congrégation brésilienne. C’était une décision importante, vu les tractations en cours avec le ministère des Colonies, car Saint-André pouvait ainsi décider de son avenir sans devoir recourir au fiat des autres abbayes. C’était un premier pas. Des tractations au sujet du Katanga, Monseigneur n’en souffla mot aux abbés brésiliens, alors qu’ils étaient tous réunis à Rome pour le chapitre général qui se terminait. Ce qui amena dom de Saegher à griffonner un jour au bas d’une lettre de Monseigneur van Caloen cette remarque sévère et désabusée: «Le T.R.P. Dom Jean de Hemptinne n’alla pas au Ceara. Convoqué pour assister au chapitre général en sa qualité de supérieur du Ceara, il ne comparut pas aux séances, mais machina entre-temps le passage de Saint-André au Congo, sans autorisation du chapitre de Rio, sans indemnisation, alors qu’au chapitre, dont Monseigneur signa les actes, il fut établi que rien de nouveau de quelque importance ne serait entrepris sans consulter la congrégation77

These bitter remarks say a lot about the very difficult relations existing between the two abbots of Rio. But could Monsignor reveal these negotiations without endangering them? Some time later, Dom Jean learned that Édouard Kervyn had made representations to the Affligem abbey. He couldn’t believe his ears and rushed to the ministry. No, nothing was decided: in fact, already involved in the Transvaal, the monasteries of the Subiaco congregation were not thinking about it. As for the Capuchins, they were directed to Ubangui where they settled shortly after. Kervyn finally decided to ask Dom Nève and Dom de Hemptinne ”to provide him in writing with sufficient information on the conditions under which the work could be undertaken. With Father Théodore, I outlined the situation in broad terms without obscuring or embellishing it” (March 28, 1910).

Ces remarques amères en disent long sur les relations très difficiles existant entre les deux abbés de Rio. Mais Monseigneur pouvait-il dévoiler ces tractations sans les mettre en danger? À quelque temps de là, dom Jean apprenait qu’Édouard Kervyn aurait fait des démarches auprès de l’abbaye d’Affligem. Il n’en crut pas ses oreilles et se précipita au ministère. Non, rien n’était décidé: en fait, déjà engagés au Transvaal, les monastères de la congrégation de Subiaco n’y songeaient pas. Quant aux capucins, ils furent aiguillés vers l’Ubangui où ils s’installèrent peu après. Kervyn se décida enfin à demander à dom Nève et à dom de Hemptinne «de lui fournir par écrit des renseignements suffisants sur les conditions où l’on pourrait se charger de l’oeuvre. Avec le père Théodore, j’ai exposé la situation à grands traits sans noircir et sans enjoliver» (28 mars 1910).

The negotiations finally seemed to be progressing well in favor of the abbey, its application was taken seriously but scrutinized. Dom Jean’s numerous interventions and requests bore fruit.

Les négociations semblaient enfin bien évoluer en faveur de l’abbaye, sa candidature était prise au sérieux mais passée au peigne fin. Les nombreuses interventions et sollicitations de dom Jean portaient leurs fruits.

“The Belgian government seems more and more willing to turn towards Saint-André... For my part, I want this more and more, although very calmly, because I see a bright future for the abbey : Belgian sympathies, alms, etc.,” wrote Dom Nève to Monsignor on April 6, 1910 78 . Dom Jean also aspired to this official offer, he who had been struggling for weeks to obtain this request, first for Maredsous, now for Saint-André 79 . However, he did not yet know if Saint-André would entrust him with the foundation; he hoped, however:

«Le gouvernement belge semble de plus en plus disposé à se tourner vers Saint-André... De mon côté, je désire la chose de plus en plus, quoique très calmement, parce que j’y vois un bel avenir pour l’abbaye: sympathies belges, aumônes, etc.», écrivait dom Nève à Monseigneur, le 6 avril 191078. Dom Jean aspirait également à cette offre officielle, lui qui depuis des semaines se démenait pour l’obtention de cette demande, d’abord pour Maredsous, maintenant pour Saint-André79. Pourtant, il ne savait pas encore si Saint-André lui confierait la fondation; il l’espérait cependant:

“I have no reservations today, any more than in the day of my profession. I find myself between Brazil and Katanga and I wait in obedience for the direction of my life. Your Lordship has allowed me to negotiate this matter, but I will only consider myself legitimately and truly entrusted with this enterprise on the day when obedience has spoken.” ( April 7, 191o)

«Je ne fais aujourd’hui aucune réserve, pas plus qu’au jour de ma profession. Je me trouve entre le Brésil et le Katanga et j’attends dans l’obéissance l’orientation de ma vie. Votre Grandeur m’a permis de négocier cette affaire, mais je ne me considérerai comme légitimement et réellement chargé de cette entreprise qu’au jour où l’obéissance aura parlé.» (7 avril 191o)

Dom Jean de Hemptinne found himself at that moment well and truly seated between two chairs: Brazil was probably a done deal but the Congo was not yet a certain thing. At times like this, Dom Jean de Hemptinne was not the easiest. His abbot, Dom Marmion, complained about the somewhat insolent way in which he treated him. In a new letter to Dom Jean de Hemptinne, dated April 8, 1910, Kervyn once again clarified the intentions of the ministry. Did the abbey of Saint-André have the means in men and money to attempt such an enterprise? Could she really take this upon herself, as Dom Jean de Hemptinne claimed? This work, in Kervyn’s eyes, was of extreme importance for the future of the Congo and of Christian civilization in Africa. The letter was undoubtedly encouraging and raised hopes. Indeed, the official offer from the Belgian government, dated April 13, 191o, followed shortly after and reached Monseigneur van Caloen in Rome, where he was still located. What did it contain?

Dom Jean de Hemptinne se trouvait en ce moment bel et bien assis entre deux chaises: le Brésil était probablement une affaire terminée mais le Congo n’était pas encore une chose certaine. Dans des moments pareils, dom Jean de Hemptinne n’était pas des plus faciles. Son abbé, dom Marmion, se plaignait d’ailleurs de la façon quelque peu insolente dont il le traitait. Dans une nouvelle lettre à dom Jean de Hemptinne, datée du 8 avril 191o, Kervyn précisa une fois encore les intentions du ministère. L’abbaye de Saint-André avait-elle les moyens en hommes et en argent pour tenter pareille entreprise? Pouvait-elle vraiment prendre cela sur elle, comme le prétendait dom Jean de Hemptinne? Cette oeuvre, aux yeux de Kervyn, était d’une extrême importance pour l’avenir du Congo et de la civilisation chrétienne en Afrique. La lettre était sans conteste encourageante et permettait tous les espoirs. En effet, l’offre officielle du gouvernement belge, datée du 13 avril 191o, suivit peu après et parvint à Monseigneur van Caloen à Rome, où il se trouvait encore. Que contenait-elle?

Minister Renkin, but especially Édouard Kervyn, seemed to know the history of the monastic apostolate very well: ”The goal that the government has in view in advocating this enterprise is the constitution of a center of Catholic influence in a country where many English and Protestant settlers meet. The abbey would attract Catholic groups and would also extend its influence over the surrounding towns. The method is therefore different here from that followed in the rest of Congo where the government limits itself to generally subsidizing the missions. In our project, the abbey will bring together in a relatively short period of time a community of religious people, respectable in number and merit, who will form an influential group in the region. It is for this reason that it was decided to make available to this work the means to erect the planned abbey entirely in one piece, by means of an allocation of 300,000 francs and the concession of ‘a plot of land of 2,000 ha, considered sufficient for the business.’

Le ministre Renkin, mais surtout Édouard Kervyn, semblaient fort bien connaître l’histoire de l’apostolat monastique: «Le but qu’a en vue le gouvernement en préconisant cette entreprise, c’est la constitution d’un centre de rayonnement catholique dans un pays où se rencontrent beaucoup de colons anglais et protestants. L’abbaye attirerait des groupements catholiques et étendrait d’autre part son influence sur les agglomérations des alentours. La méthode est donc différente ici de celle suivie dans le restant du Congo où le gouvernement se borne à subsidier globalement les missions. Dans notre projet, l’abbaye réunira dans un délai assez rapproché une communauté de religieux, respectable par le nombre et le mérite, qui formeront un groupe influent dans la région. C’est pour ce motif qu’il a été décidé de mettre à la disposition de cette oeuvre les moyens d’ériger tout d’une pièce l’abbaye projetée, au moyen d’une allocation de 300 000 francs et de la concession d’un terrain de 2 000 ha, jugé suffisant pour l’entreprise.»

It was indeed an offer in line with the monks of the early Middle Ages, the beloved theme of Monseigneur van Caloen. And yet, Monsignor suddenly began to hesitate; he even refused, although he had previously written to Count Lichtervelde that Saint-André would accept if Maredsous refused. In fact, the next day he sent a telegram to Dom Jean with orders to break off the negotiations. What had happened? Encouraged by his abbey on the one hand, hampered by the primate of Hemptinne on the other, Monsignor no longer knew what to do. Waiting was his policy then. Upon receiving the telegram, Dom Nève and Dom de Hemptinne were dismayed; astonishment and indignation among the minister and Mr. Kervyn: ”the Maredsous coup” was starting again. So many weeks of effort for nothing! What to do? Three telegrams were sent to Monseigneur to make him reconsider his decision. Nothing happened. It was finally the primate who once again found the solution: ”Talk about it to the Pope,” he said one day to Monseigneur, “ and do what he tells you and he will tell you to go.”

C’était bien une offre dans la ligne des moines du haut Moyen Âge, le thème chéri de Monseigneur van Caloen. Et pourtant, Monseigneur se mit brusquement à hésiter; il refusa même, quoiqu’il eût écrit auparavant au comte de Lichtervelde que Saint-André accepterait en cas de refus de Maredsous. En effet, il envoya le lendemain un télégramme à dom Jean avec ordre de rompre les négociations. Que s’était-il passé? Encouragé par son abbaye d’une part, freiné par le primat de Hemptinne d’autre part, Monseigneur ne savait plus que faire. Attendre était alors sa politique. Au reçu du télégramme, dom Nève et dom de Hemptinne furent atterrés; étonnement et indignation chez le ministre et Monsieur Kervyn: «le coup de Maredsous» recommençait. Tant de semaines d’efforts pour rien! Que faire? Trois télégrammes furent envoyés à Monseigneur pour le faire revenir sur sa décision. Rien n’y fit. Ce fut enfin le primat qui à nouveau trouva la solution: «Parlez-en au pape, dit-il un jour à Monseigneur, et faites ce qu’il vous dira et il vous dira d’y aller.»

Indeed, during the audience of April 19, 1910, the sovereign pontiff told him: ”You must accept this offer.” He immediately telegraphed Saint-André: everyone breathed a sigh of relief. Dom Nève could not hide his joy:

En effet, au cours de l’audience du 19 avril 1910, le souverain pontife lui dit: «Vous devez accepter cette offre.» Il télégraphia aussitôt à Saint-André: tout le monde poussa un soupir de soulagement. Dom Nève ne put cacher sa joie:

“A quick word to tell you how much the news of the Congolese foundation pleased us. As soon as I received the letter, I summoned the community to the chapter and communicated the news. Currently the Congolese flag flies on the campanile, announcing to the neighbors the happy conclusion of the negotiations. (April 24, 191o)

«Un mot en toute hâte pour vous dire combien la nouvelle de la fondation congolaise nous a fait plaisir. La lettre à peine reçue, j’ai convoqué la communauté au chapitre et lui ai communiqué la nouvelle. À l’heure actuelle le drapeau congolais flotte sur le campanile, annonçant aux voisins l’heureuse conclusion des négociations.» (24 avril 191o)

Dom Jean was then officially designated for this foundation, to prepare the departure of the first caravan.

Dom Jean fut alors officiellement désigné pour cette fondation, pour préparer le départ de la première caravane.

“After the steps and countermarches which followed one another, independently of my will, on the subject of Brazil, I am happy to finally receive from you, Monsignor, my definitive orientation. I give myself entirely to this task and today I am happy to bring the Katanga to the altar and offer it to God.” (to Monseigneur, April 27, 191o)

«Après les marches et les contremarches qui se sont succédé, indépendamment de ma volonté, au sujet du Brésil, je suis heureux de recevoir enfin de vous-même, Monseigneur, mon orientation définitive. Je me donne tout entier à cette tâche et je me fais dès aujourd’hui un bonheur de porter le Katanga à l’autel et de l’offrir à Dieu.» (à Monseigneur, 27 avril 191o)

Zevenkerken was saved! From that moment on, Monsignor himself took charge of the negotiations. He had discussions in Rome with the congregation of the Propagation of the Faith, in Brussels with the fathers of Scheut and with the Ministry of the Colonies with a view to the contract to be concluded. Monsignor even claimed to designate the place where the monastery should be born, somewhere along the railway. Always run forward! On May 18, 191o, Monseigneur signed the contract with Jules Renkin, Minister of the Colonies, on behalf of the Belgian government. Dom Théodore Nève and Dom Gérard Moyaert signed it on behalf of the community of Saint-André. Dom Colom-ba Marmion, for his part, confirmed in a letter to Monsignor van Caloen that he was ceding Dom Jean de Hemptinne to Saint-André and authorizing him to change his stability. However, he insisted, this was not worth it for Dom Théodore Nève, whom the community of Mared-sous did not want to let go in any way.

Zevenkerken était sauvé! À partir de ce moment, Monseigneur prit lui-même les négociations en main. Il eut des entretiens à Rome avec la congrégation de la Propagation de la Foi, à Bruxelles avec les pères de Scheut et avec le ministère des Colonies en vue du contrat à conclure. Monseigneur prétendit même désigner l’endroit où devrait naître le monastère, quelque part le long du chemin de fer. Toujours courir de l’avant! Le 18 mai 191o, Monseigneur signa le contrat avec Jules Renkin, ministre des Colonies, au nom du gouvernement belge. Dom Théodore Nève et dom Gérard Moyaert le signèrent au nom de la communauté de Saint-André. Dom Colom-ba Marmion, de son côté, confirma dans une lettre à Monseigneur van Caloen qu’il cédait dom Jean de Hemptinne à Saint-André et l’autorisait à changer de stabilité. Cela ne valait toutefois pas, insista-t-il, pour dom Théodore Nève, que la communauté de Mared-sous ne voulait en aucune façon laisser partir.

Dom Marmion, however, was not very happy with Saint-André’s decision 80 . He did not hide from Dom Hildebrand de Hemptinne that he feared that Monseigneur van Caloen, ”with all his works, so badly established and the new ones already in progress”, would play tricks on him. Shortly after, he wrote to the same abbot primate, with a view to preventing the “tricks” of Monseigneur: ”The nuncio advised me to write a note to the Holy Father to explain to him the situation of the abbey (Maredsous), which prevents him from providing subjects to Monseigneur van Caloen for his mission in Katanga. He told me that Monsignor van Caloen is so powerful in the Vatican that he could force us to cede subjects to him. I followed his advice.” (April 30, 1910)

Dom Marmion, pourtant, n’était pas très heureux de la décision de Saint-André 80. Il ne cacha pas à dom Hildebrand de Hemptinne qu’il craignait que Monseigneur van Caloen, «avec toutes ses oeuvres, si mal assises et les nouvelles déjà en train», ne lui jouât des tours. Peu après, il écrivit au même abbé primat, en vue de prévenir les «tours» de Monseigneur: «Le nonce m’a conseillé d’écrire un mot au Saint-Père pour lui expliquer la situation de l’abbaye (Maredsous), qui l’empêche de fournir des sujets à Monseigneur van Caloen pour sa mission au Katanga. Il m’a dit que Monseigneur van Caloen est si puissant au Vatican qu’il pourrait nous forcer à lui céder des sujets. J’ai suivi son conseil.» (30 avril 1910)

On May 28, King Albert I granted an audience to Monsignor and Dom Jean de Hemptinne. The chronicle of the monastery retained this: ”Among the indications that the King gives with a precision and certainty which denote complete information, there is one that we particularly remember: that of preserving for the natives their own language and not not make them Europeans. To want to civilize a people by tearing away their nationality would be a mistake.”

Le 28 mai, le roi Albert Ier accorda une audience à Monseigneur et à dom Jean de Hemptinne. La chronique du monastère en a retenu ceci: «Parmi les indications que le Roi donne avec une précision et une sûreté qui dénotent une information complète, il en est une que nous retenons tout particulièrement: celle de conserver aux indigènes leur langue propre et de ne pas en faire des Européens. À vouloir civiliser un peuple en lui arrachant sa nationalité, on ferait fausse route.»

Who heeded these royal words at that time? Did they not contain a condemnation of colonialism? Did they not anticipate the pontifical encyclicals?

Qui tint compte à cette époque de ces paroles royales? Ne contenaient-elles pas une condamnation du colonialisme? N’anticipaient-elles pas sur les encycliques pontificales?

Thus ended the first phase of this affair. But who would now accompany Dom de Hemptinne? It looked a lot like squaring the circle. Saint-André had very few candidates and yet it had promised to send a fairly large community to Katanga in the near future. Dom Idesbald Dedecker and two lay brothers, Brothers Joachim Schmidlin and Berchmans Kindt, were at the top of the list. With Dom Jean, that made four people. Which is to say very little.

Ainsi se termina la première phase de cette affaire. Mais qui allait maintenant accompagner dom de Hemptinne? Cela ressemblait fort à la quadrature du cercle. Saint-André avait très peu de candidats et pourtant elle avait promis d’envoyer dans un avenir prochain une communauté assez importante au Katanga. Dom Ides-bald Dedecker et deux frères convers, les frères Joachim Schmidlin et Berchmans Kindt, se trouvaient en tête de liste. Avec dom Jean, cela faisait quatre personnes. Autant dire bien peu.

“We need to dot the i’s with Saint-André,” we read in a report by Édouard Kervyn, “ and specify ”a community respectable by the number and qualities of its members.” It seems to me that we should stipulate: after two years, twelve priests and eight brothers.”

«Il nous faut mettre les points sur les i avec Saint-André, lit-on dans un rapport d’Édouard Kervyn, et spécifier “une communauté respectable par le nombre et les qualités de ses membres”. Il me semble qu’il faudrait stipuler: au bout de deux ans, douze prêtres et huit frères.»

It was therefore necessary to seek help elsewhere, as in the days of Brazil. For Minister Renkin, the personnel problem was essential, because there had to be something for the Belgians in Élisabethville as quickly as possible. ”The minister again insisted to me his very keen desire to ensure quickly the religious service of the Europeans of Élisabethville,” wrote Kervyn to Dom de Hemptinne (June 3, 191o). Dom Jean, in his turn, tried his luck with Affligem which, according to Kervyn, would have accepted a piece of Katanga but independently of Saint-André and the abbey of Ligugé, temporarily installed in Chevetogne. The two abbeys, after much prevarication, refused. Maredsous did not want to give in to Dom Marc de Montpellier. What to do? Especially since Édouard Kervyn insisted on knowing the names of the two fathers in charge of the parish of Élisa-bethville. A little hope however: try Maredsous again, the essential.

Il fallait donc chercher de l’aide ailleurs, comme au temps du Brésil. Pour le ministre Renkin, le problème du personnel était essentiel, car il fallait qu’il y ait le plus vite possible à Élisabethville quelque chose pour les Belges. «Le ministre m’a exposé encore avec insistance son très vif désir d’assurer à bref délai le service religieux des Européens d’Élisa-bethville», écrivait Kervyn à dom de Hemptinne (3 juin 191o). Dom Jean, à son tour, tenta sa chance du côté d’Affligem qui, d’après Ker-vyn, aurait bien accepté un morceau du Katanga mais indépendamment de Saint-André et de l’abbaye de Ligugé, installée provisoirement à Chevetogne. Les deux abbayes, après de nombreuses tergiversations, refusèrent. Maredsous ne voulait pas céder dom Marc de Montpellier. Que faire? D’autant qu’Édouard Kervyn insistait pour connaître le nom des deux pères chargés de la paroisse d’Élisa-bethville. Un petit espoir pourtant: essayer encore Maredsous, l’incontournable.

In a nasty and even insulting letter, Dom Jean de Hemptinne almost demanded Dom Marc de Montpellier from the Abbot of Maredsous. Dom Colomba Marmion complained bitterly to Dom Nève: ”I gave Father Jean for Katanga against the advice of Father Archiabbé and, because I decided not to give Father Marc to him, he wrote a letter full of insults in which he called me crazy. It was Monsignor van Caloen who undertook the work, against our feelings and without speaking to me, of providing the men. He only gave one man, I give two.” (August 1, 1910)

Dans une lettre méchante et injurieuse même, dom Jean de Hemptinne exigea presque de l’abbé de Maredsous dom Marc de Montpellier. Dom Colomba Marmion s’en plaignit amèrement auprès de dom Nève: «J’ai cédé le père Jean pour le Katanga contre l’avis du père Archiabbé et, parce que j’ai décidé de ne pas lui donner le père Marc, il m’écrit une lettre pleine d’injures dans laquelle il me traite d’illuminé. C’est à Monseigneur van Caloen qui a entrepris l’oeu-vre, contre notre sentiment et sans m’en parler, à fournir les hommes. Il n’a donné qu’un seul homme, j’en donne deux.» (i août 1910)

Dom Nève insisted again, begging him to save Saint-André from a disaster: Dom Marc being the only means of salvation, ”a third blow could completely destroy us”, accusing himself of being the great guilty of the whole Congolese affair. Was it this action that made Dom Marmion change his mind? A few days later, the same Dom Marmion wrote to Monseigneur:

Dom Nève insista encore de son côté, le suppliant de sauver Saint-André d’un désastre: dom Marc étant le seul moyen de salut, «un troisième coup pourrait nous abattre complètement», s’accusant lui-même d’être le grand coupable de toute l’affaire congolaise. Est-ce cette démarche qui fit changer d’avis dom Marmion? Quelques jours plus tard, le même dom Marmion écrivait à Monseigneur:

”I never told anyone that I was offended because Your Lordship took care of Katanga by order of the Holy Father. But I suffered a lot when I knew... that Your Lordship had accepted this work. Because your Lordship could not be unaware that she had no one for this enterprise. Saint Andrew gives only one father. It is Maredsous who gives Dom Jean and Dom Marc and I will be morally forced to give subjects despite the protests of my community. Father Archiabbé advises me to give Dom Marc. I do this willingly because his advice is for me an indication of the divine will... I am not offended but the words of Our Holy Father Saint Benedict came to mind when he speaks of the relationships that must exist between abbots: “quod tibi non vis fieri, alteri ne fac.” And I said to myself that with such procedures, any charity, any mutual trust between communities would be impossible.” (August 6, 1910)

 «Je n’ai jamais dit à personne que j’étais offensé parce que Votre Grandeur s’est occupée du Katanga par ordre du Saint-Père. Mais j’ai beaucoup souffert quand j’ai su... que Votre Grandeur avait accepté cette oeuvre. Car Votre Grandeur ne pouvait ignorer qu’elle n’avait personne pour cette entreprise. Saint-André ne donne qu’un seul père. C’est Mared-sous qui donne dom Jean et dom Marc et je serai moralement forcé de donner des sujets malgré les protestations de ma communauté. Le père Archiabbé me conseille de donner dom Marc. Je le fais volontiers car son conseil est pour moi une indication de la divine volonté... Je ne suis pas offensé mais les paroles de N.B.Père Saint Benoît me sont venues à l’esprit quand il parle des relations qui doivent exister entre les abbés: “quod tibi non vis fieri, alteri ne fac.” Et je me suis dit qu’avec de tels procédés, toute charité, toute confiance mutuelle entre les communautés seraient impossibles.» (6 août 1910)

It should be added that Dom Jean de Hemptinne would also have written that he had “had” Maredsous. So everything did not go smoothly. In the meantime, Monseigneur had once again left for Rome in order to establish with the Congregation of Propaganda the limits of the apostolic prefecture. By waiting too long, Saint-André risked not receiving the territory it coveted. In fact, the fathers of the Holy Spirit and the missionaries of Scheut had already established their apostolate in Katanga but had not yet obtained it. In addition, Monseigneur hoped for an official letter from the Pope, as is his good habit.

Il faut ajouter que dom Jean de Hemptinne aurait aussi écrit qu’il avait «eu» Maredsous. Tout n’allait donc pas de soi. Entre-temps, Monseigneur était une fois de plus parti pour Rome afin de fixer avec la congrégation de la Propagande les limites de la préfecture apostolique. À trop attendre, Saint-André risquait de ne pas recevoir le territoire qu’elle convoitait. En effet, les pères du Saint-Esprit et les missionnaires de Scheut avaient déjà fixé leur terrain d’apostolat au Katanga mais ne l’avaient pas encore obtenu. De plus, Monseigneur espérait une lettre offcielle du pape, selon sa bonne habitude.

A few days before departure, the first group of missionaries was finally formed: Dom Jean de Hemptinne, Dom Idesbald Dedecker and Dom Marc de Montpellier, responsible for pastoral care in Élisabethville, paid by the ministry, and brothers Joachim and Berch- mans. A layman joined the group: Albert Coppieters 8.

Quelques jours avant le départ, le premier groupe de missionnaires était enfin formé: dom Jean de Hemptinne, dom Idesbald De-decker et dom Marc de Montpellier, responsables de la pastorale à Élisabethville, payés par le ministère, et les frères Joachim et Berch-mans. Un laïc se joignit au groupe: Albert Coppieters8’..

The minister made a point of meeting the group in Brussels before his departure. In Rome, the decree fixing the limits of the new apostolic prefecture, entrusted to the Benedictines of Saint Andrew, appeared on August 5, 1910. It was signed by the great friend of Monsignor van Caloen, Cardinal Gotti, prefect of the congregation of the Propaganda. He also predicted that the new prefecture, ”in tempore opportuno”, would become “abbey nullius”. Rome also wanted to accentuate the monastic ends of Saint Andrew’s missionary work. The appointment of Dom Jean de Hemptinne as apostolic prefect followed shortly afterwards. The abbey could now celebrate the departure of the first caravan.

Le ministre tint à rencontrer le groupe à Bruxelles avant son départ. À Rome, le décret fixant les limites de la nouvelle préfecture apostolique, confiée aux bénédictins de Saint-André, parut le 5 août 1910. Il était signé par le grand ami de Monseigneur van Caloen, le cardinal Gotti, préfet de la congrégation de la Propagande. Il prévoyait aussi que la nouvelle préfecture, «in tempore opportuno», deviendrait «abbaye nullius». Rome aussi tenait à accentuer les fins monastiques de l’oeuvre missionnaire de Saint-André. La nomination de dom Jean de Hemptinne comme préfet apostolique suivit peu après. L’abbaye pouvait maintenant fêter le départ de la première caravane

Monsignor van Caloen, who had nevertheless found time to take his annual cure in Bad Nauheim, returned two days before the planned festivities. The official departure was to take place on August 14, 1910 in the afternoon, in the new abbey church of Saint-André, given that on the 15th, the planned date, Hemptinne’s family was to be in Maredsous for the priestly jubilee of the primate , Dom Hildebrand de Hemptinne. The family had to be given time to cross Belgium to go from one party to another. On the morning of the 14th, the new abbey church was solemnly blessed by Monseigneur van Caloen. Three years after the laying of the first stone, everything was finished and the chronicler of the abbey could exclaim with pride, in his somewhat pompous language:

Monseigneur van Caloen, qui avait quand même trouvé le temps de faire sa cure annuelle à Bad Nauheim, revint deux jours avant les festivités prévues. Le départ officiel devait avoir lieu le 14 août 1910 dans l’après-midi, dans la nouvelle église abbatiale de Saint-André, étant donné que le 15, date envisagée, la famille de Hemptinne devait être à Maredsous pour le jubilé sacerdotal du primat, dom Hildebrand de Hemptinne. Il fallait laisser à la famille le temps de traverser la Belgique pour aller d’une fête à l’autre. Le 14 au matin, la nouvelle abbatiale fut solennellement bénie par Monseigneur van Caloen. Trois ans après la pose de la première pierre, tout était terminé et le chroniqueur de l’abbaye pouvait s’exclamer avec fierté, dans son langage quelque peu ampoulé:

“Certainly, there is nothing here of the grandiose appearance specific to so many monuments, poems of stone, whose piety and art covered Belgian soil. But what we did not yet know in our country was a truly southern apparition, a faithful although modest reproduction of an ancient Roman basilica. Structure and characteristics of the roof, sobriety of the lines, harmonious purity of the semi-circular arches, profusion of mosaics sometimes running on the marbles with thin red, black and gold ribbons, sometimes winding around the large green slabs of the pavement, everything contributes to the same expression, both sumptuous and severe, of a Christian age that has long disappeared82.”

«Certes, rien ici de l’allure grandiose propre à tant de monuments, poèmes de pierre, dont la piété et l’art ont couvert le sol belge. Mais ce qu’on ne connaissait pas encore dans notre pays, c’est une apparition franchement méridionale, une fidèle bien que modeste reproduction d’une antique basilique romaine. Structure et caractéristique de la toiture, sobriété des lignes, harmonieuse pureté des arceaux en plein cintre, profusion des mosaïques tantôt courant sur les marbres aux minces rubans rouge, noir et or, tantôt serpentant autour des larges plaques vertes du pavement, tout concourt à la même expression, à la fois somptueuse et sévère, d’un âge chrétien longtemps disparu82

In the afternoon, Monseigneur blessed the new organs, the builder of which was Cloetens and the organist of the occasion Mr. Desmet, professor at the Brussels Conservatory, then we moved on to the solemn departure ceremony. The Foundation Cross, the Psalter and the Rule were solemnly given to Dom Jean de Hemptinne and his companions. Monsignor did not fail to remind them that their goal was to found an abbey dedicated to Saint Benedict, that this abbey would be their living space while their apostolate would be carried out in the surrounding area. This was his vision of the monastic apostolate. Two days later, the first missionaries embarked from Southampton for the Cape, where they were to arrive on September 12, and from there reach Élisabethville by the very first train.

L’après-midi, Monseigneur bénit les nouvelles orgues, dont le facteur était Cloetens et l’organiste de circonstance Monsieur Desmet, professeur au Conservatoire de Bruxelles, puis on passa à la cérémonie solennelle du départ. La Croix de fondation, le Psautier et la Règle furent solennellement remis à dom Jean de Hemptinne et à ses compagnons. Monseigneur ne manqua pas de leur rappeler que leur but était de fonder une abbaye dédiée à saint Benoît, que cette abbaye serait leur espace de vie tandis que leur apostolat s’exercerait dans les environs. C’était là sa vision de l’apostolat monastique. Deux jours plus tard, les premiers missionnaires s’embarquaient à Southampton pour le Cap, où ils devaient arriver le 12 septembre, et de là gagner Élisabethville par le tout premier train.

To the accusations of Dom Colomba Marmion and his community, Monsignor van Caloen wanted one last time to dot the i’s and, in this clear and clear style which was his, present the history of the facts that in Maredsous we tended to to deform; he concluded with these words:

Aux accusations de dom Colomba Marmion et de sa communauté, Monseigneur van Caloen voulut une dernière fois mettre les points sur les i et, dans ce style clair et net qui était le sien, présenter l’historique des faits qu’à Maredsous on avait tendance à déformer; il concluait par ces mots:

“It is absolutely false to say that I accepted Katanga before the decision of the Holy Father, as Your Paternity, poorly advised by the nuncio, writes.”

«Il est absolument faux de dire que j’ai accepté le Katanga avant la décision du Saint-Père, comme Votre Paternité, mal conseillée par le nonce, l’écrit.»

These were the last skirmishes between Maredsous and Saint-André on the Katanga chapter, while waiting for news which came shortly after.

Ce furent les dernières escarmouches entre Maredsous et Saint-André sur le chapitre du Katanga, en attendant des nouvelles qui survinrent peu après.

That Dom Jean de Hemptinne had been able to settle the Katanga affair in a few months is hardly imaginable. He never displayed the same energy to go to Brazil! As soon as the road to Africa opened up to him, he left nothing to chance for Katanga to become his work and that of the abbey of Saint-André. Dom Nève’s role was no less important. Together they made decisions, together they pushed men into positions, until they obtained what they wanted.

Que dom Jean de Hemptinne ait pu en quelques mois régler l’affaire du Katanga est à peine pensable. Jamais il ne déploya la même énergie pour partir au Brésil! Dès que la route de l’Afrique s’ouvrit à lui, il ne laissa rien au hasard pour que le Katanga devienne son oeuvre et celle de l’abbaye de Saint-André. Le rôle de dom Nève ne fut pas moins important. Ensemble ils arrachèrent les décisions, ensemble ils acculèrent les hommes en place, jusqu’à ce qu’ils obtinssent ce qu’ils désiraient.

8.2. The founding of the abbey school - September 8, 1910

8.2. La fondation de l’école abbatiale - 8 septembre 1910

Monsignor van Caloen had transformed his procura into an abbey without an abbot or monks. He then recruited young people to populate it: recruits who came mainly from Italy and Germany. He put a scapular with a hood on their backs and called them oblates. But before accepting them as novices, it was first necessary to rough them up and teach them the basic principles of Latin. This is how the Oblate school or ”the apostolic college of Saint-Placid” was born. Piety, a spirit of work and a good spirit were the sine qua non conditions for staying there for several years. That many left was not surprising, most had come without knowing what they were committing to.

Monseigneur van Caloen avait transformé sa procure en une abbaye sans abbé ni moines. Il avait alors recruté des jeunes gens pour la peupler: des recrues qui venaient principalement d’Italie et d’Allemagne. Il leur avait mis sur le dos un scapulaire avec un capuchon et les avait appelés oblats. Mais avant de les accepter comme novices, il fallut d’abord les dégrossir et leur enseigner les principes de base du latin. C’est ainsi que naquit l’école des oblats ou «le collège apostolique Saint-Placide». La piété, l’esprit de travail et le bon esprit étaient les conditions sine qua non pour y séjourner plusieurs années. Que beaucoup s’en aillent n’avait rien d’étonnant, la plupart étaient venus sans savoir à quoi ils s’engageaient.

Dom Nève, upon his arrival in 1906, had put things in order and, in 1908, had entrusted its management to Dom Gérard Moyaert. This Fleming from Westkerke, a former student of the Jesuits of Turnhout, was an excellent teacher. He had also published a small brochure on the aims of an oblate school, linked to an abbey: Benedictine cloister schools. Evocation of a past that wants to come back to life.

Dom Nève, à son arrivée en 1906, avait mis de l’ordre et, en 1908, en avait confié la direction à dom Gérard Moyaert. Ce Flamand de Westkerke, ancien élève des jésuites de Turnhout, était un excellent pédagogue. Il avait d’ailleurs publié une petite brochure sur les buts d’une école d’oblats, liée à une abbaye: Écoles claustrales bénédictines. Évocation d’un passé qui veut revivre.

But above all, Dom Nève dreamed of an abbey school similar to that of Maredsous. Especially since in need of money, this school could become a source of income for the abbey; it would also improve its recruitment, given that the abbey had until then had to make do with the young people who came knocking at its door: they were not necessarily the best. This dream took shape when Dom Nève noticed that his oblate school, given its family character and its enchanting setting, attracted the sympathies of the surrounding landowners, who asked to be able to enroll their children there.

Mais dom Nève rêvait surtout d’une école abbatiale semblable à celle de Maredsous. D’autant plus qu’ayant besoin d’argent, cette école pouvait devenir pour l’abbaye une source de revenus; elle améliorerait également son recrutement, étant donné que l’abbaye avait dû se contenter jusque-là des jeunes qui venaient frapper à sa porte: ils n’étaient pas nécessairement les meilleurs. Ce rêve prit forme lorsque dom Nève constata que son école d’oblats, vu son caractère familial et son cadre enchanteur, attirait les sympathies des châtelains des environs, qui demandaient à pouvoir y inscrire leurs enfants.

There were, however, two difficulties in creating a school: Maredsous and the diocese of Bruges. Maredsous, who recruited throughout the country, believed that one abbey school was sufficient for the entire country. A reason that Saint-André could possibly ignore. With the diocese of Bruges, things were quite different. The bishop, Monsignor Gustave-Joseph Waffelaert could well have been very favorable to Monsignor van Caloen and his works, but a refusal was still to be expected. Indeed, in the diocese of Bruges, teaching was traditionally in the hands of the clergy, and religious had never been authorized to take care of it. The first step was therefore a failure.

Il y avait toutefois deux difficultés pour la création d’une école: Maredsous et le diocèse de Bruges. Maredsous, qui recrutait dans tout le pays, estimait qu’une école abbatiale suffisait pour l’ensemble du pays. Une raison que Saint-André pouvait à la rigueur ignorer. Avec le diocèse de Bruges, il en allait tout autrement. L’évêque pouvait bien être Monseigneur Gustave-Joseph Waffelaert, très favorable à Monseigneur van Caloen et à ses oeuvres, il fallait quand même s’attendre à un refus. En effet, dans le diocèse de Bruges, l’enseignement était traditionnellement aux mains du clergé et les religieux n’avaient jamais été autorisés à s’en occuper. La première démarche fut donc un échec.

As we have seen so often, Monsignor van Caloen was not a man to let a “no” stop him. Knowing that he could always count on the Pope, he spoke to him about it during his audience on April 19, 191o, after having settled the Katanga affair. Dom Nève had previously written to him:

Comme nous l’avons vu si souvent, Monseigneur van Caloen n’était pas homme à se laisser arrêter par un non. Sachant qu’il pouvait toujours compter sur le pape, il lui en parla lors de son audience du 19 avril 191o, après avoir réglé l’affaire du Katanga. Dom Nève lui avait écrit auparavant:

“In a few days you will have, please God, a final audience with the Holy Father. I hope you are successful in your petition about our school. This is essential to secure our financial future. Without that I don’t know how we will get by. However, I would be of the opinion not to shout it from the rooftops, especially so as not to offend Maredsous’s sensibilities. It would be enough to make the matter known to the bishop and to continue as in the past: the students will come of their own accord.” ( April 6, 191o)

«D’ici quelques jours vous aurez donc, s’il plaît à Dieu, une dernière audience du Saint-Père. J’espère que vous réussirez dans votre pétition au sujet de notre école. C’est indispensable pour assurer notre avenir financier. Sans cela je ne sais comment nous nous en tirerons. Je serais pourtant d’avis de ne pas le crier sur les toits surtout pour ne pas blesser la susceptibilité de Maredsous. Il suffirait de faire connaître la chose à l’évêque et de continuer comme par le passé: les élèves viendront d’eux-mêmes.» (6 avril 191o)

“As in the past”: which means that there were already paying students in the Oblate school. The first step had therefore been taken. The fait accompli was a form of politics that Monseigneur van Caloen and Dom Nève knew well. The pope, as was to be expected, promised his assistance. On April 28, 1910, Cardinal Merry del Val, Secretary of State, wrote to the Bishop of Bruges on behalf of the Pope: ”The Holy Father would nevertheless see with pleasure that Your Majesty would favor the abbey of Saint-André in authorizing it to receive a certain number of young people and thus to form an institute of Christian instruction and education.”

«Comme par le passé»: ce qui signifie qu’il y avait déjà des élèves payants dans l’école des oblats. Le premier pas avait donc été franchi. Le fait accompli était une forme de politique que Monseigneur van Caloen et dom Nève connaissaient bien. Le pape, comme il fallait s’y attendre, promit son concours. Le 28 avril 191o, le cardinal Merry del Val, secrétaire d’État, écrivait à l’évêque de Bruges de la part du pape: «Le Saint-Père verrait pourtant avec plaisir que Votre Grandeur favorisât l’abbaye de Saint-André en l’autorisant à recevoir un certain nombre de jeunes gens et à former ainsi un institut d’instruction et d’éducation chrétiennes.»

In his response to the cardinal, Monsignor Waffelaert pointed out that the diocese of Bruges had achieved a lot and was still achieving a lot for Catholic education in the diocese and that the results, the numerous vocations, proved it. The numerous religious orders or teaching congregations had understood and respected him. Authorizing Saint-André would be a serious precedent and would only increase tensions between religious and clergy. He ended thus:

Dans sa réponse au cardinal, Monseigneur Waffelaert fit remarquer que le diocèse de Bruges avait beaucoup réalisé et réalisait encore beaucoup pour l’enseignement catholique dans le diocèse et que les résultats, les nombreuses vocations, le prouvaient. Les nombreux ordres religieux ou congrégations enseignantes l’avaient bien compris et respecté. Autoriser Saint-André serait un précédent grave et ne ferait qu’augmenter les tensions entre les religieux et le clergé. Il terminait ainsi:

”This fear is all the more well-founded since the superiors of our houses, having learned that the Benedictine fathers had accepted children of family into their house, immediately came to express their apprehension to me. On this occasion, the Father Prior of the Abbey of Saint-André reassured me completely and declared that he only had oblates and that there was no question of creating a college or an educational institute. .” (May 13, 1910)

 «Cette crainte est d’autant plus fondée que des supérieurs de nos maisons, ayant appris que les pères bénédictins avaient accepté des enfants de famille dans leur maison, sont venus immédiatement m’exprimer leur appréhension. À cette occasion, le père Prieur de l’abbaye de Saint-André m’avait rassuré complètement et déclaré qu’il n’avait que des oblats et qu’il n’était pas question de créer un collège ou un institut d’éducation.» (13 mai 1910)

This declaration by Dom Nève to the Bishop of Bruges was obviously a beautiful lie, even if it had no other goal than to calm people’s minds while waiting to obtain better: because he had no thoughts of abandoning his project . Cardinal Merry del Val, more than the Pope, had been sensitive to the arguments of the Bishop of Bruges, and had said so to Monseigneur van Caloen. Is there not an intermediate solution?, he asked. For Dom Nève, it was a hard blow. For the umpteenth time, the future seemed hopeless. It was then that Monseigneur van Caloen proposed, on July 2, 1910, a transaction to Monsignor Waffelaert:

Cette déclaration de dom Nève à l’évêque de Bruges était évidemment un beau mensonge, même s’il n’avait pas d’autre but que de calmer les esprits en attendant d’obtenir mieux: car il ne songeait nullement à abandonner son projet. Le cardinal Merry del Val, plus que le pape, avait été sensible aux arguments de l’évêque de Bruges, et l’avait dit à Monseigneur van Caloen. N’y aurait-il pas une solution intermédiaire?, demanda-t-il. Pour dom Nève, ce fut un rude coup. Pour la énième fois, l’avenir semblait sans issue. C’est alors que Monseigneur van Caloen proposa, le ii juillet 191o, une transaction à Monseigneur Waffelaert:

“We therefore ask Your Lordship, not the opening of a college per se, but to tolerate that we receive a limited group of 25 paying students, following the courses already existing for our apostolics, and this only in favor of the missions .”

«Nous demandons donc à Votre Grandeur, non pas l’ouverture d’un collège proprement dit, mais de tolérer que nous recevions un groupe limité de 25 élèves payants, suivant les cours déjà existants pour nos apostoliques, et cela uniquement en faveur des missions.»

Monsignor therefore followed the suggestions of the Cardinal Secretary of State in order to make his proposal acceptable, although neither he nor Dom Nève were decided to commit to it. An audience at the bishopric remained without result. Monseigneur would have abandoned the fight, which was not in his character - was it fatigue? —, if the monks of Saint Andrew had not insisted that he go a second time to the pope, because for them, it was truly a question of life and death. For the third time that year, Monsignor van Caloen took the train to Rome. He stayed there three days, just long enough to get his school. During the audience of September 7 , 191o, the Pope promised to write a letter in his own hand to the Bishop of Bruges. The same evening, Monseigneur wrote to Dom Nève:

Monseigneur suivait donc les suggestions du cardinal secrétaire d’État afin de rendre sa proposition acceptable, quoique ni lui ni dom Nève ne fussent décidés à s’y engager. Une audience à l’évêché resta sans résultat. Monseigneur aurait bien abandonné le combat, ce qui n’était pas dans son caractère — était-ce de la fatigue? —, si les moines de Saint-André n’avaient pas insisté pour qu’il se rende une seconde fois auprès du pape, car pour eux, c’était véritablement une question de vie ou de mort. Pour la troisième fois cette année-là, Monseigneur van Caloen prit le train pour Rome. Il y resta trois jours, juste le temps nécessaire pour obtenir son école. Au cours de l’audience du 7 septembre 191o, le pape lui promit d’écrire de sa propre main une lettre à l’évêque de Bruges. Le soir même, Monseigneur écrivit à dom Nève:

“Being certain of the pope’s support, I consider that we can move forward, but quietly. You can tell the families in question that we will receive their children as students. But we must not speak of the pope, nor of the bishop, nor of me. Leave some mystery and move forward without giving any explanation. Let us be careful in conversations with outsiders and in letters. Above all, no words that could hurt the bishop. We’ll see if he communicates anything to us. In any case, we will always respect and honor him: but we will move forward quietly, because we know the will of the Pope which is that of God...”

«Étant certain de l’appui du pape, je considère que nous pouvons aller de l’avant, mais sans bruit. Vous pouvez dire aux familles en question que nous recevrons leurs enfants comme élèves. Mais il ne faut parler ni du pape, ni de l’évêque, ni de moi. Laissez planer un certain mystère et marchez de l’avant sans donner aucune explication. Que l’on soit prudent dans les conversations avec les personnes du dehors et dans les lettres. Surtout aucune parole qui puisse blesser l’évêque. Nous verrons s’il nous communique quelque chose. En tout cas, nous le respecterons et l’honorerons toujours: mais nous marcherons tranquillement de l’avant, car nous connaissons la volonté du pape qui est celle de Dieu...»

During this same audience, Monsignor presented to the Pope a petition from Dom Nève authorizing him to establish his stability at Saint-André. Why this recourse? Quite simply to prevent the abbey of Maredsous, in a bad mood, from recalling Dom Nève, which would be the end of Saint-André. Better to plan ahead! Pope Pius signed the petition, inviting Monseigneur and Dom Nève to remain silent: “speak about it only if necessary.” A real conspiracy!A real conspiracy!

Au cours de cette même audience, Monseigneur avait présenté au pape une supplique de dom Nève l’autorisant de fixer sa stabilité à Saint-André. Pourquoi ce recours? Tout simplement afin d’empêcher que l’abbaye de Maredsous, sur un mouvement de mauvaise humeur, ne rappelât dom Nève, ce qui serait la fin de Saint-André. Mieux valait prévoir! Le pape Pie X signa la supplique en invitant Monseigneur et dom Nève à se taire: «n’en parlez qu’en cas de nécessité.» Une vraie conspiration!

The pope kept his word and, a few days later, the bishop received a handwritten letter from the Holy Father, 83 dated September 8, 1910. He wrote in particular:

Le pape tint parole et, quelques jours plus tard, l’évêque reçut une lettre manuscrite du Saint-Père83, datée du 8 septembre 1910. Il écrivait notamment:

 “The fruits coming from this small college would be enough to feed not only the monks but also the novices whom they prepare for the missions of Brazil and the Congo. As this permission would make You, Venerable Brother, share in the merits of the conversion of so many souls who are still ignorant of Our Lord Jesus Christ. I have the joyful confidence that You will gladly grant them this permission.” What could the bishop do but accept? ”Since Your Holiness appreciated these inconveniences and nevertheless judged differently, I will not delay any longer in granting the requested permission.”

 «Les fruits provenant de ce petit collège suffiraient à nourrir non seulement les moines mais aussi les novices qu’ils préparent pour les missions du Brésil et du Congo. Comme cette permission Vous rendrait, Vénérable Frère, participant des mérites de la conversion de tant d’âmes qui ignorent encore Notre Seigneur Jésus-Christ. Je nourris la joyeuse confiance que Vous Vous réjouirez de leur accorder volontiers cette permission.» Que pouvait faire l’évêque, sinon accepter? «Puisque Votre Sainteté a apprécié ces inconvénients et n’en a pas moins jugé différemment, je ne tarderai pas davantage à accorder la permission demandée.»

The permission was therefore unconditional. But Monsignor Waffelaert remained silent, not intending to divulge this promise. It was therefore not the bishop who informed Dom Nève of the content of the letters exchanged between the pope and him, but rather Monsignor Bressan, the pope’s private secretary, in a letter dated September 17, 1910. Without hesitation, Dom Nève immediately wrote to the bishop to thank him and express all his gratitude. Which was inappropriate to say the least! How does the bishop react? Giving in despite oneself and, what is more, to an inferior does not lead to kindness. Although Monsignor Waffelaert was forced to capitulate, he still did not intend to give complete freedom to Saint-André. He immediately made it clear. He therefore instructed his vicar general, Canon De Schrevel, to inform Monseigneur van Caloen and Dom Nève of his conditions, linked to his assent:

La permission était donc sans condition. Mais Monseigneur Waf-felaert se tut, n’entendant pas divulguer cette promesse. Ce ne fut donc pas l’évêque qui fit part à dom Nève de la teneur des lettres échangées entre le pape et lui, mais bien Monseigneur Bressan, le secrétaire particulier du pape, dans une lettre datée du 17 septembre 191o. Sans hésiter, dom Nève écrivit alors immédiatement à l’évêque pour le remercier et lui exprimer toute sa gratitude. Ce qui était pour le moins inconvenant! Comment l’évêque réagit-il? Céder malgré soi et, qui plus est, à un inférieur ne porte pas à l’amabilité. Si Monseigneur Waffelaert fut forcé de capituler, il ne comptait tout de même pas donner toute liberté à Saint-André. Il le fit aussitôt comprendre. Il chargea donc son vicaire général, le chanoine De Schrevel, de mettre Monseigneur van Caloen et dom Nève au courant de ses conditions, liées à son assentiment:

“1) that the abbey undertakes never to create any college or house of education;

«1) que l’abbaye s’engage à ne jamais créer de collège ou de maison d’éducation quelconque;

 2)  that it only accepts twenty free students;

2)   qu’elle n’accepte les élèves libres qu’au nombre de vingt;

 3)  that the pension be set at a minimum of twelve hundred francs.” (September 24, 191o)

3)   que la pension soit fixée au minimum de douze cents francs.» (24 septembre 191o)

Monsignor thus indicated his discontent and disapproval. The conditions imposed would, in his eyes, make the existence of the school so difficult that the abbey would abandon its project. Indeed, only accepting free students, without being able to grant them a diploma, made the future uncertain. Very diplomatically, Dom Nève replied to the bishop that he did not have the power to commit the abbey, to do so he had to contact Monseigneur van Caloen, currently somewhere at sea or in Brazil, or perhaps even wait for another return to Europe. The bishopric then responded that the authorization was suspended. Never mind! Dom Nève did not hesitate to register the first seven students 84 and begin the school year. In a letter to Monseigneur van Caloen, he defined his policy as follows:

Monseigneur marquait ainsi son mécontentement et sa réprobation. Les conditions imposées devaient, à ses yeux, rendre l’existence de l’école si difficile que l’abbaye abandonnerait son projet. En effet, n’accepter que des élèves libres, sans pouvoir leur conférer un diplôme, rendait l’avenir incertain. Très diplomatiquement, dom Nève répondit à l’évêque qu’il n’avait pas pouvoir d’engager l’abbaye, il fallait pour cela s’adresser à Monseigneur van Caloen, à l’heure actuelle quelque part en mer ou au Brésil, ou peut-être même attendre un nouveau retour en Europe. L’évêché répondit alors que l’autorisation était suspendue. Qu’à cela ne tienne! Dom Nève n’hésita pas à inscrire les sept premiers élèves84 et à entamer l’année scolaire. Dans une lettre à Monseigneur van Caloen, il définissait ainsi sa politique:

“It seems to me that the best policy to follow is to proceed slowly and not yield anything to the bishop unless the pope lets us know that permission is withdrawn.” (October 17, 1910)

«Il me semble que la meilleure politique à suivre est de continuer tout doucement et de ne rien céder à l’évêque à moins que le pape ne nous fasse savoir que la permission est retirée.» (17 octobre 1910)

A little later he wrote again:

Un peu plus tard, il écrivit encore:

“The best policy would be, I believe, not to keep the fire open but to let it die for lack of fuel. Having the Pope’s letter for us, we can move forward and Monsignor will end up closing his eyes. (November 3, 191o)

«La meilleure politique serait, je crois, de ne pas entretenir le feu ouvert mais de le laisser mourir faute de combustible. Ayant pour nous la lettre du pape, nous pouvons marcher de l’avant et Monseigneur finira par fermer les yeux.» (3 novembre 191o)

This is what happened. Monsignor Waffelaert no longer reacted: the school was saved. But very strong reactions came from a completely different side: from the abbey of Maredsous. If, in Bruges, the storm had been strong, in Maredsous lightning struck. The entire abbey protested vehemently when it learned what had just happened at Saint-André. Some fathers even insisted to the abbot that he recall Father Théodore. Dom Marmion refused: that would disapprove of the Pope, he said. As chance would have it, shortly after, Dom Nève made a brief appearance in Maredsous. He was attacked from all sides, the incriminations never stopped and Dom Marmion reprimanded him sharply.

C’est ce qui arriva. Monseigneur Waffelaert ne réagit plus: l’école était sauvée. Mais de très vives réactions vinrent d’un tout autre côté: de l’abbaye de Maredsous. Si, à Bruges, la tempête avait été forte, à Maredsous la foudre éclata. Toute l’abbaye protesta avec véhémence lorsqu’elle apprit ce qui venait de se passer à Saint-André. Quelques pères insistèrent même auprès de l’abbé pour qu’il rappelât le père Théodore. Dom Marmion refusa: ce serait désapprouver le pape, dit-il. Le hasard voulut que peu après, dom Nève fit une brève apparition à Maredsous. De toutes parts, il fut pris à partie, les incriminations n’en finirent pas et dom Marmion le tança vertement.

But how had Maredsous learned of this? From Monseigneur van Caloen himself. On his way to Brazil, Monseigneur took the opportunity to write to Dom Marmion and faithfully inform him of the creation of the school. ”A strange letter certainly,” wrote Dom Huyghebaert, ”and unpleasant, not to say hurtful.” Refuting the objection of the monks according to which a single abbey school was enough for Belgium, as if it were not possible to support two Benedictine colleges in this small country when there were around ten Jesuit colleges, Monsignor van Caloen ended his letter to the abbot of Maredsous with these words:

Mais comment Maredsous avait-elle appris la chose? De Monseigneur van Caloen lui-même. En route pour le Brésil, Monseigneur en avait profité pour écrire à dom Marmion et le mettre loyalement au courant de la création de l’école. «Lettre étrange assurément, écrit dom Huyghebaert, et déplaisante, pour ne pas dire blessante.» Réfutant l’objection des moines selon laquelle une seule école abbatiale suffisait pour la Belgique, comme s’il n’était pas possible de faire vivre deux collèges bénédictins dans ce petit pays alors qu’il y avait une dizaine de collèges de jésuites, Monseigneur van Caloen terminait sa lettre à l’abbé de Maredsous par ces mots:

“There is no need to recall, I think, that that of Maredsous owes its existence to me and that, if I am obliged to open one in Saint-André, it is because Maredsous has shown himself to be inexorable by demanding until last penny of my assets. I have the duty to feed my monks at Saint-André and I have no other means than a college.” (September 29, 1910)

«Inutile de rappeler, je pense, que celle de Maredsous me doit l’existence et que, si je suis obligé d’en ouvrir une à Saint-André, c’est parce que Maredsous s’est montré inexorable en exigeant jusqu’au dernier sou de mon patrimoine. J’ai le devoir de nourrir mes moines à Saint-André et je n’ai pas d’autre moyen qu’un collège.» (29 septembre 1910)

Monsignor van Caloen had also written to the Bishop of Bruges to thank him for his gesture. O irony of fate! The two letters were very ill-timed. At that moment, Monsignor van Caloen did not suspect what had happened and that his letters which, in his eyes, were a gesture of politeness and recognition, had the opposite effect: they threw oil on fire. He didn’t find out until later. Because at the very moment, Dom Marmion, pushed by Cardinal Mercier and encouraged by his monks, tried to meet Monsignor Waffelaert to tell him that Maredsous had absolutely nothing to do with what had happened at Saint-André and that she condemned the methods used 85 . The meeting took place near Bruges station. Monsignor Waffelaert paid no attention to Dom Marmion and even made the affront of turning his back on him. Monsignor Waffelaert, like the monks of Maredsous, had the feeling of having been deceived. The conduct of Monsignor van Caloen and the prior of Saint-André was, for them, highly reprehensible.

Monseigneur van Caloen avait également écrit à l’évêque de Bruges pour le remercier de son geste. Ô ironie du sort! Les deux lettres tombèrent bien mal à propos. À ce moment, Monseigneur van Caloen ne se doutait pas de ce qui s’était passé et que ses lettres qui, à ses yeux, étaient un geste de politesse et de reconnaissance, eurent l’effet contraire: elles jetèrent de l’huile sur le feu. Il ne le sut que plus tard. Car au moment même, dom Marmion, poussé par le cardinal Mercier et encouragé par ses moines, tentait de rencontrer Monseigneur Waffe-laert pour lui dire que Maredsous n’avait absolument rien à voir avec ce qui s’était passé à Saint-André et qu’elle condamnait les méthodes employées85. La rencontre eut lieu près de la gare de Bruges. Monseigneur Waffelaert ne prêta aucune attention à dom Marmion et lui fit même l’affront de lui tourner le dos. Monseigneur Waffelaert, comme les moines de Maredsous, avait le sentiment d’avoir été trompé. La conduite de Monseigneur van Caloen et du prieur de Saint-André étaient pour eux hautement condamnable.

In this whole story, there was one victim: the good and holy Dom Colomba Marmion. He received the entire flight of green wood. However, he had nothing to do with this whole affair. In response to a letter from Dom Odilon Otten, who had advised him not to intervene with the bishop, Dom Marmion wrote a little later:

Dans toute cette histoire, il y eut une victime: le bon et saint dom Colomba Marmion. Il reçut toute la volée de bois vert. Il n’était pourtant pour rien dans toute cette affaire. En réponse à une lettre de dom Odilon Otten, qui lui avait conseillé de ne pas intervenir auprès de l’évêque, dom Marmion écrivit un peu plus tard:

”I never said and I hope that I will never have the intention to commit an act hostile to Saint-André, nor to the works to which you dedicate yourself with so much zeal... I have never said a word against Saint-André, nor against those who work there under obedience, but I wanted to let the Bishop of Bruges know that the entire Order does not agree with those who govern this abbey, with the methods they adopt or the procedures they use.” (October 13, 1910) Response from a wounded monk who respects people but condemns methods, suffering from little fraternal charity. As for Monsignor Waffelaert, he remained silent.

 «Je n’ai jamais dit et j’espère que je n’aurai jamais l’intention de poser un acte hostile à Saint-André, ni aux oeuvres auxquelles vous vous dévouez avec tant de zèle... Je n’ai jamais dit un mot contre Saint-André, ni contre ceux qui y travaillent sous l’obéissance, mais j’ai tenu à faire savoir à Monseigneur de Bruges que tout l’Ordre n’est pas d’accord avec ceux qui gouvernent cette abbaye, avec les méthodes qu’ils adoptent ou les procédés qu’ils emploient.» (13 octobre 191o) Réponse d’un moine blessé qui respecte les personnes mais condamne les méthodes, souffrant du peu de charité fraternelle. Quant à Monseigneur Waffelaert, il se tut.

The story, however, was not over. On the occasion of the New Year, Dom Nève wrote to Monseigneur de Bruges and took the opportunity to apologize for the way in which he had handled the school affair. At the same time, he asked him to be able to set the number of students at thirty. Dom Nève also adopted the transactional formula of Cardinal Merry del Val. The bishop, in his response, referred to his letter of the previous September 21. He didn’t compromise. A new letter from Dom Nève remained unanswered.

L’histoire toutefois n’était pas terminée. À l’occasion du Nouvel An, dom Nève écrivit à Monseigneur de Bruges et en profita pour s’excuser de la manière avec laquelle il avait mené l’affaire de l’école. Il lui demandait en même temps de pouvoir fixer à trente le nombre d’élèves. Dom Nève adoptait aussi la formule transactionnelle du cardinal Merry del Val. L’évêque, dans sa réponse, se rapporta à sa lettre du 21 septembre précédent. Il ne transigeait pas. Une nouvelle lettre de dom Nève resta sans réponse.

A few months later, Monsignor van Caloen, back in Europe, was received in audience by the Pope on April 5, 1911. The Holy Father confirmed to Monseigneur the right of Saint-André to have a college without any episcopal restriction: it was his desire and his will. Monsignor Waffelaert, informed, remained silent again. It was his habit.

Quelques mois plus tard, Monseigneur van Caloen, de retour en Europe, était reçu le 5 avril 1911 en audience par le pape. Le Saint-Père confirma à Monseigneur le droit à Saint-André d’avoir un collège sans aucune restriction épiscopale: c’était son désir et sa volonté. Monseigneur Waffelaert, mis au courant, se tut encore. C’était son habitude.

You should know that Monsignor Gustave-Joseph Waffelaert did not accept any discussion or dispute in his diocese. The attitude of Monseigneur van Caloen and Dom Nève had so stunned him that he remained without reaction. Had he accepted the proposal of Cardinal Merry del Val, taken up by Monseigneur van Caloen and later by Dom Nève, Saint-André would probably never have had a college. What is certain is that Monseigneur did not hold a grudge: the following year, he himself insisted on blessing the new abbot of Saint-André and never declined the invitations which were subsequently made to him. Dom Nève, on the other hand, had undoubtedly followed the best possible policy for the abbey: pretend nothing and carry on. It was finely played, but...

Il faut savoir que Monseigneur Gustave-Joseph Waffelaert n’acceptait dans son diocèse ni dicussion ni contestation. L’attitude de Monseigneur van Caloen et de dom Nève l’avait à ce point éberlué qu’il resta sans réaction. Eût-il accepté la proposition du cardinal Merry del Val, reprise par Monseigneur van Caloen et plus tard par dom Nève, Saint-André n’aurait probablement jamais eu de collège. Ce qui est certain, c’est que Monseigneur n’en garda pas rancune: l’année suivante, il tint lui-même à bénir le nouvel abbé de Saint-André et ne déclina jamais les invitations qui lui furent faites par la suite. Dom Nève, par contre, avait sans conteste suivi la meilleure politique possible pour l’abbaye: faire semblant de rien et continuer. C’était finement joué, mais...

And the Pope in all this? As we have seen, Monsignor van Caloen got everything he wanted from the popes. His appeals to the popes have always succeeded: a sure tactic. It must be recognized that he often abused it. Dom Gaspar Lefèbvre once wrote: ”Someone here (in Rio de Janeiro) told me: Whatever van Caloen wants, God wants. They shut your mouth with: the Holy Father wants it, the Primate wants it.”

Et le pape, dans tout cela? Comme nous l’avons vu, Monseigneur van Caloen obtenait tout ce qu’il voulait des papes. Ses recours aux papes ont toujours réussi: une tactique sûre. Il faut reconnaître qu’il en abusa bien souvent. Dom Gaspar Lefèbvre écrivit un jour: «Quelqu’un ici (à Rio de Janeiro) m’a dit: Tout ce que van Caloen veut, Dieu le veut. On vous ferme la bouche avec des: le Saint-Père le veut, le primat le veut.»

It was very true! This was indeed Monseigneur’s conception of obedience, the only valid one in his eyes. Thus ended this eventful year. Saint Andrew now had, in addition to Brazil and Rio Branco, its own mission territory and an abbey school. Dom Nève had given new directions to the foundation of Monsignor van Caloen, directions that would ensure its future.

C’était bien vrai! C’était d’ailleurs bien la conception de l’obéissance de Monseigneur, la seule valable à ses yeux. Ainsi se termina cette année mouvementée. Saint-André avait maintenant, en plus du Brésil et du Rio Branco, un territoire de mission propre et une école abbatiale. Dom Nève avait donné de nouvelles orientations à la fondation de Monseigneur van Caloen, des orientations qui assureraient son avenir.

8.3. The construction of the abbey school -1911

8.3. La construction de l’école abbatiale -1911

Saint-André could therefore open a school but had no buildings to start anything. The young prior was in no way frightened. He took up his pilgrim’s staff again. He first turned to Maredsous, the unavoidable one, and asked the father abbot if, for once, his parents could not pay his annual pension to Saint-André. He received this scathing response from Dom Colomba Marmion:

Saint-André pouvait donc ouvrir une école mais n’avait pas de bâtiments pour commencer quoi que ce soit. Le jeune prieur n’en fut nullement effrayé. Il reprit son bâton de pèlerin. Il se tourna d’abord vers Maredsous, l’incontournable, et demanda au père abbé si, pour une fois, ses parents ne pourraient pas verser sa pension annuelle à Saint-André. Il reçut de dom Colomba Marmion cette réponse cinglante:

“I lived ten years in Louvain and despite our great desire to have a beautiful church... we were content with our modest refectory as long as we were not in a state of disrepair. beautify without resorting to others. Here in Maredsous, several improvements are necessary, even pressing... but I can only undertake them as our resources allow us..., and I see you building, decorating, developing, without anything save at a time when you cannot honor your debts. I can neither approve nor cooperate with such expenditure.” (January 2, 1911)

 «J’ai vécu dix ans à Louvain et malgré notre grand désir de posséder une belle église... nous nous sommes contentés de notre modeste réfectoire tant que nous n’étions pas en état d’embellir sans recourir aux autres. Ici à Maredsous, plusieurs améliorations s’imposent, même pressantes... mais je ne puis les entreprendre qu’au fur et à mesure que nos ressources nous le permettent..., et je vous vois bâtir, orner, aménager, sans rien épargner à un moment où vous ne savez faire honneur à vos dettes. Je ne puis ni approuver, ni coopérer à de telles dépenses.» (2 janvier 1911)

Stung, Dom Nève reacted with vigor:

Piqué au vif, dom Nève réagit avec vigueur:

“If you came here, you might see that we don’t build, we don’t develop and we save a lot. I have done everything necessary to ensure the regular life of the community, I can assure you that we live in the strictest poverty, depriving ourselves of certain things that others might deem necessary. (January 9, 1911)

«Si vous veniez ici, vous pourriez constater que nous ne bâtissons pas, que nous n’aménageons pas et que nous épargnons beaucoup. J’ai fait tout le nécessaire pour assurer la vie régulière de la communauté, je puis vous assurer que nous vivons dans la plus stricte pauvreté, nous privant de certaines choses que d’autres pourraient juger nécessaires.» (9 janvier 1911)

And to confirm his words, he let Dom Marmion know that he would immediately honor his debts to Maredsous. But why did Monseigneur van Caloen and Dom Nève, after everything that had happened, stubbornly resort to Maredsous? Yet they could not demand that Maredsous Abbey ignore the previous facts? Could it then be out of desperation? Whatever the case, Dom Nève worked zealously to find the means to build his school. Since there was nothing to expect from Maredsous, perhaps there was something to expect from Monseigneur van Caloen?

Et pour confirmer ses dires, il fit savoir à dom Marmion qu’il honorerait immédiatement ses dettes vis-à-vis de Maredsous. Mais pourquoi Monseigneur van Caloen et dom Nève, après tout ce qui s’était passé, recouraient-ils obstinément à Maredsous? Ils ne pouvaient pourtant pas exiger de l’abbaye de Maredsous qu’elle ignore les faits antérieurs? Serait-ce alors en désespoir de cause? Quoi qu’il en soit, dom Nève s’activa avec zèle pour trouver les moyens de construire son école. Puisqu’il n’y avait rien à attendre de Mared-sous, peut-être y avait-il quelque chose à attendre de Monseigneur van Caloen?

However, in February 1911, Monsignor was in London to negotiate a new loan for his abbey in Rio de Janeiro; why wouldn’t he ask for extra for school? Monsignor claimed it was impossible, but promised crumbs. Dom Nève then thought of the formula of the Jesuit fathers, used for the construction of their Saint-Michel college. It was also the one that Monsignor van Caloen had used, a long time ago, for the abbey school of Maredsous: a loan of 500,000 francs at 3% to be launched on the market in the form of bonds. But would Rome give its fiat? Monsignor, who was now in Rome to obtain, despite an initial negative response, the Vatican’s agreement for its loan from Rio, took charge of this. Dom Nève wrote him an urgent letter:

Or, en février 1911, Monseigneur se trouvait à Londres en vue de négocier un nouvel emprunt pour son abbaye de Rio de Janeiro; pourquoi ne demanderait-il pas un extra pour l’école? Monseigneur prétendit que c’était impossible, mais promit des miettes. Dom Nève songea alors à la formule des pères jésuites, employée pour la construction de leur collège Saint-Michel. C’était également celle qu’avait employée, il y avait bien longtemps de cela, Monseigneur van Caloen pour l’école abbatiale de Maredsous: un emprunt de 500 000 francs à 3% à lancer sur le marché sous forme d’obligations. Mais Rome donnerait-il son fiat? Monseigneur, qui était maintenant à Rome pour arracher, malgré une première réponse négative, l’accord du Vatican pour son emprunt de Rio, s’en chargea. Dom Nève lui écrivit une lettre pressante:

“Could you press as hard as you can for this permission? We need to be able to put the buildings under roof before winter, otherwise we lose a whole year.” (March 23, 1911)

«Pourriez-vous presser aussi fort que possible l’obtention de cette permission? Il faudrait que nous puissions mettre les bâtiments sous toit avant l’hiver sinon nous perdons toute une année.» (23 mars 1911)

Of course, this did not prevent Dom Nève from already starting the work, ”in the meantime”. He approached Dom Ludger, the architect of the abbey, for the plans for the school. From the beginning, a two-story building was considered, but to avoid too marked a contrast with the lower buildings of the abbey, the architect was authorized to reduce the windows of the large dormitory.

Bien sûr, cela n’empêchait pas dom Nève d’entamer déjà les travaux, «en attendant». Il pressentit dom Ludger, l’architecte de l’abbaye, pour les plans de l’école. Dès le début, on songea à un bâtiment à étage, mais pour éviter un contraste trop marqué avec les bâtiments bas de l’abbaye, on autorisa l’architecte à réduire les fenêtres du grand dortoir.

“However, this project extended into Mr. van Ockerhout’s woods. When everything was finished, Dom Nève wrote to Monseigneur, I went to explain my needs to Mr. van Ockerhout who without hesitation donated all the necessary land to us. I was overwhelmed with thanks.” (May 4, 1911)

«Seulement, ce projet s’étendait jusque dans le bois de Monsieur van Ockerhout. Quand tout fut terminé, écrit dom Nève à Monseigneur, je suis allé exposer mes nécessités à Monsieur van Ockerhout qui sans hésiter nous a fait donation de tout le terrain nécessaire. Je me suis confondu en remerciements.» (4 mai 1911)

“The good Mr van Ockerhout”... He must indeed have been very good to accept being presented with a fait accompli! Dom Nève speculated that the good gentleman was so devoted to the abbey that he would not refuse. Mr. Nève had in the meantime helped his son to draw up the bonds of the loan: 1500 bonds at 1,000 francs and Zoo at 50o francs at 3%, repayable in fifty years from the fifth year. The obligations of the Jesuits in Brussels served as a model.

«Le bon Monsieur van Ockerhout»... Il devait en effet être bien bon pour accepter d’être mis ainsi devant le fait accompli! Dom Nève spéculait sur le fait que le bon monsieur était si dévoué à l’abbaye qu’il ne refuserait pas. Monsieur Nève avait entre-temps aidé son fils à rédiger les obligations de l’emprunt: 1500 obligations à 1 000 francs et Zoo à 50o francs à 3%, remboursables en cinquante ans à partir de la cinquième année. Les obligations des jésuites de Bruxelles servirent de modèle.

Meanwhile, in Rome, Monsignor van Caloen found himself facing great difficulties. Given the strong opposition coming from Rio de Janeiro, not only from the community of monks, but especially from the apostolic nuncio, Monsignor Bavona 86 , the Vatican did not think of reversing its decision. The Pope himself, with tears in his eyes, is said to have said to the Father Abbot Primate: ”It is impossible for me to support Monsignor van Caloen in this matter.”

Entre-temps, à Rome, Monseigneur van Caloen se trouvait devant de grosses difficultés. Vu la forte opposition en provenance de Rio de Janeiro, non seulement de la part de la communauté des moines, mais surtout de la part du nonce apostolique, Monseigneur Bavona86, le Vatican ne songeait pas à revenir sur sa décision. Le pape lui-même, les larmes aux yeux, aurait dit au père abbé primat: «Il m’est impossible de soutenir Monseigneur van Caloen dans cette affaire.»

Monsignor was clearly losing momentum in Rome, the tide had turned. Accustomed to going over heads and addressing the pope directly, his policies had eventually worn out, and opposition to his government had become too strong. Its isolation grew even within the Brazilian episcopate. Rome therefore refused the two loans, that of Rio and that of the school, convinced that they were one. Thanks to the intervention of the abbot primate, the good angel of the abbey, the two loans were separated, and Dom Nève received the green light.

Monseigneur était manifestement en perte de vitesse à Rome, le vent avait tourné. Habitué à passer par-dessus les têtes et à s’adresser directement au pape, sa politique avait fini par s’user, et l’opposition à son gouvernement était devenue trop forte. Son isolement croissait même au sein de l’épiscopat brésilien. Rome refusa donc les deux emprunts, celui de Rio et celui de l’école, convaincue qu’ils ne faisaient qu’un. Grâce à l’intervention de l’abbé primat, le bon ange de l’abbaye, les deux emprunts furent séparés, et dom Nève reçut le feu vert.

“Thank God and act quickly for fear of some new complication. Don’t think about increasing it by 50,000 francs, as you propose. Go forward.” (May 19, 1911)

«Remerciez Dieu et faites vite de peur de quelque nouvelle complication. Ne songez pas à l’augmenter de 50 00o francs, comme vous le proposez. Allez de l’avant.» (19 mai 1911)

When the Roman decision reached Dom Nève on May 19, the plans for the school were ready, the cellar dug, the obligations printed. Thus it was at Saint-André: not to waste time, to anticipate events, if necessary to make them conform to personal plans. Even Monsignor was astonished: ”Are we already building?” (May 27, 1911) Dom Jean de Hemptinne, from the depths of Katanga, remarked with irony: ”You build the cage before you have the birds: that’s the way to make them come.” The example came from the top!

Lorsque la décision romaine parvint à dom Nève, le 19 mai, les plans de l’école étaient prêts, la cave creusée, les obligations imprimées. Ainsi en allait-il à Saint-André: ne pas perdre de temps, devancer les événements, au besoin les rendre conformes aux plans personnels. Même Monseigneur fut tout étonné: «On est déjà en train de bâtir?» (27 mai 1911) Dom Jean de Hemptinne, du fond du Katanga, remarquait avec ironie: «Vous construisez la cage avant d’avoir les oiseaux: c’est le moyen de les faire venir.» L’exemple venait de haut!

According to the data transcribed by Monseigneur in the “Book of Visits”, the abbey, in 1911, had a debt of 363,000 francs, in loans or credits whose interest seriously increased the general deficit of profits and losses. Furthermore, the school’s loan did not have the expected success. The friendly families of the monastery and the friends of the abbey knew very well that they had little to gain, and the uninitiated were wary. At the end of November, Dom Nève had only collected 75,000 francs. However, he took the liberty of writing to Monseigneur:

D’après les données transcrites par Monseigneur dans le «Livre des visites», l’abbaye, en 1911, avait une dette de 363 00o francs, en emprunts ou crédits dont les intérêts alourdissaient gravement le déficit général des profits et pertes. Par ailleurs, l’emprunt de l’école ne connut pas le succès escompté. Les familles amies du monastère et les amis de l’abbaye savaient très bien qu’ils n’avaient pas grand-chose à gagner, et les non-initiés se méfiaient. Fin novembre, dom Nève n’avait recueilli que 75 000 francs. Il se permit pourtant d’écrire à Monseigneur:

“The finances, without being brilliant, remain in a satisfactory state although the ordinary lifestyle of the house is very expensive: more than 100 mouths to feed every day.” ( November 9, 1911)

«Les finances, sans être brillantes, se maintiennent dans un état satisfaisant quoique le train de vie ordinaire de la maison soit très onéreux: plus de 100 bouches à nourrir tous les jours.» (9 novembre 1911)

Were the finances satisfactory? For a short time no doubt, because the letter from Dom Nève to Monseigneur van Caloen, dated March 1, 1912, gave a completely different story. It was a discouraged Dom Nève who took up his pen: difficulties and debts were piling up with no end in sight. And Monseigneur, moreover, wanted to skim the abbey. Did he not propose to send, immediately, the entire clergy with two fathers to Brazil, in order to revitalize his abbey in Rio? So many fewer mouths to feed, he wrote. With what remained, Dom Nève had to, as best he could, govern the house.

Les finances étaient-elles satisfaisantes? Pour peu de temps sans doute, car la lettre de dom Nève à Monseigneur van Caloen, datée du ter mars 1912, donnait un tout autre son de cloche. C’est un dom Nève découragé qui prit la plume: les difficultés et les dettes s’amoncelaient sans aucune issue en vue. Et Monseigneur, en outre, voulait écrémer l’abbaye. Ne proposait-il pas d’envoyer, séance tenante, tout le cléricat avec deux pères au Brésil, afin de revitaliser son abbaye de Rio? Autant de bouches en moins à nourrir, écrivait-il. Avec ce qui restait, dom Nève devait, tant bien que mal, gouverner la maison.

He had already had to entrust the accounting to two novices, Dom Pierre Legrand and Dom Gabriel Eggermont, who were doing very well. Katanga, meanwhile, was waiting for reinforcements. The school was looking for good faculty to make it attractive and thus improve finances. What a headache for the young prior! Sometimes it was too much! Especially since Monsignor, from Brazil, did not always realize what was happening at Saint-André.

Il avait déjà dû confier la comptabilité à deux novices, dom Pierre Legrand et dom Gabriel Eggermont, qui s’en tiraient d’ailleurs fort bien. Le Katanga, pendant ce temps, attendait du renfort. L’école était à la recherche d’un bon corps professoral afin de la rendre attrayante et d’améliorer ainsi les finances. Quel casse-tête pour le jeune prieur! Parfois c’en était trop! D’autant que Monseigneur, du Brésil, ne se rendait pas toujours compte de ce qui se passait à Saint-André.

Moreover, Monseigneur was not in better circumstances since Rome’s refusal. The opposition of the community, led by its coadjutor abbot, Dom Chrysostome De Saegher, to whom the brothers listened, did not diminish. The nuncio was not favorable to him. As for the financial problems, they seemed insoluble. The situation at Rio Branco was uncertain. His personal situation in the abbey of Rio was therefore at stake: would he stay or should he give way to Dom Chrysostome De Saegher? Monsignor was taken aback but not discouraged. The campaign of slander of which he was the focus made him combative: the fight would invigorate him.

Monseigneur d’ailleurs n’était pas dans de meilleurs draps depuis le refus de Rome. L’opposition de la communauté, menée par son abbé coadjuteur, dom Chrysostome De Saegher, que les frères écoutaient, ne diminuait pas. Le nonce ne lui était pas favorable. Quant aux problèmes financiers, ils paraissaient insolubles. La situation au Rio Branco était incertaine. Sa situation personnelle dans l’abbaye de Rio était donc en jeu: resterait-il ou devrait-il céder la place à dom Chrysostome De Saegher? Monseigneur était décontenancé mais non découragé. La campagne de calomnies dont il était le point de mire le rendait d’ailleurs combatif: la lutte allait le ragaillardir.

“I recognized the action of the demon who has been pursuing our work for twenty years to ruin it and I resolved to resist him to his face,” he wrote in his notebooks. Every resistance, every opposition, every slander was always considered by Monsignor van Ca-loen as the work of the devil. This sometimes led him to make serious declarations, hardly compatible with his condition:

«Je reconnus l’action du démon qui poursuit depuis vingt ans notre oeuvre pour la ruiner et je pris la résolution de lui résister en face», écrivit-il dans ses carnets. Chaque résistance, chaque opposition, chaque calomnie fut toujours considérée par Monseigneur van Ca-loen comme l’oeuvre du démon. Ceci l’amena parfois à des déclarations graves, peu compatibles avec son état:

“Whenever a man becomes an obstacle to the regular development of this enterprise, willed by God, He removes him.”

«Chaque fois qu'un homme devient un obstacle au développement régulier de cette entreprise, voulue par Dieu, Il l'enlève.»

These were his words during the unexpected death of Monseigneur Bavona, apostolic nuncio to Brazil, his fierce opponent.

Ainsi s’exprimait-il lors du décès inopiné de Monseigneur Bavona, nonce apostolique au Brésil, son farouche opposant.

All things considered, this year 1912, both for Monseigneur van Caloen and for Dom Nève, proved difficult. For Saint-André, there was no financial help to expect from Brazil. Everything that Monsignor could do would never be very much (March 6, 1912). What to do?, asked Dom Nève.

Tout compte fait, cette année 1912, tant pour Monseigneur van Caloen que pour dom Nève, s’avérait difficile. Pour Saint-André, il n’y avait pas de secours financier à attendre du Brésil. Tout ce que Monseigneur pourrait faire ne serait jamais très lourd (6 mars 1912). Que faire?, se demandait dom Nève.

“As you will notice, the situation is very serious: we will be missing 1,000 francs to close the budget! Where should I look for such a sum? The Congo subsidy is more than absorbed by the needs of the mission; the remainder of the capital is immobilized in the uninvested securities of the college; the bank’s credit is completely exhausted. At the end of each month, I have to provide 4 or 5,000 francs which are missing from ordinary income. This is a situation that cannot continue because it would lead us to complete debacle... We have stopped all work except the college which must be a means of reporting.” (August 1, 1912 )

«Comme vous le remarquerez, la situation est très grave: il nous manquera so 000 francs pour clôturer le budget! Où me faut-il chercher pareille somme? Le subside du Congo est plus qu’absorbé par les besoins de la mission; le restant du capital est immobilisé dans les titres non placés du collège; le crédit de la banque est complètement épuisé. À l’échéance de chaque mois, je dois fournir 4 ou 5 000 francs qui manquent aux rentrées ordinaires. C’est une situation qui ne peut pas se prolonger car elle nous mènerait à la débacle complète... Nous avons arrêté tous les travaux sauf le collège qui doit être un moyen de rapport.» (1eY août 1912)

The school, in fact, was almost finished, it had to be ready for September 8, the day of the abbatial blessing of Dom Théodore Nève. The good contractor had done his best. Verhaeghe was, in fact, a very good entrepreneur, who agreed to be paid irregularly and, at the request of Monseigneur van Caloen, not to charge interest for the consolidated debt.

L’école, en effet, était presque terminée, elle devait être fin prête pour le 8 septembre, jour de la bénédition abbatiale de dom Théodore Nève. Le bon entrepreneur avait fait son possible. Verhaeghe était, en effet, un bien bon entrepreneur, qui acceptait d’être payé irrégulièrement et, à la demande de Monseigneur van Caloen, de ne pas compter d’intérêt pour la dette consolidée.

 

 

9. DOM THÉODORE NÈVE, ABBOT - 1912

9. DOM THÉODORE NÈVE, ABBÉ - 1912

9.1. The abbatial nomination

9.1. La nomination abbatiale

We find the first mention of a possible abbatial appointment in favor of Dom Nève in a letter from Monseigneur van Caloen to the abbot primate, dated September 9, 1911. Monseigneur first thought of a coadjutor with the right of succession, and wanted to make this appointment coincide with that of Dom Gaspar Lefebvre, appointed abbot of Parahyba, in the hope of giving them the abbatial blessing himself in the church of Saint-André.

On trouve la première mention d’une nomination abbatiale possible en faveur de dom Nève dans une lettre de Monseigneur van Caloen à l’abbé primat, en date du 9 septembre 1911. Monseigneur songea d’abord à un coadjuteur avec droit de succession, et souhaitait faire coïncider cette nomination avec celle de dom Gaspar Lefebvre, nommé abbé de Parahyba, dans l’espoir de leur donner lui-même la bénédiction abbatiale dans l’église de Saint-André.

However, given the difficulties he had to face, the Father Abbot Primate advised him to postpone this decision and thus avoid further tensions with Maredsous. However, the idea of ​​making Dom Nève an abbot of Saint-André was gaining ground. Monsignor van Caloen knew, from experience and because he had been told more than once, that the tensions in his community in Rio were the consequence of his numerous absences. Added to this was the fact that the distribution of tasks between himself and his coadjutor had never been well defined.

Toutefois, vu les difficultés auxquelles il devait faire face, le père abbé primat lui conseilla de remettre cette décision à plus tard et d’éviter ainsi de nouvelles tensions avec Maredsous. L’idée pourtant de faire de dom Nève un abbé de Saint-André faisait son chemin. Monseigneur van Caloen savait, par expérience et parce qu’on le lui avait répété plus d’une fois, que les tensions dans sa communauté de Rio étaient la conséquence de ses nombreuses absences. À cela s’ajoutait que la répartition des tâches entre lui-même et son coadjuteur n’avait jamais été bien définie.

Monsignor considered Dom Chrysostome De Saegher as a prior, Dom Chrysostome considered himself a true abbot, with all that that entailed. As the latter resided at the abbey of Rio, a large part of the community was favorable to him 87 . At the beginning of 1912, Monsignor came to realize that he was faced with a choice: he was abbot either of Rio de Janeiro or of Saint Andrew, but not of both at the same time. But where was his place? In Saint-André, there were no problems. Dom Théodore Nève carried out his task as prior with zeal and competence; the community was completely devoted to him: this abbey was truly his darling child. But could he lead the Brazilian congregation from Bruges?

Monseigneur considérait dom Chrysostome De Saegher comme un prieur, dom Chrysostome se considérait comme un véritable abbé, avec tout ce que cela comportait. Comme ce dernier résidait à l’abbaye de Rio, une grande partie de la communauté lui était favorable87. Au début de 1912, Monseigneur se rendit mieux compte qu’il se trouvait devant un choix: il était abbé ou de Rio de Janeiro ou de Saint-André, mais pas des deux à la fois. Mais où était sa place? À Saint-André, il n’y avait pas de problèmes. Dom Théodore Nève accomplissait sa tâche de prieur avec zèle et compétence; la communauté lui était toute dévouée: cette abbaye était vraiment son enfant chéri. Mais pouvait-il diriger la congrégation brésilienne à partir de Bruges?

After carefully weighing the pros and cons, Monsignor opted for Brazil. It was there that he had to be and remain to redress, with all the strength and energy of which he was still capable, a difficult situation and bring his task to a successful conclusion. “Fighting was in his temperament.” On March 29, 1912, he informed Dom Nève of the decision taken:

Après avoir bien pesé le pour et le contre, Monseigneur opta pour le Brésil. C’était là qu’il devait être et demeurer pour redresser, avec toute la force et l’énergie dont il était encore capable, une situation difficile et mener sa tâche à bonne fin. Se battre était d’ailleurs dans son tempérament”. Le 29 mars 1912, il fit part à dom Nève de la décision prise:

“We are going through a difficult and serious moment. Here, in Saint-André, in Katanga, in Rio Branco. It is therefore necessary that, God helping us, we rise to the occasion, full of calm and prudence, but above all full of supernatural spirit and personal sacrifice, full of confidence in God who has never abandoned us... The logical consequence of this is that I took the heroic resolution to resign the functions of abbot of Saint-André, a monastery and community to which my heart is deeply attached. To leave here and opt for Saint-André in the current circumstances was to open a new era of troubles and agitations and to allow the triumph of an unjustified opposition which would have remained forever a stain and a shame for the congregation. ... My idea and desire would be to spend the month of September at Saint-André in order to carry out the change of abbot: resignation, election and blessing of the new abbot. I would like to take the opportunity to bless the abbot of Parahyba at the same time, if the Holy See gives its consent by then.”

«Nous traversons un moment difficile et grave. Ici, à Saint-André, au Katanga, au Rio Branco. Il faut donc que, Dieu aidant, nous soyons à la hauteur de la situation, pleins de calme et de prudence, mais surtout pleins d’esprit surnaturel et de sacrifice personnel, pleins de confiance en Dieu qui ne nous a jamais abandonnés... La conséquence logique de ceci, c’est que j’ai pris l’héroïque résolution de résigner les fonctions d’abbé de Saint-André, monastère et communauté auxquels mon coeur est profondément attaché. Partir d’ici et opter pour Saint-André dans les ciconstances actuelles, c’était ouvrir une nouvelle ère de troubles et d’agitations et permettre le triomphe d’une opposition injustifiée qui serait restée pour toujours une tache et une honte pour la congrégation... Mon idée et désir seraient de passer le mois de septembre à Saint-André afin d’y réaliser le changement d’abbé: résignation, élection et bénédiction du nouvel abbé. Je voudrais profiter de l’occasion pour bénir en même temps l’abbé de Parahyba, si le Saint-Siège d’ici là donne son consentement.»

He added:

Il ajoutait:

“I have no doubt, dear Dom Théodore, that you will be my successor at Saint-André, and it is this prospect that pushes me to retire. I know that Saint-André will be in good hands. In the midst of the great difficulties that remain to be overcome, it is better to have a young and vigorous government and, above all, present.”

«Je ne doute pas, cher dom Théodore, que vous ne soyez mon successeur à Saint-André, et c’est cette perspective qui me pousse à me retirer. Je sais que Saint-André sera en de bonnes mains. Au milieu des grandes difficultés qui restent à vaincre, il vaut mieux un gouvernement jeune et vigoureux et surtout présent.»

“Give and take”: in return, Monseigneur asked Dom Nève to send him some fathers and all the young elements of the abbey:

«Donnant donnant»: en contrepartie, Monseigneur demandait à dom Nève de lui envoyer quelques pères et tous les jeunes éléments de l’abbaye:

“I beg you, dear Father Prior, to work in this direction and to try to give me this consolation in my old days, filled with bitterness... If this consolation is not given to me, I will still resign myself and wait death in human bitterness and I will collect all in God.”

«Je vous prie, cher père Prieur, de travailler dans ce sens et de tâcher de me donner cette consolation dans mes vieux jours, abreuvés d’amertume... Si cette consolation ne m’est pas donnée, je me résignerai encore et attendrai la mort dans l’amertume humaine et me recueillerai tout en Dieu.»

Except to the Abbot Primate and sometimes to Dom Placid Wolter, Monsignor van Caloen never confided in anyone. In this letter to Dom Théodore Nève, however, the man who was always so attached to him, the always so faithful collaborator whose zeal and ardor were a guarantee for the future, he could not help revealing himself. The circumstances, the incomprehension and the disappointments were such that the wounded man could not help but reveal the depths of his thoughts. Because this decision cost him dearly, but it was the right one: Saint-André could save itself, but Brazil still needed him. Once again, Monsignor van Caloen demonstrated courage and generosity: giving up his foundation was not easy.

Sauf à l’abbé primat et parfois à dom Placide Wolter, Monseigneur van Caloen ne s’est jamais confié à qui que ce soit. Dans cette lettre à dom Théodore Nève, toutefois, l’homme qui lui fut toujours si attaché, le collaborateur toujours si fidèle dont le zèle et l’ardeur étaient une garantie pour le futur, il ne put s’empêcher de se dévoiler. Les circonstances, l’incompréhension et les déceptions étaient telles que l’homme blessé ne put s’empêcher de révéler le fond de sa pensée. Car cette décision lui coûta cher, mais c’était la bonne: Saint-André pouvait se sauver elle-même, mais le Brésil avait encore besoin de lui. Une fois de plus, Monseigneur van Caloen faisait preuve de courage et de générosité: renoncer à sa fondation n’était pas facile.

How does Dom Nève react? With emotion, admiration and surprise! Emotion when reading “these sad and solemn pages”, in which Monsignor, with sincerity, expressed his difficulties; admiration for the man who dared to make such a decision in Joule simplicity and in total submission to the will of God; surprise, because Dom Nève didn’t expect it at all. In his response, however, he proposed, according to the wishes of the community, not to resort to an election but to appeal to his right as founder by appointing his successor. He added:

C-omment réagit dom Nève? Avec émotion, admiration et surprise! Émotion à la lecture de «ces pages tristes et solennelles», dans lesquelles Monseigneur, avec sincérité, faisait part de ses difficultés; admiration pour l’homme qui osait prendre une telle décision en Joule simplicité et en totale soumission à la volonté de Dieu; surprise, parce que dom Nève ne s’y attendait pas du tout. Dans sa réponse, celui-ci lui proposa cependant, selon les désirs de la commnua-nauté, de ne pas recourir à une élection mais bien de faire appel à son droit de fondateur en nommant son successeur. Il ajoutait:

“Spare us, Most Reverend Father, the lugubrious ceremony of a renunciation: the feast of the next day would be enveloped in a veil of sadness; rather, let us celebrate with joy the series of benefits of which you have been the providential instrument for Saint Andrew.” (April 22, 1912)

«Épargnez-nous, Révérendissime Père, la lugubre cérémonie d’une renonciation: la fête du lendemain serait enveloppée d’un voile de tristesse; laissez-nous plutôt célébrer dans la joie la série des bienfaits dont vous avez été pour Saint-André le providentiel instrument.» (22 avril 1912)

Dom Nève spoke from experience. The resignation of Dom Hildebrand de Hemptinne and the election of Dom Colomba Marmion as abbot of Maredsous, a few years earlier, had taken place in an atmosphere of sadness and tension. Dom Nève no longer wanted such a thing: it is bad for a community. Generous and great lord as he could be, Dom Nève offered Monsignor van Caloen all the monks he requested: five young professed men with Father Laurent Lumini, three young men designated for the Rio Branco and three oblate novices. A fine group of twelve monks or future monks, ten of whom embarked on July 3, 1912. What, two months earlier, seemed impossible became feasible, in another context however. But Dom Nève could also be realistic. After emotions, business:

Dom Nève parlait d’expérience. La démission de dom Hildebrand de Hemptinne et l’élection de dom Colomba Marmion comme abbé de Maredsous, quelques années auparavant, s’étaient déroulées dans une atmosphère de tristesse et de tension. Dom Nève ne voulait plus d’une chose pareille: c’est mauvais pour une communauté. Généreux et grand seigneur comme il pouvait l’être, dom Nève offrit à Monseigneur van Caloen tous les moines qu’il demandait: cinq jeunes profès avec le père Laurent Lumini, trois jeunes gens désignés pour le Rio Branco et trois novices oblats. Un beau groupe de douze moines ou futurs moines, dont dix s’embarquèrent dès le 3 juillet 1912. Ce qui, deux mois plus tôt, semblait impossible devenait réalisable, dans un autre contexte toutefois. Mais dom Nève pouvait aussi être réaliste. Après les émotions, les affaires:

“In compensation for the personnel sacrifices that we impose on ourselves for the benefit of Rio, would the chapter, in agreement with Your Paternity, not wish to settle the account of our contractor? There are a good fifty thousand francs to pay... This sum would be compensation for all the costs incurred by the education of these young people leaving for Rio. (April 22, 1912)

«En compensation des sacrifices en personnel que nous nous imposons au profit de Rio, le chapitre, d’accord avec Votre Paternité, ne voudrait-il pas régler le compte de notre entrepreneur? Il y a une bonne cinquantaine de mille francs à payer... Cette somme serait une rétribution pour tous les frais occasionnés par l’éducation de cette jeunesse en partance pour Rio.» (22 avril 1912)

The Father Abbot Primate, staying in Ghent, was not very enthusiastic when he heard the news of the abbey appointment from the mouth of Dom Théodore Nève. He felt that it was too soon and that it was first necessary to see clearly the situation in Saint-André and Rio: the buildings were not yet paid for, the community was small, the finances were not very good. Rome, consulted about the financial situation of the abbey, had not yet given its opinion: Dom Nève had to refuse. But the Bishop of Bruges, to whom Dom Nève went two days later, saw no inconvenience and agreed without hesitation to bless the new abbot on the following September 8. The abbot primate resigned himself to it.

Le père abbé primat, en séjour à Gand, ne fut guère enthousiaste lorsqu’il apprit la nouvelle de la nomination abbatiale de la bouche même de dom Théodore Nève. Il trouvait que c’était trop tôt et qu’il fallait d’abord voir clair dans la situation de Saint-André et de Rio: les bâtiments n’étaient pas encore payés, la communauté était réduite, les finances n’étaient guère bonnes, Rome, consultée au sujet de la situation financière de l’abbaye, n’avait pas encore donné son avis: dom Nève devait refuser. Mais l’évêque de Bruges, chez qui dom Nève se rendit le surlendemain, n’y vit aucun inconvénient et accepta sans hésiter de bénir le nouvel abbé, le 8 septembre suivant. L’abbé primat s’y résigna.

If the primate hesitated to confirm Dom Nève as abbot, Maredsous, on the other hand, became violently angry. Dom Nève and Monseigneur van Caloen had foreseen this eventuality and had taken precautions for this purpose. Dom Théodore, in fact, was still a monk of Maredsous and therefore depended on his abbot, Dom Colomba Marmion. Without his authorization or that of the chapter of the community, the only one authorized to grant a change of stability, he could not become abbot.

Si le primat hésitait à confirmer dom Nève comme abbé, Mared-sous, par contre, piqua une violente colère. Dom Nève et Monseigneur van Caloen avaient prévu cette éventualité et avaient à cette intention pris leurs précautions. Dom Théodore, en effet, était toujours moine de Maredsous et dépendait donc de son abbé, dom Colomba Marmion. Sans son autorisation ni celle du chapitre de la communauté, seul autorisé à accorder un changement de stabilité, il ne pouvait pas devenir abbé.

It is for this reason and to avoid any possible recall to Maredsous, that two years earlier, on September 7, 1910, Dom Nève had presented a petition to the Holy Father, authorizing him to change his stability “ in tempore opportuno et necessario “. When Dom Nève informed Dom Colomba Marmion of Monseigneur van Caloen’s decision, he also informed him of the papal favor. The indignation in Maredsous was all the greater as there was no possible recourse. For the umpteenth time, Saint-André presented Maredsous with a fait accompli; once again, this hurt Dom Nève’s colleagues. Not only had Maredsous, over so many years, had to endure the actions of Monseigneur van Caloen, not only had she lent Monseigneur van Caloen her best monks, but today she had to witness, helplessly, the definitive departure of these same monks. It was too much. A monk even wrote to his abbot: “I consider Father Theodore’s act to be a felony. This whole school of Monsignor van Caloen is going off the rails!” (April 23, 1912)

C’est pour cette raison et pour échapper à tout rappel possible à Maredsous, que deux ans auparavant, le 7 septembre 191o, dom Nève avait présenté une supplique au Saint-Père, l’autorisant à changer de stabilité “in tempore opportuno et necessario”. Lorsque dom Nève fit part à dom Colomba Mar-mion de la décision de Monseigneur van Caloen, il le mit également au courant de la faveur pontificale. L’indignation à Maredsous fut d’autant plus grande qu’il n’y avait aucun recours possible. Pour la énième fois, Saint-André mettait Maredsous devant le fait accompli; une fois de plus, cela fit mal aux confrères de dom Nève. Non seulement Maredsous avait dû, au cours de tant d’années, subir les agissements de Monseigneur van Caloen, non seulement elle avait prêté à Monseigneur van Caloen ses meilleurs moines, mais aujourd’hui elle devait assister, impuissante, au départ définitif de ces mêmes moines. C’en était trop. Un moine écrivit même à son abbé: «Je considère l’acte du père Théodore comme une félonie. Toute cette école de Monseigneur van Caloen déraille!» (23 avril 1912)

In the report of the chapter meeting of April 16, 1912, the secretary noted the following:

Dans le compte rendu de la séance du chapitre du 16 avril 1912, le secrétaire nota ce qui suit:

“(Dom Marmion) I had to reproach Dom Théodore and protest against his way of acting towards us. After having been our confrere, after having completed his monastic education and studies among us and having received numerous signs of sympathy and charity, against the formal wishes of his abbot, he sneakily left us to be transferred to another monastery, thus changing his testamentary provisions and everything that could connect him to Mared-sous: and this without giving the slightest warning.

«(dom Marmion) J’ai dû faire des reproches à dom Théodore et protester contre sa manière d’agir envers nous. Après avoir été notre confrère, après avoir fait son éducation monastique et ses études parmi nous et avoir reçu de nombreuses marques de sympathie et de charité, contre la volonté formelle de son abbé, il nous quitte sournoisement pour se faire transférer à un autre monastère, changeant ainsi ses dispositions testamentaires et tout ce qui pourrait le rattacher à Mared-sous: et cela sans donner le moindre avertissement.»

For his part, Dom Nève very sincerely requested Dom Marmion’s forgiveness. To justify himself, he invoked a letter that the latter had written to him in 1909, shortly after his election as head of the abbey of Maredsous, and in which he told him that his place was at Saint-André. He added:

De son côté, dom Nève sollicita très sincèrement le pardon de dom Marmion. Pour se justifier, il invoqua une lettre que celui-ci lui avait écrite en 1909, peu après son élection à la tête de l’abbaye de Maredsous, et dans laquelle il lui disait que sa place était à Saint-André. Il ajoutait:

“The act which legally separates me from you and my monastery, I only took it after having prayed for a long time, hoping to accomplish the will of God by this double and very hard sacrifice. I assure you, Most Reverend Father, that despite the attractions that I feel for the work entrusted to me, it is not without a heartbreak that I took this decisive step. I saw the father Jean (de Hemptinne) cried big tears when reading the act which transferred his stability to Saint-André: like him I felt my heart break. (April 18, 1912)

«L’acte qui me sépare juridiquement de vous et de mon monastère, je ne l’ai posé qu’après avoir longtemps prié, espérant accomplir par ce double et bien dur sacrifice la volonté de Dieu. Je vous assure, Révérendissime Père, que malgré les attraits que j’éprouve pour l’oeuvre qui m’a été confiée, ce n’est pas sans un déchirement de coeur que j’ai posé ce pas décisif J’ai vu le père Jean (de Hemptinne) pleurer de grosses larmes en lisant l’acte qui transférait sa stabilité à Saint-André: comme lui j’ai senti mon coeur se briser.» (18 avril 1912)

It was only on June 17, 1912 that Monsignor responded to Dom Nève’s letter, dated April 22, 1912. In this letter appeared the appointment of the latter as abbot of Saint-André, a request for masses for which the money would be for Saint-André, an agreement to pay for the students’ studies, but there was no question of paying the debts. Monsignor could also be realistic. At the same time he made it known that he would not come to Europe, the situation there being too serious and too delicate. Although his desire to confer the abbey blessing himself was very great, he thought, with death in his soul, that he had to give it up.

Ce n’est que le 17 juin 1912 que Monseigneur répondit à la lettre de dom Nève, datée du 22 avril 1912. Dans cette lettre figuraient la nomination de ce dernier comme abbé de Saint-André, une demande de messes dont l’argent serait pour Saint-André, un accord pour payer les études des partants, mais il n’était pas question de payer les dettes. Monseigneur aussi pouvait être réaliste. Il fit en même temps savoir qu’il ne viendrait pas en Europe, la situation sur place étant trop grave et trop délicate. Quoique son désir de conférer lui-même la bénédiction abbatiale fût très grand, il pensait, la mort dans l’âme, qu’il devait y renoncer.

Monsignor van Caloen’s decision had serious consequences for Saint-André. A new abbot means independence, his own orientation, personal management; different perspectives, different tasks, another vision. The primate was right to express reservations, the legacy was heavy. Dom Nève, in fact, no longer had much to hope from Monseigneur van Caloen, who, moreover, did not fail to let him know that, from now on, he would no longer pay the interest on the Gillès de Pélichy loan:

La décision de Monseigneur van Caloen était lourde de conséquences pour Saint-André. Un nouvel abbé signifie indépendance, orientation propre, gestion personnelle; autres perspectives, autres tâches, autre vision. Le primat avait raison d’émettre des réserves, l’héritage était lourd. Dom Nève, en effet, n’avait plus grand-chose à espérer de Monseigneur van Caloen, qui d’ailleurs ne manqua pas de lui faire savoir que, dorénavant, il ne paierait plus les intérêts de l’emprunt Gillès de Pélichy:

“I believe that if you paid a visit to the good Baron Jean Gillès, frankly explaining your situation to him, you could expect a lot of goodwill from him.” (July 17, 1912)

«Je crois que si vous faisiez une visite au bon baron Jean Gillès, lui exposant franchement votre situation, vous pourriez vous attendre de sa part à beaucoup de bienveillance.» (17 juillet 1912)

In a final plea, Dom Nève again tried to move Monseigneur. In vain. Dom Nève would have to be satisfied with a sum of 6,000 francs, as a gift for his abbey blessing. Dom Nève would still have a lot to do to improve the finances of his abbey. If the situation was not glorious, he was not a man to let himself be thrown off course and at his age, thirty-three, anything was possible.

Dans une dernière supplique, dom Nève essaya encore d’émouvoir Monseigneur. En vain. Dom Nève devrait se contenter d’une somme de 6 00o francs, en cadeau pour sa bénédiction abbatiale. Dom Nève aurait encore beaucoup à faire pour améliorer les finances de son abbaye. Si la situation n’était pas glorieuse, il n’était toutefois pas homme à se laisser désarçonner et à son âge, trente-trois ans, tout était possible.

The numerous expressions of congratulations that Dom Nève received from his colleagues in Maredsous, while the storm subsided, were not as severe as the letter cited above. They reflected all the sympathy that the monks felt towards the person of Dom Nève, while condemning the method used.

Les nombreux témoignages de félicitations que reçut dom Nève de ses confrères de Maredsous, alors que la tempête s’apaisait, ne furent pas aussi sévères que la lettre citée plus haut. Ils traduisaient toute la sympathie qu’éprouvaient les moines envers la personne de dom Nève, tout en condamnant la méthode employée.

“I am saddened by the little cloud which darkens our relations: I know that it does not reach the depths of hearts,” wrote Dom Robert Cornet, his lifelong companion, on September 2. Even Dom Marmion could write: “I congratulate you with all my heart. As I have already told you, as Father Colomba, I love you with all my heart and I have no bitterness left, but as Abbot of Maredsous, I must reckon with my community which is much more offended than I thought.” (July 18, 1912)

«Je suis peiné du petit nuage qui assombrit nos relations: je sais qu’il n’atteint pas le fond des coeurs», écrivait le 2 septembre dom Robert Cornet, son compagnon de toujours. Même dom Marmion pouvait écrire: «Je vous félicite de tout coeur. Comme je vous l’ai déjà dit, en tant que père Colomba, je vous aime de tout mon coeur et il ne me reste aucune aigreur, mais comme abbé de Maredsous, je dois compter avec ma communauté qui est beaucoup plus froissée que je ne pensais.» (18 juillet 1912)

From his distant Brazil, Monsignor van Caloen, who was only late informed of the new situations or events, thought he was doing the right thing by assuring Dom Marmion “of his joy at learning that he looked favorably on the appointment of Dom Théodore as abbot of Saint-André” and that he wished “that from now on the relations between Maredsous and Saint-André would be more charitable and fraternal” (August 12, 1912). How did Dom Marmion and the community react? Wrong. What is certain is that the distances, in this story, did not favor exchanges. We therefore understand the absence of Maredsous on the day of the abbey blessing, although Dom Nève tried by all means to reduce the tension and, on more than one occasion, implored the community’s forgiveness. Dom Nève was affected; Wasn’t Maredsous as well?

De son lointain Brésil, Monseigneur van Caloen, qui n’était mis que tardivement au courant des situations nouvelles ou des événements, crut bien faire en assurant à dom Marmion «sa joie d’apprendre qu’il voyait d’un bon oeil la nomination de dom Théodore comme abbé de Saint-André» et qu’il souhaitait «que dorénavant les relations entre Maredsous et Saint-André soient plus charitables et fraternelles» (12 août 1912). Comment réagirent dom Marmion et la communauté? Mal. Ce qui est certain, c’est que les distances, dans cette histoire, n’ont pas favorisé les échanges. On comprend dès lors l’absence de Maredsous le jour de la bénédiction abbatiale, quoique dom Nève ait tenté par tous les moyens de faire baisser la tension et, à plus d’une reprise, ait imploré le pardon de la communauté. Dom Nève en fut affecté; Maredsous ne l’était-elle pas non plus?

9.2. The abbatial blessing - September 8, 1912

9.2. La bénédiction abbatiale - 8 septembre 1912

No one doubted that Dom Nève, in the difficult circumstances of the moment, was the ideal man to take charge of the destiny of the abbey of Saint-André. As a young prior, he had proven that he was up to his task. The confidence that Monsignor van Caloen had in him was sincere and, when we know that he had few real collaborators, this confidence was all the greater and more complimentary. Among the letters of congratulations that Dom Nève received, one of them analyzes very well and precisely the situation of the abbey of Saint-André and its new abbot: “What has been achieved at Saint-André is in large part your work. If the foundation is that of Monsignor van Caloen, whose memory will mingle with all the joys of the day, the consolidation of the beginnings is the fruit of your prudence and your sorrows. The future will be the continuation of the present: for who can doubt that Providence, by making you enter the path of honors at the age when it once chose the great abbots of Cluny, does not reserve for you also , a 1ong series of years of fruitful labors to remake Saint-André into a school of Christian and liturgical life, where the piety of the faithful will come to be instructed and edified, and from which will emerge, following the monastic tradition, the pious and zealous missionaries that the beautiful colony entrusted to your monastery requires.” (dom Jules Jonckheere, September 3, 1912)

Personne ne doutait que dom Nève, dans les circonstances difficiles du moment, était l’homme tout indiqué pour prendre en main les destinées de l’abbaye de Saint-André. Comme jeune prieur, il avait prouvé qu’il était à la hauteur de sa tâche. La confiance que Monseigneur van Caloen avait en lui était sincère et, quand on sait qu’il eut peu de vrais collaborateurs, cette confiance était d’autant plus grande et plus élogieuse. Parmi les lettres de félicitations que reçut dom Nève, l’une d’elles analyse fort bien et avec précision la situation de l’abbaye de Saint-André et de son nouvel abbé: «Ce qui a été réalisé à Saint-André est en grande partie votre oeuvre. Si la fondation est de Monseigneur van Caloen, dont le souvenir se mêlera à toutes les joies de la journée, la consolidation des débuts est le fruit de votre prudence et de vos peines. L’avenir sera la continuation du présent: car qui peut douter que la Providence, en vous faisant entrer dans la voie des honneurs à l’âge où jadis elle a fait choix des grands abbés de Cluny, ne vous réserve pas, à vous aussi, une 1ongue série d’années de féconds labeurs pour refaire de Saint-André une école de vie chrétienne et liturgique, où la piété des fidèles viendra s’instruire et s’édifier, et d’où sortiront, suivant la tradition monastique, les pieux et zélés missionnaires que réclame la belle colonie confiée à votre monastère.» (dom Jules Jonckheere, 3 septembre 1912)

Prophetic words! This is how it had been, this is how it would be. Dom Jules did not think he was saying it so well: the entire future of Saint-André was already emerging in these few lines. This was also the opinion of Monseigneur van Caloen:

Paroles prophétiques! C’est ainsi que cela avait été, c’est ainsi que cela serait. Dom Jules n’avait pas cru si bien dire: tout l’avenir de Saint-André se profilait déjà dans ces quelques lignes. C’était d’ailleurs aussi l’avis de Monseigneur van Caloen:

“He is the foundation stone and life of Saint Andrew.” (to Marmion, October 22, 1909)

«Il est la pierre fondamentale et la vie de Saint-André.» (à Marmion, 22 octobre 1909)

Now we had to prepare for the party. The contractor had promised to be ready for September 8, since the school’s community hall was being counted on to organize the banquet. The chronicle tells that a cart carrying the glazed earthenware which was to cover the walls of the hall had overturned and that the entire load had been lost. We had to make a new order, but everything was still ready. In that summer of 1912, all the buildings of the abbey were completed according to the plans of Dom Ludger Rincklake. Dom Nève would be able to present his abbey to all the guests. It was indeed his work. His dynamism and zeal had overcome all opposition, even that of Monseigneur.

Il fallait maintenant préparer la fête. L’entrepreneur avait promis d’être prêt pour le 8 septembre, vu que l’on comptait sur la salle des fêtes de l’école pour y organiser le banquet. La chronique raconte qu’un chariot portant les faïences vernissées qui devaient revêtir les murs du hall avait culbuté et que tout le chargement avait été perdu. On dut faire une nouvelle commande, mais tout fut quand même prêt. En cet été de 1912, tous les bâtiments de l’abbaye étaient achevés selon les plans de dom Ludger Rincklake. Dom Nève allait pouvoir présenter son abbaye à tous les invités. C’était en effet son oeuvre. Son dynamisme et son zèle avaient eu raison de toutes les oppositions, même de celles de Monseigneur.

However, everything did not go as Dom Nève would have wanted. The “mandatum apostolicum”, required for the abbey blessing, did not arrive. The writ of appointment had remained in Rome, in the drawer of a secretary of the congregation for Bishops and Religious, because someone had expressed doubts about the validity of this appointment. Did the abbey of Saint-André have the twelve professed members required by the constitutions to become an abbey? Someone in Rome was tacitly opposed to St. Andrew’s Abbey and Monseigneur van Caloen. But who? This is what Dom Nève learned from Dom Chrysostome De Saegher, staying in Rome. He immediately sent the list of those solemnly professed: there were thirteen of them.”

Tout ne se déroula pourtant pas comme dom Nève l’aurait voulu. Le «mandatum apostolicum», exigé pour la bénédiction abbatiale, n’arrivait pas. Le bref de nomination était resté à Rome, dans le tiroir d’un secrétaire de la congrégation pour les Évêques et les Religieux, parce que quelqu’un avait émis des doutes sur la validité de cette nomination. L’abbaye de Saint-André comptait-elle les douze profès exigés par les constitutions pour devenir abbaye? Quelqu’un à Rome s’opposait tacitement à l’abbaye de Saint-André et à Monseigneur van Caloen. Mais qui? C’est ce que dom Nève apprit de dom Chrysostome De Saegher, en séjour à Rome. Il envoya illico la liste des profès solennels: ils étaient treize”.

The absence of Monsignor van Caloen and the death of his mother, Baroness van Caloen, the day before the festivities, September 7, 1912, tarnished the joy of the celebration. The absence of any monk from Maredsous, with the exception of Dom Marc de Montpellier, pained Dom Théodore. Dom Gaspar Lefèbvre, finally, was still waiting for the writ of appointment which would never arrive. Monsignor Waffelaert, on the other hand, seemed to have forgotten everything, as if nothing had happened between the abbey and him. That day he could not have been more friendly and cheerful. The new abbot’s family had covered all of the day’s expenses. The party could begin.

L’absence de Monseigneur van Caloen et le décès de sa mère, la baronne van Caloen, la veille des festivités, le 7 septembre 1912, ternirent la joie de la fête. L’absence de tout moine de Maredsous, à l’exception de dom Marc de Montpellier, peina dom Théodore. Dom Gaspar Lefèb-vre, enfin, attendais toujours le bref de nomination qui n’arriverait jamais”‘. Monseigneur Waffelaert, par contre, semblait avoir tout oublié, comme si rien ne s’était passé entre l’abbaye et lui. Il fut ce jour-là on ne peut plus aimable et enjoué. La famille du nouvel abbé avait pris à son compte toutes les dépenses de la journée. La fête pouvait commencer.

The weather was gloomy on September 8, 1912: a day without sun and persistent rain, a day like many of us know here. But joy was in their hearts: the abbey was looking to the future.

Le temps était maussade, ce 8 septembre 1912: un jour sans soleil et une pluie persistante, une journée comme on en connaît beaucoup chez nous. Mais la joie était dans les coeurs: l’abbaye se tournait vers l’avenir.

Alongside the Bishop of Bruges, Monseigneur Gustave-Joseph Waffelaert, the two co-consecrating abbots were Dom Robert de Kerchove, abbot of the Mont-César abbey in Louvain – all the abbots of Beuron could not decently be absent –, and Dom Van Scheepsdaele, coadjutor abbot of Affligem Abbey. His presence alongside the new abbot of Saint-André was a timely reminder that in the past, the first monks of Saint-André had come from Affligem. Monsignor Roelens, the vicar apostolic of Haut-Congo, the abbots of Steenbrugge, Termonde, Ramsgate, Santa Cruz and Averbode, had accepted the invitation of Dom Nève, as well as the governor of West Flanders, Baron Janssens de Bisthoven, Édouard Kervyn, secretary general of the Ministry of Colonies, senators van Ockerhout and Cools, etc. The many friends of the abbey and people from the surrounding area were also at the party. Dom Winoc Barbry, the chronicler of the time, left a rave description of the day’s festivities, which one reads with a smile.

Aux côtés de l’évêque de Bruges, Monseigneur Gustave-Joseph Waffelaert, les deux abbés coconsécrateurs étaient dom Robert de Kerchove, abbé de l’abbaye du Mont-César à Louvain — tous les abbés de Beuron ne pouvaient pas décemment être absents —, et dom Van Scheepsdaele, abbé coadjuteur de l’abbaye d’Affligem. Sa présence aux côtés du nouvel abbé de Saint-André rappelait opportunément qu’autrefois, les premiers moines de Saint-André étaient venus d’Affligem. Monseigneur Roelens, le vicaire apostolique du Haut-Congo, les abbés de Steenbrugge, Termonde, Ramsgate, Santa Cruz et Averbode, avaient accepté l’invitation de dom Nève, ainsi d’ailleurs que le gouverneur de la Flandre-Occidentale, le baron Janssens de Bisthoven, Édouard Kervyn, secrétaire général du ministère des Colonies, les sénateurs van Ockerhout et Cools, etc. Les nombreux amis de l’abbaye et les gens des environs étaient également de la fête. Dom Winoc Barbry, le chroniqueur de l’époque, laissa des festivités de la journée une description dithyrambique, qu’on lit avec le sourire.

At the end of the religious ceremony, two hundred guests sat around a well-appointed table in the school’s newly built community hall. In his toast, the Bishop of Bruges particularly insisted on the spirit of faith of Monseigneur van Caloen and Dom Nève. Dom Nève, for his part, praised Monseigneur Waffelaert whose blessing, ten years earlier, had produced such good fruits:

À l’issue de la cérémonie religieuse, deux cents invités s’assirent autour d’une table bien garnie dans la salle des fêtes, nouvellement construite, de l’école. Dans son toast, l’évêque de Bruges insista surtout sur l’esprit de foi de Monseigneur van Caloen et de dom Nève. Dom Nève, quant à lui, loua Monseigneur Waffelaert dont la bénédiction, dix ans plus tôt, avait produit d’aussi bons fruits:

“Your blessing came to open to me this morning the source of life that this same blessing brought forth ten years ago.”

«Votre bénédiction est venue m’ouvrir ce matin la source de vie que cette même bénédiction a fait jaillir il y a dix ans.»

As for Mr. van Ockerhout, he concludes with these words: “The monks and their friends form a family and Dom Nève is entrusted with their care. He is our guardian and we count on him, because we know the old saying: It is good to live beneath the cross.

Quant à Monsieur van Ockerhout, il conclut par ces mots: «Les moines et leurs amis forment une famille et à dom Nève en est confiée la garde. Il est notre gardien et nous comptons sur lui, car nous connaissons le vieux dicton: il fait bon vivre sous la crosse.»

The day ended happily. There are parties without a future, wrote the chronicler. There are others, on the contrary, thank God, which will reverberate throughout life. For the abbey of Saint-André, the celebration of September 8 was one of those: it marked the entire history of the young abbey of Saint-André with the imprint of a man, Dom Théodore Nève, who would guide the destiny of this monastery for forty years, still hidden in 1912 in a corner of the Veld.

La journée se termina dans la joie. Il est des fêtes sans lendemain, écrivit le chroniqueur. Il en est d’autres au contraire, Dieu merci, qui vont se répercutant tout au long de l’existence. Pour l’abbaye de Saint-André, la fête du 8 septembre fut de celles-là: elle marqua toute l’histoire de la jeune abbaye de Saint-André de l’empreinte d’un homme, dom Théodore Nève, qui conduira quarante ans les destinées de ce monastère, encore perdu en 1912 dans un coin du Veld.

On August 13, 1913, Dom Hildebrand de Hemptinne, former abbot of Maredsous and primate of the Benedictine order, died at the archabbey of Beuron. What had he not done for the abbey of Saint-André! Despite the tensions and rebuffs, Dom Hildebrand de Hemptinne had never stopped supporting Monseigneur van Caloen and his abbey of Saint-André against all odds. He had been their guardian angel. For what? The reason could not be found in a letter that he wrote to Monsignor van Caloen, on February 21, 1909: “The restoration of the Brazilian congregation is an enterprise that is common to us. My sympathy has never failed you, nor will it fail you. We are united in God and Saint Benedict for time and eternity.”

Le 13 août 1913, mourait à l’archiabbaye de Beuron dom Hildebrand de Hemptinne, ancien abbé de Maredsous et primat de l’ordre bénédictin. Que n’avait-il pas fait pour l’abbaye de Saint-André! Malgré les tiraillements, les rebuffades, dom Hildebrand de Hemp-tinne n’avait jamais cessé de soutenir envers et contre tout Monseigneur van Caloen et son abbaye de Saint-André. Il avait été leur ange gardien. Pourquoi? La raison ne serait-elle pas à trouver dans une lettre qu’il écrivit à Monseigneur van Caloen, le 21 février 1909: «La restauration de la congrégation brésilienne est une entreprise qui nous est commune. Jamais ma sympathie ne vous a manqué, ni ne vous manquera. Nous sommes unis en Dieu et saint Benoît pour le temps et l’éternité.»

Was it not he, in fact, who had entrusted Monsignor van Caloen with the restoration of monastic life in Brazil? He still bore the responsibility. He also had feelings of great fraternity towards Monseigneur van Caloen, and had always forgiven him everything, even the low blows. Was he captivated by the charming man that Monseigneur van Caloen could be at times? There was undoubtedly some of that! But wasn’t it mainly the fact that together they had built Maredsous? That together they had restored Benedictine life in Brazil? The heart has reasons that reason does not know... Dom Hildebrand de Hemptinne was a man of great nobility of heart, great honesty and  unfailing loyalty ; a calm and realistic man, a monk deeply attached to Rome and the papacy, respectful of their authority. Saint-André’s debt of gratitude to this great monk was immense.

N’était-ce pas lui, en effet, qui avait confié à Monseigneur van Caloen la restauration de la vie monastique au Brésil? Il en portait toujours la responsabilité. Il avait de plus des sentiments d’une très grande fraternité envers Monseigneur van Caloen, lui avait toujours tout pardonné, même les coups bas. Fut-il subjugué par l’homme charmant que pouvait être à ses heures Monseigneur van Caloen? Il y avait sans doute de cela! Mais n’était-ce pas surtout le fait qu’ensemble, ils avaient construit Maredsous? Qu’ensemble, ils avaient restauré la vie bénédictine au Brésil? Le coeur a des raisons que la raison ne connaît pas... Dom Hildebrand de Hemptinne fut un homme d’une grande noblesse de coeur, d’une très grande honnêteté et d’une  fidélité à toute épreuve; un homme posé et réaliste, un moine profondément attaché à Rome et à la papauté, respectueux de leur autorité. La dette de reconnaissance de Saint-André envers ce grand moine était immense.

 

 

CONCLUSION

CONCLUSION

“It is not a question of wanting to judge a personality who is so far above the average of his contemporaries. That would be reckless, if not ridiculous. How can we fairly appreciate the monastic ideal of Monsignor van Caloen, when we have barely mentioned the most gigantic of his undertakings: the restoration of the Benedictine congregation of Brazil? The years that pass have shown the weaknesses of some of his views, but also and above all the profound truth of his first intuition. (dom Nicolas Huyghebaert)

«Il ne s’agit pas de vouloir juger une personnalité qui dépasse tellement la moyenne de ses contemporains. Ce serait imprudent, sinon ridicule. Comment apprécier équitablement l’idéal monastique de Monseigneur van Caloen, alors que nous avons à peine évoqué la plus gigantesque de ses entreprises: la restauration de la congrégation bénédictine du Brésil? Les années qui passent ont montré les faiblesses de certaines de ses vues, mais aussi et surtout la vérité profonde de l’intuition première.» (dom Nicolas Huyghebaert)

By his prejudices, his tastes, his education both refined and summary, Monseigneur van Caloen is the man of his time; through his intuitions, of an extraordinarily lucid intelligence, he clearly anticipated the 20th century. The proof? The pedagogy of the first rector of the abbey school of Maredsous required only slight adjustments to remain at the level of modern trends; its liturgical program was consecrated by a whole series of pontifical decisions; as for his project for a Benedictine monastery, dedicated to the union of the Churches, we know what became of it in the hands of Pius XI and Dom Lambert Beaudouin. The impressive series of Benedictine monasteries which stand today in Africa, India, Korea, Vietnam, Japan and Latin America show that Monsignor van Caloen was not mistaken. What the monastic order did in the Middle Ages, it must still do today if it wants to maintain the same ardor and the same generosity and thus prove that the spiritual sap never ceases to nourish it.

Par ses préjugés, ses goûts, son éducation à la fois raffinée et sommaire, Monseigneur van Caloen est l’homme de son temps; par ses intuitions, d’une intelligence extraordinairement lucide, il devance nettement le xxe siècle. La preuve? La pédagogie du premier recteur de l’école abbatiale de Maredsous n’a demandé que de légères retouches pour demeurer au niveau des tendances modernes; son programme liturgique a été consacré par toute une série de décisions pontificales; quant à son projet de monastère bénédictin, consacré à l’union des Églises, on sait ce qu’il est devenu entre les mains de Pie XI et de dom Lambert Beaudouin. L’impressionnante série de monastères bénédictins qui s’élèvent aujourd’hui en Afrique, aux Indes, en Corée, au Viêt-nam, au Japon, en Amérique latine, montrent que Monseigneur van Caloen ne s’était pas trompé. Ce que l’ordre monastique a fait au Moyen Âge, il doit encore le faire aujourd’hui s’il veut conserver la même ardeur et la même générosité et prouver ainsi que la sève spirituelle ne cesse de l’alimenter.

Here ends the first volume of this work, Saint-André et dom Gérard van Caloen. The new impetus that Dom Théodore Nève gave to his abbey after the war of 14-18 marked a new stage in its history. After the difficult years of adolescence, came the strong years of adulthood. Saint-André not only took on new growth but above all diversified its activities while remaining faithful to the ideals of its founder, Monseigneur van Caloen. Dom Théodore Nève opened the doors of the world to his monks, and they rushed in, each according to their charisma. This will be the subject of the second volume, Saint-André and Dom Théodore Nève.

Ici se termine le premier tome de cet ouvrage, Saint-André et dom Gérard van Caloen. La nouvelle impulsion que dom Théodore Nève donna à son abbaye après la guerre de 14-18 marqua une nouvelle étape dans son histoire. Après les années difficiles de l’adolescence, vinrent les années fortes de l’âge adulte. Saint-André prit non seulement un nouvel essor mais surtout diversifia ses activités tout en restant fidèle aux idéaux de son fondateur, Monseigneur van Ca-loen. Dom Théodore Nève ouvrit les portes du monde à ses moines, et ils s’y engouffrèrent, chacun selon son charisme. Ce sera le sujet du second tome, Saint-André et dom Théodore Nève.

APPENDIX:
THE FIRST ABBBEY of SAINT- ANDRÉ - 1100-1796

ANNEXE
LA PREMIÈRE ABBAYE DE SAINT-ANDRÉ - 1100-1796

1. The foundation

1. La fondation

The founding of the Abbey of Saint-André is linked to one of the famous pages of the history of the Middle Ages: the epic of the Crusades. More precisely to the epic of the first crusade, the only one which succeeded.

La fondation de l’abbaye de Saint-André se rattache à une des pages célèbres de l’histoire du Moyen Âge: l’épopée des croisades. Plus précisément à l’épopée de la première croisade, la seule d’ailleurs qui ait abouti.

Abundant documentation, saved from the destruction of the French Revolution, allows the historian to reconstruct most of the history of the abbey of Saint-André. The founding charters, preserved in the state archives in Bruges, place the origins of the abbey in time, while the chronicle of the abbey of Saint-André, written by the monk Arnold Goethals between 1525 and 1533 and continued by the monk Jacques Hureau for the years 15231659, makes it possible to follow the events which marked its history.

Une abondante documentation, sauvée des destructions de la Révolution française, permet à l’historien de reconstituer la plus grande partie de l’histoire de l’abbaye de Saint-André. Les chartes de fondation, conservées aux archives de l’État à Bruges, situent dans le temps les origines de l’abbaye tandis que la chronique de l’abbaye de Saint-André, rédigée par le moine Arnold Goethals entre 1525 et 1533 et continuée par le moine Jacques Hureau pour les années 15231659, rend possible de suivre les événements qui marquèrent son histoire.

Towards the end of the the century, Tancmar van Straten, a rich and powerful lord, friend of the counts of Flanders, owned a lordship which extended over the current communes of Saint-André and Varsena-re, on the outskirts of Bruges. As he had no children, he wanted to found a monastery on his land and for this purpose thought of the church or chapel, called “Bethferkerke”, from the name of its founder, probably Bethfer van Straten, his ancestor, located at the gates of Bruges and dedicated to Saint-André. However, feudal law and Gregorian reforms did not allow him to have this sanctuary. Tancmar had to go through his overlord, the Count of Flanders, to relieve the church of all lordly rights, and through the bishop of Noyon-Tournai, so that he could donate this church to monks. This happened around 1096.

Vers la fin du me siècle, Tancmar van Straten, seigneur riche et puissant, ami des comtes de Flandre, possédait une seigneurie qui s’étendait sur les communes actuelles de Saint-André et de Varsena-re, aux portes de Bruges. Comme il n’avait pas d’enfants, il désira fonder un monastère sur ses terres et songea à cet effet à l’église ou chapelle, appelée «Bethferkerke», du nom de son fondateur, probablement Bethfer van Straten, son ancêtre, située aux portes de Bruges et dédiée à Saint-André. Le droit féodal et les réformes grégoriennes ne lui permettaient cependant pas de disposer de ce sanctuaire. Tancmar devait passer par son suzerain, le comte de Flandre, pour relever l’église de tous les droits seigneuriaux, et par l’évêque de Noyon-Tournai, pour que celui-ci puisse faire don de cette église à des moines. Cela se passait vers 1096.

But at the same time, at the Council of Clermont-Ferrand, Pope Urban II called on all Christians to leave for the Holy Land in order to deliver the tomb of Christ, which had fallen into the hands of infidels. The affair of Tancmar remained there, because Robert of Flanders, a pious and valiant man, responded to the pope’s appeal and left overseas with the Duke of Lotharingia, Godfrey of Bouillon. It is also not impossible that Tancmar accompanied him as a faithful vassal and friend.

Mais à la même époque, au concile de Clermont-Ferrand, le pape Urbain II avait appelé tous les chrétiens à partir pour la Terre sainte afin de délivrer le tombeau du Christ, tombé entre les mains des infidèles. L’affaire de Tancmar en resta là, car Robert de Flandre, homme pieux et vaillant, répondit à l’appel du pape et partit outremer avec le duc de Lotharingie, Godefroid de Bouillon. Il n’est d’ailleurs pas impossible que Tancmar l’accompagnât en fidèle vassal et ami.

In 1098, the crusaders reached Antioch, which they took by surprise. Barely established in the city, they were in turn surprised and besieged by the Seljuk Turks. The siege was long, food ran out. Despair gripped everyone. Only a miracle could still give courage to the besieged. It happened.

En 1098, les croisés atteignirent Antioche, dont ils se rendirent maîtres par surprise. À peine installés dans la ville, ils furent à leur tour surpris et assiégés par les Turcs seldjoucides. Le siège fut long, les vivres vinrent à manquer. Le désespoir s’empara de tous. Seul un miracle pouvait encore rendre courage aux assiégés. Il se produisit.

One fine day, a Provençal peasant, Pierre Barthélémy, came to find the leaders of the crusaders and reported to them that he had seen the apostle Saint Andrew in a dream several times, who had revealed to him the place where the spear that had pierced was found. the side of Christ. After much procrastination and doubt, the leaders, including Robert of Flanders, were willing to go to the indicated place. There they found a rusty spearhead. At the announcement of the prodigy, the besieged took courage, and ran towards the enemy under the protection of the Holy Lance. The Turkish troops were dispersed. Antioch was saved, the road to Jerusalem opened. This happened on June 28, 1098.

Un beau jour, un paysan provençal, Pierre Barthélémy, vint trouver les chefs des croisés et leur rapporta qu’il avait vu en songe plusieurs fois l’apôtre saint André, qui lui avait révélé l’endroit où se trouvait la lance qui avait percé le côté du Christ. Après bien des tergiversations et des doutes, les chefs, dont Robert de Flandre, voulurent bien se rendre à l’endroit indiqué. Ils y trouvèrent un fer de lance rouillé. À l’annonce du prodige, les assiégés reprirent courage, et coururent sus à l’ennemi sous la protection de la Sainte Lance. Les troupes turques furent dispersées. Antioche était sauvé, la route de Jérusalem ouverte. Cela se passait le 28 juin 1098.

It was during this siege that Robert of Flanders, known as Jerusalem (a city he never saw, having left Palestine before the capture of the Holy City), had made the vow that, if he survived, he would found on his lands a monastery dedicated to the apostle Saint Andrew. It was then that he remembered the request of Tancmar, lord van Straten, and wrote to his wife Clémence, who remained in the country, to do what was necessary to make his wish come true. The countess went to the bishop of Noyon-Tournai, Baudry, to donate the chapel of Bethferkerke and its goods, as provided for by the complicated laws of the feudal system. The bishop of Noyon-Tournai followed up on the count’s request. As soon as he returned from the Holy Land, he hastened to conclude the deal. He ceded the tithes he still held and, with episcopal authorization, entrusted the new monastery to the abbey of Affligem. Why Affligem? Because under Abbot Fulgence (1088-1122), the abbey of Affligem, not far from Brussels, had become a center of intense religious life and radiated far beyond the borders of Brabant. The charter of donation provided that the abbot of Affligem would send monks there whose number would increase “as much as he could” and that “the resources of the monastery would allow it”. This donation charter bore the date February 22, 1100.

C’est au cours de ce siège que Robert de Flandre, dit de Jérusalem (ville qu’il ne vit jamais, ayant quitté la Palestine avant la prise de la Ville sainte), avait fait le voeu que, s’il en réchappait, il fonderait sur ses terres un monastère dédié à l’apôtre saint André. C’est alors qu’il se rappela la demande de Tancmar, seigneur van Straten, et écrivit à sa femme Clémence, restée au pays, de faire le nécessaire pour réaliser son voeu. La comtesse se rendit auprès de l’évêque de Noyon-Tournai, Baudry, pour lui faire don de la chapelle de Bethferkerke et de ses biens, comme le prévoyaient les lois compliquées du système féodal. L’évêque de Noyon-Tournai donna suite à la demande du comte. Dès son retour de Terre sainte, celui-ci se hâta de conclure l’affaire. Il céda les dîmes qu’il détenait encore et, avec l’autorisation épiscopale, confia le nouveau monastère à l’abbaye d’Affligem. Pourquoi Affligem? Parce que sous l’abbé Fulgence (1088-1122), l’abbaye d’Affligem, non loin de Bruxelles, était devenue un foyer de vie religieuse intense et rayonnait loin au-delà des frontières du Brabant. La charte de donation prévoyait que l’abbé d’Affligem y enverrait des moines dont le nombre augmenterait «pour autant qu’il le pourra» et que «les ressources du monastère le permettraient». Cette charte de donation portait la date du 22 février 1100.

However, it seems that the taking possession of the chapel of Bethferkerke was not followed by occupation by the monks. It was first necessary to build and ensure the existence of the monks. Years passed before the monastery’s resources were deemed sufficient to support a certain number of monks. Between 1111 and 1113 - the charter is not dated - Baldwin VII, son of Robert of Jerusalem, charged the castellan of Bruges to hand over to the church of Saint-André, in memory of his father, the land of “ Bencebrouc », today called “Beisbroek”, approximately 500 ha, which was part of the count’s domain of Snellegem. This donation was to ensure the future of the foundation. On August 1 , 1117, the feast of Saint-Pierre-aux-Liens, patron of the abbey of Affligem, a first group of monks, under the leadership of Prior Ludolf, inaugurated regular life at Saint-André. After years of waiting, it entered the monastic history of the Netherlands and became a priory dependent on the abbot of Af-fligem and called to remain so according to the wishes of the bishop and the count. The donation of Bencebrouc was completed in 1118 by the acquisition of the church of Gistel, ceded by the bishop of Noyon-Tournai against an annual income. The existence of the abbey was thus assured.

Il semble toutefois que la prise de possession de la chapelle de Bethferkerke ne fut pas suivie d’une occupation par les moines. Il fallait d’abord construire et assurer l’existence des moines. Les années passèrent avant que les ressources du monastère fussent jugées suffisantes pour nourrir un certain nombre de moines. Entre 1111 et 1113 — la charte n’est pas datée —, Baudouin VII, fils de Robert de Jérusalem, chargea le châtelain de Bruges de remettre à l’église de Saint-André, en souvenir de son père, la terre de «Bencebrouc», appelée aujourd’hui «Beisbroek», 500 ha environ, qui faisait partie du domaine comtal de Snellegem. Cette donation devait assurer l’avenir de la fondation. Le ter août 1117, fête de Saint-Pierre-aux-Liens, patron de l’abbaye d’Affligem, un premier groupe de moines, sous la conduite du prieur Ludolf, inaugura la vie régulière à Saint-André. Après des années d’attente, elle entrait dans l’histoire monastique des Pays-Bas et devenait un prieuré dépendant de l’abbé d’Af-fligem et appelé à le rester selon les volontés de l’évêque et du comte. La donation de Bencebrouc fut complétée en 1118 par l’acquisition de l’église de Gistel, cédée par l’évêque de Noyon-Tournai contre une rente annuelle. L’existence de l’abbaye était ainsi assurée.

Relations between the mother abbey and the priory deteriorated over time. Towards the middle of the twelfth century, Affligem experienced great difficulties, following famine and serious internal dissensions which were the cause of a temporary decline of the abbey.

Les relations entre l’abbaye mère et le prieuré se détériorèrent avec le temps. Vers le milieu du xne siècle, Affligem connut de grandes difficultés, suite à la famine et à de graves dissensions intérieures qui furent à l’origine d’une décadence momentanée de l’abbaye.

Jealous of the riches of Saint-André, a monk from Affligem came there and knew how to circumvent the monks so well that he gained their trust and received custody of the charters and privileges. One day he took them to Affligem. For Saint-André, the theft was serious because the priory could no longer assert its rights. By stealing the cartulary of the priory of Saint-André, the guilty monk apparently wanted to secure the assets of Saint-André for his abbey in difficulty. The concealment was returned and peace returned. But the situation between the two monasteries did not improve.

Jaloux des richesses de Saint-André, un moine d’Affligem y vint et sut si bien circonvenir les moines qu’il gagna leur confiance et reçut la garde des chartes et privilèges. Un jour, il les emmena à Affligem. Pour Saint-André, le vol était grave car le prieuré ne pouvait plus faire valoir ses droits. En volant le cartulaire du prieuré de Saint-André, le moine coupable voulait, semble-t-il, s’assurer les biens de Saint-André pour son abbaye en difficulté. Le recel fut restitué et la paix revint. Mais la situation entre les deux monastères ne s’améliora pas.

In 1187, following external pressure, the monks of Saint-André decided to reject the authority of the abbot of Affligem. For what reasons? Economic and political reasons pushed the monks to desire independence. The financial demands of Affligem, in financial difficulty, became too heavy a burden for the Bruges community. Furthermore, both the Bishop of Tournai and the Count of Flanders could hardly admit to the gates of Bruges a monastery dependent on the Duke of Brabant. Did they put pressure on the monks to reject the supervision of the Brabant abbey? It would indeed be possible. Because as soon as the community had elected one of their own as future abbot, the monk Hugues, he notified Philippe of Alsace, Count of Flanders, staying in Male, who ratified the choice of the monks.

En 1187, suite à des pressions extérieures, les moines de Saint-André décidèrent de rejeter l’autorité de l’abbé d’Affligem. Pour quels motifs? Des raisons économiques et politiques poussaient les moines à désirer l’indépendance. Les exigences pécuniaires d’Affligem, en difficulté financière, devenaient un fardeau trop lourd pour la communauté brugeoise. En outre, tant l’évêque de Tournai que le comte de Flandre pouvaient difficilement admettre aux portes de Bruges un monastère dépendant du duc de Brabant. Firent-ils pression sur les moines pour qu’ils rejettent la tutelle de l’abbaye brabançonne? Ce serait bien possible. Car dès que la communauté eut élu un des leurs comme futur abbé, le moine Hugues, celui-ci avisa Philippe d’Alsace, comte de Flandre, en séjour à Male, qui entérina le choix des moines.

When the news reached Affligem, there was anger and the monks ordered their abbot Godescalc to intervene. At Saint-André, Father Godescalc d’Affligem was received with deference but no longer as superior. Godescalc would have quite easily resigned himself to a development of things that his long experience undoubtedly presented to him as fatal. But it was not the same for his community which saw its power crumble. From the Count of Flanders, the Abbot of Affligem received only ironic remarks. Disappointed, the abbot thought of demolishing the monastery of Saint-André. He called some of his monks to help, who immediately came running. However, they found the door closed and a doorman who persisted in not opening. After a few unsuccessful attempts to break down the door, the Brabant monks did not insist, nor did the abbot. He again attempted a delaying tactic with the official of the Archbishop of Reims. Wasted effort. The newly elected, the monk Hugues, then received the abbey blessing from the hands of the bishop of Thérouanne, Désiré de Courtrai. Upon further intervention by the Count of Flanders, Philippe d’Alsace, the Abbot of Affligem finally granted the Abbey of Saint-André a letter of emancipation. The letter dated March 1188.

Lorsque la nouvelle parvint à Affligem, ce fut la colère et les moines intimèrent à leur abbé Godescalc l’ordre d’intervenir. À Saint-André, l’abbé Godescalc d’Affligem fut reçu avec déférence mais non plus en tant que supérieur. Godescalc se serait assez facilement résigné à une évolution des choses que sa longue expérience lui présentait sans doute comme fatale. Mais il n’en était pas de même de sa communauté qui voyait ainsi sa puissance s’effriter. Auprès du comte de Flandre, l’abbé d’Affligem ne recueillit que des propos ironiques. Dépité, l’abbé songea à démolir le monastère de Saint-André. Il appela à la rescousse quelques-uns de ses moines, qui accoururent aussitôt. Ils trouvèrent toutefois porte close et un portier qui s’obstinait à ne pas ouvrir. Après quelques essais infructueux pour défoncer la porte, les moines brabançons n’insistèrent pas, l’abbé non plus. Celui-ci tenta encore une manoeuvre dilatoire auprès de l’Official de l’archevêque de Reims. Peine perdue. Le nouvel élu, le moine Hugues, reçut alors la bénédiction abbatiale des mains de l’évêque de Thérouanne, Désiré de Courtrai. Sur une nouvelle intervention du comte de Flandre, Philippe d’Alsace, l’abbé d’Affligem accorda enfin à l’abbaye de Saint-André une lettre d’émancipation. La lettre datait de mars 1188.

How many monks were there in this abbey in 1188? Twelve, necessarily, the number required by canonical norms for the election of an abbot. The abbeys and priories of the Middle Ages — there were many of them — were generally relatively small monasteries, but the large abbeys were not numerous. This is how the abbey of Saint-André was never an important abbey; it seems that it never had more than twenty-five monks.

Combien y avait-il de moines dans cette abbaye, en 1188? Douze, forcément, nombre exigé par les normes canoniques pour l’élection d’un abbé. Les abbayes et les prieurés du Moyen Âge — il y en avait beaucoup — étaient en général des monastères relativement petits, mais les grandes abbayes n’étaient pas légion. C’est ainsi que l’abbaye de Saint-André ne fut jamais une abbaye importante; il semble qu’elle ne compta jamais plus de vingt-cinq moines.

2. A story like many others

2. Une histoire comme beaucoup d’autres

The new abbey experienced, in the following century, the most important period of its history: a period of religious fervor which continued until beyond the 13th century, a period of significant economic development and a period of major constructions. Where did the riches of the Abbey of Saint-André come from? On the one hand, estates acquired or purchased by the abbots over the years, and on the other hand, tithes from the parishes. The acquisition of land was a major concern for the abbots of Saint-André, with a view to ensuring the well-being of the monks. The Benedictines were not manual workers like the Cistercians. It seems that there were no sources of income at Saint-André coming from the personal work of the monks to meet their needs. Fixed income was therefore necessary, that is to say parish tithes and profitable land.

La nouvelle abbaye connut, au siècle suivant, la période la plus importante de son histoire: une période de ferveur religieuse qui se prolongea jusqu’au-delà du mIIIe siècle, une période de développement économique important et une période de grandes constructions. D’où provenaient les richesses de l’abbaye de Saint-André? D’une part, des domaines acquis ou achetés par les abbés au fil des ans, et d’autre part, des dîmes des paroisses. L’acquisition de terres fut pour les abbés de Saint-André une préoccupation majeure, en vue d’assurer le bien-être des moines. Les bénédictins n’étaient pas des travailleurs manuels comme les cisterciens. Il n’y eut pas à Saint-André, semble-t-il, de sources de revenus provenant du travail personnel des moines en vue de subvenir à leurs besoins. Il fallait donc des revenus fixes, c’est-à-dire des dîmes de paroisses et des terres rentables.

The tithes of the parishes formed the real wealth of the abbeys and bishoprics under the Ancien Régime. According to feudal law, a bishopric or abbey exercised the right of patronage over parish churches and was entitled to the income attached to these churches. Under the right of patronage, the abbey presented to the bishop the priest responsible for the ministry of the parish. She was entitled to more than half of the income, the other half going to the priest and the parish “fabrica”. During this period, the various abbots acquired the tithes of the parishes of Schorre, Houtave and Nieuwmunster, while the dismemberment of the parish of Gistel, at the end of the second century, allowed them to also acquire the tithes of the new parishes. from Zande, Zevekote, Moere and Sint-Pieters-Kapelle. The abbey again purchased, in 1248, from Margaret of Constantinople, Countess of Flanders, the land located between the abbey and the Beisbroek, 30o measures of sandy land, approximately 150 ha. The Beisbroek and the last purchase, approximately 800 ha in total, included all the land located between the current Gistel Chaussée and Torhout Chaussée.

Les dîmes des paroisses formaient la vraie richesse des abbayes et des évêchés sous l’Ancien Régime. Selon le droit féodal, un évêché ou une abbaye exerçait le droit de patronage sur les églises paroissiales et avait droit aux revenus attachés à ces églises. Au titre du droit de patronage, l’abbaye présentait à l’évêque le prêtre chargé du ministère de la paroisse. Elle avait droit à plus de la moitié des revenus, l’autre moitié revenant au curé et à la «fabrica» de la paroisse. Les différents abbés acquirent au cours de cette période les dîmes des paroisses de Schorre, de Houtave et de Nieuwmunster, tandis que le démembrement de la paroisse de Gistel, à la fin du mie siècle, leur permit d’acquérir également les dîmes des nouvelles paroisses de Zande, Zevekote, Moere et Sint-Pieters-Kapelle. L’abbaye acheta encore, en 1248, à Marguerite de Constantinople, comtesse de Flandre, les terres sises entre l’abbaye et le Beisbroek, 30o mesures de terres sablonneuses, environ 150 ha. Le Beisbroek et le dernier achat, environ 800 ha en tout, comprenaient toutes les terres sises entre les actuelles chaussée de Gistel et chaussée de Torhout.

Who would be surprised if there were abuses? This is how, from the eleventh century, we witnessed in the monasteries the distribution of income: half went to the abbot and the other was distributed among the officers of the monastery: prior, cantor, cellarer... This What remained was the monks’ savings. This was also the case in Saint-André. All this, of course, goes against all the principles of Saint Benedict and monasticism in general. Who would then be surprised at the abuses that would one day ensue? It goes without saying that this material well-being would one day lead to a clear relaxation of monastic life.

Qu’il y ait eu des abus, qui s’en étonnerait? C’est ainsi que, dès le xlue siècle, on assista dans les monastères à la répartition des revenus: une moitié revenait à l’abbé et l’autre était répartie entre les officiers du monastère: prieur, chantre, cellérier... Ce qui restait était le pécule des moines. C’était également le cas à Saint-André. Tout ceci, bien sûr, à l’encontre de tous les principes de saint Benoît et du monachisme en général. Qui s’étonnerait dès lors des abus qui devaient un jour s’ensuivre? Il va sans dire que ce bien-être matériel devait un jour ou l’autre entraîner un net relâchement de la vie monastique.

The buildings which appear in Flandria Illustrata by Sandérus, published at the beginning of the 17th century, show that the resources of the monastery allowed important constructions. All of the buildings seem to have been completed before 125o, under the abbey of Abbot Guillaume Lentijn. The abbey church was large and of the “Halle-Kirche” type, that is to say three naves of the same height. However, it was the cause of serious dissensions between the parish priest and the abbey itself, regarding the hours of services. The bishop put an end to these disputes by prescribing the construction of a wall which was to separate the choir and the transept from the central nave. Monks and parishioners were thus separated. It was in 1241.

Les bâtiments qui figurent dans Flandria Illustrata de Sandérus, paru au début du xvue siècle, montrent que les ressources du monastère permettaient d’importantes constructions. L’ensemble des bâtiments semble avoir été terminé avant 125o, sous l’abbatiat de l’abbé Guillaume Lentijn. L’église de l’abbaye était vaste et du type «Halle-Kirche», c’est-à-dire trois nefs de même hauteur. Elle fut toutefois la cause de graves dissensions entre le curé de la paroisse et l’abbaye elle-même, au sujet des heures des offices. L’évêque mit un terme à ces disputes en prescrivant la construction d’un mur qui devait séparer le choeur et le transept de la nef centrale. Moines et paroissiens se trouvaient ainsi séparés. C’était en 1241.

The prosperous situation of the abbey was known. Since its independence, the vitality of the abbey had continued to grow and, if it did not mark the history of the region, it was on the other hand a center of true religious life. As far as possible, the abbots managed, with some success, to protect their monks from the political unrest which occurred in Flanders at the end of the 13th century and the beginning of the 4th century. It was then that the abbey experienced its largest population: some twenty-five monks during a large part of the century.

La situation prospère de l’abbaye était connue. Depuis son indépendance, la vitalité de l’abbaye n’avait pas cessé de croître et, si elle n’a pas marqué l’histoire de la région, elle a été par contre un foyer de véritable vie religieuse. Autant que faire se peut, les abbés parvinrent, avec un certain succès, à protéger leurs moines des troubles politiques qui survinrent en Flandre à la fin du xIIIe siècle et au début du )(ive siècle. C’est alors que l’abbaye connut sa population la plus nombreuse: quelque vingt-cinq moines durant une grande partie du siècle.

3. A difficult time

3. Une période difficile

But the situation changed little by little towards the middle of the 4th century, with the Hundred Years’ War. It must be said that the political situation did not lead to fervor. The Abbot of Saint-André, who became an important figure , was moreover sought after and involved in public life. His interests were no longer necessarily those of his community. Under the Dukes of Burgundy, in the 15th century, the abbots of Saint-André were drawn to the ducal court. The necessities of politics obliged them to present their homage to the powerful dukes. So much so that the abbots of Saint-André, to maintain their rank, were quick to squander the wealth accumulated by their predecessors in order to appear honorably at the Burgundian court, often present at Bruges. Some of these abbots had lamentable conduct as a result. The moral decadence of Europe inevitably had repercussions in the abbey, as in all the abbeys of Europe. There were sordid disputes at Saint-André between the the abbot and his monks regarding the disposition of the monastery’s property. The life of the community suffered.

Mais la situation changea peu à peu vers le milieu du )(ive siècle, avec la guerre de Cent Ans. Il faut bien dire que la situation politique ne portait pas à la ferveur. L’abbé de Saint-André, devenu un personnage important, était de plus sollicité et mêlé à la vie publique. Ses intérêts n’étaient plus nécessairement ceux de sa communauté. Sous les ducs de Bourgogne, au xve siècle, les abbés de Saint-André furent attirés à la cour ducale. Les nécessités de la politique les obligeaient à présenter leurs hommages aux puissants ducs. Si bien que les abbés de Saint-André, pour tenir leur rang, ne tardèrent pas à dilapider les richesses accumulées par leurs prédécesseurs afin de paraître honorablement à la cour bourguignonne, souvent présente à Bruges. Certains de ces abbés eurent de ce fait une conduite lamentable. La décadence morale de l’Europe se répercutait inévitablement dans l’abbaye, comme dans toutes les abbayes d’Europe. Il y eut à Saint-André de sordides disputes entre l’abbé et ses moines au sujet de la disposition des biens du monastère. La vie de la communauté en souffrit.

In 1453, Philip the Good imposed on the community of Saint-André the son of one of his mistresses, Jacques de Steenburgh. He was in no way unworthy, the chronicler tells us. He undertook major reconstruction and redevelopment work on the buildings. He transformed the church and enlarged it. Antoine, the Great Bastard of Burgundy, who became the great protector of the abbey, often came to spend his summer holidays with his family, at the expense, of course, of the community. The splendor of the abbots, the political constraints, the successive occupations of the abbey by the German lansquenets and reîtres of Maximilian of Austria, precipitated the decadence of Saint-André. It was the darkest period in its history. A change became essential.

En 1453, Philippe le Bon imposa à la communauté de Saint-André le fils d’une de ses maîtresses, Jacques de Steenburgh. Il ne fut nullement indigne, nous dit le chroniqueur. Il entreprit de grands travaux de reconstruction et de réaménagement des bâtiments. Il transforma l’église et l’agrandit. Antoine, le Grand Bâtard de Bourgogne, devenu le grand protecteur de l’abbaye, venait souvent passer avec sa famille ses vacances estivales, aux frais, bien sûr, de la communauté. Le faste des abbés, les contraintes politiques, les occupations successives de l’abbaye par les lansquenets et les reîtres allemands de Maximilien d’Autriche, précipitèrent la décadence de Saint-André. Ce fut la période la plus sombre de son histoire. Un changement devenait indispensable.

In 1509, the new abbot of Saint-André, Baudouin Vilain, bishop of Sarepta and suffragan of the bishop of Tournai, introduced, after a few unsuccessful attempts, the reform of Bursfeld in his abbey. This reform, of German origin, had reintroduced, in a desire to restore religious fervor as much as possible, certain old valid customs, canonical visits and a more severe practice of monastic life. The monks of Saint-André reluctantly accepted this reform. But when Baudouin Vilain died, everything was called into question. Charles V then imposed his own candidate to please his master of requests. Disaster for the community, the emperor’s candidate squandered the patrimony and soon left for another monastery, whose property he also squandered. With his successor, Jean Asset, the monastery returned to the customs of Bursfeld. It was he who rebuilt the church tower in 1527, destroyed following a collapse, in the style of the towers of maritime Flanders. It is this tower which still adorns the parish church of Saint-André.

En 1509, le nouvel abbé de Saint-André, Baudouin Vilain, évêque de Sarepta et suffrageant de l’évêque de Tournai, introduisit, après quelques essais infructueux, la réforme de Bursfeld dans son abbaye. Cette réforme, d’origine allemande, avait réintroduit, dans un désir de restaurer autant que possible la ferveur religieuse, certains anciens usages valables, les visites canoniques et une pratique plus sévère de la vie monastique. Les moines de Saint-André acceptèrent avec réticence cette réforme. Mais à la mort de Baudouin Vilain, tout fut remis en question. Charles Quint imposa alors son propre candidat pour faire plaisir à son maître des requêtes. Désastre pour la communauté, le candidat de l’empereur dilapida le patrimoine et partit bientôt pour un autre monastère, dont il dilapida également les biens. Avec son successeur, Jean Asset, le monastère revint aux coutumes de Bursfeld. C’est lui qui reconstruisit en 1527 la tour de l’église, détruite à la suite d’un écroulement, dans le style des tours de la Flandre maritime. C’est cette tour qui orne encore l’église paroissiale de Saint-André.

Saint-André was still considered, before the wars of religion, to be a well-regulated abbey. The troubles of the Reformation, the sack of churches and convents by the iconoclasts, the ravages of the Spanish reconquest, soon destroyed the abbey buildings. In 1579, it was no longer habitable.

Saint-André passait encore, avant les guerres de religion, pour une abbaye bien réglée. Les troubles de la Réforme, le sac des églises et des couvents par les iconoclastes, les ravages de la reconquête espagnole, détruisirent bientôt les bâtiments de l’abbaye. En 1579, elle n’était plus habitable.

4. Renaissance and decline

4. Renaissance et déclin

In the aftermath of the Calvinist unrest and the wars of religion, the Flemish monasteries had the good fortune to have as abbots enterprising and energetic men, concerned with the spiritual well-being of their monks. At that time, Oudenburg Abbey only had four monks left in addition to their abbot, Jean Bourier; the abbey of Saint-André only had three left. They had all resided, since the end of the 16th century, in the Bruges refuge of the Abbey of Saint-André, rue de la Bouverie. Jean Bourier, confirmed by Archdukes Albert and Isabella as abbot of the two Flemish abbeys, undertook the reconstruction of the abbey of Saint-André in the Veld of yesteryear, against the will of the monks and despite the tempting proposals of the town magistrate of Bruges, who offered him the Zand. He was the first abbot of Saint-André to sit in the Estates General. At his death, he left two restored abbeys, free of all debts, and a sum of 40,000 gold florins which were shared between the two houses.

Au lendemain des troubles calvinistes et des guerres de religion, les monastères flamands eurent la bonne fortune d’avoir pour abbés des hommes entreprenants et énergiques, soucieux du bien-être spirituel de leurs moines. À cette époque, l’abbaye d’Oudenburg ne comptait plus que quatre moines en plus de leur abbé, Jean Bourier; l’abbaye de Saint-André n’en comptait plus que trois. Ils résidaient tous, depuis la fin du xvie siècle, dans le refuge brugeois de l’abbaye de Saint-André, rue de la Bouverie. Jean Bourier, confirmé par les archiducs Albert et Isabelle comme abbé des deux abbayes flamandes, entreprit la reconstruction de l’abbaye de Saint-André dans le Veld d’autrefois, contre la volonté des moines et malgré les propositions alléchantes du magistrat de la ville de Bruges, qui lui offrait le Zand. Il fut le premier abbé de Saint-André à sièger aux États Généraux. À sa mort, il laissait deux abbayes restaurées, libres de toutes dettes, et une somme de 4o 000 florins d’or que se partagèrent les deux maisons.

The abbacy of his successor was a blessing for Saint-André. Dom Henri van den Zype (1577-1659), a pious and gentle man, was designated by Archduke Albert as abbot of Saint-André. He came from the abbey of Saint-Jean-du-Mont, in Ypres, and had been provost of the abbey of Affligem. What concerned him above all was the spiritual evolution of his community. This is why he was hardly in favor of the return of the monks to the Veldt of St. Andrew. Circumstances, however, decided otherwise and, in 1632, the abbey of Saint-André came back to life in its old restored walls, after an interruption of fifty-four years. Life had resumed well under his abbacy, it was edifying. Abbot van den Zype introduced to Saint Andrew the devotion to the Virgin “Stella Maris”, to which the monks are still faithful today. Like his predecessor, he also sat in the States General. He finally installed the Benedictines of Gistel in a building, called “‘t Fontein-ke”, their current convent on rue de la Bouverie, opposite the Saint-André refuge. He died in 1659, at the age of eighty-three. He had governed the abbey for forty-three years, the longest government in the abbey’s history.

L’abbatiat de son successeur fut une bénédiction pour Saint-André. Dom Henri van den Zype (1577-1659), homme pieux et doux, fut désigné par l’archiduc Albert comme abbé de Saint-André. Il venait de l’abbaye de Saint-Jean-du-Mont, à Ypres, et avait été prévôt de l’abbaye d’Affligem. Ce qui le préoccupait surtout, c’était l’évolution spirituelle de sa communauté. C’est pourquoi il n’était guère partisan du retour des moines dans le Veld de Saint-André. Les circonstances cependant en décidèrent autrement et, en 1632, l’abbaye de Saint-André revivait dans ses vieux murs restaurés, après une interruption de cinquante-quatre ans. La vie avait bien repris sous son abbatiat, elle fut édifiante. L’abbé van den Zype introduisit à Saint-André la dévotion à la Vierge «Stella Maris», à laquelle sont toujours fidèles les moines d’aujourd’hui. Comme son prédécesseur, il siégea également aux États Généraux. Il installa enfin les bénédictines de Gistel dans un immeuble, appelé «‘t Fontein-ke», leur couvent actuel de la rue de la Bouverie, en face du refuge de Saint-André. Il mourut en 1659, à l’âge de quatre-vingt-trois ans. Il avait gouverné l’abbaye durant quarante-trois ans, le plus long gouvernement de l’histoire de l’abbaye.

The wars of Louis XIV would once again severely shake the Bruges monastery. The abbey was, on several occasions, occupied by French troops. Located in the countryside, on the outskirts of Bruges, it was an ideal place for cantonments, friendly or enemy. These different occupations each time caused significant damage, not only to the buildings, but also to the spiritual life of the community. Decline was announced. Since the 17th century, most abbots were elected as representatives of the clergy of Bruges to sit on the Provincial Estates or the Estates General. Which allows us to assume that the abbot of Saint-André was a respectable personality in the eyes of the clergy of Bruges. But these political mandates were not necessarily to promote the piety of the monks. It fell lower and lower. The last abbot of Saint-André, Dom Maur Elewaut, was too weak to reform his abbey. He had long since let things go, concerned with pomp and honors, preoccupied with exercising his political mandate and behaving like a patron. In a century which was becoming more and more secular, where the irony of Voltaire, the naturalism of Rousseau and the rationalism of the Encyclopédistes undermined all beliefs, it is not surprising that the monks were also influenced by the new ideas which were circulating. Furthermore, hadn’t the Pope suppressed the Jesuit order (1773)? Emperor Joseph II, the contemplative orders (1783)? The French Revolution, all monastic orders? What is surprising if the monks of Saint-André followed the example coming from above?

Les guerres de Louis XIV allaient une fois de plus secouer durement le monastère brugeois. L’abbaye fut, à plusieurs reprises, occupée par les troupes françaises. Située en pleine campagne, aux portes de Bruges, elle était un endroit idéal pour des cantonnements, amis ou ennemis. Ces différentes occupations causaient chaque fois des dégats importants, non seulement aux bâtiments, mais aussi à la vie spirituelle de la communauté. Le déclin s’annonça. Depuis le xviie siècle, la plupart des abbés furent élus comme représentants du clergé de Bruges pour siéger aux États provinciaux ou aux États Généraux. Ce qui permet de supposer que l’abbé de Saint-André était une personnalité respectable aux yeux du clergé de Bruges. Mais ces mandats politiques ne devaient pas forcément favoriser la piété des moines. Celle-ci tomba de plus en plus bas. Le dernier abbé de Saint-André, dom Maur Elewaut, fut trop faible pour réformer son abbaye. Il avait depuis longtemps laissé aller les choses, soucieux de faste et d’honneurs, préoccupé d’exercer son mandat politique et de se conduire en mécène. Dans un siècle qui se sécularisait de plus en plus, où l’ironie de Voltaire, le naturalisme de Rousseau et le rationalisme des Encyclopédistes sapaient toutes les croyances, il n’est pas étonnant que les moines aient été influencés eux aussi par les idées nouvelles qui circulaient. En outre, le pape n’avait-il pas supprimé l’ordre des jésuites (1773)? L’empereur Joseph II, les ordres contemplatifs (1783)? La Révolution française, l’ensemble des ordres monastiques? Quoi d’étonnant si les moines de Saint-André suivirent l’exemple venant de haut?

The last years passed against a backdrop of wars, pillaging and revolutionary propaganda, and the presence of French or allied troops. At the gates of Bruges, the abbey of Saint-André did not escape military occupation, its buildings suffered enormously. One last time, faced with danger, the abbot and the monks of Saint-André took refuge in Bruges, in their house on rue de la Bouverie. On September 1 , 1796, the Directory decreed the suppression of the convents and the dispersion of the religious. The monks of Saint-André – there were still fourteen of them – complied. The Abbey of Saint-André ended its existence, after 679 years of presence at the gates of Bruges.

Les dernières années se passèrent sur un arrière-fond de guerres, de pillages et de propagande révolutionnaire, de présence de troupes françaises ou alliées. Aux portes de Bruges, l’abbaye de Saint-André n’échappait pas aux occupations militaires, ses bâtiments en souffrirent énormément. Une dernière fois, devant le danger, l’abbé et les moines de Saint-André se réfugièrent à Bruges, dans leur maison de la rue de la Bouverie. Le ter septembre 1796, le Directoire décréta la suppression des couvents et la dispersion des religieux. Les moines de Saint-André — ils étaient encore quatorze —, obtempérèrent. L’abbaye de Saint-André finissait d’exister, après 679 ans de présence aux portes de Bruges.

Sold, the abbey was handed over to the pickaxe. Of the monastery, today, only the 16th century tower remains, heavily altered in the 19th century. The abbot’s apartments, dating from 1632, disappeared a few years ago, when the sisters of the Sint-Camillusgesticht built the “Regina Coeli” senior building. As for the estate, it was put up for sale in 1798 and acquired by the knight Louis-Emmanuel van Outryve d’Ydewalle and his brother-in-law, Jacques de l’Espée.

Vendue, l’abbaye fut livrée à la pioche. Du monastère, aujourd’hui, il ne reste plus que la tour du xv1e siècle, fortement remaniée au xixe siècle. Le logis abbatial, datant de 1632, disparut il y a quelques années, lorsque les soeurs du Sint-Camillusgesticht construisirent la séniorie «Regina Coeli». Quant au domaine, il fut mis en vente en 1798 et acquis par le chevalier Louis-Emmanuel van Outryve d’Ydewalle et son beau-frère, Jacques de l’Espée.

 

 

NOTES

NOTES

The extracts from letters cited almost all come from the Archives of the Abbey of Saint-André: Fonds VC/B (van Caloen). Some extracts come from the archives of the abbeys of Maredsous, Beuron or Saint-Anselme.

Les extraits de lettres cités proviennent presque tous des Archives de l’abbaye de Saint-André: Fonds V.C./B (van Caloen). Quelques extraits proviennent des archives des abbayes de Maredsous, de Beuron ou de Saint-Anselme.

1 The Furtado decree ordered the closure of the novitiates. After Pombal’s disgrace in 1777, the admission of novices was sometimes permitted but always limited; the decree was reestablished in all its rigor in 1789, maintained after independence in 1821; new authorization but limited in 1835; from 1855 the situation was blocked. The Brazilian government was dominated by Freemasonry and sovereign liberalism.

1 Le décret Furtado ordonnait la fermeture des noviciats. Après la disgrâce de Pombal en 1777, l’admission des novices fut parfois autorisée mais toujours limitée; le décret fut rétabli dans toute sa rigueur en 1789, maintenu après l’indépendance en 1821; nouvelle autorisation mais limitée en 1835; à partir de 1855 la situation est bloquée. Le gouvernement brésilien était dominé par la franc-maçonnerie et le libéralisme régalien.

2 José de Carvalho e Melo, Marquis of Pombal (1699-1782), occupied the political scene in Portugal in the 18th century. Prime minister, he applied a policy of enlightened despotism, expelled the Jesuits from the country and embodied before Joseph II the ideals of the philosophers of the Age of Enlightenment. He fell from grace in 1777.

2 José de Carvalho e Melo, marquis de Pombal (1699-1782), occupa la scène politique du Portugal au xvme siècle. Premier ministre, il appliqua une politique de despotisme éclairé, chassa les jésuites du pays et incarna avant Joseph II les idéaux des philosophes du siècle des Lumières. Il tomba en disgrâce en 1777.

3 Frei Domingos da Transfiguraçâo Machado was born on November 16, 1824. He became a monk of the Abbey of Bahia on June 13, 1843 and was ordained priest on December 3, 1847. He was a brilliant man, of lively intelligence, humble mind and heart, a faithful and observant monk, but what did he not see around him! He suffered a lot. He held several important positions in the Brazilian congregation, before becoming himself abbot of the Saint-Sébastien monastery of Bahia and abbot president, at the end of the general chapter of May 3, 1890.

3 Frei Domingos da Transfiguraçâo Machado était né le 16 novembre 1824. Il devint moine de l’abbaye de Bahia le 13 juin 1843 et fut ordonné prêtre le 3 décembre 1847. C’était un homme brillant, d’une intelligence vive, humble d’esprit et de coeur, un moine fidèle et observant, mais que ne voyait-il pas autour de lui! Il en souffrit beaucoup. Il occupa plusieurs fonctions importantes dans la congrégation brésilienne, avant de devenir lui-même abbé du monastère Saint-Sébastien de Bahia et abbé président, à l’issue du chapitre général du 3 mai 1890.

The Wolter brothers, Rudolf and Ernst, were priests of the diocese of Cologne. The first was born in Bonn on June 4, 1825, the second, also in Bonn, on April 24, 1828. They both became Benedictines at the abbey of Saint-Paul-Outside-the-Walls. Ernst received the name of Placid and made his profession in 1856, Rudolf that of Maur and made his profession in 1857. In 1863, they founded, with the blessing of the abbey of Saint-Paul-Outside-the-Walls, the abbey of Beuron, thanks to the protection of Princess Catherine of Hohenzollern-Sigmaringen. However, under the influence of Solesmes, who was more respectful of the autonomy of the monasteries, they renounced the centralized type of the Cassinian congregation. Dom Maur became the first abbot of Beuron and the first archabbot of the congregation of Beuron; he died in 1890. His brother Dom Placide, then abbot of Maredsous, succeeded him, both as abbot of Beuron and as archabbot of the congregation. He died on September 13, 1908. 5 Félix de Hemptinne was born in Ghent on June 10, 1849. At the age of sixteen, he enlisted in the pontifical Zouaves regiment. He entered Beuron on February 3, 1869 and received Hildebrand as monastic patron. Professed on August 15, 1870, he became abbot of Maredsous in 1890, primate of the Benedictine order in 1893; he resigned as abbot of Maredsous in 1909 and died in Beuron on August 13, 1913.

Les frères Wolter, Rudolf et Ernst, étaient prêtres du diocèse de Cologne. Le premier était né à Bonn le 4 juin 1825, le second, à Bonn également, le 24 avril 1828. Ils devinrent tous deux bénédictins à l’abbaye de Saint-Paul-hors-les-Murs. Ernst reçut le nom de Placide et fit profession en 1856, Rudolf celui de Maur et fit profession en 1857. En 1863, ils fondèrent, avec la bénédiction de l’abbaye de Saint-Paul-hors-les-Murs, l’abbaye de Beuron, grâce à la protection de la princesse Catherine de Hohenzollern-Sigmaringen. Ils renoncèrent toutefois, sous l’influence de Solesmes, plus respectueuse de l’autonomie des monastères, au type centralisé de la congrégation cassinienne. Dom Maur devint le premier abbé de Beuron et le premier archiabbé de la congrégation de Beuron; il mourut en 1890. Son frère dom Placide, alors abbé de Maredsous, lui succéda, et comme abbé de Beuron et comme archiabbé de la congrégation. Il mourut le 13 septembre 1908. 5 Félix de Hemptinne était né à Gand, le 10 juin 1849. À l’âge de seize ans, il s’engagea dans le régiment des zouaves pontificaux. Il entra à Beuron le 3 février 1869 et reçut comme patron monastique Hildebrand. Profès le 15 août 1870, il devint abbé de Maredsous en 1890, primat de l’ordre bénédictin en 1893; il démissionna comme abbé de Maredsous en 1909 et mourut à Beuron le 13 août 1913.

6 Guido Gezelle, the Flemish priest-poet, was born in Bruges on May 1 , 1830 and died in Bruges on November 27, 1899. Guido Gezelle was not only the tender and reserved, emotional and simple poet, imbued with Christian faith that we all know , but also the propagator of Flemish culture. His cultural activities were very important and there too his influence was preponderant. It is especially in this aspect that Joseph van Caloen seems to have particularly known him.

6 Guido Gezelle, le prêtre poète flamand, était né à Bruges le ter mai 1830 et mourut à Bruges le 27 novembre 1899. Guido Gezelle ne fut pas seulement le poète tendre et réservé, émotif et simple, imprégné de foi chrétienne que nous connaissons tous, mais aussi le propagateur de la culture flamande. Ses activités culturelles étaient fort importantes et là aussi son influence fut prépondérante. C’est surtout sous cet aspect que Joseph van Caloen semble l’avoir particulièrement connu.

Dom Gérard van Caloen spoke French, Flemish, English, German, Italian and Portuguese fluently. He wrote Latin without difficulty.

Dom Gérard van Caloen parlait couramment le français, le flamand, l’anglais, l’allemand, l’italien et le portugais. Il écrivait le latin sans difficulté.

8 Baron Jean Béthune was born in Courtrai in 1821. He married Marie-Emilie van Outryve d’Ydewalle in 1848. He died in 1894. Archaeologist and architect, he was the great promoter of the neo-Gothic style in Belgium. Lop-pem Castle, where everything is neo-Gothic, down to the smallest details, is one of its best successes. However, it was the English architect Pugin who had drawn up the plan but Jean Béthune had directed the construction. For the ornamentation of the castle, he called on all the big names of the new school: the painter Hellebig, the sculptor Blanchard, the goldsmith Bourdon. Suffering from a chronic double cataract, Charles van Caloen only saw his castle for the first time in 1867, after he had been operated on. It was then that he also, it is said, discovered his wife.

8 Le baron Jean Béthune était né à Courtrai en 1821. Il épousa en 1848 Marie-Emilie van Outryve d’Ydewalle. Il mourut en 1894. Archéologue et architecte, il fut le grand promoteur du style néo-gothique en Belgique. Le château de Lop-pem, où tout est néo-gothique, jusque dans les plus petits détails, est une de ses meilleures réussites. C’était toutefois l’architecte anglais Pugin qui en avait tracé le plan mais Jean Béthune en avait dirigé la construction. Pour l’ornementation du château, il fit appel à tous les grands noms de l’école nouvelle: le peintre Hel-lebig, le sculpteur Blanchard, l’orfèvre Bourdon. Atteint d’une double cataracte stagnante, Charles van Caloen ne vit son château pour la première fois qu’en 1867, après qu’on l’eut opéré. C’est alors qu’il aurait aussi, dit-on, découvert son épouse.

9 His early works: Articles published in Rond den Heerd, 1869-1871: Letters on a trip to Germany
Notice on the tombstone of Jan Van Damme ‘t Heilig Sacrament van Mirakel De vier Kruisschrijnen Letter on the Fumes procession Letter on saint Godelieve and his painting Saint Christopher of Braine-le-Comte De passiereliquiën in West-Vlaanderen: Heilige Doorn van Harelbeke, Het heilig Kruis van Veurne, Het heilig dierbaar Bloed van Christi, Jesu te Brugge, etc.
In the Bulletin of the Gilde of Saint Thomas and Saint Luke: The old collegiate church of Saint-Victor in Xanten
The funeral monuments in bas-relief in Tournai, etc.
Triumph of the heyday of Christi Jesus, dat is de geschiedenis van de vier kruisreliquiën die vereerd worden ofte eertijds vereerd wierden te Dordrecht, te Middelburg, in OLVrouwe Kerke te Brugge, ende te Sinte-Kruis, nevens Brugge, 18 7 1 , 47 p .
It is also to James Weale that we owe the founding of the “Archaeological Society of Bruges”, it is also he who, with Guido Gezelle, founded the magazine
Rond den Heerd.

9 Ses oeuvres de jeunesse: Articles parus dans Rond den Heerd, 1869-1871: Lettres sur un voyage en Allemagne
Notice sur la pierre tombale de Jan Van Damme ‘t Heilig Sacrament van Mirakel De vier Kruisschrijnen Lettre sur la procession de Fumes Lettre sur sainte Godelieve et son tableau Saint Christophe de Braine-le-Comte De passiereliquiën in West-Vlaanderen: Heilige Doorn van Harelbeke, Het heilig Kruis van Veurne, Het heilig dierbaar Bloed van Christi,            Jesu te Brugge, etc.
Dans le Bulletin de la Gilde de Saint Thomas et de Saint Luc:
L’ancienne collégiale de Saint-Victor à Xanten
Les monuments funèbres en bas-relief à Tournai, etc.
Triumphe van het heilig kruise Christi Jesu, dat is de geschiedenis van de vier kruisreliquiën die vereerd worden ofte eertijds vereerd wierden te Dordrecht, te Middelburg, in O.L.Vrouwe Kerke te Brugge, ende te Sinte-Kruis, nevens Brugge, 1871, 47 p.
C’est aussi à James Weale que l’on doit la fondation de la «Société archéologique de Bruges», c’est encore lui qui, avec Guido Gezelle, fonda la revue
Rond den Heerd.

10 Italian unification in the 19th century was the cause of numerous crises in Italy. After having driven the Austrians out of the peninsula, thanks to the support of Emperor Napoleon III, after the battles of Magenta and Solferino, Cavour, Prime Minister of King Victor-Emmanuel I , diplomatically , and Garibaldi, modern condottiere , militarily, fought for the unity of Italy. To succeed, however, it was necessary to remove the Papal States which prevented this unity. Many Christians responded to the pope’s call to defend his states and formed pontifical zouave regiments; however, it was in vain. In 1870, taking advantage of the Franco-Prussian War, the Italians captured the city of Rome. The Papal States, born in 753 under the aegis of Pepin the Short, had lived.

10 L’unification italienne au xixe siècle fut la cause de nombreuses crises en Italie. Après avoir bouté les Autrichiens hors de la péninsule, grâce à l’appui de l’empereur Napoléon III, après les batailles de Magenta et de Solferino, Cavour, Premier ministre du roi Victor-Emmanuel Ier, diplomatiquement, et Garibaldi, condottiere moderne, militairement, se battirent pour l’unité de l’Italie. Pour réussir cependant, il fallait supprimer les États pontificaux qui empêchaient cette unité. De nombreux chrétiens répondirent à l’appel du pape pour défendre ses États et formèrent des régiments de zouaves pontificaux; ce fut toutefois en vain. En 1870, profitant de la guerre franco-allemande, les Italiens s’emparèrent de la ville de Rome. Les États pontificaux, nés en 753 sous l’égide de Pépin le Bref, avaient vécu.

11 Charles, Count of Montalembert (1810-1870), occupied the political and religious scene in France in the 19th century. A disciple of Lamennais, from whom he separated after his break with the Church, Montalembert defended the freedoms of the Church in political circles. Initially favorable to Napoleon III, he then opposed imperial despotism. He was one of the great promoters in Europe of what was called “liberal Catholicism”, but was not always understood by the ecclesiastical authorities. A writer of great talent, he left a major work, The Monks of the West, where this romantic epic nevertheless hid many aspects of historical reality. However, it had the tone needed to enthuse the young Christians of the century.

11 Charles, comte de Montalembert (1810-1870), a occupé en France la scène politique et religieuse du XIXe siècle. Disciple de Lamennais, dont il se sépara après sa rupture avec l’Église, Montalembert défendit dans les milieux politiques les libertés de l’Église. D’abord favorable à Napoléon III, il s’opposa ensuite au despotisme impérial. Il fut l’un des grands animateurs en Europe de ce qu’on appela «le catholicisme libéral», mais ne fut pas toujours compris par les autorités ecclésiastiques. Écrivain de grand talent, il laissa une oeuvre capitale, Les Moines d’Occident, où le dithyrambe toutefois cachait bien des aspects de la réalité historique. C’était cependant le ton qu’il fallait pour enthousiasmer les jeunes chrétiens du siècle.

12 In 1837, Dom Veremandus D’Haene, superior of the last four survivors of the old Brabant abbey of Affligem, had acquired the former Capuchin convent in Dendermonde to restart monastic life there, interrupted by the French Revolution. The canonical erection dates from 1841. After a very serious crisis which almost destroyed the new monastery, the monks requested incorporation into the congregation of Subiaco in 1858. This gradually brought peace to the monastery.

12 En 1837, dom Veremandus D’Haene, supérieur des quatre derniers survivants de l’ancienne abbaye brabançonne d’Affligem, avait acquis l’ancien couvent des capucins à Dendermonde pour y recommencer la vie monastique, interrompue par la Révolution française. L’érection canonique date de 1841. Après une crise très grave qui faillit emporter le nouveau monastère, les moines demandèrent en 1858 l’incorporation à la congrégation de Subiaco. Ce qui ramena petit à petit la paix dans le monastère.

13 Dom Prosper Guéranger, born in 1805, priest of the diocese of Le Mans, dreamed of restoring Benedictine life in France. In 1831, he acquired the former priory of Solesmes not far from Sablé. With three companions, he settled there in 1833. In 1837, he made monastic profession at the abbey of Saint-Paul-Outside-the-Walls, in Rome. his priory became an abbey and he its first abbot. He oriented the entire monastic life of his monastery and his congregation towards the liturgy, the center of the monk’s life, from which nothing should distract him. Dom Guéranger died in 1875.

13 Dom Prosper Guéranger, né en 1805, prêtre du diocèse du Mans, rêvait de restaurer la vie bénédictine en France. En 1831, il acquit non loin de Sablé l’ancien prieuré de Solesmes. Avec trois compagnons, il s’y installa en 1833. En 1837, il fit profession monastique à l’abbaye de Saint-Paul-hors-les-Murs, à Rome. Son prieuré devint abbaye et lui-même son premier abbé. Il orienta toute la vie monastique de son monastère et de sa congrégation vers la liturgie, centre de la vie du moine, dont rien ne peut le distraire. Dom Guéranger mourut en 1875.

14 The Engelberg Abbey, founded in 1120, experienced difficult periods over the ages. It experienced considerable growth in the 17th and 18th centuries. Not having experienced the French Revolution or the Empire, it continued its normal development. The abbey spread to America in 1873. Einsiedeln Abbey was founded in 934. Flourishing in the 11th and 12th centuries, it experienced a long period of decadence. In the 16th century, it regained new momentum. The large cloister buildings date from the end of the 18th century and bear witness to the development that the abbey underwent then. Like Engelberg, Einsiedeln has an abbey school. The abbey is also a place of pilgrimage which dates back to the 13th century.

14 L’abbaye d’Engelberg, fondée en 1120, connut au cours des âges des périodes difficiles. Elle connut un essor considérable aux xvlle et xvine siècles. N’ayant pas connu la Révolution française ni l’Empire, elle a continué son développement normal. L’abbaye essaima en Amérique en 1873.
L’abbaye d’Einsiedeln fut fondée en 934. Florissante aux XIe et XIIe siècles, elle connut une longue période de décadence. Au xvie siècle, elle reprit un nouvel élan. Les grands bâtiments claustraux datent de la fin du xvllle siècle et témoignent du développement que l’abbaye connut alors. Comme Engelberg, Einsiedeln possède une école abbatiale. L’abbaye est aussi un lieu de pèlerinage qui remonte au XIIIe siècle.

15 Dom van Caloen’s account of his search for an abbey resembles in many respects that of Dom Hildebrand of Hemptinne. Has his presentation of the facts perhaps been inspired by the latter? This story, in fact, is found in the autobiographical diary that he wrote in Antibes many years after the events and we know, through cross-checking, that the facts cited are often embellished.

15 Le récit de dom van Caloen sur sa recherche d’une abbaye ressemble à bien des égards à celle de dom Hildebrand de Hemptinne. La présentation des faits aurait-elle été inspirée par ce dernier? Ce récit, en effet, se retrouve dans le journal autobiographique qu’il rédigea à Antibes bien des années après les événements et nous savons, par recoupement, que les faits cités sont souvent enjolivés.

16 The Kulturkampf, or fight for civilization. By laws passed in 1873, Bismarck, Chancellor of Germany, inspired by Josephism, hoped in this way to subject all ecclesiastical life to state control and obtain the dissolution of the Zentrumpartei (the Catholic party), political opposition to the Chancellor. . In 1875, Prussia even expelled all religious congregations. Beuron was one of the victims. Beuron then settled in Prague, at Emmaus Abbey, and at Seckau Abbey in Austria. Faced with the growing opposition of the Catholic masses, Bismarck had to submit (1880-1887).

16 Le Kulturkampf, ou combat pour la civilisation. Par des lois votées en 1873, Bismarck, chancelier d’Allemagne, inspiré par le joséphisme, espérait de cette façon soumettre toute la vie ecclésiastique au contrôle de l’État et obtenir la dissolution du Zentrumpartei (le parti catholique), opposition politique au chancelier. En 1875, la Prusse expulsa même toutes les congrégations religieuses. Beuron fut une des victimes. Elle s’installa alors à Prague, à l’abbaye d’Emmaüs, et à l’abbaye de Seckau en Autriche. Devant l’opposition croissante des masses catholiques, Bismarck dut s’incliner (188o-1887).

17 There was in fact a first attempt in 1870, in which Dom Hildebrand de Hemptinne played an intermediary role between Count de Limminghe and Dom Maur Wolter. This first test, an installation planned in Gesves in the province of Namur, came to an end. Why? Probably a quarrel between Count de Limminghe and Count Joseph de Hemptinne, father of Dom Hildebrand (see D.Misonne, A failed project for a Benedictine foundation in Namur in 187o).

17 Il y eut en effet une première tentative en 1870, dans laquelle dom Hildebrand de Hemptinne joua un rôle d’intermédiaire entre le comte de Limminghe et dom Maur Wolter. Ce premier essai, une installation prévue à Gesves dans la province de Namur, tourna court. Pour quelle raison? Probablement une querelle entre le comte de Limminghe et le comte Joseph de Hemptinne, père de dom Hildebrand (cfr D.Misonne, Un projet manqué de fondation bénédictine dans le Namurois en 187o).

18 Henri Desclée (1830-1917) founded the “Société Saint-Jean l’Évangéliste” in order to resurrect the wonders of typography from Christian centuries. He applied himself especially to the printing of liturgical books. He created the Saint-Luc school in Tournai and edited the Revue de l’Art Chrétien; journalist, he transformed the Courrier de l’Escaut, and edited several local Catholic newspapers with a view to combating emerging socialism. With his father, he financed the construction of the abbey of Maredsous, on land that he had donated. Jean Béthune was the architect.

18 Henri Desclée (1830-1917) avait fondé la «Société Saint-Jean l’Évangéliste» afin de ressusciter les merveilles de la typographie des siècles chrétiens. Il s’appliqua surtout à l’impression des livres liturgiques. Il créa l’école Saint-Luc de Tournai et édita la Revue de l’Art chrétien; journaliste, il transforma le Courrier de l’Escaut, et anima plusieurs journaux locaux catholiques en vue de combattre le socialisme naissant. Avec son père, il finança la construction de l’abbaye de Maredsous, sur un terrain que celui-ci avait cédé. Jean Béthune en fut l’architecte.

19 Saint Gérard de Brogne, who died in 959 , founded the abbey of Brogne on his domains, in Namur. It was in Paris that he was introduced to monastic life. After the devastation of the Norman invasions, he insisted on restoring monasticism in all its rigor. He was called by the Count of Flanders to restore monastic life in the abbeys of Saint-Pierre and Saint-Bavon, in Ghent. His influence even extended to Mont Saint-Michel. Unlike Cluny, he had no centralizing tendency, which meant that his influence was quite ephemeral.

19 Saint Gérard de Brogne, mort en 959, fonda sur ses domaines, dans le Namurois, l’abbaye de Brogne. C’est à Paris qu’il s’initia à la vie monastique. Après les dévastations des invasions normandes, il tint à relever le monachisme dans toute sa rigueur. Il fut appelé par le comte de Flandre à restaurer la vie monastique dans les abbayes de Saint-Pierre et de Saint-Bavon, à Gand. Son influence s’étendit même jusqu’au mont Saint-Michel. À l’inverse de Cluny, il n’eut aucune tendance centralisatrice, ce qui fait que son influence fut assez éphémère.

20 Who introduced football to Belgium? Dom van Caloen, returning from his trip to England in 1881? The Xaverian brothers of Bruges or the Josephites of Melle and La Berlière? All claim the honor,

20 Qui a introduit le football en Belgique? Dom van Caloen, au retour de son voyage en Angleterre en 1881? Les frères xavériens de Bruges ou les joséphites de Melle et La Berlière? Chacun y prétend...

21 The Abbey of Saint-Anselmo or Collegio Sant Anselmo on the Aventine Hill, in Rome, has its origins in a desire of Pope Leo XIII. The Pope, at the time, was trying to bring together all the religious congregations that seemed useful to him for maintaining discipline and studies in the Church. This centralizing tendency to bring everything together as much as possible in the city of Rome, around the pope, was a consequence of the prestige enjoyed by the papacy at that time. A first Benedictine college had been established in 1687, during the pontificate of Pope Innocent XI, in the abbey of Saint-PaulOutside-the-Walls, but it was suppressed during the French occupation under Napoleon. In 1886 Leo XIII charged Cardinal Dusmet (1818-1894), Benedictine, archbishop of Catania, with opening the new Saint-Anselmo college and preparing a centralization of the Benedictine order. The college opened its doors in 1888 and the very theoretical centralization of the Benedictine order occurred in 1893.

21 L’abbaye de Saint-Anselme ou Collegio Sant Anselmo sur le mont Aventin, à Rome, trouve son origine dans un désir du pape Léon XIII. Le pape, à l’époque, tentait de regrouper toutes les congrégations religieuses qui lui paraissaient utiles pour le maintien de la discipline et des études dans l’Église. Cette tendance centralisatrice de tout rassembler le plus possible dans la ville de Rome, autour du pape, était une conséquence du prestige dont jouissait à ce moment la papauté. Un premier collège bénédictin avait vu le jour en 1687, sous le pontificat du pape Innocent XI, dans l’abbaye de Saint-Paul-hors-les-Murs, mais il avait été supprimé lors de l’occupation française sous Napoléon. Léon XIII chargea en 1886 le cardinal Dusmet (1818-1894), bénédictin, archevêque de Catane, d’ouvrir le nouveau collège Saint-Anselme et de préparer une centralisation de l’ordre bénédictin. Le collège ouvrit ses portes en 1888 et la centralisation, très théorique, de l’ordre bénédictin survint en 1893.

22 Joachim Pecci succeeded Pope Pius IX in 1878 under the name Leo XIII. He had been a diplomat; this is how he was nuncio in Brussels before becoming archbishop of Perugia. His pontificate was exceptionally long, he died on July 20, 1903. He was the pope of the great social encyclical “Rerum Novarum”. Monsignor Boccali had already been the pope’s private secretary when he was still archbishop of Perugia. He remained so when the latter became pope. He was a very influential character that you had to have on your side. The project was great but excessive. What van Caloen proposed was practically the founding of a “monastery of Union”, thirty years before Dom Lambert Beauduin.

22 Joachim Pecci avait succédé en 1878 au pape Pie IX sous le nom de Léon XIII. Il avait été diplomate; c’est ainsi qu’il fut nonce à Bruxelles avant de devenir archevêque de Pérouse. Son pontificat fut exceptionnellement long, il mourut le 20 juillet 1903. Il fut le pape de la grande encyclique sociale «Rerum Novarum». Monseigneur Boccali avait déjà été le secrétaire particulier du pape lorsqu’il était encore archevêque de Pérouse. Il l’était resté lorsque ce dernier devint pape. C’était un personnage fort influent qu’il fallait avoir avec soi.
Le projet était génial mais démesuré. Ce que van Caloen proposait, c’était pratiquement la fondation d’un monastère de l’« Union», trente ans avant dom Lambert Beauduin.

23 Cardinal Placid Schiaffino (1829-1889) was an Olivetan monk, called by Leo XIII to Rome to exercise different functions. He was actively involved in the journalistic field.

23 Le cardinal Placide Schiaffino (1829-1889) était un moine olivétain, appelé par Léon XIII à Rome pour y exercer différentes fonctions. Il s’occupa activement dans le domaine journalistique.

23 bis In a letter from Dom Placid Wolter to Dom Gérard, dated September 4, 1888, we read this: “Flanders! Yes, I am very sensitive to the magnificent and generous feelings of Mr van Ockerhout and I hope that God will lead us to Flanders. We will talk about it again.” A dangerous remark that Dom van Caloen would probably not forget.

23bis Dans une lettre de dom Placide Wolter à dom Gérard, en date du 4 septembre 1888, nous lisons ceci: «Les Flandres! Oui, je suis très sensible aux magnifiques et généreux sentiments de Monsieur van Ockerhout et je forme les voeux que Dieu nous conduise dans la Flandre. Nous en reparlerons.» Remarque dangereuse que dom van Caloen n’oubliera probablement pas.

24 Articles and books published since Dom van Caloen entered the monastery:

24 Articles et livres parus depuis l’entrée au monastère de dom van Caloen:

Belgica Benedictina sive Elenchus omnium monasteriorum Ordinis sancti

Belgica Benedictina sive Elenchus omnium monasteriorum Ordinis sancti

Benedicti, utriusque sexus, quae umquam in territorio hodiernae Belgicae exsti-

Benedicti, utriusque sexus, quae umquam in territorio hodiernae Belgicae exsti-

terunt, Brunae, Kohrer, 1881, zo p.

terunt, Brunae, Kohrer, 1881, zo p.

Beyond the Mountains: Journey to Spain, Brussels, Albanel, 1881, 592 p.

Au-delà des Monts: Voyage en Espagne, Bruxelles, Albanel, 1881, 592 p.

Our overseas neighbors; Catholic Rev., 5th and 6th deliveries, Nov. 15 and Dec. 15 1881

Nos voisins d’Outre-mer; Rev.catholique, 5e et 6e livraisons, 15 nov. et 15 déc. 1881

Dom Maur Wolter and the origins of the Benedictine congregation of the Abbey of

Dom Maur Wolter et les origines de la congrégation bénédictine de l’abbaye de

Beuron, Bruges, Desclée, 1890, 132 p.

Beuron, Bruges, Desclée, 1890, 132 p.

The origins of the Saint-Pierre denier, Journal de Bruxelles, July 2, 1884.

Les origines du denier de Saint-Pierre, Journal de Bruxelles, 2 juillet 1884.

The bas-reliefs of Maredsous from the Florenne abbey and the cemetery

Les bas-reliefs de Maredsous provenant de l’abbaye de Florenne et le cimetière

franc de Maredsous, Annales Soc.Arch.Namur, t.XVI, 22 p.

franc de Maredsous, Annales Soc.Arch.Namur, t.XVI, 22 p.

The communion of the faithful during mass, memory presented to the Congress

La communion des fidèles pendant la messe, mémoire présenté au Congrès

Eucharist of Liège, Lille, Lefort, 1883, 3o p.

eucharistique de Liège, Lille, Lefort, 1883, 3o p.

Our Religious by a religious, Bruges, Saint-Augustin, 1892, 4o p.

Nos Religieux par un religieux, Bruges, Saint-Augustin, 1892, 4o p.

Notebook of a monk, Desclée, 281 p.

Carnet d’un moine, Desclée, 281 p.

Articles published in the Revue Bénédictine:

Articles parus dans la Revue bénédictine :

Things of the Orient, 1892, pp 43 - 47

Choses d’Orient, 1892, pp 43-47

The Greek college of Saint-Athanasius in Rome and the other Eastern Catholic colleges

Le collège grec de Saint-Athanase à Rome et les autres collèges catholiques orien-

rate,1893, pp 262-269

taux,1893, pp 262-269

The conferences on the Orient at the Vatican, 1894, pp 5 60- 5 6 4

Les conférences sur l’Orient au Vatican, 1894, pp 560-564

Discourse concerning the union of the Eastern Churches, 1891, pp 552 - 555

Discours concernant l’union des Églises d’Orient, 1891, pp 552- 555

The Mirdites of Albania, 1893, pp 226-231

Les Mirdites d’Albanie, 1893, pp 226-231

A Union Movement in Russia, 1894, pp 446 - 463

Un mouvement d’Union en Russie, 1894, pp 446-463

Russia and the Holy See, 1890, pp 70-78

La Russie et le Saint-Siège, 1890, pp 70-78

The sect and the Union of Churches, 1893, 456 - 471.

La secte et l’Union des Églises, 1893, 456-471.

Rome and Russia: Revue des Deux Mondes, Dec. 15 1894 and Rev. well. t.12.

Rome et la Russie: Revue des Deux Mondes,15 déc. 1894 et Rev. bén. t.12.

25 Thus expressed Dom Nicolas Huyghebaert (1912-1982), monk, historian and archivist of the abbey of Saint-André, in a conference “Presentation of the abbey of Saint-André”, on June 20, 1961.

25 Ainsi s’exprimait dom Nicolas Huyghebaert (1912-1982), moine, historien et archiviste de l’abbaye de Saint-André, dans une conférence «Présentation de l’ab baye de Saint-André», le 20 juin 1961.

26  Monsignor Spolverini, nuncio in Brazil at the time of the coup d’état, did not like religious [orders], and did everything he could to seize the heritage of congregations and religious orders in order to transfer it to the dioceses. He also wanted to remove the exemption which ensures the autonomy of religious families vis-à-vis the power of bishops. His successor would revoke his measures.

26  Monseigneur Spolverini, nonce au Brésil au moment du coup d’État, n’aimait pas les religieux et fit tout ce qu’il put pour s’emparer du patrimoine des congré-  gations et des ordres religieux afin de le remettre aux diocèses. Il voulut aussi supprimer l’exemption qui assure l’autonomie des familles religieuses vis-à-vis du pouvoir des évêques. Son successeur révoquera ses mesures.

27 Monsignor Gotti (1834-1916) was a Discalced Carmelite and had been superior general of his order from 1881 to 1892. He was then appointed internuncio in Brazil in 1892. Cardinal in 1895, he was successively prefect of the Congregation of Indulgences (1896) , prefect of the congregation of Bishops and Regulars (1897) and prefect of the congregation of the Propagation of the Faith (1902).

27 Monseigneur Gotti (1834-1916) était carme déchaux et avait été supérieur général de son ordre de 1881 à 1892. Il fut alors nommé internonce au Brésil en 1892. Cardinal en 1895, il fut successivement préfet de la congrégation des Indulgences (1896), préfet de la congrégation des Évêques et des Réguliers (1897) et préfet de la congrégation de la Propagation de la Foi (1902).

28 Cardinal Mariano Rampolla (1843-1913), former nuncio in Madrid, was a pious, learned and active prelate but always an intransigent opponent of unified Italy. He was considered by his many adversaries as the pope’s bad advisor.

28 Le cardinal Mariano Rampolla (1843-1913), ancien nonce à Madrid, était un prélat, pieux, érudit et actif mais adversaire toujours intransigeant de l’Italie unifiée. Il était considéré par ses nombreux adversaires comme le mauvais conseiller du pape.

29 The conto is worth 60 000 FB today.

29 Le conto vaut 6o 00o FB actuels.

30 There were several attempts to centralize the Benedictines under the Ancien Régime. The new congregations, which emerged after the Council of Trent, greatly centralized the government of the congregation: such as the congregation of Sainte-Justine de Padua, which has since become the Cassinian congregation, and the congregation of Saint-Maur.

30 Il y eut plusieurs essais de centralisation des bénédictins sous l’Ancien Régime. Les nouvelles congrégations, qui virent le jour après le concile de Trente, centralisaient très fort le gouvernement de la congrégation: ainsi la congrégation de Sainte-Justine de Padoue, devenue depuis la congrégation cassinienne, et la congrégation de Saint-Maur.

31 Dom Michel Horn, of German origin, was a monk of Maredsous. On his return from Brazil in 1897, he returned to Maredsous for a time and then settled permanently at Seckau Abbey. He was a somewhat confused intellect.

31 Dom Michel Horn, Allemand d’origine, était moine de Maredsous. À son retour du Brésil, en 1897, il retournera un certain temps à Maredsous pour se fixer ensuite, définitivement, à l’abbaye de Seckau. C’était un esprit quelque peu brouillon.

32 Dom van Caloen renounced the diocesan seminary and the training of seminarians. In this regard, Dom Hildebrand de Hemptinne had thought in 1895 of annexing a seminary to the Mont-César abbey with a view to training priests for the South American continent (letters to van Caloen, 12-11-1895, 31- 3-1896). Dom van Caloen was not a supporter of this project: the Brazilians, he affirmed, do not like foreign priests (27-9-1896). He could speak in the name of a certain experience, but he was nevertheless wrong to exaggerate or generalize; this argument seems to have been used by Brazilians on certain occasions to oppose certain projects. Dom Robert de Kerchove returned to leadership in 1905. There was still talk in 1908 of creating a seminary for Rio Branco near Mont-César (1908), whose rector would have been Dom Lambert Beauduin. The development of the liturgical movement forced the abbey of Louvain to abandon the project, which however came back to life in 1953, with the creation in Louvain of the “Collegium pro America Latina”.

32 Dom van Caloen renonça au séminaire diocésain et à la formation des séminaristes. À ce propos, dom Hildebrand de Hemptinne avait songé en 1895 à annexer à l’abbaye du Mont-César un séminaire en vue de former des prêtres pour le continent sud-américain (lettres à van Caloen, 12-11-1895, 31-3-1896). Dom van Caloen n’était pas partisan de ce projet: les Brésiliens, affirmait-il, n’aiment pas les prêtres étrangers (27-9-1896). Il pouvait parler au nom d’une certaine expérience, mais il avait cependant tort d’exagérer ou de généraliser; cet argument semble avoir été employé par les Brésiliens à certaines occasions pour s’opposer à certains projets. Dom Robert de Kerchove revint à la charge en 1905. Il sera encore question en 1908 de créer près du Mont-César un séminaire pour le Rio Branco (1908), dont le recteur aurait été dom Lambert Beauduin. Le développement du mouvement liturgique forcera l’abbaye de Louvain à renoncer au projet, qui reprendra toutefois vie en 1953, avec la création à Louvain du «Collegium pro Ame-rica Latina».

33 Devotion to Our Lady of Pompeii or of The Rosary had been spread in the region of Pompeii by a Dominican tertiary, the lawyer Bartolo Longo. He had spread the practice of the Rosary in this poor and infamous region. He organized religious festivals and built a sanctuary in 1876 which was not completed until 1925. But an image was needed for popular devotion. A pious soul, in possession of a fairly ordinary canvas, representing Our Lady of the Rosary, painted at the beginning of the 19th century by a certain Brother Egide, was acquired by Bartolo Longo who exhibited it in the parish church of Pompeii. The same day, a girl, suffering from an incurable illness, was healed in front of this image. This was the beginning of the popular pilgrimage to Our Lady of Pompeii. It was in 1898 that Dom van Caloen discovered this place of pilgrimage and became the promoter of this devotion. From then on, in every difficult moment of his life, he would invoke Our Lady of Pompeii, to whom he would attribute the success of many affairs, particularly the creation of the procura of Saint Andrew.

33 La dévotion à Notre-Dame de Pompéi ou du Rosaire avait été répandue dans la -région de-Pompéi-par-un tertiaire dominicain, l’avocat Bartolo-Longo. Il avait propagé dans cette région pauvre et mal famée la pratique du Rosaire. Il organisa des fêtes religieuses et construisit un sanctuaire en 1876 qui ne sera terminé qu’en 1925. Mais il fallait une image pour la dévotion populaire. Une âme pieuse, en possession d’une toile assez banale, représentant Notre-Dame du Rosaire, peinte au début du xixe siècle par un certain frère Egide, fut acquise par Bartolo Longo qui l’exposa dans l’église paroissiale de Pompéi. Le même jour, une fille, souffrant d’un mal incurable, fut guérie devant cette image. Ce fut le début du pèlerinage populaire à Notre-Dame de Pompéi. C’est en 1898 que dom van Caloen découvrit ce lieu de pèlerinage et devint le promoteur de cette dévotion. Désormais, dans chaque moment difficile de sa vie, il invoquera Notre-Dame de Pompéi, à qui il attribuera la réussite de bien des affaires, tout particulièrement la création de la procure de Saint-André.

34 Why Nicotera? It was there that the lawyer Cipriani lived, “distinguished and learned man”, brother of Dom Cipriano Cipriani, monk of Olinda and his private secretary.

34 Pourquoi Nicotera? C’était là qu’habitait l’avocat Cipriani, «homme distingué et savant», frère de dom Cipriano Cipriani, moine d’Olinda et son secrétaire particulier.

35 Right-leaning Catholic newspaper, ancestor of La Libre Belgique.

35 Journal catholique bien-pensant,ancêtre de La Libre Belgique.

36 Monsignor Gustave-Joseph Waffelaert was born on August 27 , 1847 and became bishop of Bruges in 1895, upon the death of Monsignor Faict. The man was good, simple and very pious, but he was a man of study and administration who had little pastoral experience. He was, in his diocese of Bruges, the heir to a tradition of firmly established clerical omnipotence. He died in Bruges on December 18 , 1931.

36 Monseigneur Gustave-Joseph Waffelaert était né le 27 août 1847 et était devenu évêque de Bruges en 1895, à la mort de Monseigneur Faict. L’homme était bon, simple et très pieux, mais c’était un homme d’études et de cabinet qui avait peu d’expérience pastorale. Il fut, dans son diocèse de Bruges, l’héritier d’une tradition d’omnipotence cléricale solidement établie. Il mourut à Bruges, le 18 décembre 1931.

37 Jacques Van Emelen was born in Louvain on August 24, 1863. He was ordained priest of the archdiocese of Mechelen on September 22 , 1888 and was appointed vicar in Begijnendijk, near Aarschot. Eager to become a monk, he presented himself to Maredsous who sent him with the first contingent to Brazil in 1895. He made his novitiate in Olinda and also made profession there on February 12 , 1896. He will be the superior then the first prior of the Abbey of Saint-André, from 1899 to 1903. He then left for Brazil where he served several times as prior in Bahia, Olinda, Rio, Sâo Paulo... He died in Olinda, on November 12 , 1946.

37 Jacques Van Emelen était né à Louvain, le 24 août 1863. Il avait été ordonné prêtre de l’archidiocèse de Malines le 22 septembre 1888 et fut nommé vicaire à Begijnendijk, près d’Aarschot. Désireux de se faire moine, il se présenta à Mared-sous qui le fit partir avec la première caravane en partance pour le Brésil en 1895. Il fit son noviciat à Olinda et y fit également profession le 12 février 1896. Il sera le supérieur puis le premier prieur de l’abbaye de Saint-André, de 1899 à 1903. Il repartit ensuite pour le Brésil où il exerça plusieurs fois les fonctions de prieur à Bahia, Olinda, Rio, Sâo Paulo... Il mourut à Olinda, le 12 novembre 1946.

38 Peter Roeser was born in 1870 in Germany. He entered the abbey of Beuron in 1894, became professed on March 21 , 1896 and priest on October 10, 1898. He was destined for Brazil by his abbot and left for Olinda in 1898. He was among the first four abbots designated by Monseigneur van Caloen, and became abbot of Olinda, a position he held until 1929. He then resigned and worked until his death in 1955 at “Catholica Unio”, a pontifical work for the reunion of the Churches. He was a holy man, hard on his novices and narrow-minded, according to Dom Zeller.

38 Peter Roeser était né en 1870 en Allemagne. Il entra à l’abbaye de Beuron en 1894, devint profès le 21 mars 1896 et prêtre le 10 octobre 1898. Il fut destiné au Brésil par son abbé et partit pour Olinda en 1898. Il fut parmi les quatre premiers abbés désignés par Monseigneur van Caloen, et devint abbé d’Olinda, poste qu’il occupa jusqu’en 1929. Il donna alors sa démission et travailla jusqu’à sa mort, en 1955, à «Catholica Unio», oeuvre pontificale pour la réunion des Églises. C’était un saint homme, dur pour ses novices et d’esprit étroit, aux dires de dom Zeller.

39 Donations could be paid either to Loppem, at the van Caloen home, or to Father Grégoire Fournier, in Maredsous; or in Brussels with Mr. Rosman, in Antwerp with Doctor Van Emelen, in Ghent with Baron Casier, in Bruges with Canon Vuylsteke, in Liège with Mr. Poncelet, in Mons with Mr. Lalieu, in Tournai with Mr. Desclée, in Namur with Mr. Godenne, in Arlon with Mr. Bribosia, in Hasselt with Mr. Van Emelen, in Louvain with Mr. Jacqmotte. All of Belgium was thus covered.

39 Les dons pouvaient être versés soit à Loppem, chez les van Caloen, soit au père Grégoire Fournier, à Maredsous; ou bien à Bruxelles chez M. Rosman, à Anvers chez le docteur Van Emelen, à Gand chez le baron Casier, à Bruges chez le chanoine Vuylsteke, à Liège chez M. Poncelet, à Mons chez M. Lalieu, à Tournai chez M. Desclée, à Namur chez M. Godenne, à Arlon chez M. Bribosia, à Hasselt chez M. Van Emelen, à Louvain chez M. Jacqmotte. Toute la Belgique était ainsi couverte.

40 Dom Wandrille Herpierre was born in Alsace, in Massevaux, on June 16 , 1871. He entered the abbey of Beuron, became professed on March 25 , 1898 and priest on October 16 , 1898. He had expressed the desire to serve “in our Saint Order” in Brazil, which was granted to him in 1899. In 1906, he was responsible for the temporary foundation of Acqua Calda in Siena, Italy; he left for Brazil in 1908 where he was destined for Santa Cruz. Exclaustrated then secularized with the suppression of the abbey, he became parish priest near Colmar. Denis Verdin, also French, was born in Arcueil on November 18 , 1851. Entering Maredsous after spending time at the Grande Chartreuse, studying at Saint-Sulpice and after receiving the priesthood on December 20 , 1879, he became professed on October 24 1882. School teacher, director of the Oblates, he left for Brazil in 1895. He was successively in Olinda, Saint-André, Sorocaba, Sâo Paulo, prior of Santos, etc.

40 Dom Wandrille Herpierre était né en Alsace, à Massevaux, le 16 juin 1871. Il entra à l’abbaye de Beuron, devint profès le 25 mars 1898 et prêtre le 16 octobre 1898. Il avait exprimé le désir de servir «dans notre Saint Ordre» au Brésil, ce qui lui fut accordé dès 1899. En 1906, il sera responsable de la fondation temporaire de l’Acqua Calda à Sienne, en Italie; il repartit pour le Brésil en 1908 où il fut destiné à Santa Cruz. Exclaustré puis sécularisé à la suppression de l’abbaye, il devint curé près de Colmar.
Denis Verdin, français lui aussi, était né à Arcueil le 18 novembre 1851. Entré à Maredsous après un passage à la Grande Chartreuse, des études à Saint-Sulpice et après avoir reçu la prêtrise le 20 décembre 1879, il devint profès le 24 octobre 1882. Professeur à l’école, directeur des oblats, il partit pour le Brésil en 1895. Il fut successivement à Olinda, Saint-André, Sorocaba, Sâo Paulo, prieur de Santos, etc.

41 The scourge of yellow fever, common at the time, had reached Olinda and caused serious devastation. They did not all die but all were affected. Brother Joseph Sonntag and the novice Paul Derix died, four others were able to be saved. The Olinda monastery had to close its doors. It was to protect young monks in training from yellow fever that Dom van Caloen created the abbey of Santa Cruz, in Ceara.

41 Le fléau de la fièvre jaune, fréquent à l’époque, avait atteint Olinda et y avait exercé de sérieux ravages. Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient atteints. Le frère Joseph Sonntag et le novice Paul Derix succombèrent, quatre autres purent être sauvés. Le monastère d’Olinda dut fermer ses portes. C’est pour mettre à l’abri de la fièvre jaune les jeunes moines en formation que dom van Caloen créera l’abbaye de Santa Cruz, dans le Ceara.

42 Dom Feuillen L’hermitte died in turn, suffering from yellow fever, on September 16, 1899. He was the right arm of Dom van Caloen as prior of Olinda and had maintained the monastic community well over the long term of van Caloen’s stay in Europe. He had been a vicar in Fosses before becoming a monk in Maredsous and had been part of the first contngent which went to Brazil in 1895. He had specialized in parish ministry where he had worked wonders among the poor and unfortunate of the town of ‘Olinda.

42 Dom Feuillen Lhermitte mourut à son tour, atteint de la fièvre jaune, le 16 septembre 1899. Il était le bras droit de dom van Caloen en tant que prieur d’Olinda et avait bien tenu en main la communauté monastique, au cours du long séjour de van Caloen en Europe. Il avait été vicaire à Fosses avant de devenir moine à Maredsous et avait fait partie de la première caravane qui se rendit au Brésil en 1895.11 s’était spécialisé dans le ministère paroissial où il avait fait merveille parmi les pauvres et les malheureux de la ville d’Olinda.

42 bis On January 4, 1900, Dom Placide Wolter wrote to Dom Gérard:
“You were dissatisfied with my last letter. But I believe it is better to speak with you as your brother and former father with all sincerity and support you with the other abbots and defend you knowing that I can do it. But you cannot deny that so many changes made within 6 years and so much contradiction must necessarily have shaken confidence enormously.”

42bis En date du 4 janvier 1900, dom Placide Wolter écrivit à dom Gérard:
«Vous avez été mécontent de ma dernière lettre. Mais je crois mieux parler avec vous comme votre frère et ancien père avec toute la sincérité et vous soutenir auprès des autres abbés et vous défendre sachant que je puis le faire. Mais vous ne saurez nier que tant de changements faits en dedans de 6 ans et tant de retours ont nécessairement dû ébranler énormément la confiance.»

43 Dom Pierre Eggerath, of German origin (1880-1947), became abbot of Rio de Janeiro in 1915 and archabbot of the Brazilian congregation in 1923.

43 Dom Pierre Eggerath, d’origine allemande (1880-1947), deviendra abbé de Rio de Janeiro en 1915 et archiabbé de la congrégation brésilienne en 1923.

44 Among these seven candidates were Arthur Moyaert, born in Westkerke on March 12, 1881. A student of the apostolic school of Turnhout, run by the Jesuits, it was by reading Montalembert, the Monks of the West and Saint Elizabeth of Hungary, that young Moyaert decided to become a monk. A conference by Dom van Caloen at the college of Turnhout directed his vocation towards Brazil, where he never went. He was the first monk of the new abbey of Saint-André, under the name of Dom Gérard, having made his profession on the day of the inauguration of the abbey, September 8, 1902. After studying philosophy and theology in Rome , he became the first rector of the abbey school and went to Katanga after the war of 1914-18. He died at the abbey of Saint-André on September 8, 1974. Seven of them joined the procura office in 1900; only Father Gérard remained.

44 Parmi ces sept candidats figuraient Arthur Moyaert, né à Westkerke le 12 mars 1881. Élève de l’école apostolique de Turnhout, dirigée par les jésuites, c’est en lisant Montalembert, les Moines d’Occident et Sainte Élisabeth de Hongrie, que le jeune Moyaert prit la décision de se faire moine. Une conférence de dom van Caloen au collège de Turnhout orienta sa vocation vers le Brésil, où il n’ira d’ailleurs jamais. Il fut le premier moine de la nouvelle abbaye de Saint-André, sous le nom de dom Gérard, ayant fait profession le jour de l’inauguration de l’abbaye, le 8 septembre 1902. Après des études de philosophie et de théologie à Rome, il devint le premier recteur de l’école abbatiale et s’en fut au Katanga après la guerre de 14-18. Il mourut à l’abbaye de Saint-André, le 8 septembre 1974. Ils étaient entrés à sept en 1900 à la procure; seul le père Gérard était resté.

45 Dom Ludgerus Rincklake, monk of Maia-Laach, born in 1851, architect, had become a monk late in life, in 1897, but continued to practice his profession. He notably restored the basilica of Echternach. He died in 1927.

45 Dom Ludgerus Rincklake, moine de Maia-Laach, né en 1851, architecte, était devenu moine sur le tard, en 1897, mais continuait à pratiquer son métier. Il restaura notamment la basilique d’Echternach. Il mourut en 1927.

46 This committee of gentlemen was composed as follows: Canon Vuylsteke, president, Viscount Georges de Nieuport, secretary, Édouard Jonckheere, Donat van Caillie, Chevalier Stanislas d’Ydewalle, Maurice de Brouwer, Vincent Ryelandt, Pierre Dugardyn.

46 Ce comité de messieurs était composé comme suit: chanoine Vuylsteke, président, vicomte Georges de Nieuport, secrétaire, Édouard Jonckheere, Donat van Caillie, chevalier Stanislas d’Ydewalle, Maurice de Brouwer, Vincent Ryelandt, Pierre Dugardyn.

47 In the Visitors’ Book, page 1, Dom van Caloen wrote this: “I gave this place the name of Zevenkerken from the beginning, because of the seven churches that I intended to build there in memory of the seven great Roman basilicas.”Dom Nève, in a letter to Dom van Caloen, on May 7, 1908, specified: “Our monastery with the two neighboring fir forests form civilly and in property boundaries the hamlet of Zevenkerken. This name is therefore definitively established.”

47 Dans_le-Livre des visites, page 1, dom van Caloen écrivitceci: «Je donnai dès le début à cet endroit le nom de Zevenkerken, à cause des sept églises que j’avais l’intention d’y bâtir en souvenir des sept grandes basiliques romaines.»
Dom Nève, dans une lettre à dom van Caloen, le 7 mai 1908, précisa:
«Notre monastère avec les deux sapinières voisines forment civilement et cadastralement le hameau de Zevenkerken. Ce nom est donc définitivement établi.»

48 Monsignor Biasiotti was one of Cardinal Gotti’s secretaries.

48 Monseigneur Biasiotti était un des secrétaires du cardinal Gotti.

49 On June 22, 1901, Dom van Caloen wrote to Dom de Hemptinne the following letter, a somewhat disconcerting letter after what had just happened: “I am happy, Most Reverend Father, that this incident (the foundation of S.-A .) had such a rapid course so that our relationships, if you wish, can resume their usual serenity, without more prolonged tension. I don’t consider this a victory won, but rather a bad nightmare dispelled! It was for me a vital question: we had to endure the surgery.” For the pontifical audience, see Monseigneur’s Notebooks, p.85.

49 Le 22 juin 1901, dom van Caloen écrivait à dom de Hemptinne la lettre suivante, une lettre quelque peu déconcertante après ce qui venait de se passer: «Je suis heureux, Révérendissime Père, que cet incident (la fondation de S.-A.) ait eu un cours aussi rapide afin que nos rapports, si vous le voulez bien, puissent reprendre leur sérénité habituelle, sans tension plus prolongée. Je ne considère pas cela comme une victoire remportée, mais plutôt comme un mauvais cauchemar dissipé! C’était pour moi une question vitale: il fallait bien passer par l’opération.»
Pour l’audience pontificale, voir les Cahiers de Monseigneur, p.85.

50 On November 10, 1901, van Caloen wrote to de Hemptinne: “I recognize that you have no obligations towards me. But cannot your charity rise high enough to give me a single man, when this one man would save me from difficulties and allow me to go and fulfill the duties of my office in Brazil, knowing the nobility of your feelings, I can’t believe it.”
Dom Chrysostome De Saegher was born in Roesbrugge (F1.-Occ.) in 1870. With a bachelor’s degree in theology, he became a priest of the diocese of Bruges on May 19, 1894. He was for some time vicar of the Saint-Jacques parish in Bruges, before to enter as a monk at Maredsous, where the abbot made him a professor of moral theology. He left for Brazil in 1906, became prior of Sâo Paulo and coadjutor abbot of Rio de Janeiro. He was titular abbot of the ancient abbey of Tibaës in Portugal, not being a reigning abbot. He then had serious problems with Monseigneur van Caloen, so much so that he returned to Europe in 1912. He was then in charge of moral theology courses at the Benedictine studium of the Belgian congregation at the Mont-César abbey in Louvain. In 1929 he returned to Brazil as administrator of the Abbey of Rio de Janeiro. Returning in 1932, he settled permanently in his abbey of profession, Maredsous, where he died on September 1, 1944.

50 Le 10 novembre 1901, van Caloen écrivait à de Hemptinne: «Que vous n’ayez pas d’obligations à mon égard, je le reconnais. Mais que votre charité ne puisse s’élever assez haut pour me donner un seul homme, alors que ce seul homme me tirerait d’embarras et me permettrait d’aller m’acquitter des devoirs de ma charge au Brésil, connaissant la noblesse de vos sentiments, je ne puis le croire.»
Dom Chrysostome De Saegher était né à Roesbrugge (F1.-Occ.) en 1870. Bachelier en théologie, il était devenu prêtre du diocèse de Bruges le 19 mai 1894. Il fut quelque temps vicaire de la paroisse Saint-Jacques à Bruges, avant d’entrer comme moine à Maredsous, où l’abbé en fit un professeur de théologie morale. Il partit pour le Brésil en 1906, devint prieur de Sâo Paulo et abbé coadjuteur de Rio de Janeiro. Il était abbé titulaire de l’ancienne abbaye de Tibaës au Portugal, n’étant pas abbé de régime. Il eut alors des démêlés graves avec Monseigneur van Caloen, si bien qu’il revint en Europe en 1912. Il fut alors chargé des cours de théologie morale au studium des bénédictins de la congrégation belge à l’abbaye du Mont-César à Louvain. En 1929, il retourna au Brésil comme administrateur de l’abbaye de Rio de Janeiro. De retour en 1932, il se fixa définitivement dans son abbaye de profession, à Maredsous, où il mourut le io septembre 1944.

51 “De Beke” which, pronounced in the French way, had become “la Becque”. The boundaries of the communes of Saint-André and Loppem pass through what we call at the abbey the Pavilion, occupied by the first year of secondary school, following the road behind this same pavilion, to reach the commune of Zedelgem behind the garden from the community.

51 «De Beke» qui, prononcé à la française, était devenu «la Becque». Les limites des communes de Saint-André et de Loppem passent à travers ce que nous appelons à l’abbaye le Pavillon, occupé par la première année du secondaire, suivent la route derrière ce même pavillon, pour rejoindre la commune de Zedelgem derrière le jardin de la communauté.

52 Dom Laurent Janssens was born in Saint-Nicolas on July 2, 1855. Entering Maredsous, he became professed on September 1, 1881. He was, for many years, rector of the Saint-Anselmo college on the Aventine Hill, in Rome. In 1908, he became secretary of the Congregation of Religious, titular abbot of Saint-Pierre du Mont Blandin and bishop in partibus infidelium of Bethsaida in 1921. He died in Brussels on July 17, 1925. Monsignor Janssens was an incorrigible versifier who improvised poems. verses about everything and nothing. He was also very Flemish, if not flamingo, which caused an open conflict with Cardinal Mercier. Because of this, shortly before the First War, he had lost much of his influence in Rome.

52 Dom Laurent Janssens était né à Saint-Nicolas, le 2 juillet 1855. Entré à Mared-sous, il devint profès le n septembre 1881. Il fut, durant de nombreuses années, recteur du collège Saint-Anselme sur le mont Aventin, à Rome. En 1908, il devint secrétaire de la congrégation des Religieux, abbé titulaire de Saint-Pierre du mont Blandin et évêque in partibus infidelium de Bethsaïde en 1921. Il mourut à Bruxelles, le 17 juillet 1925. Monseigneur Janssens était un versificateur incorrigible qui improvisait des vers sur tout et rien. Il était aussi très flamand, pour ne pas dire flamingant, ce qui provoqua un conflit ouvert avec le cardinal Mercier. À cause de cela, il avait perdu, un peu avant la Premierre Guerre, beaucoup de son influence à Rome.

53 We will talk again later, in the chapter on Katanga, about Dom Jean de Hemptinne. Dom Achaire Demuynck was born in Rollegem on April 27, 1878. He became a monk in Maredsous in 1898, he made his profession on January 29, 1899 and was ordained a priest on August 30, 1903. He ended up in Santa Cruz in 1905, from where he returned in Europe in 1907, to leave a second time but this time for the Rio Branco, where he died of yellow fever along with his colleague Father Beda Goppert, on February 6, 1911.

53 Nous reparlerons plus loin, dans le chapitre sur le Katanga, de dom Jean de Hemptinne. Dom Achaire Demuynck était né à Rollegem, le 27 avril 1878. Devenu moine à Maredsous en 1898, il fit profession le 29 janvier 1899 et fut ordonné prêtre le 3o août 1903. Il aboutit en 1905 à Santa Cruz, d’où il revint en Europe en 1907, pour repartir une seconde fois mais cette fois-ci pour le Rio Branco, où il mourut de la fièvre jaune ainsi que son confrère le père Beda Goppert, le 6 février 1911.

54 In the same letter, Monseigneur even proposed to Dom Hildebrand de Hemptinne: “The idea came to me today that if you do not oppose it we could now hold an abbatial election here (at Saint-André). ; Father Jean would be elected. Faced with such a fact, the community of Maredsous would acquiesce and your responsibility would be saved. What do you think ?” (September 17 , 1905)
The answer was: Absolutely not.
Dom Hildebrand didn’t like this kind of deception.

54 Dans la même lettre, Monseigneur proposait même à dom Hildebrand de Hemptinne: «L’idée m’est venue aujourd’hui que si vous ne vous y opposez pas on pourrait dès à présent faire ici (à Saint-André) une élection abbatiale; le père Jean serait élu. Devant un tel fait la communauté de Maredsous s’inclinerait et votre responsabilité serait sauve. Qu’en pensez-vous ?» (17 septembre 1905)
La réponse fut: Pas question. Dom Hildebrand n’aimait guère ce genre de duperie.

55 Dom Benoît D’Hondt was born in Saint-Nicolas on March 20, 1834. Priest of the diocese of Ghent in 1860, he was successively supervisor at the Eeklo college, vicar in Beveren and director of the Maltebrugge orphanage. In 1877, he entered the abbey of Maredsous, where he was master of novices for many years. In 1905, he arrived in Saint-André, where he remained until 1908. A few weeks before his death, he returned to Maredsous, where he died on December 7, 1908.

55 Dom Benoît D’Hondt était né à Saint-Nicolas, le 20 mars 1834. Prêtre du diocèse de Gand en 1860, il fut successivement surveillant au collège d’Eeklo, vicaire à Beveren et directeur de l’orphelinat de Maltebrugge. En 1877, il entra à l’abbaye de Maredsous, où il fut maître des novices durant de nombreuses années. En 1905, il arriva à Saint-André, où il resta jusqu’en 1908. Quelques semaines avant sa mort, il retourna à Maredsous, où il mourut le 7 décembre 1908.

56 Dom Étienne Tillieux was born in Courtrai on June 18, 1864. At the age of twenty, he entered the abbey of Maredsous. He studied philosophy at the abbey of Seckau, and theology at the abbey of Beuron, where he was ordained priest on August 3, 1890. In 1905, he arrived at Saint-André where, for thirty years, he was the irremovable subprior of the community. He died on December 17, 1940. Small in stature, with a round face, he was both teased and much loved.
Dom Gaspar Lefebvre, of whom we will speak at length in the second part of this work, was born in Lille on June 17, 1880. He had studied at the abbey school of Maredsous. He entered the abbey of Maredsous on December 7, 1898, made profession on April 6, 1900 and was ordained priest by Monseigneur Heylen on August io, 1904. Responding to Dom van Caloen’s call, he asked to leave for Brazil. He arrived there in 1906 and was attached to the abbey of Rio de Janeiro. In 1911 he was proposed as abbot of Parahyba Abbey. Given the opposition of the local bishop, who, it is said, did not want a second miter next to his home, he never became abbot. Returning to France in 1914, he was surprised by the war there. He then launched into the liturgy of which he was one of the great propagators between the two wars.
He died in Saint-André on April 16, 1966.

56 Dom Étienne Tillieux était né à Courtrai, le io juin 1864. A vingt ans, il entra à l’abbaye de Maredsous. Il fit ses études de philosophie à l’abbaye de Seckau, et de théologie à l’abbaye de Beuron, où il fut ordonné prêtre le 3 août 1890. En 1905, il arriva à Saint-André où, pendant trente ans, il fut le sous-prieur inamovible de la communauté. Il mourut le 17 décembre 1940. De petite taille, la figure ronde, il était à la fois taquiné et très aimé.
Dom Gaspar Lefebvre, dont nous parlerons longuement dans la seconde partie de cet ouvrage, était né à Lille le 17 juin 1880. Il avait fait ses études à l’école abbatiale de Maredsous. Il entra à l’abbaye de Maredsous le 7 décembre 1898, fit profession le 6 avril 1900 et fut ordonné prêtre par Monseigneur Heylen le io août 1904. Répondant à l’appel de dom van Caloen, il demanda à partir pour le Brésil. Il y arriva en 1906 et fut attaché à l’abbaye de Rio de Janeiro. En 1911, il fut proposé comme abbé de l’abbaye de Parahyba. Vu l’opposition de l’évêque du lieu, qui, dit-on, ne voulait pas d’une seconde mitre à côté de chez lui, il ne devint jamais abbé. Revenu en France en 1914, il y fut surpris par la guerre. Il se lança alors dans la liturgie dont il fut un des grands propagateurs entre les deux guerres. Il mourut à Saint-André le 16 avril 1966.

57 Dom Bonaventure Barbier was born in Wavre on October 4, 1872. Entering the abbey of Maredsous, he made his profession on December 8, 1892 and became a priest on August 1 , 1898. He left for Brazil in 1905. He was first attached to the house of Brotas, then sent to Rio Branco where he served as vicar general, from 1911 to 1921. He then left for Katanga, but asked to be able to return to Brazil. He died in Campos on August 6, 1939 .

57 Dom Bonaventure Barbier était né à Wavre, le 4 octobre 1872. Entré à l’abbaye de Maredsous, il fit profession le 8 décembre 1892 et devint prêtre le ter août 1898. Il partit pour le Brésil en 1905. Il fut d’abord attaché à la maison de Brotas, puis envoyé au Rio Branco où il exerça les fonctions de vicaire général, de 1911 à 1921. Il partit ensuite pour le Katanga, mais demanda à pouvoir retourner au Brésil. Il mourut à Campos, le 6 août 1939.

58 A nullius abbey is an extraterritorialized abbey with its own clergy and population, in other words a diocese in itself but headed by an abbot and his chapter of monks. There are only a few nullius abbeys in the world.

58 Une abbaye nullius est une abbaye exterritorialisée avec un clergé et une population propres, en d’autres mots un diocèse en soi mais dirigé par un abbé et son chapitre de moines. Il n’y a que quelques abbayes nullius de par le monde.

59 According to Dom Gaspar Lefebvre, letter of September 12, 1907 to Dom Nève, the Brazilian bishops were opposed to the Rio Branco being in the hands of a foreign bishop. Wasn’t that the argument the Brazilians used when they wanted to prevent something?

59 D’après dom Gaspar Lefebvre, lettre du 12 septembre 1907 à dom Nève, les évêques -bré-siliens-s’opposaient à ce que-le-Rio Branco soit aux mains d’un évêque étranger. N’était-ce pas l’argument que les Brésiliens employaient quand ils voulaient empêcher quelque chose?

60 Wishing to see the abbey of Montserrat again and to pass through Madrid to see his nephew, Monsignor had decided not to embark on the Sirio. It was good luck for him. The ship was wrecked off Cartagena. The Abbot of Buckfast, who was on board with his secretary, Dom Ansgar Vonier, drowned; Dom Ansgar was saved and became Abbot of Buckfast.

60 Désireux de revoir l’abbaye de Montserrat et de passer par Madrid pour voir son neveu, Monseigneur avait renoncé à s’embarquer sur le Sirio. Bien lui en prit. Le navire fit naufrage en face de Carthagène. L’abbé de Buckfast, qui était à bord avec son secrétaire, dom Anschaire Vonier, se noya; dom Anschaire fut sauvé et devint abbé de Buckfast.

61 Dom Maïeul de Caigny was born in Izegem on March 29, 1862. He joined the Redemptorists, became a priest on October 12, 1887 and director of the congregation’s house of studies. He had a strong taste for moral theology. A novice at the abbey of Maredsous, he left for Brazil where he made profession for the abbey of Olinda on May 29, 1898. Superior at Santa Cruz from 1899 to 1901, interim superior at Saint-André, he became prior of the abbey. the abbey of Rio de Janeiro and that of Bahia. In 1907 he was appointed titular abbot of Lobbes and coadjutor abbot of Frei Domingos da Transfiguraçaô of the abbey of Bahia, whom he succeeded in 1908. A serious conflict with the local bishop forced him to leave. He then founded the Abbey of Trinidad in 1912, which he directed until 1923, and ended his days at St Leo Abbey in Florida, on April 24 , 1939.
Dom Michaël Kruse was born in Stukenbrock, in Westphalia, on June 17, 1864. He emigrated to America where he became a priest in the diocese of Portoviego in Ecuador, on April 8, 1888, then in Newark, USA. Having entered the service of Dom van Caloen in Brazil in 1897, he made his profession in Olinda on May 29, 1898. Prior in Olinda, in Bahia, in Sâo Paulo, in Rio, he became abbot of Sâo Paulo in 1907.
He died on April 1, 1929.

61 Dom Maïeul de Caigny était né à Izegem, le 29 mars 1862. Il entra chez les rédemptoristes, devint prêtre le 12 octobre 1887 et directeur de la maison d’études de la congrégation. Il avait un goût prononcé pour la théologie morale. Novice à l’abbaye de Maredsous, il partit pour le Brésil où il fit profession pour l’abbaye d’Olinda le 29 mai 1898. Supérieur à Santa Cruz de 1899 à 1901, supérieur intérimaire à Saint-André, il devint prieur de l’abbaye de Rio de Janeiro et de celle de Bahia. En 1907, il fut nommé abbé titulaire de Lobbes et abbé coadjuteur de Frei Domingos da Transfiguraçaô de l’abbaye de Bahia, auquel il succéda en 1908. Un conflit grave avec l’évêque du lieu l’obligea à partir. Il fonda alors en 1912 l’abbaye de Trinidad, qu’il dirigea jusqu’en 1923, et finit ses jours à l’abbaye St Leo en Floride, le 24 avril 1939.
Dom Michaël Kruse était né à Stukenbrock, en Westphalie, le 17 juin 1864. Il émigra en Amérique où il devint prêtre dans le diocèse de Portoviego en Équateur, le 8 avril 1888, ensuite à Newark, aux USA. S’étant mis au service de dom van Caloen au Brésil en 1897, il fait profession à Olinda le 29 mai 1898. Prieur à Olinda, à Bahia, à Sâo Paulo, à Rio, il devint en 1907 abbé de Sâo Paulo. Il mourut le ter avril 1929.

62 Jean Gillès de Pélichy was the brother of Alexandre Gillès de Pélichy who had married the sister of Monseigneur van Caloen, Savina van Caloen.

62 Jean Gillès de Pélichy était le frère d’Alexandre Gillès de Pélichy qui avait épousé la soeur de Monseigneur van Caloen, Savina van Caloen.

63 Clotilde de Laage de Bellefaye was born in Bruges on February 14, 1851. She married Eugène de Penaranda de Franchimont in Saint-André on February 9, 1870. They had no descendants. They lived in the castle of Tilleghem, where every morning, a father of the abbey went to say mass. Her husband died on September 18, 1907. She died in a hotel room in Dublin, asphyxiated by gas fumes, on July 2, 1909.

63 Clotilde de Laage de Bellefaye était née à Bruges, le 14 février 1851. Elle avait épousé à Saint-André, le 9 février 1870, Eugène de Penaranda de Franchimont. Ils n’eurent pas de descendants. Ils habitaient le château de Tilleghem, où tous les matins, un père de l’abbaye allait dire la messe. Son mari mourut le 18 septembre 1907. Elle mourut dans une chambre d’hôtel à Dublin, asphyxiée par des émanations de gaz, le 2 juillet 1909.

64 In a previous letter to the same, he had described his congregation in the following way: “The Brazilian congregation as it has been reestablished with Rio as its center, Saint Andrew as its breeding ground, the Rio Branco as its field of apostolate, must continue to develop steadily.” (August 4, 1908)

64 Dans une lettre précédente au même, il avait décrit sa congrégation de la façon suivante: «La congrégation brésilienne telle qu’elle a été rétablie avec Rio comme centre, Saint-André comme vivier, le Rio Branco comme champ d’apostolat, doit continuer à se développer régulièrement.» (4 août 1908)

65 This earned Dom Chrysostom this threatening letter: “Please, dear Most Reverend Father, prevent possible murmurings about the probable delay of my return... Please enter into my ideas in a fraternal manner and do not force me with telegrams to return before I have finished my business in Europe.” (August 4, 1908) (Arch. Maredsous)
Dom Gaspar Lefèbvre, sub-prior of the abbey of Rio, well aware of the tensions existing between van Caloen and De Saegher, in a letter to Bishop [van Caloen], dated September 13, 1908, described the two characters well:
“Attached to the same chariot are two horses of very different speeds: one runs, the other moderates the momentum. Your Fatherhood seems to me well suited to launch great works, the coadjutor Father Abbot has the qualities of an administrator. He wants to have the right to intervene and be consulted, you don’t want that.”

65 Cela valut à dom Chrysostome cette lettre comminatoire: «Veuillez, cher Révérendissime Père, empêcher les murmures possibles au sujet du retard probable de mon retour... Veuillez entrer dans mes idées bien fraternellement et ne pas m’obliger à coups de télégrammes à rentrer avant d’avoir terminé mes affaires en Europe.» (4 août 1908) (Arch. Maredsous)
Dom Gaspar Lefèbvre, sous-prieur de l’abbaye de Rio, bien au fait des tensions existant entre van Caloen et De Saegher, dans une lettre à Monseigneur, en date du 13 septembre 1908, décrivait bien les deux personnages:
«Au même char se trouvent appareillés deux montures d’allures bien diverses: l’un court, l’autre modère l’élan. Votre Paternité me semble bien faite pour lancer les grandes oeuvres, le Père Abbé coadjuteur a les qualités d’administrateur. Il veut avoir le droit d’intervenir et d’être consulté, vous ne voulez pas.»

66 Baron von Cramer Klett, a fervent Catholic, a rich Bavarian lord, friend of the Benedictines, had purchased the ancient abbey of Wessobrunn, which he later ceded to the Benedictines of Tutzing.

66 Le baron von Cramer Klett, catholique fervent, riche seigneur bavarois, ami des bénédictins, avait acheté l’ancienne abbaye de Wessobrunn, qu’il cédera plus tard aux bénédictines de Tutzing.

67 Dom Raphaël Kôgel was a very strange monk. He was born in Munich on January 18, 1882, and arrived at the procura of Saint-André on March 5, 1899. Having left for Brazil, he made his profession in Olinda on March 12, 1902. We find him in Saint-André, where he was ordained priest on June 9, 1906 by Bishop van Caloen. In November 1907, Bishop [van Caloen]made him responsible for the procura of Wessobrunn. A man of science, physicist and chemist, which neither van Caloen nor Dom Nève understood: he had developed a device for instant photocopying of manuscripts and printed matter. At one point, Bishop [van Caloen]became interested in it in the hope of earning a nice sum by selling the patent. He took steps in this direction in London which were unsuccessful, so much so that both Dom Nève and Monseigneur tried to make him understand that the monks have other things to do. After the war he lived for some time in Beuron, who applied his discoveries to the photography of palimpsests. He seems to have left monastic life. Rome refused him the dispensation from celibacy. He died in Karlsruhe on November 27, 1945 .

67 Dom Raphaël Kôgel fut un moine bien étrange. Il était né à Munich, le 18 janvier 1882, et était arrivé à la procure de Saint-André le 5 mars 1899. Parti pour le Brésil, il fit profession à Olinda le 12 mars 1902. Nous le retrouvons à Saint-André, où il est ordonné prêtre le 9 juin 1906 par Monseigneur van Caloen. En novembre 1907, Monseigneur l’avait établi responsable de la procure de Wessobrunn. Homme de science, physicien et chimiste, ce que ni van Caloen ni dom Nève ne comprenaient, il avait mis au point un appareil pour la photocopie instantanée de manuscrits et d’imprimés. À un moment donné, Monseigneur s’y intéressa dans l’espoir de gagner une belle somme en vendant le brevet. Il fit en ce sens à Londres des démarches qui n’aboutirent pas, si bien que tant dom Nève que Monseigneur tentèrent de lui faire comprendre que les moines ont autre chose à faire. Après la guerre, il vécut quelque temps à Beuron, qui appliqua ses découvertes à la photographie des palimpsestes. Il semble avoir quitté la vie monastique. Rome lui refusa la dispense du célibat. Il mourut à Karlsruhe le 27 novembre 1945.

68 Here is what Dom Gaspar Lefèbvre wrote to Monseigneur on this subject: “I do not know if he realizes the new life that he is about to begin. I wish him great courage because if he endures this cross well, it will be magnificent for this Santa Cruz foundation so tested. I believe that after a year he will arrive at the conclusion of Dom Chrysostom: “Ad impossibile nerno tenetur’.” (September 21, 1909)
69 Édouard Kervyn (de Marcke ten Driessche) was born in Ghent on August 1, 1858. He married Marie Pirlot on June 1, 1885 and died in Brussels on June 15, 1930. He was for many years , as director general at the Ministry of Colonies, an all-powerful essential. Responsible for the territories to be granted to religious congregations, he was of great help to the Catholic missions.

68 Voici ce qu’écrit à ce propos dom Gaspar Lefèbvre à Monseigneur: «Je ne sais s’il réalise la nouvelle vie qu’il va commencer. Je lui souhaite grand courage car s’il supporte bien cette croix, ce sera magnifique pour cette fondation de Santa Cruz si éprouvée. Je crois qu’après un an, il arrivera à la conclusion de dom Chrysostome: “Ad impossibile nerno tenetur’.» (21 septembre 1909)
69 Édouard Kervyn (de Marcke ten Driessche) était né à Gand, le u août 1858. I1 avait épousé, le ter juin 1885, Marie Pirlot et mourut à Bruxelles le 15 juin 1930. Il fut durant de nombreuses années, comme directeur général au ministère des Colonies, un tout-puissant incontournable. Responsable des territoires à concéder aux congrégations religieuses, il fut d’une grande aide pour les missions catholiques.

70 In February 1909, Édouard Kervyn, in a letter to Cardinal Merry del Val, already wanted Westmalle to settle in Katanga: “as a great center of culture and evangelization, an abbey would do well,” wrote he. But the Trappists did not see how they could have combined monastic life and apostolate... and then they were already in Ecuador.
The Capuchins had offered themselves for the Congo: they were first promised Katanga, in January 1910, then, as the Benedictines were in the running, they were offered Ubangui. You should also know that Scheut’s fathers, especially Father Cambier, wanted Katanga as an extension of Kasai.
Saint-André therefore had to act quickly.

70 Au mois de février 1909, Édouard Kervyn, dans une lettre au cardinal Merry del Val, souhaitait déjà que Westmalle s’installât au Katanga: «comme grand centre de culture et d’évangélisation, une abbaye ferait bien la chose», écrivait-il. Mais les trappistes ne voyaient pas comment ils auraient pu allier vie monastique et apostolat... et puis ils étaient déjà en Équateur.
Les capucins s’étaient offerts pour le Congo: on leur promit d’abord le Katanga, en janvier 191o, puis, comme les bénédictins étaient en lice, on leur proposa l’Ubangui. Il faut savoir aussi que les pères de Scheut, plus spécialement le père Cambier, voulaient le Katanga en prolongement du Kasaï. Il fallait donc que Saint-André agît vite.

71 Count Jacques de Lichtervelde was born in Vienna on October 11, 1878 and married, on January 20, 1908, Countess Marie d’Ursel. A former student of the abbey school of Maredsous, he had known Dom Gérard van Caloen as rector of the school there. A war volunteer in 1914, he died in London on April 6, 1916.

71 Le comte Jacques de Lichtervelde était né à Vienne le 11 octobre 1878 et avait épousé, le 20 janvier 1908, la comtesse Marie d’Ursel. Ancien élève de l’école abbatiale de Maredsous, il y avait connu dom Gérard van Caloen comme recteur de l’école. Volontaire de guerre en 1914, il mourut à Londres le 6 avril 1916.

72 “We do not undertake to send monks, we reserve the honor of sending them.” Nève to van Caloen, January 13, 1910.

72 «Nous ne nous engageons pas à envoyer des moines, nous nous réservons l’honneur d’en envoyer.» Nève à van Caloen, 13 janvier 1910.

73 Letter from doe Grégoire Fournier to the archabbot of Beuron dated December 31, 1909 (Arch. Maredsous). Van Caloen’s shadow looms large.

73 Lettre de doue Grégoire Fournier à l’archiabbé de Beuron en date du 31 décembre 1909 (Arch. Maredsous). L’ombre de van Caloen plane.

74 After a letter from Dom Hubert Casiei [to]  Hildebrand de Hemptinne dated January 2, 1910 : Saint-André would have had at that time a debt of 270,000 francs. The same Hubert Casier wrote, on January 6, 1910, to the archabbot of Beuron: “For this we must, as you say, ignore Saint-André and van Caloen. I think that neither one nor the other will survive much longer... If Saint-André collapses, we could leave an Oblate school there not to exclusively make missionaries but to make monks.” (Arch. Maredsous)

74 fYaprès-urne lettre de donrHubert Casiei Hildebrand de Hemptinne en date du 2 janvier 191o, Saint-André aurait eu à ce moment-là 270 000 francs de dettes. Le même Hubert Casier écrivait, le 6 janvier 1910, à l’archiabbé de Beuron: «Pour cela il faut, comme vous le dites, faire abstraction de Saint-André et de van Caloen. Je pense que ni l’un ni l’autre ne vivront plus longtemps... Si Saint-André croule, on pourrait y laisser une école d’oblats pas pour y faire exclusivement des missionnaires mais pour en faire des moines.» (Arch. Maredsous)

75 Dom Boniface del Marmol to Dom Jean de Hemptinne, January 16, 191o: “The Congo question is losing ground... The opponents in the monastery carry out active propaganda and gain adherents. Several who were in favor at the beginning have turned their backs... It’s a shame that we did not consult the chapter as soon as we first heard about the project, we would have had an overwhelming majority.”

75 Dom Boniface del Marmol à dom Jean de Hemptinne, le 16 janvier 191o: «La question du Congo perd du terrain... Les opposants dans le monastère font une propagande active et gagnent des adhérents. Plusieurs qui étaient favorables au début ont tourné casaque... C’est dommage qu’on n’ait pas consulté le chapitre dès la première nouvelle du projet, on aurait eu une majorité écrasante.»

76 Dom Hubert Locker to Dom Hildebrand de Hemptinne, dated February 12, 1910. (Arch. Beuron)

76 Dom Hubert Casier à dom Hildebrand de Hemptinne, en date du 12 févier 1910. (Arch. Beuron)

77 (Arch.Maredsous) The congregation will not be notified until December. As so often, Monsignor applied his fait accompli policy.

77 (Arch.Maredsous) La congrégation n’en sera avisée qu’au mois de décembre. Comme si souvent, Monseigneur a appliqué sa politique du fait accompli.

78 Shortly before, Dom Jean had written to Monseigneur: “Besides, your Lordship does not fear vast undertakings for the glory of God. To obtain the blessings of heaven, would your Highness not speak to the Holy Father about the foundation? (March 28, 191o)

78 Peu de temps auparavant, dom Jean avait écrit à Monseigneur: «D’ailleurs Votre Grandeur ne craint pas les vastes entreprises pour la gloire de Dieu. Pour obtenir les bénédictions du ciel Votre Grandeur ne parlerait-elle pas de la fondation au Saint-Père?» (28 mars 191o)

79 Again Dom Boniface to Dom Jean, dated January 29, 1910: “... A short while and you attended the council of the Brazilians in Rome in miter and crozier. For my part, I would rather see you in a “loincloth” in the Congo than in a miter in Rome. It suits your wild nature better...”

79 Encore dom Boniface à dom Jean, en date du 29 janvier 191o: «... Un peu plus et vous assistiez en mitre et en crosse au conseil des Brésiliens à Rome. J’aime mieux pour ma part vous voir en “pagne” au Congo qu’en mitre à Rome. Cela convient mieux à votre fond de sauvagerie...»

80 “I leave you, dear and most reverend Father Abbot, hoping that you do not hold a grudge against me. I really did not suspect that I was offending you by accepting Katanga on the orders of the Holy Father.” Dom van Caloen to Dom Marmion, dated May 5, 1910. (Arch. Maredsous)

80 «Je vous quitte, cher et révérendissime Père Abbé, en espérant que vous ne m’en voulez pas. Je n’ai réellement pas soupçonné que je vous offensais en acceptant le Katanga sur ordre du Saint-Père.» Dom van Caloen à dom Marmion, en date du 5 mai 1910. (Arch. Maredsous)

81 Albert Coppieters accompanied them as secular administrator of “our exploitation” in Katanga. He was the son of Léon Coppieters, who lived in the castle “Les Étangs” in Loppem. Two of his daughters, Léontine and Jeanne, were at the origin of the founding of Our Lady of Bethany.

81 Albert Coppieters les accompagnait comme administrateur séculier de «notre exploitation» au Katanga. Il était le fils de Léon Coppieters, qui habitait le château «Les Étangs» à Loppem. Deux de ses filles, Léontine et Jeanne, seront à l’origine de la fondation de N.-D. de Béthanie.

82 The entire church was inspired by the sanctuary of Saint-Étienne-du-Ronde in Bologna; the exterior apse, by the church of Saints John and Paul of Rome; the narthex, by the church of Saint-Ambrose in Milan.

82 L’ensemble de l’église fut inspiré par le sanctuaire de Saint-Étienne-du-Rond de Bologne; l’abside extérieure, par l’église des Saints-Jean-et-Paul de Rome; le narthex, par l’église Saint-Ambroise de Milan.

83 The only autograph letter from a reigning pope preserved in the archives of the diocese of Bruges. Here is the translation of the Latin text: “Venerable Brother, Dom Gérard van Caloen, titular bishop and abbot nullius of the Abbey of Our Lady of Montserrat in Brazil, asks me with the most earnest urging that you, Venerable Brother, give to the monks of Saint Andrew the favor of receiving some young people into their monastery to be instructed. The profit from this small college would provide for their distress and not only would be enough to feed the monks but also the novices they were preparing for the missions in Brazil and the Congo. As this permission, Venerable Brother, would make you share in the merits of the conversion of so many souls who are still unaware of NSJC, I nourish the joyful confidence that you will rejoice in willingly granting them this permission. In this hope, I grant, Venerable Brother, to you and to the faithful entrusted to you, as a testimony of my gratitude and my benevolence, with a very loving heart in Our Lord. the Apostolic Blessing. Vatican, September 8, 191o. Pie PP.X»

83 La seule lettre autographe d’un pape régnant conservée dans les archives du diocèse de Bruges. Voici la traduction du texte latin: «Vénérable Frère, Dom Gérard van Caloen, évêque titulaire et abbé nullius de l’abbaye Notre-Dame du Montserrat au Brésil, me demande avec la plus vive instance que vous, Vénérable Frère, donniez aux moines de Saint-André la faveur de recevoir dans leur monastère quelques jeunes gens pour y être instruits. Le bénéfice de ce petit collège subviendrait à leur détresse et non seulement suffirait à nourrir les moines mais aussi les novices qu’ils préparent pour les missions du Brésil et du Congo. Comme cette permission, Vénérable Frère, vous rendrait participant aux mérites de la conversion de tant d’âmes qui ignorent encore N.S.J.C., je nourris la joyeuse confiance que vous vous réjouirez de leur accorder volontiers cette permission. Dans cet espoir, je vous accorde, Vénérable Frère, à vous et aux fidèles qui vous sont confiés, en témoignage de ma gratitude et de ma bienveillance, d’un coeur très aimant en N.-S. la Bénédiction Apostolique. Vatican, le 8 septembre 191o. Pie PP.X»

84 The first five students were Walter and Christian Ruzette, Baudouin de Mae-re d’Aertrycke, François Visart de Bocarmé, René de Briey.

84 Les cinq premiers élèves étaient Walter et Christian Ruzette, Baudouin de Mae-re d’Aertrycke, François Visart de Bocarmé, René de Briey.

85 On October 31, 1910, Dom Colomba Marmion wrote to Dom Hildebrand de Hemptinne: “The bishops were very dissatisfied with the procedures by which Bishop van Caloen forced the Bishop of Bruges to allow him to open a college at Saint-André. At the request of the community, I went to find the Bishop of Bruges to tell him that we are not in accord with these processes. (Arch. Saint-Anselme)

85 Le 31 octobre 191o, dom Colomba Marmion écrivait à dom Hildebrand de Hemptinne: «Les évêques ont été fort mécontents des procédés par lesquels Monseigneur van Caloen a forcé l’évêque de Bruges à lui permettre d’ouvrir un collège à Saint-André. À la demande de la communauté, je suis allé trouver Monseigneur de Bruges pour lui dire que nous ne sommes pas solidaires de ces procédés.» (Arch. Saint-Anselme)

86 Monsignor Bavona (1856-1912), titular archbishop of Pharsale, whom Monsignor van Caloen considered his worst enemy, while the prelate was undoubtedly only doing his duty, was apostolic nuncio to Brazil since 1906. Transferred to Vienna in 1911, he would die unexpectedly on January 19, 1912. Bishop [van Caloen], in his Notebooks, does not fail to see the finger of God there.

86 Monseigneur Bavona (1856-1912), archevêque titulaire de Pharsale, que Monseigneur van Caloen considérait comme son pire ennemi, alors que le prélat ne faisait sans doute que son devoir, était nonce apostolique au Brésil depuis 1906. Transféré à Vienne en 1911, il devait mourir inopinément, le 19 janvier 1912. Monseigneur, dans ses Carnets, ne manque pas d’y voir le doigt de Dieu.

87 At the beginning of the year 1911, in a letter to the abbot primate dated February 9, Bishop [van Caloen] wrote, regarding the inevitable departure of Dom Chrysostome De Saegher, the following thing: “I believe it essential to ask the Holy See to bring Dom Théodore Nève into his place: but this must remain completely secret between the two of us. The great difficulty will be replacing him at Saint-André; I will study the question. Dom Chrysostom’s departure from Rio will cause a bad impression in the city and in the community: someone capable of replacing him is absolutely necessary and I only see Dom Théodore.
Regarding
the cabal of the monks of Rio against him, Monseigneur wrote to Dom Nève:
“Maredsous is a school. Some monks here had decided to imitate Maredsous and get rid of their abbot... If the example of Maredsous became a definitive example, there would be anarchy in the Order.”
(January 1, 1912)

87 Au début de l’année 1911, dans une lettre à l’abbé primat datée du 9 février, Monseigneur écrivait, au sujet du départ inévitable de dom Chrysostome De Sae-gher, la chose suivante: «Je crois indispensable de demander au Saint-Siège de faire entrer en son lieu et place dom Théodore Nève: mais ceci doit rester tout à fait secret entre nous deux. La grande difficulté sera de le remplacer à Saint-André; je vais étudier la question. Le départ de dom Chrysostome de Rio causera une mauvaise impression en ville et dans la communauté: il faut absolument quelqu’un capable de le remplacer et je ne vois que dom Théodore.»
À
propos de la cabale des moines de Rio contre lui, Monseigneur écrivait à dom Nève: «Maredsous fait école. Quelques moines d’ici s’étaient mis dans la tête d’imiter Maredsous et de se débarrasser de leur abbé... Si l’exemple de Maredsous faisait définitivement école, ce serait l’anarchie dans l’Ordre.» (1” janvier 1912)

88 Dom Gaspar Lefèbvre, in one of his letters, described Monsignor van Caloen very well when faced with difficulties: “Always ready for combat, he has the reflexes of a wrestler who quickly mobilizes his strength when he senses danger.”

88 Dom Gaspar Lefèbvre, dans une de ses lettres, décrivit fort bien Monseigneur van Caloen, face aux difficultés: «Toujours prêt au combat, il a les réflexes du lutteur qui mobilise rapidement ses forces lorsqu’il flaire un danger.»

89 This monk was Dom Boniface del Marmot, although very close to Saint-André and especially to Dom Jean de Hemptinne. On the back of the petition, the pope had written in Italian: “Considering the necessity of Rev. Dom Théodore Nève to remain at the abbey of Saint-André as prior to provide for the good of the missions of Brazil and Belgium, we are certain that the Most Rev. Abbot of Maredsous will regard the work of Dom Théodore at the monastery of Saint-André as a provision of divine Providence for the good of souls and will ratify with holy resignation the arrangements that we are providing not only for the fixing [of his stability] but also for the incardination of Rev. Dom Théodore at Saint-André. Vatican, September 7 , 1910. Pius PP. X.”

89 Ce moine était dom Boniface del Marmot, pourtant très proche de Saint-André et surtout de dom Jean de Hemptinne. Au dos de la supplique, le pape avait écrit en italien: «Considérant la nécessité où se trouve le Rév. dom Théodore Nève de demeurer à l’abbaye de Saint-André comme prieur pour y pourvoir au bien des missions du Brésil et de la Belgique, nous sommes certain que le Rme abbé de Maredsous verra comme une disposition de la divine Providence pour le bien des âmes le travail de dom Théodore au monastère de Saint-André et ratifiera avec une sainte résignation les dispositions que nous prenons non seulement pour la fixation mais aussi pour l’incardination du Rév. dom Théodore à Saint-André. Vatican, le 7 septembre 1910. Pie PP. X.»

90 The thirteen professed were Dom Théodore Nève, appointed abbot, Fathers Gérard Moyaert, Beda Vandenweghe, Hildebrand Marga, André Crèvecœur, Idesbald Dedecker, Victor Rotondo, Winoc Barbry, Célestin Schmitz, Raphaël Kôgel, Étienne Tillieux, François Pommier, Odilo Otten, Dom Jean de Hemptinne.

90 Les treize profès étaient Dom Théodore Nève, abbé nommé, les pères Gérard Moyaert, Beda Vandenweghe, Hildebrand Marga, André Crèvecœur, Idesbald Dedecker, Victor Rotondo, Winoc Barbry, Célestin Schmitz, Raphaël Kôgel, Étienne Tillieux, François Pommier, Odilon Otten, dom Jean de Hemptinne.

91 The pontifical brief, in fact, never arrived, for two reasons: the formal opposition of the local bishop, who did not want a second miter at his side and more than one exempt abbey; the abbey of Parahyba having recently been united with the abbey of Olinda, - the - Holy See saw no reason for a new change. (H.de Hemptinne to van Caloen, October 15, 1912)

91 Le bref pontifical, en effet, n’arrivera jamais, pour deux raisons: l’opposition formelle de l’évêque du lieu, qui ne voulait pas d’une seconde mitre à ses côtés et de plus d’une abbaye exempte; l’abbaye de Parahyba ayant été récemment unie à l’abbaye d’Olinda,-leSaint-Siège ne voyait pas de rāiSon à un nouveau Changement. (H.de Hemptinne à van Caloen, 15 octobre 1912)

 

 

SOME STATISTICS

QUELQUES CHIFFRES

1. Between 1895, the date of the first departure for Brazil, and 1914, the start of the First World War, 28o European monks, brothers, novices, postulants and oblates left for Brazil, of which 186 came from the following abbeys:

1. Entre 1895, date du premier départ pour le Brésil, et 1914, début de la Première Guerre mondiale, 28o moines, frères, novices, postulants et oblats européens sont partis pour le Brésil, dont 186 venaient des abbayes suivantes:

118 monks, brothers and novices passed or were trained at Saint-André;

118 moines, frères et novices sont passés ou ont été formés à Saint-André;

18 monks or brothers came from Maredsous, 20 from Beuron, io from Seckau, 7 from Prague, 13 from other monasteries of the congregation of Beuron, a dozen from elsewhere. The congregation of Beuron, alone, therefore provided the restoration of monastic life in Brazil with 69 monks and brothers, not counting the monks of Saint-André coming from Maredsous for a specific or indefinite time. The help of the congregation of Beuron in the restoration of the Brazilian congregation was real and very important.

18 moines ou frères venaient de Maredsous, 20 de Beuron, io de Seckau, 7 de Prague, 13 d’autres monastères de la congrégation de Beuron, une douzaine d’ailleurs. La congrégation de Beuron, à elle seule, a donc fourni à la restauration de la vie monastique au Brésil 69 moines et frères, sans compter les moines de Saint-André venant de Maredsous pour un temps déterminé ou indéfini. L’aide de la congrégation de Beuron à la restauration de la congrégation brésilienne a été réelle et très importante.

2. 280 starters in twenty years, which means an average of 14 per year. Not all of them remained in Brazil, however; many, especially among the first, returned to Europe.

2. 280 partants en vingt ans, ce qui signifie une moyenne de 14 par an. Tous ne restèrent cependant pas au Brésil; beaucoup, surtout parmi les premiers, revinrent en Europe.

3. Of the 28o leaving for Brazil, 54, or 20%, did not go beyond the novitiate stage and returned to secular life. Still others left the profession afterwards; however, it is difficult to know how many.

3. Sur les 28o partants pour le Brésil, 54, soit 20%, ne dépassèrent pas le cap du noviciat et retournèrent à la vie séculière. D’autres quittèrent encore la profession ensuite; il est toutefois difficile de savoir combien.

4. Between 1901 and 1914, 113 postulants began their novitiate at the Abbey of Saint-André, which amounts to 8 novices per year, either as choir monks or as lay brothers: 55 Germans and 42 Belgians, 7 Swiss , 4 Italians, 2 Luxembourgers and 1 Dutchman. In 191o: 9 choir novices: 5 Belgians and 4 Germans

4. Entre 1901 et 1914, 113 postulants ont commencé leur noviciat à l’abbaye de Saint-André, ce qui revient à 8 novices par an, soit comme moines de choeur, soit comme frères convers: 55 Allemands et 42 Belges, 7 Suisses, 4 Italiens, 2 Luxembourgeois et i Hollandais. En 191o: 9 novices de choeur: 5 Belges et 4 Allemands

In 19n: 8 choir novices: 4 Belgians, 1 German, 1 Italian, 1 French and 1 Luxembourger, 2 novice lay brothers: 1 German and 1 Swiss

En 19n: 8 novices de choeur: 4 Belges, 1 Allemand, 1 Italien, 1 Français et 1 Luxembourgeois, 2 novices frères convers: i Allemand et i Suisse

In 1912: 1 choir novice, Belgian, 2 lay brother novices, German

En 1912: 1 novice de choeur, belge, 2 novices frères convers, allemands

In 1913: 13 choir novices: 8 Belgians, 2 Germans, 1 Italian, 1 Swiss and 1 Luxembourger (the first recruits from the claus-trale school), 10 lay brother novices: 3 Belgians and 7 Germans

En 1913: 13 novices de choeur: 8 Belges, 2 Allemands, 1 Italien, 1 Suisse et 1 Luxembourgeois (les premières recrues de l’école claus-trale),10 novices frères convers: 3 Belges et 7 Allemands

in 1914: 1 Belgian choir novice 3 lay brother novices: 2 Belgians and 1 German.

en 1914: 1 novice de choeur belge 3 novices frères convers: 2 Belges et 1 Allemand.

This makes: as choir novices: 19 Belgians and 7 Germans, as lay brother novices: 9 Belgians and 12 Germans.

Cela fait: comme novices de choeur: 19 Belges et 7 Allemands, comme novices frères convers: 9 Belges et 12 Allemands.

5. Between 1902 and 1914, 44 choir novices made profession at Saint-André: 22 Belgians, 14 Germans, 1 Luxembourger, 1 Brazilian, 1 French, 2 Italians, Portuguese and 2 Swiss.

5. Entre 1902 et 1914, 44 novices de choeur ont fait profession à Saint-André: 22 Belges, 14 Allemands, 1 Luxembourgeois, 1 Brésilien, 1 Français, 2 Italiens,) Portugais et 2 Suisses.

14 novice lay brothers made profession between 1904 and 1914: 9 Germans, Swiss, 2 Belgians, 1 Brazilian and 1 French.

14 novices frères convers ont fait profession entre 1904 et 1914: 9 Allemands,) Suisse, 2 Belges, 1 Brésilien et 1 Français.

NB: We must take into account the fact that many novice lay brothers, at the end or during their novitiate, left for Brazil and made profession there. Which explains the small number of brothers who made their profession at Saint-André. Before 1910, novices made profession for the Brazilian congregation. Monsignor van Caloen himself designated the first monks stabilized at Saint-André.

N.B.: Il faut tenir compte du fait que beaucoup de novices frères convers, à la fin ou au cours de leur noviciat, partaient pour le Brésil et y faisaient profession. Ce qui explique le petit nombre de frères ayant fait leur profession à Saint-André. Avant 1910, les novices faisaient profession pour la congrégation brésilienne. Monseigneur van Caloen lui-même désigna les premiers moines stabilisés à Saint-André.

6. The result was undoubtedly beautiful. Monsignor van Caloen did not only receive the rejects of monasteries or young people in search of adventure, which he so often complained about. It should be noted that it was mainly the Germans who responded to Monsignor van Caloen’s call. This also explains the preponderant influence of German monks in the Brazilian congregation and the persistence, even today, of the spirit of Beuron in some of its abbeys.

6. Le résultat fut beau, indubitablement. Monseigneur van Caloen n’a pas reçu que le rebut des monastères ou des jeunes en quête d’aventure, ce dont il se plaignait si souvent. Il est à noter que ce furent surtout les Allemands qui répondirent à l’appel de Monseigneur van Caloen. Ceci explique d’ailleurs l’influence prépondérante des moines allemands dans la congrégation brésilienne et la persistance, aujourd’hui encore, de l’esprit de Beuron dans certaines de ses abbayes.

7. In 1895, when Monsignor arrived, the Brazilian congregation numbered 11 monks, and 261 when he resigned in 1915. This represented an increase of 13 units per year. The work accomplished was extraordinary.

7. En 1895, à l’arrivée de Monseigneur, la congrégation brésilienne comptait 11 moines, et 261 à sa démission, en 1915. Cela représentait une augmentation de 13 unités par an. L’oeuvre accomplie a été extraordinaire.

 


BIBLIOGRAPHIE


Archives de Saint-André: Fonds van Caloen: P 1-11, M 1-13, B 1-18 Fonds Nève - B 1, 5,13,14, 29, Brésil

Fonds de Hemptinne: B 4 et 5

Archives de Maredsous: Fonds van Caloen, sections A, M, B Archives de Saint-Anselme: Litterae Praesidis (de Hemptinne) V Archives de Beuron: 1893-1894, 1895, 1896, 1897

Revue bénédictine: 1895-1899: Lettres du Brésil, puis en décembre 1899

Bulletin des Oeuvres bénédictines au Brésil: tomes 1 à 3, 1899-1910 Bulletin des Œuvres bénédictines au Brésil et au Congo à partir du n° 12, 1910: tomes 4 et 5,1910-1914.

VAN CALOEN, Gérard: varia 318, 466: quelques opuscules reliés, Bibl. Abbaye Saint-André

cfr notes 9 et 24 dans cet ouvrage: listes des écrits de jeunesse et de Maredsous de Joseph-Gérard van Caloen, à ajouter:

Mémoire, oeuvre écrite à Antibes les dernières années de sa vie, très sujette à caution

Journal: série de petits cahiers couvrant la période 1893-1894, juin 1898-1915 (incomplet)

Lettres intimes à sa famille, Bruges, Vercruysse, 1933, 397 p.

Dom Maur Wolter, fondateur de la congrégation de Beuron, Rev. bén., VII, 1890, p.379

DE CODT, Thierry, Projets de rechristianisation de la société au ‘axe siècle au moyen de l’Ordre de Saint-Benoît. Les espoirs de dom Gérard van Caloen, moine bénédictin de Maredsous, Mémoire, UCL, 1984.

HUYGHEBAERT, Nicolas, OSB: notes multiples, laissées à sa mort; différents essais de rédaction restés sur le chantier; quelques articles dont:

L’Apostolat monastique selon Monseigneur van Caloen, Rev. Mabillon, 51, 1961, pp. 237-247 (paru sous le nom de Théodore GHES—QUIÈRE)

Dom Nève et la fondation de l’école abbatiale, Zev. 1973, n° 107 Une lettre de dom Gérard van Caloen à l’abbé Gauchie, Bull. Inst. belge, Rome, XXVIII, 1953

Gérard van Caloen et le Missel des Fidèles, Lettre de Maredsous, 10e année, 1982, n° 1

À Saint-André, il y a cinquante ans..., Cah. Saint-André, 14, 1957, n° 49, pp.86-91

À Saint-André, il y a cinquante ans, Monseigneur van Caloen nomme un jeune prieur, dom Théodore Nève, Cah. Saint-André, 15, 1958, n° 54-55, pp.158-167

van Caloen, dom Gérard, Biogr. Nat., t.XXXI,152-162,1961, Brux. Monseigneur van Caloen et le moine en voyage, Cah. Saint-André, 18,1961, pp.5-8

Avant l’Orage. Le roi Albert à Maria-Laach (1913), Cah. Saint-André, 24,1967, n° 4, pp.4-10

Inauguration de l’Abbaye de Saint-André près de Bruges de l’Ordre de Saint-Benoît pour les missions du Brésil: 8 septembre 1902, Bruges, Desclée, 1903

JONGMANS, Jacques: La restauration de la congrégation bénédictine brésilienne• le rôle de dom Gérard van Caloen (1895-19o7), Mémoi- re, UCL, 1971.

Autour de la restauration de la congrégation bénédictine brésilienne: Gaspard Lefebvre et Parahyba (1906-1914), Rev. bén. XCII,1982, 171-208 p.

LEFÈBVRE, Gaspar, OSB, Un grand Moine et Apôtre au xxe siècle: Son Exc. Rme dom Gérard van Caloen, OSB, Questions missionnaires, n° 1o, Abbaye de Saint-André, 1933.

LEGRAND, Pierre et THOREAU, Benoît, OSB, Les Bénédictins au Katanga, Abb.de Saint-André, 1935, 279 p.

MISONNE, Daniel, OSB, Un projet manqué de fondation bénédictine dans le Namurois en 1870

NEUT, Édouard, OSB, La restauration du monachisme au Brésil, 1927

ROMMENS, Luc, OSB, In memoriam André Weis, Cah. Saint-André, 1, 1938, pp.71-73

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Un grand apôtre belge, Monseigneur van Caloen (1853-1932), Revue Générale Belge, février 1953, LXXXIX, pp.576-786

Un précurseur du mouvement actuel pour l’Union, Irenikon, IX, 1932, pp.129-151

SCHERER, Michael, OSB, O Abade Gerardo van Caloen e a Missâo Beneditina no Rio Branco (1908-1918, 1948), Rev. Eccl. Brasileira, 24, fasc.3, 1964, pp.641-663 traduit de l’allemand)

Abt Geraldo van Caloen und die Benediktinermission am Rio Branco, von 1908 bis 1918, Erbe und Auftrag, 40, 1964, pp.128-143 Ein grosser Benediktiner, Abt Michael Kruse von Sao Paulo (18641929), München, 1963

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WEISSENBERGER, Paulus, OSB, Karl Josef (P.Odilo) Otten 1883-1963, Ein Münchs- und Priesterleben unserer Zeit, Freiburger DiSzesan-Archiv. 91.Band, 1971

 

 

 


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